10/09/2010
Encyclopédie capricieuse du tout et du rien
"Le danseur vieillit charolais et la danseuse, osselets.
Un peu plus de 400 grammes (en format poche), 844 pages dument organisées dans la Liste des listes, 844 pages où fôlatrer avec le sourire, parfois agacé par certains jugements à l'emporte-pièce, mais le plus souvent le sourire aux lèvres , cueillant au passage une citation, une information (même si ce pavé n'a rine à voir avec les Miscellanées de Mr Schott car l'adjectif "capricieuse" souligne bien la subjectivité revendiquée de l'auteur ).
Les listes ne sont pas forcément lapidaires mais se présentent aussi sous la forme de textes , suivant notre envie de picorer ou de s'attarder sur La liste des femmes comme en voudrait dans sa famille (Louise Labé en tête), la liste des nuages ou celle qui clôt le recueil: La liste de listes à établir, de quoi nous donner des envies d'écriture...
N'ayant jamais lu cet auteur, cette encyclopédie me donne une furieuse envie de poursuivre sa lecture et d'ailleurs, avec un grand à propos figure après la liste des crédits d'illustration (car oui il y en a mais bon, peut mieux faire ) la liste d'ouvrages du même auteur ainsi qu'un florilège extrait de son dernier ouvrage, Pourquoi Lire ?
C'est vif, brillant et ça agace juste ce qu'il faut ! Et ça vient de sortir en poche (10 euros)
06:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : charles dantzig, à picorer sans modération
Comme deux gouttes d'eau ...en poche
Billet ici !
05:55 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : tana french
09/09/2010
Mauvais élève
"A l'école, j'apprenais juste à voir les côtés moches de la vie. ça n'avait pas d'intérêt."
Mauvais élève !, pan !, comme un tampon sur la couverture du livre, comme un rappel de l'appréciation perpétuelle d'Arthus, petit garçon de dix ans , intelligent mais qui n'arrive pas à trouver sa place à l'école. Il est vrai qu'il n' a pas de chance non plus, doté qu'il est d'une maîtresse de CM 2 obnubilée par le programme à respecter, véritable machine à distribuer les punitions à tous ceux dont la tête dépasse et qui va bientôt faire glisser le petit garçon éveillé et curieux dans la catégorie des Invisibles, ceux à qui elle feint de ne plus prêter attention...
Heureusement Arthus a des atouts : ses parents, ses amis , son sens de la répartie et son amour de la beauté.
Audren, dans ce roman ne dresse pas un réquisitoire contre l'école. Non, par le personnage du directeur et par les réflexions des parents, le lecteur est amené à prendre conscience des difficultés de la maîtresse face à ces vingt-huit élèves, vingt-huit personnalités différentes auxquelles elle ne pourra forcément convenir.
En outre, malgré les difficultés, Arthus parvient toujours à rebondir et même à se rapprocher d'autres élèves dans la classe, élèves dont il appréciera finalement la personnalité :" Certaines personnes naissent avec le don de se rosir la vie. C'était son cas. Sourire, charmer, aimer, s'amuser, partager, quel joli programme en fin de compte !".
L'auteur dresse avec finesse, sensibilité et humour un portrait tout en délicatesse d'un enfant qui prend conscience des contradictions des adultes mais sait aussi profiter des instants de beauté, si fugaces soient-ils.
Il n'en reste pas moins que cette satanée Murielle, avec ses oeillères et sa volonté de mettre tout le monde dans le même moule m'a sérieusement agacée. Sa capacité à brider toute tentative de créativité de ses élèves m'a carrément fichue en rogne et m'a rappelé de mauvais souvenirs encore un peu frais...Car, même si je suis des deux côtés de la barrière, en tant que mère et en tant que formatrice, que je suis bien consciente, pour les vivre, des difficultés à enseigner, il n'en reste pas moins que l'étroitesse d'esprit de certains enseignants me hérissent sérieusement. Alors, évidemment, comme le remarque Arthus, il est plus facile pour certains parents de plaider la cause de leurs enfants, de par leur statut social, entre autres, face à ces tyranneaux de tableau noir, mais cela ne va pas sans difficultés et compromis.
Un livre pour redonner espoir aux enfants "qui ne rentrent pas dans le moule" et à leurs parents.
Un livre qu'il ferait bon aussi glisser dans chaque cartable d'enseignant...
Un vrai et grand coup de coeur !
Mauvais élève ! Audren, Neuf de l'école des Loisirs, 2010, 127 pages nécessaires.
