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17/03/2010

La diagonale du traître

"Un auteur c'est une calamité indispensable."

Douze histoires de traîtrises que Hrevé Hamon décortique avec une précision jubilatoire dans La diagonale du traître.41kvspzIQuL._SL500_AA240_.jpg
Trahisons à bas-bruit, presque involontaires, flamboyantes , tour à tour surprenantes ou quasi obligées, elles se déroulent aussi bien dans la file d'attente des apprentis vedettes que dans les bureaux d'une chaîne de télévision, au sein d'un couple ou d'un parti politique.
Plus inattendues sont celles mettant en scène un malade et "son " professeur de médecine ou bien encore celle de ce jeune homme de milieu modeste qui se rend compte que de toutes façons "l'accès à la culture, aux études, à l'ascenseur social" est toujours une forme de trahison. Du bel ouvrage.

La diagonale du traître, Hervé Hamon, Editions dialogues.fr

Merci ,Cuné !

16/03/2010

Bouche bée tout ouïe ou comment tomber amoureux des langues

"Il y a des préfixes réservés également aux nains, aux bossus et aux boîteux."

Parce que c'est un grand amoureux des langues, Alex Taylor a rassemblé dans Bouche bée, tout ouïe, une flopée d'informations recueillies au cours de ses pérégrinations et  de ses rencontres amicales ou amoureuses. ça pétille à chaque page car notre chroniqueur européen préféré a autant de culture que d'humour.417HBow9+SL._SL500_AA240_.jpg
Sans jamais pontifier, il nous gratifie au passage de remarques intéressantes concernant tant l'enseignement que la traduction et se penche avec une curiosité inlassable sur les particularités linguistiques les plus incongrues et donc hautement réjouissantes.
On croisera au passage aussi bien les Teletubbies que de la confiture contraceptive et l'on se régalera des sous-titres aussi savoureux qu'énigmatiques: "Des grands-mères ne font pas de grimaces même en se rasant !" Et comme par magie, en lisant ce livre, j'entendais la voix si caractéristique du si charmant Alex...

Bouche bée, tout ouïe, ou comment tomber amoureux des langues, Alex Taylor, Jean-Claude Lattès 2010, 267 pages bourrées d'informations.

15/03/2010

Tremblement de terre, Istambul, 17 août 1999

"Istambul. Un autre monde.Un monde noir, sale, auquel il n'appartenait pas."

Le commissaire Orkan Ekinci , mis au placard par sa direction, n'a décidément pas compris: il faut toujours qu'il se mêle de ce que beaucoup de gens voudraient voir étouffé. Ainsi ce cadavre , à la gorge tranchée, que l'on a visiblement voulu faire passer pour l'une des trop nombreuses victimes de ce tremblement de terre , le 17 août 1999 à Istambul.41y+Qh1gNmL._SL500_AA240_.jpg
Cette catastrophe naturelle sera l'occasion pour la cousine franco-turque du commissaire, Sibel, infirmière pour la croix-rouge de renouer avec sa jeunesse. Quant à Mehmet, dealer allemand venu se mettre à l'abri en Turquie, il se retrouve bien vite pris dans un engrenage mafieux.
Les destins de ces trois personnages vont se nouer dans cette ville , en proie à la corruption de tous bords. Qui tire les ficelles ? La maffya locale, les intégristes religieux ? Tout semble pourri et la poésie et les chants semblent de  bien frêles remparts contre la misère et la violence quotidiennes. Un portrait sans concessions d'une ville protéiforme. Quelques dialogues un peu amidonnés ne parviennent pas à troubler cette atmosphère étouffante parfaitement mise en place par l'auteur.

Tremblement de terre, Larif Marsik,  traduit du turc par Julide Kizilkale, Editions du masque, 2009, Prix du roman d'aventures.

 

13/03/2010

Où on va papa ? Séance de rattrapage

Pour les rares 51sn3RDF9XL._SL500_AA240_.jpgqui ne l'auraient pas encore lu ! billet ici

12/03/2010

Ecoute s'il neige

"Changer le paysage m'avait demandé un effort qui m'avait extirpé de moi."

