06/03/2010
La joie de vivre
Henri Salvador c'est avant tout un rire. Un rire comme une ponctuation, un rire pour oublier et faire oublier que "Ma peau noire est mon étoile jaune."
Lui qui se définissait comme un "fantaisiste crooner" était un éternel optimiste qui affirmait : "Il faut savoir prendre la vie avec le sourire. Au cours d'une vie, on connaît plus de jours merveilleux que de coups durs."
Grand paresseux devant l'Eternel , "Le travail, pour moi, est une chose sacrée, je n'y touche pas !" fut nénanmoins un sacré bosseur et un grand séducteur !
Les pensées, répliques et anecdotes fournies par des amis ou des proches rassemblées dans ce recueil brossent un portrait-mosaïque, réjouissant et solaire de cet homme qui disait :" Je ne me suis pas fabriqué. Je me suis découvert. Ceux qui se fabriquent ne sont pas vrais."
Le cherche-midi éditeur 2010 .
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : henri salvador, pensées, répliques et anecdotes
05/03/2010
les monstres de templeton
"Rien ne change jamais ici, n'est-ce pas ? "
Rien ne change ? Que nenni ! Et Willie Upton, rentrée rechercher du réconfort auprès de sa mère, l'ancienen hippie, Vivienne, va vite l'apprendre à ses dépens.
Tout commence par l'apparition soudaine du cadavre d'un monstre, sorte de Nessie local, apparition qui va subtilement déséquilibrer le bel ordonnancement de cette ville américaine tranquille, placée sous l'égide de ses fondateurs, les Templeton. Les Templeton auxquels Willie est apparentée par sa mère mais aussi par son père comme elle l'apprend soudainement.
Pour découvrir l'identité de songéniteur, la narratrice se lance alors dans une recherche historique qui montrera que les Monstres de Templeton ne sont pas forcément ceux que l'on croit.
Le monstre ici n'est qu'un symbole et ceux qui s'attendraient à un récit fantastique en seraient pour leurs frais. Non, il est davantage question de cette quête d'identité dans laquelle s'engage la narratrice, personnage haut en couleurs, dotée d'une amie tout aussi attachante. Remarquons au passage que les personnages frôlent à chaque fois le cliché et l'évitent subtilement. Lauren Groff éprouve visiblement de la sympathie pour chacun d'entre eux, sans pour autant tomber dans la mièvrerie (un échange de correspondance féminine se révèle particulièrement vénéneux et savoureux tout à la fois). Elle entremêle avec dextérité les liens passé/présent , même si ,comme Cuné,* je me suis parfois perdue dans cette généalogie complexe (mais le plaisir de lecture était toujours là, que ce soit pour les périodes contemporaines ou plus anciennes). Fertile en rebondissements, agrémenté de photos vieillottes, ce premier roman vous embarque et on le lâche plus , regrettant à la fin de devoir quitter ce monde si féroce et charmant à la fois. Une réussite !
Vient de sortir en poche.
L'avis de Cuné grâce à qui je l'avais découvert.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : lauren groff
04/03/2010
Dark tiger
"Les êtres humais se contentaient de s'entretuer."

Les nuages noirs s'amoncellent autour de Stoney Calhoun, toujours amnésique mais toujours doté de capacités qu'il a redécouvertes au fil des aventures précédentes.
Pour retrouver sa vie tranquille entre sa cabane au fond des bois et son travail à la boutique de pêche de son amoureuse Kate, le voilà contraint de remplacer un guide de pêche dans un luxueux hôtel perdu en pleine nature, afin d'enquêter en toutes discrétion sur la mort d'un agent gouvernemental.
La donne a donc changé car dans les précédents volumes, c'était bien malgré lui que Stoney se retrouvait à mener des enquêtes, ce qui donne une tonalité plus sombre au roman, le héros étant soumis à davantage de tension.
J'ai retrouvé avec une certaine mélancolie les personnages de William G Tapply, sachant que l'auteur était décédé en 2009, juste avant la sortie aux Etats-unis de ce volume. Peut être est-ce que ceci a influé sur ma lecture car , même si les magnifiques paysages sont là, l'aspect tout à la fois bourru et plein de charme de Stoney aussi,même je ne me suis pas ennuyé une minute en lisant ce roman le charme n'a plus opéré avec autant de vigueur. J'y ai trouvé des redites (concernant les relations entre les chiens et je cite "la bouffe") et Stoney , toujours stoïque face aux emportements de Kate a fini par me laisser de marbre. Peut être ai-je aussi été aussi contaminée par le certain désenchantement qui imprègne ce livre...
Un adieu en demi-teintes.