06:00 Publié dans rentrée 2010, romans français | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : audren, échec scolaire
08/09/2010
Poèmes à apprendre par coeur
Il y a toujours à piocher dans une anthologie de poésies et celle-ci établie par Hélène Fieschi ne faillit pas à la règle, y compris dans son introduction et son dossier (établis par le même auteur).
On lit rarement les introductions d'anthologie et on a souvent raison. Mais ici l'objectif d'Hélène Fieschi est de convaincre les lycéens , futurs lecteurs de ce recueil, des différents bienfaits de l'apprentissage par coeur de poésies. Et elle y parvient avec pertinence et élégance: "Connaître un texte par coeur , c'est en avoir pesé chaque mot (...). C'est un peu récrire le texte, se l'approprier, le digérer pour le faire sien...". Mais aussi "Pour avoir en soi, avec soi, des morceaux de musique qui chantent à notre oreille(...) Pour qu'un jour, elles jaillissent en vous(re) nées du hasard ou de la rencontre signifiante avec un moment qui vous appartient."
Viatique personnel mais aussi texte destiné à être lu, à devenir public , à devenir aussi partie intégrante d'un patrimoine culturel à prolonger ou à initier...
Les poèmes courent de Charles d'Orléans à Jacques Roubaud et chaque auteur est présenté dans un texte le situant de manière claire et concise.
Quant au dossier accompagnant cette anthologie il se compose d 'une anlyse très fouillée du tableau Le poète et sa muse (du Douanier Rousseau) figurant en couverture par Pierre-Olivier Douphis et d'une mise en perspective d'Hélène Fieschi, proposant aussi bien des regroupements de textes thématiques -dont un concernant la poésie comme moyen de lutter contre la déshumanisation - que des rappels historiques ou stylistiques. Bref, un mine d'infos pour seulement cinq euros ! J'en connais qui vont bosser dessus !
Poèmes à apprendre par coeur, Folio Plus classqiues, 2010.
06:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : hélène fieschi, pierre-olivier douphis
07/09/2010
Nagasaki
"Cette femme était à maudire. A cause d'elle le brouillard s'était levé."
Quelques indices lui ont mis la puce à l'oreille. Alors Shimura-san qui vit seul et mène une vie bien réglée entre la station météorologique où il travaille et sa maison, va installer une webcam dans sa cuisine. Bientôt l'impensable va se donner à voir...
Partant d'un fait-divers survenu au Japon, Eric Faye sonde avec finesse l'ambivalence des sentiments de ce personnage bien falot et interroge la notion d'intimité . Il souligne aussi l'absence de liens dans une société vieillissante où les androïdes seront de plus en plus amenés à se substituer aux humains.
Ni fantastique ni poétique le récit avance à l'image se son personnage principal, tout en retenue , suscitant d'abord l'étonnement et levant beaucoup d'interrogations chez le lecteur.Mais à trop vouloir boucler son récit bien proprement, l'auteur , tout à la fin ,lui fait perdre de son intensité. Dommage !
Nagasaki, Eric Faye, Stock 2010 , 108 pages denses.
Merci Cuné !
Choco a davantage apprécié.
06:00 Publié dans rentrée 2010, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : eric faye, japon, intimité, intrusion
06/09/2010
La belle Adèle
"Qui aurait parié un sou sur sa capacité cataclysmique ? "
Pour s'intégrer , se fondre dans la masse et mieux supporter "la dictature du collège", Adèle et Frédéric, qui sont juste amis depuis la maternelle décident de faire semblant d'être un couple. Cette stratégie fonctionne au delà de leurs espérances jusqu'à ce qu'Adèle se fasse rattraper par le battement d'ailes d'un papillon, enfin par les conséquences du cadeau d'anniversaire de sa tante..
La belle Adèle , d'abord édité en épisodes à lire sur téléphone portable , ce qui lui donne un rythme trépidant fort plaisant, aborde les thèmes de l'éveil de la féminité, de la célébrité passagère (subie) et insiste sur la disproportion pouvant exister entre un acte apparemment anodin et ses conséquences.
Mais à force de cavaler à toute allure les personnages , tout plaisants qu'ils soient, n'ont pas le temps d'être approfondis . Quant à la fin, plutôt télescopée ,elle résoud en un tour de main un problème grave et du coup perd toute crédibilité. Un roman qui possède donc les défauts de ses qualités .
La belle Adèle, Marie Desplechin, Gallimard 2010 , 155 pages qui plairont sans aucun doute aux collégiens.
L'avis de Clarabel.
06:00 Publié dans rentrée 2010, romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : marie desplechin, s'intégrer, célébrité
05/09/2010
Le proscrit ... en poche
"Chacun jouait son rôle dans une comédie à laquelle il ne voulait même pas participer."