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En instance de divorce, Paul s'installe dans un hameau entre ville et campagne. Rapidement vont se nouer des liens entre ce quinquagénaire qui se croit déjà vieux et l'une de ses voisines, aveugle. Paradoxalement, c'est cette femme qui va lui révéler l'univers qu'elle n'appréhende pas de la même manière.


Comme dans Trois Jardins et Journal secret de Natalia Gontcharova (non chroniqués) , j'ai retrouvé avec plaisir le style poétique et au plus près des émotions de Cathie Barreau "... non plutôt les questions  qui creusent le centre d'un être, inprononçables, comme: qu'ai -je précisément ressenti en me réveillant ce matin, qu'ai-je éprouvé dans mon corps, quels sentiments dans les secondes étranges entre sommeil et éveil, , quelle conscience d'être dans un endroit du monde, quelle place entre la vie et la mort ? ".je suis cependant restée un peu sur ma faim quant à la tension dramatique.

Ecoute s'il neige, Cathie Barreau, Editions Laurence Teper, 2009,155 pages.

Et avec ce roman sensible je boucle mon challenge !45965387_p.jpg

L'avis d'Antigone qui m'a donné envie.

11/03/2010

Le premier amour

De Véronque Olmi j'avais lu , apprécié ,mais pas chroniqué les très noirs et très beaux Bord de mer et Numéro six.
Jugez de ma surprise quand durant les 150 premières pages de son nouveau roman Le premier amour, j'ai trouvé 5 occurences de l'adjectif "léger".On entrait enfin dans un monde où l'amour ne serait pas lié à la mort ou à l'absence.
Envie de lumière, de chaleur, d'exotisme avec ce premier amoureux italien qui refait surface soudain dans la vie planplan de l'héroïne ? Le contraste est frappant avec celui des oeuvres précédemment citées.41+m5akoymL._SL500_AA240_.jpg
Alors oui, Véronique Olmi est dans la légéreté mais finalement la gravité lui sied plutôt mieux car je ne suis pas du tout entrée dans ce roman qui accumule les clichés et se fiche de la vraisemblance comme d'une guigne.

Merci Antigone, qui a réussi à le terminer !:)

Clarabel n'est pas totalement convaincue non plus..

10/03/2010

Des vents contraires

"...je voulais juste que le vent me ressuscite."

"-Ben, c'est gai  encore ton truc

- C'est pour ça qu'ils ont pensé à moi."

Lucidité ou touche d'humour ?  En tout cas cette réflexion peut aussi bien s'appliquer à l'oeuvre d'Olivier Adam qu'à celui qu'on ressent comme son double littéraire, Paul Aderen.51EHDRbFcEL._SL500_AA240_.jpg
C'est à nouveau une disparition  qui vient jeter le trouble dans une famille. Sarah n'est pas rentrée depuis un an, laissant son mari face à ses interrogations et à celles de leurs jeunes enfants.Afin de se poser un peu, Paul décide de retourner à St Malo, la ville de leur enfance. Au fil de ses rencontres, Paul va peu à peu s'ouvrir aux autres, même maladroitement, tout en s'efforçant de préserver avec une infinie tendresse, presque animale, ses enfants.
Comme les maisons luttent contre les éléments, quels que soient les coups du sort, il faut tenir bon "suspendu[es] juste au dessus, en lisière, marginal[es] et fragile[s] menacé[es] mais debout." Les personnages sont lessivés, à bout de force, mais comme les maisons, ils tiennent.
Une écriture charnelle, attentive aux sensations qui rudoie et étreint à la fois le lecteur. Olivier Adam fait tout à la fois oeuvre de styliste et nous embarque dans un scénario très visuel qu'on ne peut lâcher. A quand l'adaptation cinématographique ?

Des vents contraires, Olivier Adam, Points seuil, 282 pages secouantes (dont beaucoup de cornées). Indispensable.

Plein d'avis chez Blog-o-book

Dans la foulée, j'ai enchaîné avec Falaises. Bien trop glauque pour moi.

 

 

09/03/2010

L'expert

"Les aigles ne sont pas des ornithologues."

