29/06/2024
Les autres ne sont pas des gens comme nous...en poche
" Je veux être considérée comme potentiellement monstrueuse, comme possiblement perverse, au moins autant que n'importe quel valide. "
Ainsi parle Julie, jeune femme tétraplégique qui, depuis, son fauteuil observe le monde comme une La Bruyère contemporaine.
Si elle se montre volontiers corrosive envers ses non-semblables, elle ne s’épargne guère non plus : "Suite à un accouchement difficile, j'ai hérité d'un corps à euphémismes: différent, singulier, en situation de handicap, en position de non-réalisation des habitudes de vie d'une personne. Le truc sympa, quoi (oui, j'ai aussi hérité d'un cerveau à antiphrases) ."
Les familiers de J. M. Erre retrouveront ici dans les différents textes écrits par Julie son amour des mots, sa volonté de pousser à l'extrême les travers de la société ainsi que des personnages (aux noms improbables) issus de ses précédents romans. Pas de quoi s'affoler pour ceux qui découvriraient cet auteur: vous ne serez pas exclus de la fête et cela vous donnera sans doute l'envie de découvrir les précédentes œuvres de l’auteur.
J.M. Erre célèbre ici, entre humour noir et amour de l'humanité malgré tout, les vertus et les défauts du récit : éviter de nous coltiner avec la réalité mais aussi accepter de se la prendre en pleine face.
200 pages piquetées de marque-pages.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : j.m. erre
06/01/2021
Le bonheur est au fond du couloir à gauche
"Depuis l'enfance, on nous répète que nous sommes libres de réaliser nos rêves. On nous oblige à faire nos propres choix, à suivre la filière correspondant à nos vœux, et donc à assumer seuls nos erreurs et nos échecs.On nous a retiré la bouée de sauvetage de la faute à autrui. Merci du cadeau."
Le narrateur de ce nouveau roman de J.M. Erre est l’illustration parfaite de cette citation de Jean-Louis Fournier : "C'était un angoissé pour qui tout allait bien, jusqu'au jour où il est né."
Et angoissé Michel H. l'est d'autant plus que Bérénice vient de le quitter, lui laissant en cadeau une flopée de livres de développement personnel, traitant tous de l'art d'être heureux.
"Velléitaire", "timoré", "dépressif suicidaire", les qualificatifs ne manquent pas pour qualifier cet individu encore jeune , qui peine à trouver sa place dans une société où l'injonction au bonheur est devenue une véritable tyrannie , individu que son voisin peu amène, M. Patusse traite simplement de "raté".
Michel H. est persuadé que Bérénice reviendra s'il devient heureux et se lance donc dans une série de tentatives éperdues , loufoques, marquées par le déni le plus total de la réalité, déni qui le fera tomber de Charybde en Scylla.
L'occasion pour J M. Erre de dégommer tous les travers de notre société, en une série de raisonnements biaisés, de fausse logique , le tout assaisonné d'une bonne dose d'humour noir. Le récit file à toute allure et il faut prendre le temps de le relire pour mieux en apprécier toute la saveur. Un festival de citations à collecter et une mécanique imparable dans la construction font de ces 183 pages de la dynamite ! Un indispensable, bien évidemment !
Buchet-Chastel 2021
06:00 Publié dans Humour, l'étagère des indispensables, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : j.m. erre
02/02/2017
Le grand n'importe quoi...en poche
-Si possible, il faudrait éviter le centre. Il y a des culturistes à mes trousses, des policiers à ma recherche, des extraterrestres sur mes talons, et le père Cadick qui patrouille avec sa carabine."
Bienvenue (ou pas) à Gourdiflot-le-Bombé, sa rue du Poney myope, son impasse du Marcassin Boiteux et ses habitants tous plus frappadingues les uns que les autres. Arthur aurait sans doute mieux fait de refuser l'invitation de Framboise, cela lui aurait éviter de se retrouver coincé dans une boucle temporelle, "pour vivre des situations toujours plus humiliantes" en compagnie de lémuriens et de quelques extraterrestres. L'occasion pour lui de trouver un sens à sa vie et accessoirement à la nôtre. Oui, rien que ça.
