04/05/2010
Mistik Lake
"Je suis la tranche de jambon de notre sandwich de soeurs."
1981, une voiture dérape sur un lac gelé canadien. Trois morts, une seule survivante, Sally. Et un secret de famille que, des années plus tard, la narratrice principale, Odella, fille de Sally, devra affronter aux côtés de ses soeurs cadettes.
De nature plutôt classique, malgré sa narration à plusieurs voix, ce roman qui se déroule sur trois saisons, nous peint donc un "sandwich de soeurs", chaleureux, plein de vivacité et de joie de vivre malgré les difficultés. La narratrice fait clairement le choix de la résilience et protège longtemps une mère défaillante. Odella devra aussi arriver à tracer sa propre route ,sans pour autant négliger son amour sororal.
Multipliant les secrets (dont un cousu de fil blanc), ce roman, d'excellente facture, plaira certainement aux adolescentes car il ne sombre ni dans la mièvrerie ni dans le pathos.
Mistik Lake, Martha Brooks, traduit de l'anglais (Canada) par Fenn Troller et Emmanuèle Sandron, Alice jeunesse 2010 , 246 pages.
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03/05/2010
ça commence à faire mal
"...la vie fleurissant, fragile, entre deux éléments inhospitaliers."
Angoissés, craignant d'avoir raté leur vie, les personnages des nouvelles de James Lasdun se trouvent à un moment, apparemment banal mais en fait crucial, de leur existence, là où ça commence à faire mal.
Pourtant rien de mécanique dans la structure de ces textes, rien de répétitif ,et l'auteur ne s'amuse pas avec ses personnages comme avec des animaux de laboratoire. Non, il les considère avec empathie , mais sans rien dissimuler de leurs travers, nous les rendant ainsi plus proches encore.
Un style précis et lumineux, s'attachant aux détails révélateurs, une grande palette d'univers concourent à faire de ces textes de vrais plaisirs de lecture qu'il faut prendre le temps de laisser infuser pour mieux les savourer.
Quelques citations, juste pour vous donner envie: "La femme ôta ses gants en chevreau. Les traits de son visage, lisse et symétrique semblaient entièrement occupés à inscrire de force le mot "beauté" dans l'esprit de quiconque la contemplait."
"Les actions les plus significatives d'un homme se gravaient-elles dans son anatomie, pour n'être décelable que par l'inconscient d'autrui ? "
ça commence à faire mal, James Lasdun, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Charras, Jacqueline Chambon 2010 , 286 pages.
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02/05/2010
Les fables pleines de symboles...
...ne sont vraiment pas ma tasse de thé ! Du coup j'ai abandonné : Le libraire de Sélimonte et Il ne vous reste qu'une photo à prendre ...
Quant à Rroû, ben non l'écriture un tantinet poussiéreuse de Maurice Genevoix n'aura pas su me garder éveillée...
06:00 Publié dans Lâches abandons | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : schtroumpf grognon le retour
01/05/2010
Au bon roman
Je sais, je sais, nous sommes le premier Mai, jour férié par excellence ,mais une bonne nouvelle comme ça ne pouvait pas attendre !
Billet ici !
Pour compenser cette couv' anxiogène dixit Aifelle, voci l'adresse d'un site
dont j'adore déjà l'intitulé !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : laurence cossé
30/04/2010
Les enfants de la nuit
"Cette série de meurtres est un don que vous fait la vie.."
Trois ans après l'assassinat de Madeleine, la femme de sa vie- mais il s'en était rendu compte trop tard-, l'architecte Nicholas Newman va se trouver mêlé à une série de meurtres qui sont tous liés au le passé de Madeleine, passé auquel il n'a jamais daigné s'intéresser et qui a à voir avec un mystérieux institut où ont eu lieu des expériences nazies particulièrement atroces.Bien qu'il renâcle, car ce personnage n'a rien de sympathique et ne nie pas sa part d'ombre, Nicholas va entreprendre d'élucider le mystère et de marcher vers la rédemption.
Les enfants de la nuit est un roman qui m'a doublement mise mal à l'aise. D'une part à cause du thème évoqué et d'autre part parce que le narrateur, qui n'est pas donné comme "chevalier blanc", n'offre pas au lecteur de "planche de salut" à laquelle se raccrocher. L'ambivalence est au coeur de ce roman et même si le récit fait a posteriori par le narrateur m'a parfois agacée car il se tait alors qu'il devrait questionner, la tension est telle que je n'ai pu décrocher et que j'ai lu ce roman comme en apnée. Une expérience fortement déstabilisante.
Les enfants de la nuit, Frank Delaney, traduit de l'anglais par Hubert Tézenas, Le cherche-midi 2010 , 560 pages .
L'avis de Cécile.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : frank delaney
29/04/2010
L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet
"La médiocrité, c'est la moisissure de l'esprit."
Pour recevoir le prestigieux prix Baird, le cartographe et illustrateur scientifique T.S Spivet doit traverser les Etats-Unis d'Ouest en Est, inversant ainsi le trajet suivi par ses ancêtres. Rien de bien original à première vue sauf que T.S.Spivet n'a que douze ans.
A sa suite, nous entreprenons ce voyage initiatique qui permettra à ce garçon, féru de détails et de précisions ,d'éclairer d'un nouveau jour sa lignée familiale et en particulier les liens pour le moins distendus , en apparence, entre son cow-boy laconique de père et sa scientifique de mère.