 

Suite des aventures de Jonathan Hemlock, L'expert reprend un peu le schéma de La sanction: Même départ avec le personnage trop sûr de lui, même intervention féminine (justifiée par une ressort dramatique que je ne révèlerai pas), mais la tobalité est encore plus sombre et la faille s'agrandit dans l'âme d'Hemlock. Côté humour, nous avons aussi droit à un hilarant dialogue-promenade mettant aux prises le héros avec la campagne anglaise.414lMFaqcdL._SL500_AA240_.jpg
Mais cette fois nous gravitons à la fois dans le monde de l'art , celui de l'espionnage et des milieux interlopes et les épreuves rencontrée par notre héros seront encore plus physiques et originales que dans La sanction. Une petite baisse de régime (plus d'effet de surprise) mais un excellent moment cependant.

 

L'avis d'Amanda que je remercie pour le prêt !

08/03/2010

Drôles de femmes

Yolande Moreau, Sylvie Joly, Anémone, Amélie Nothomb, Florence Cestac, Michèle Bernier, Maria Pacôme, Tsilla Chelton, Dominique Lavanant  sont de Drôles de femmes rencontrées par Julie Birmant et croquées par Catherine Meurisse.Cela donne un album chaleureux où Julie Birmant se met en scène, donnant à voir l'admiration ou l'amour qu'elle éprouve pour ces femmes hors du commun. Chacune d'entre elles a dû prendre la vie à bras le corps, forcer son destin, lutter contre les préjugés, que ce soit Tsilla Chelton que son éducation ne destinait en rien à jouer Ionesco ou l'inoubliable Tatie Danielle, Anémone, rejetant le système du cinéma français ou Michèle Bernier qui a su imposer à la fois un physique atypique et une pièce , le fameux Démon de midi prenant à rebrousse-poil les discours convenus...51bugS7dIQL._BO2,204,203,200_PIsitb-sticker-arrow-click,TopRight,35,-76_AA240_SH20_OU08_.jpg
Anecdotes hilarantes ou confidences se succèdent au fil des rencontres et même si on sent parfois que le courant n'est pas toujours passé avec la même intensité, il n'en reste pas moins que chaque portrait est à la fois respectueux et riche.

A lire et relire, y compris par les plus jeunes qui ne se rendent pas toujours compte du chemin parcouru par les femmes, y compris dans le monde de l'humour. C'est la journée de la femme, les filles, je prends le droit de faire ma féministe !:)

Un énorme merci à Cuné, qui d'autre pouvait dénicher une telle pépite ? !

Drôles de femmes, Julie Birmant, Catherine Meurisse , Editions Dargaud 2010

07/03/2010

Court noir, sans sucre (nouvelle édition, revue et augmentée)

Trop souvent les recueils de nouvelles sont une sorte de fourre-tout sans unité. Tel n'est pas le cas dans Court, noir, sans sucre d'Emmanuelle Urien (un excellent titre et une très jolie couverture , de la belle ouvrage pour cette rédition , revue et augmentée de deux nouveaux textes)
Thèmes récurrents donc dans ces textes sombres mais pas sordides: la souffrance, le deuil; la faille cachée dans chacun des personnages fait résonner en nous des échos tus ou présents.CourtNoirSansSucre.jpg
Traitement différent pourtant car en lisant ces textes les uns après les autres, j'ai trouvé qu'il y avait une montée dans l'intensité de l'expression des émotions. Dans les premières histoires, en effet, l'écriture est presque aseptisée, les narrateurs tiennent leur douleur à distance et ne la révèlent que dans la chute de la nouvelle.Plus on avance dans le recueil et plus l'auteure montre sa compassion , sans mièvrerie aucune (voir le titre !).
"Tristesse limitée" qui met aux prises un employé d'une administration chargé de traiter les dossiers des demandeurs d'emploi m'a particulèrement enthousiasmée par sa double chute jubilatoire ...Quant au texte intitulé "le chemin à l'envers", vous ne pourrez  pas le lire sans avoir le coeur serré...Les deux nouvelles nouvelles s'inscrivent parfaitement dans cette continuité et ne déparent pas l'ensemble.
Même si comme moi vous n'aimez pas le café, vous vous régalerez !

Emmanuelle Urien, Court, noir, sans sucre, Editions Quadrature, 113 pages.(Nouvelle édition, augmentée).

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