Dark tiger, William G. Tapply, Gallmeister 2010, 250 pages
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : william g tapply
03/03/2010
Les derniers jours d'un homme
"Il y a des endroits sur terre qui ne sont pas faits pour les hommes."
Ce pourrait être un paysage post-apocalyptique: sols contaminés, ciel vide d'oiseaux ou de papillons, fleurs ayant renoncé à fleurir, cours d'eau où même un héron égaré refuse de pêcher. C'est juste une cité industrielle du Nord-pas-de-Calais, reléguée de l'autre côté d'une autoroute, une cité où la pollution de l'usine de métaux s'est inscrite dans la chair des hommes, qui, malgré les risques mortels, ont continué à y travailler pour conserver leur dignité car "Le travail était la valeur absolue."
Aujourd'hui, l'usine est démantelée, un peu comme l'histoire de Judith,dix-huit ans, dont quinze vécus auprès de sa seule famille restante: son oncle Etienne. Judith, à force d'obstination, va éclaircir le mystère de la mort de son père, Clément. En parallèlle, les voix de la fille et du père se répondent, reconstituant ainsi les étapes d'une tragédie annoncée.
Impossible de lâcher ce roman noircissime et néanmoins empli de chaleur humaine. J'y ai retrouvé l'esprit et le langage des ouvriers de chez moi, cette volonté obstinée de propreté des femmes, cette solidarité mais aussi cette violence parfois des rapports humains. Pascal Dessaint nous brosse aussi un magnifique portrait de la relation entre frères, qu'elle soit proche ou plus distante.
Là où on aurait attendu un texte "militant", Dessaint évoque clairement le drame de Metaleurop, on trouve un livre qui fait la part belle aux ouvriers, à leurs attentes, à leurs souffrances, un livre empli d'humanité mais jamais d'apitoiement. Car même si"Nous cherchons tous une échelle pour atteindre un bonheur qui jamais ne se présente.", il reste toujours un arbre où se laisser bercer...
Une lecture nécessaire.
Pascal Dessaint, Les derniers jours d'un homme, Rivages, 2010, 232 pages
Le site de l'auteur.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : pascal dessaint, metaleurope, travail, frères
02/03/2010
Les lieux sombres
"J'ai le bourdon depuis 24 ans."
Unique survivante de la partie féminine de sa famille, Libby, qui se dépeint comme "l'adorable gamine qui avait traîné son adorateur de Satan de frère devant la justice." 24 ans donc qu'elle a le bourdon et un bourdon de plus en plus agressif car, après avoir tiré partie pendant des années de l'intérêt du public pour son cas, elle se retrouve sans argent et sans situation, petite Shirley Temple qui n'aurait pas dû grandir, concurrencée par d'autres victimes plus jeunes et plus charmantes qu'elle.
C'est donc plus par intéret financier que par réelle motivation qu'elle va accepter l'offre d'un groupe de gens persuadés que son frère, Ben, est innocent, de recontrer des témoins du passé.
Kleptomane, oscillant entre "la surprotection" et "l'imprudence extrême", Libby n' a au départ rien de sympathique et c'est tant mieux. Ceci nous évite nombre de clichés et donne de l'énergie au récit.
Alternant passé et présent, celui-ci nous entraîne tout à la fois sur la trace de présumés adorateurs de Satan, mais aussi dans la vie d'une famille de fermiers pauvres qui essaient tant bien que mal de maintenir la tête hors de l'eau.
Dès le début j'ai été scotchée par ce roman qui allie une intrigue solide-même si, c'est vrai, Libby retrouve un peu trop facilement les bonnes personnes, et des personnages complexes, bien campés et fouillés.
Il y avait longtemps que je n'avais lu un roman aussi palpitant !
Les lieux sombres, Gillin Flynn, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Heloïse Esquié, Sonatine 2010 , 479 pages bluffantes.
Du même auteur, j'avais lu La haine dans la peau,disponible en poche, billet ici.
Tout le monde a lu ce livre dans la blogo ! et rares sont les avis négatifs...
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : gillian flynn, fratrie, résilience
01/03/2010
La sanction
"-Comme la vie doit être simple pour vous.
- Non, la vie n'est pas simple. La plupart des gens que je rencontre le sont."
La sanction commence comme un roman d'espionnage classique avec un héros très sûr de lui , accumulant les compétences (à la fois professeur d'art et alpiniste renommé). Le fait de vivre dans une église et de collectionner les tableaux de maître lui confère un côté baroque original mais se révèle aussi fort onéreux. Il faut donc que notre héros remplisse des missions de contre-assassinats, appelées sanctions pour le compte d'une organisation secrète américaine. La dernière en date lui vaudra d'affronter l'ine des plus dangereuses montagnes des Alpes, l'Eiger en compagnie de trois hommes parmi lesquels il devra trouver celui à abattre.