T.S. n'a rien d'un "singe savant", c'est un enfant sensible et précoce qui s'efforce toujours d'ordonner le monde qui l'entoure, sans doute pour apaiser les questions qui le hantent et qui ne prennent d'abord place qu'en marge du récit-au sens propre-, dans les notes et dessins qui accompagnent ce texte et en font un objet hors du commun.
Le livre est en effet doté d'une couverture et d'une iconographie qui lui donnent à la fois un côté intemporel et désuet que je n'ai pas voulu abîmer, pas de pages cornées donc mais un roman tout hérissé de marque-pages !
L'écriture fluide fait qu'on ne s'ennuie pas une minute dans ce récit fertile en rebondissements, tant au niveau aventures que découvertes psychologiques. Une rencontre enthousiasmante ! Je n'oublierai pas de sitôt ces personnages pittoresques et attachants !
Les avis , tout aussi enthousiastes de Cuné et Chiffonnette !
L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, Reif Larsen, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Hannah pascal, Nil éditions 375 pages.
Tandem, même pas concerté ,avec Karine !:)
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (30) | Tags : reif larsen, voyage initiatique
28/04/2010
Inimaginaire
ça claque, ça roule, ça chuinte, ça siffle dans les poèmes de Pierre Coran. Assonances, allitérations, mots coupés , inversés, supprimés, suggérés font qu'on y voit voltiger un écureuil ou zigzaguer un lézard.
La musique des mots y est essentielle et le plaisir de la lecture à haute voix aussi. On s'en gargarise, on s'en amuse et on voltige dans les airs en compagnie de tout un bestiaire souriant !
Inimaginaire, Pierre Coran,Mijade, 124 pages souriantes et sonores.
06:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : pierre coran, jeux avec les sons, jeux avec les mots
27/04/2010
Maudit karma
Animatice de Talk show, Kim Lange, de son propre aveu prête à assassiner pour se tailler une place à la mesure de son ambition, meurt en pleine gloire, percutée par le lavabo d'une station spatiale.
Coup de bol, elle renaît mais, victime de son mauvais karma, sous forme de fourmi.Il ne lui restera plus qu'à remonter dare dare l'échelle des réincarnations pour regagner l'amour de son mari et de sa fille, allègrement délaissés de son vivant.
Je piaffais d'impatience à l'idée de dévorer ce roman présenté comme léger et drôle. Bien m'en a pris d'attendre la sortie en poche car ce n'est pas en nous balançant à la figure une louche de soupe teintée de bouddhisme-Kim Lange se réincarne à la vitesse grand V-une autre de bons sentiments sirupeux, sans compter une pincée de paillettes, que l'on obtient ne serait-ce que la pâle copie d'une comédie digne de ce nom. J'avais parfois l'impression d'être propulsée dans le dessin animé Maya l'abeille avec la description anémique de la vie dans la fourmilière, sans compter que dès qu'une péripétie se profile à l'horizon, les personnages semblent brutalement se figer avant de se décider à réagir.
L'auteur semble même parfois envie de se débarasser de tout ça et accélère le mouvement pour se dépêtrer du guêpier dans lequel il s'est- volontairement - fourré.
Quant aux comportements animaux décrits, ils ne sont même pas dignes d'un Walt Disney anthropomorphique. Le jour où on verra un chat et un chien manifester leur joie de se revoir en se roulant par terre, les crapauds voleront. Un brin de vraisemblance ne fait jamais de mal même si on ne s'attend évidemment pas à une étude scientifique dans ce genre d'ouvrage.
Seule note d'humour à surnager dans ce magma lourdingue, les extraits du journal de Casanova (oui Le Casanova) qui ponctue sporadiquement le récit et allège quelque peu cette farce indigeste. A fuir, sous peine de se voir réincarné en puce de sable .
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : david safier, schtroumpf grognon le retour
26/04/2010
Là haut, tout est calme
"J'étais le deuxième choix, dis-je. C'était ça le pire."
Depuis que son frère jumeau est décédé dans un accident il y a 35 ans,Helmer van Wonderen a dû le remplacer à la ferme familiale. Mais vingt ans plus tard, brusquement Helmer décide de monter son père grabataire au premier étage et de réaménager la maison. première étape d'un changement de vie significatif qui s'annonce pour celui qui n'a , il l'avouera tardivement, jamais su trouver sa place une fois son frère mort.
Avec une grande économie de moyens Gerbrand Bakker peint avec délicatesse et poésie cette renaissance d'un homme qui jusqu'à présent n'a jamais appris à décider seul.
Ce personnage laconique sait néanmoins tisser avec les animaux et les êtres qui l'entourent de vrais relations et nous surprend sans cesse tant par sa violence feutrée que par sa volonté souterraine mais inébranlable d'avancer enfin. Un livre magnifique , lumineux, et qui accompagne longtemps le lecteur.
Merci Belle ! tu vois il m'a fallu le temps de me décider mais j'ai savouré chaque page !
Là haut, tout est calme, Gerbrand Bakker, traduit du néerlandais par Bertrand Abraham, Gallimard 2009, 351 pages qui sonnent justes.
Dominique a aussi été séduite.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : gerbrand bakker, jumeaux, pays-bas, rapports pèrefils
25/04/2010
Je viens de découvrir que ...
...Le ramadan de la parole, de Jeanne Benameur (actes Sud junior 2007) faisait aussi partie d'un recueil de nouvelles : Des filles et des garçons, (Thierry Magnier 2003),déniché en médiathèque...j'ai donc enfin pu le lire ... et l'apprécier !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jeanne benameur