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12/06/2010

Chanson sans paroles

Liz, mariée, deux enfants, a su préserver , par-dessus les années son amitié avec Sarabeth,  bine partie  pour  rester célibataire.
Quand Lauren la fille de Liz tente de se suicider  toute cette belle harmonie va lentement mais sûrement se fissurer, cet acte renvoyant trop Sarabeth a son passé douloureux.413I5eJfAjL._SL500_AA300_.jpg
"Et qu'était une amie alors? ", c'est à  cette question que tentent de répondre  chacune de leur côté ces deux personnages féminins qu'Ann Packer peint avec beaucoup  d'empathie. On pourrait également y ajouter cette question sous-jacente: "Et qu'était une mère alors ? ", Sarabeth ayant  eu une mère qui n'a  pu ou su assumer ce rôle tandis que Liz se torture à l'idée de ne pas être une mère suffisamment bonne.
En parallèlle,  un très joli portrait d'adolescente qui  s'autodéprécie et n'arrive pas à nouer des liens d'amitié et/ou d'amour.
Que l'on s'identifie à l'une ou l'autre de ces femmes, on trouvera un texte jamais mièvre , parfois acide mais avec une lucidité sans pareille ainsi Liz:"Elle  refit la  queue pour acheter son paquet de  café, alors que la vendeuse  essayait, tant bien que mal, de se faire  à l'idée qu'elle était payée pour travailler. Elle devait avoir  dix-huit ou dix-neuf ans et était si lente que ce  ne pouvait qu'être voulu.  Liz  comprit  qu'elle  n'aurait pas été aussi énervée si elle  n'avait craint que Lauren ne finisse comme elle."
Un très bon moment de lecture.

Vient de sortir en poche chez Points Seuil.

11/06/2010

Brève histoire de pêche à la mouche

"Il y a des gens qui, essentiellement, tirent leur sécurité de la permanence de leur malheur."

Quand trois psys partent à la pêche un matin de septembre, qu'est-ce qu'ils se racontent? des histoires de psy ? Pas seulement. Ils nous livrent aussi les phantasmes ( très chastes au demeurant) que leur inspire une jeune serveuse ,ainsi que leurs pensées les plus noires. Ils frôleront une mini catastrophe mais apprendront fortuitement qu'une autre, bien plus réelle, se déroulait simultanément , ailleurs...510m4VVxYQL._SL500_AA300_.jpg
Un récit plein de couleurs, de sensations qui m'a parfois mise mal à l'aise car ces pensées tournant autour de la jeune femme je n'avais pas vraiment envie de les connaître. Des pages parfois dérangeantes mais aussi souvent très belles.

 

Un grand merci à Lily pour le prêt !

Brève histoire de la pêche à la mouche, Paulus Hochgatterer, traduit de l'autrichien par Françoise Kenk, Quidam éditeur.

 

10/06/2010

Rester vivante

"Les mots ont été pires que les coups."

Coincée entre une mère passive et un père qui entretient une relation trouble à la sexualité, Josepha, fille unique, peine à ajuster son corps et ses idées. Elle bride ses mots car "Si je commence à dire ce que je ressens, ça fera un massacre." Il lui faudra aller vers les autres pour Rester vivante.41SW2eDDQbL._SL500_AA300_.jpg
Catherine Leblanc a su trouver les mots pour dire le mal-être de cette adolescente, la violence et la tendresse qui se succèdent à la seconde, la révolte et la léthargie qui caractérisent souvent cette période riche en montagnes russes. A plus de trente ans de distance, j'ai revécu au plus profond les sensations et les sentiments qui se bousculaient alors en moi. Une drôle d'expérience !
La couverture sobre, presque épurée de cette nouvelle édition s'ajuste parfaitement aux propos de l'auteure.

Rester vivante, Catherine Leblanc, Actes Sud junior 2007 , réédition 2010 , 109 pages qui sonnent juste.

09/06/2010

L'école des dingues

"Il y a des gens qui sont bipolaires.
Moi, je suis simplement polaire."