Tour à tour cinglant et péremptoire, "Mon admiration pour vous a trouvé de nouvelles limites", Jonathan Hemlock ,qui tient les autres à distance, repousse à toutes forces les sentiments et pratique la sexualité comme une hygiène, risquait de ne pas conserver longtemps mon attention.
Heureusement la révélation de ses failles au bout d'une centaine de pages m'a permis de le suivre avec plaisir au fil de ses aventures.
Que ceux qui n'apprécient pas spécialement l'alpinisme se rassurent, cet aspect ne représente qu'une toute petite partie du livre.
Notons au passage un dialogue, très cinématographique au demeurant , mêlant scène de séduction et de boulot où le lecteur est amené à deviner les comportements des protagonistes entre deux échanges d'informations. Savoureux !
La sanction, Trevanian, Editions Gallmeister 2007, traduit de l'américain par Jean Rosenthal.335 pages
L'avis d'Amanda que je remercie pour le prêt !
06:03 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : trevanian, espionnage, alpinisme
28/02/2010
Ce que j'ai vu et pourquoi j'ai menti
Même si Judy Blundell excelle à nous plonger dans l'atmosphère des films en noir et blanc, à force de vouloir terminer chaque chapitre sur un suspense ,le récit perd toute crédibilité. On a parfois l'impression que l'auteure veut nous glisser à l'oreille: "Admirez mon savoir-faire." et du coup, je suis allée droit à l'abandon. Tant pis.
L'avis plus enthousiaste de Clarabel.
Ce que j'ai vu et pourquoi j'ai menti, Judy Blundell, Gallimard jeunesse, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Cécile Dutheil de la Rochère, 277 pages.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : judy blundell, passage à l'âge adulte, schtroumpf grognon le retour
27/02/2010
âmes sensibles s'abstenir
Aujourd'hui une vache a débarqué chez nous...mais zhélas son espérance de vie était fort limitée...
AVANT APRES...
Merci Cuné !
11:45 Publié dans la galerie des vaches | Lien permanent | Commentaires (13)
L'histoire d'un mariage
"Femme soigneuse, bonne jardinière, j'élaguais les rameaux porteurs du doute."
Cela commence de manière bien proprette, bien lisse, Pearlie, Holland, un mariage heureux un enfant , une vie bien rangée . mais comme le répète la narratrice, l'heureuse épouse : "On est seulement nés au mauvais moment.", comprendre dans les années 50 , aux Etats-Unis, dans une société marquée par la guerre de Corée, la ségrégation raciale et le maccarthysme.
Pearlie aspire au repos mais l'irruption de Charles Drumer dans leur vie de couple risque de tout faire voler en éclats.
L'histoire d'un mariage est un roman qui multiplie les surprises faites au lecteur, en se jouant de ses a priori. Le thème lui aussi va se révéler surprenant car la narratrice va se rendre compte qu'elle écrit -en creux- l'histoire d'une guerre, sans récits de combats, mais pas sans violence, une violence larvée et qui prend des formes multiples.
Fiction et réalité se mêlent en une troublante mise en abîme , "percevoir sa vie comme un roman qu'on a écrit et auquel on a cru." et si Andrew Sean Greer revient sur le thème classique "Nous en connaissons pas vraiment ceux que nous aimons", il l'aborde d'une manière originale m ême si le récit perd un peu de sa vigueur dans la dernière partie. le style est agréable , même si , à force d'avoir été induit en erreur, le lecteur en vient à s'inquiéter à chaque rétention d'information : Nouveau chausse-trappe ou pas ?
Vient de sortir en poche.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : andrew sean greer, couple
26/02/2010
Délires
"La- déconne-est-un état-d'esprit !"
Qu'il s'indigne Du scandale des bananes écrasées dans l'indifférence générale ou se réjouisse du fait que" les plus grands économistes mondiaux ont prévu depuis des années la crise financière actuelle. Je suis totalement rassuré et confiant dans le passé.", Daniel Prévost ferraille à tous vents, jonglant parfois avec les mots, même s'il affirme détester les contrepèteries et poussant l'absurde jusqu'à la folie, douce ou acide.
Alternant emportements et réflexions posées, il nous houspille et nous entraîne du garage Gaudin à la consolation des poireaux vinaigrette: "Le plat qui me réconcilie avec la vie quand celle-ci me fait mal."
Qu'il s'énerve et la lueur malicieuse perçue dans ses yeux sur la couverture pourrait tout à coup devenir un tantinet inquiétante...Insaississable, Daniel Prévost n'est jamais là où l'on l'attend et c'est tant mieux. Un livre où piocher sans modération.
Délires, Daniel Prévost, Le cherche midi éditeur, 2010.
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : daniel prévost