La vie de Lewis bascule à l'âge de dix ans, quand il assiste, impuissant, à la noyade de sa mère, jeune femme fantasque et aimante.Vite remarié, ni son père ni sa jeune belle-mère ne parviendront à briser la carapace d'indifférence dans laquelle s'enferme le garçon. Cette attitude lui vaudra de se couper de la communauté bien-pensante dans laquelle sa famille évolue. Tant de violence rentrée ne peut, bien sur qu'exploser, ce qui lui vaudra deux ans de prison. En 1957, il a dix-neuf ans et sa révolte à sa sortie de prison, va faire exploser tous les faux-semblants et balayer comme un raz-de-marée toute l'hypocrisie de ce petit village du Surrey.
Délinquance, automutilation, violences conjugales, autant de mots qui me rebutaient d'emblée et pourtant, à peine avais-je commencé Le Proscrit que j'étais happée par les personnages, emportée par la houle des sentiments de Lewis, qui affecte une impassibilité toute britannique face aux affronts qu'il doit subir.
Sadie Jones fouille les replis des âmes et nous les montre dans toute leur crudité et leur vérité. Ainsi la tante de Lewis qui ne propose pas d'élever cet enfant avec les siens parce qu''elle sait confusément qu'elle ne pourra le supporter. On déteste avec force le hobereau, sorte de Dr Jekill et Mr Hyde, qui humilie Lewis et son père,on frémit en se disant que toute cette souffrance aurait pu si facilement ne pas exister, un peu moins de flegme, un peu plus de communication et on referme ce livre le souffle court. Un grand et beau roman.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : sadie jones
04/09/2010
Millénium tome 1 ...enfin en poche ! On a de la chance de vivre aujourd'hui
Je ne redirai pas ici tout le bien que j'ai écrit sur cette trilogie dont le premier tome sort enfin en poche après quatre ans d'attente !
Je rappellerai juste que, fait exceptionnel , la série ne s'est jamais essoufflée, bien au contraire, l'intensité allant croissant d'un tome à l'autre...
(En même temps, on peut se demander qui a encore échappé à la folie Millénium...)
Sinon, un recueil de nouvelles de Kate Atkinson,dont je suis une fervente inconditionnelle, histoire de nous faire patienter jusqu'au prochain roman...Billet ici !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15)
03/09/2010
Zélie et les Gazzi
"Et comme ils s'ennuient, la journée se termine régulièrement par une bagarre."
Les Gazzi ? Des bandits à la petite semaine , des gamins dans des corps d'adultes, plus bêtes que méchants et qui , alors qu'ils projetaient un kidnapping ,vont se retrouver à quattre pattes en train de créer des déguisements avec Zélie , la fille de la couturière.
Evidemment , comme nous le montre la couverture, la petite fille va prendre le dessus , car elle est bien plus maligne que ces bandits d'opérette !
Comment lutter contre l'ennui, source de bien des ennuis ? Adrien Albert, aux commandes du texte et des dessins ( d'une fluidité remarquable) nous propose une solution qui plaira sans doute aux enfants en âge de lire la collection Mouche , mais pas qu' 'à eux !
Beaucoup de vivacité et d'humour, un régal !
Zélie et les Gazzi, Adrien Albert, Mouche de l'Ecole des loisirs 2010 .
06:00 Publié dans rentrée 2010, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : adrien albert, ennui
02/09/2010
Grandir
Bien sûr, il y eut des fêlures , mais quand la mère, âgée, devient fragile, que la relation de "dépendance" commence à s'inverser, c'est l'occasion pour chacune d'elle de Grandir d'une manière différente et d'apprivoiser le temps qui passe .
Avec beaucoup de pudeur et d'élégance Sophie Fontanel nous livre ce beau récit entremêlant souvenirs heureux et découverte d'un tout autre univers, celui de la vieillesse et de ses aléas, en complet décalage avec le monde futile de la monde dans lequel évolue la narratrice. Des chapitres courts, comme autant de vignettes, pour dire la tendresse et les jolies choses dont il faut se souvenir, pour s'en servir comme d' un viatique.
A mille lieues de l'univers habituel (chichiponpon )de l'auteure.
Grandir, Sophie Fontanel, Robert Laffont 2010, 145 pages réconfortantes.
Merci à Stéphie pour cette découverte.
Antigone a aimé aussi
Une belle surprise pour Papillon
Un coup de coeur pour Keisha !
08:00 Publié dans rentrée 2010, romans français | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : sophie fontanel, rapport mère-fille, vieillesse