"...Trop dingue pour imposer des frontières relationnelles " selon un de ses élèves, Madeline semble néanmoins avoir trouvé sa place d'enseignante au sein de la Santangelo Academy, établissement privé pour adolescents à problèmes.
Drôle d'école où l'on distribue aux élèves des calmants comme des bonbons, où la discipline est tout à la fois sévère et lâche et où les profs doivent régulièrement subir (le mot n'est pas trop fort) des entretiens psychologiques qui tournent vite aux règlements de compte.
Le suicide d'un couple d'ados va obliger Madeline à lancer un grand coup de pied dans la fourmilière et ce qu'elle va mettre à jour ne correspondra sûrement pas à ses attentes.41N7XAFbliL._SL500_AA300_.jpg
Une école privée qui ressemble fort à une secte, des profs plus bizarres les uns que les autres, sans oublier une héroïne, rebelle à toute forme d'autorité, un cocktail détonnant qui emporte immédiatement l'adhésion.
Pourtant l'intrigue surtout dans sa dernière partie qui envisage  tous les motifs susceptibles d'éclairer le comportement des protagonistes s'embourbe un peu mais on pardonnera volontiers ce faux pas à Cornelia Read et l'on n'aura qu'une envie : découvrir au plus vite le premier volume mettant en scène Madeline !

L'école des dingues, Cornelia Read, Actes-Sud 2009, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Laurent Bury , 300 pages qui speedent.

Emprunté à la médiathèque.

 

 

08/06/2010

Les veuves d'Eastwick

"Pour revoir la scène de notre fleur de l'âge."

Trente ans après, Les sorcières d'Eastwick sont devenues Les veuves d'Eastwick et reviennent sur les lieux de leurs forfaits, nettement moins séduisantes  et avec des pouvoirs affaiblis. A leur actif autrefois, sexualité débridée et mort provoquée par leurs incantations. pas sûr que leur retour soit apprécié par les autochtones...31OPyJsEFYL._SL500_AA300_.jpg
Ultime roman de John Updike, Les veuves d'Eastwick souffre dun début laborieux. Certes les voyages en Egypte et en Chine permettent d'enviasger la mort sous des formes différentes mais on a parfois l'impression de lire un guide de voyage en à peine moins ennuyeux. Passé ces trente premières pages ,on se laisse enfin charmer par ces sorcières qui ont vieilli mais n'ont rien perdu de leurs fortes personnalités. C'est l'heure des bilans et même si certaines se voilent la face, il n'est guère brillant. Tout à leur envie de liberté, ces femmes ont négligé leurs enfants et une seule sorcière essaiera de combler le fossé qui s'est creusé entre sa fille aînée et elle.
Le propos est sombre, sans concessions, on s'est bien amusé mais les temps ont changé  et les sorcières , à l'image des Etats-Unis, ont perdu de leur superbe. Updike les décrit de manière lucide et presque cruelle ces femmes riches ou moins riches mais jouissant d'une liberté confortable.
Des pages explicatives techniques alourdissent parfois le propos et l'on sort de ce roman inégal un peu désenchanté mais néanmoins ravi d'avoir retrouvé Alexandra, Jane et Sukie.

 

Les veuves d'Eastwick, John Updike, Seuil 2010, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Claude et Jean Demanuelli, 349 pages.

 

07/06/2010

De l'eau pour les éléphants

Sur fond de prohibition et de crise de 29, un cirque qui voudrait égaler Barnum sillonne  les Etats-Unis , comme c'était l'habitude à l'époque, en train. Parmi la foule des animaux, des techniciens et des artistes, un nouveau venu: Jacob Jankowski, un orphelin de fraîche date, promu vétérinaire soigneur.51nMs5Ye-KL._SL500_AA300_.jpg
Il va découvrir l'envers du décor  et l'exploitation sans vergogne des hommes et des animaux.
Roman d'apprentissage, De l'eau pour les éléphants est bien huilé, un tantinet prévisible  mais on prend beaucoup de plaisir à découvrir la vie de ces cirques ambulants. Sara Gruen a le chic pour rendre ses personnages attachants et bien visibles.
Un roman sans prétention ,qui n'a ni le souffle ni l'ambition d'un Steinbeck ou d'un Zola, mais qui se lit avec beaucoup de plaisir.

De l'eau pour les éléphants, Sara Gruen, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Valérie Malfoy, Albin Michel 2007 , Livre de poche 2009, 469 pages qui glissent toutes seules.

06/06/2010

Quatre soeurs

Cet été d'aucuns reliront Proust, l'auteur qu'on ne semble jamais lire mais toujours relire . Perso, c'est avec un très grand plaisr que je glisserai sous mon siège de voiture pour que l'Homme ne pousse pas des cris d'orfraie en voyant les 609 pages qui vont alourdir sa voiture ( il est vrai qu'elles ne seront pas les seules mais il y a aura les officielles et les clandestines...) des Quatre soeurs de Malika Ferdjoukh.
Quatre soeurs et autant de saisons regroupées en un seul volume, appétissant et dodu .518u8GdGMoL._SL500_AA300_.jpg
Quatre soeurs, comme les filles du Dr March, Enid, Hortense, Bettina et Geneviève , plus la soeur aînée Charlie qui est sur tous les fronts depuis la mort de leurs parents et tente, vaille que vaille , d'avoir aussi une vie personnelle avec son amoureux , Basile.
Tout ce petit monde vit dans une grande maison pittoresque et pleine de charme même si la chaudière ferait mieux de fonctionner un peu plus. Les âges très disparates des soeurs permettent un bel éventail de portraits débordant de charme et d'humour. C'est la vie qui se donne à voir dans une écriture pleine d'allant et de peps . Savoureux !
Un (gros) petit bonheur à ne pas rater !

05/06/2010

les déferlantes

"Quand on n'attend plus, on meurt."

La Hague. La narratrice, employée par le Centre ornithologique, est venue y compter les oiseaux et petit à petit , elle s'est fondue dans le paysage, se faisant accepter par les habitants de cette région âpre et belle à la fois.
L'arrivée de Lambert va réveiller "la meute des fantômes " et mettre à mal "Les questions, les réponses, ce complexe tricotage de mensonges et de vérités. Les choses dites en décalé, celles dites seulement en partie et celles qui ne le seront jamais. Toutes les teintes du contre-jour."
Pas de certitudes donc dans ce roman de l'entre-deux, entre ciel et mer, dans ce moment que l'on se donne "entre bientôt et maintenant", dans cet endroit où arbres et vieux et se confondent...51wNTVkwn5L._SL500_AA300_.jpg
Claudie Gallay dans Les déferlantes nous peint le portrait de deux solitudes, de deux êtres en déséquilibres : Lambert qui veut des certitudes et la narratrice qui est taraudée par le vide,"J'ai serré les poings. Comprendre quoi ? Qu'un jour on se réveille et qu'on ne pleure plus ? Combien de nuits j'ai passées, les dents dans l'oreiller,je voulais retrouver les larmes, la douleur,je voulais continuer à geindre. Je préférais ça. j'ai eu envie de mourir, après, quand la douleur m'a envahi le corps, j'étais devenue un manque,un amas de nuits blanches, voilà ce que j'étais, un estomac qui se vomit, j'ai cru en crever, mais quand la douleur s'est estompée, j'ai connu autre chose.
Et c'était pas mieux.
C'était le vide."
ce creux au coeur des statues de Raphaël, qui depuis dix ans," cherche à sculpter le désir ".
Claudie Gallay, elle, dans un paysage traversé parle fantôme de Prévert, sculpte le manque avec des mots âpres et denses, sculpte l'espace des phrases.
Une remontée vers la lumière, non pas fulgurante, mais pas à pas , où les personnages marchent tous vers leur destin,s'extraient ou non de la gangue de pierre qui les emprisonne, apprennent ou non à marcher à deux. "Les Indiens Hopi disent qu'il suffit de toucher une pierre dans le cours d'une rivière pour que toute la vie de la rivière en soit changée.
Il suffit d'une rencontre."
Un livre qui peut changer le cours de notre vie ? En tout cas un livre précieux et nécessaire.

Vient de sortir en poche.

Ps:Malgré la couv' j'ai craqué (je l'avais emprunté à la médiathèque) car j'ai commis l'erreur de l'ouvrir au hasard ...et pof, j'ai replongé aussi sec ! Dans la foulée Susan Fletcher (même erreur, même conséquence) a aussi rejoint la biblio des indispensables !

04/06/2010

Série Z

"Numérote tes escarres, ça va saigner."

Féru de films de série Z, Félix Zac, adolescent attardé et néanmoins père de famille, commence beaucoup de scénarios, sans jamais les terminer.Un jour pourtant, notre anti-héros achève L'hospice de l'angoisse qui se déroule dans une maison de retraite où cabotinent à qui mieux mieux de vieux acteurs n'ayant jamais accédé à la gloire. Hélas, la réalité va rattraper la fiction et les cadavres du scénario vont tout à fait correspondre à ceux des pensionnaires de la Niche saint-Luc , là où Félix avait précisément situé l'action de son film ...
"Auteur en roue libre, lecteur rend ton livre !" ,prévient , sentencieux, M. hubert C. de knokke-le -Zoute, qui, mis en abîme supplémentaire ,lit le roman en même temps que nous, mais heureusement lui même finalement ne suivra pas ce conseil car auteur en roue libre , livre hors calibre !51ht3igy4dL._SL500_AA300_.jpg
Un récit où les péripéties se succèdent en cascade, où les dialogues sont plein de verdeur (les retraités ne possèdent peut être plus leur dentition d'origine mais ils ont cependant la dent dure et même perclus d'arthrose sont dotés d'une énergie à toute épreuve!), où les clins d'oeil aux vedettes de la série Z se faufilent en douce aux coins des rues, où les titres mémorables titillent notre mémoire,ne peut que séduire le lecteur, entraîné dans un tourbillon qui ne l'essouffle même pas !
Félix, homme un peu falot au départ, noyé qu'il est dans un gynécée dont la plus jeune représentante, à savoir sa fille Zoé n'est pas la moins intrépide , va nous réserver bien des surprises. Animateur de blog pour les fondus de nanars , il analyse les thématiques de ces séries Z avec un angle à chaque fois original et hilarant. Qui aurait cru que Max Pécas était "le cinéaste français qui a le mieux su exprimer le carpe diem antique "? ou que "L'hystérie funésienne *reflète l'angoisse métaphysique de l'homme confronté à la disparition de ses repères et à la naissance d'une nouvelle société dont il se sent exclu, et qu'il identifie donc à al barbarie. Tout mais 68  est là, dans les tics de l'adjudant Cruchot devant une jeunesse qui dit merde à l'uniforme en exhibant ses blanches fesses . CQFQ." ?
On sent que l'auteur connaît lui-même par coeur ces films et qu'il éprouve pour eux et leurs acteurs une grande tendresse, tendresse qu'il nous fait partager tout au long de ces pages pleines d'humour et d'énergie. Un livre qui donne une folle envie de regarder cet été quelques uns des titres  gratinés évoqués dans Série Z !

* De Funès et ses fameux gendarmes !

Série Z, J.M. Erre Buchet-Chastel 2010 , 364 pages.

Merci à Guillaume et à Katya de Babelio et aux éditions Buchet-Chastel.ico_critique.jpg

Keisha a beaucoup aimé !

Brize aussi !

Pickwick en rit encore !

03/06/2010

Quand mon frère reviendra

"Au jeu des échecs, il avait été le roi."

Philippe, le frère aîné de Lia a disparu. Six mois d'attente et d'angoisse pour sa mère, son beau-père et sa soeur, la narratrice. Quand le fugitif revient, le bel ordonnancement de cette famille va se trouver remis en question.5125EJXnPsL._SL500_AA300_.jpg
Quand mon frère reviendra dévoile, sans jamais prendre parti, les fondements de cette famille presque parfaite aux yeux des autres. Fruit de la volonté sans faille de la mère cette perfection ne pouvait que se fêler, voire sombrer.
Le regard à la fois tendre et acéré de Lia nous dévoile peu à peu les rouages de cette constellation familiale sans pour autant en faire un "cas d'école". Quant aux motifs de la fugue de l'adolescent, ils ne seront pas totalement élucidés, ce qui confère beaucoup de justesse au roman. Pourquoi vouloir expliquer ce que le principal intéressé a du mal à formuler ?
Une écriture sensible et belle, une oeuvre dont j'ai envie de poursuivre la découverte.

Quand mon frère reviendra,Isabelle Collombat, doAdo, Le rouergue, 2009, 249 pages sans mièvrerie.

L'avis de Sylvie qui vous mènera vers plein d'autres.