Il faut pas mal de culot pour oser intituler son roman Le grand n'importe quoi car si le contenu n'est pas à la hauteur des objectifs,le titre risque de se retourner contre son auteur !
Et pourtant , le pari est tenu: J.M.Erre s'en prend cette fois à l'univers des romans et films de science-fiction qu'il passe à la moulinette et secoue dans son shaker déjanté , y ajoutant quelques zeugmas "puis il prit en même temps une bouteille et un air menaçant", un soupçon de virelangue "un grand gras à gros goitre", force personnifications et autres ingrédients pleins d'humour dont il a le secret.
On pourra regretter une petite baisse de forme vers la fin ,qu'une pirouette de dernière minute ne parvient pas vraiment à sauver, mais c'est un bon moment de lecture déjantée dont on aurait tort de se priver.
06:00 Publié dans Humour, le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : j.m. erre
09/05/2016
Le grand n'importe quoi
"-Si possible, il faudrait éviter le centre. Il y a des culturistes à mes trousses, des policiers à ma recherche, des extraterrestres sur mes talons, et le père Cadick qui patrouille avec sa carabine."
Bienvenue (ou pas) à Gourdiflot-le-Bombé, sa rue du Poney myope, son impasse du Marcassin Boiteux et ses habitants tous plus frappadingues les uns que les autres. Arthur aurait sans doute mieux fait de refuser l'invitation de Framboise, cela lui aurait éviter de se retrouver coincé dans une boucle temporelle, "pour vivre des situations toujours plus humiliantes" en compagnie de lémuriens et de quelques extraterrestres. L'occasion pour lui de trouver un sens à sa vie et accessoirement à la nôtre. Oui, rien que ça.
Il faut pas mal de culot pour oser intituler son roman Le grand n'importe quoi car si le contenu n'est pas à la hauteur des objectifs,le titre risque de se retourner contre son auteur !
Et pourtant , le pari est tenu: J.M.Erre s'en prend cette fois à l'univers des romans et films de science-fiction qu'il passe à la moulinette et secoue dans son shaker déjanté , y ajoutant quelques zeugmas "puis il prit en même temps une bouteille et un air menaçant", un soupçon de virelangue "un grand gras à gros goitre", force personnifications et autres ingrédients pleins d'humour dont il a le secret.
On pourra regretter une petite baisse de forme vers la fin ,qu'une pirouette de dernière minute ne parvient pas vraiment à sauver, mais c'est un bon moment de lecture déjantée dont on aurait tort de se priver.
Le grand n’importe quoi, J.M.ERRE Buchet-Chastel 2016, 296 pages folles ,folles, folles .
Le billet de Clara !
06:02 Publié dans Humour, romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : j.m. erre
03/03/2014
La fin du monde a du retard
"-Tu peux compter sur moi. Dès que j'ai sauvé le monde, je me lance dans une opération vide-greniers."
Alice et Julius, deux amnésiques, s'échappent de la clinique psychiatrique où il sont traités. Alice est totalement dénuée d'émotions et Julius est persuadé qu'un terrible complot menace l'humanité.Pour le déjouer, il leur faudra s'emparer d'un mystérieux Codex et échapper aux nombreux poursuivants qui sont à leurs trousses. Cette "quête qui tourn[e]à la collection de désaxés", enchaîne les"péripéties d'anthologie alliant surprise épique et burlesque échevelé" contient, au bas mot, une trouvaille humoristique par page ! Mais comment fait-il ?
D'autant que, mine de rien, c'est toute une réflexion enjouée et intéressante qui s'intercale avec bonheur entre les épisodes de cette folle course-poursuite ,sur la nécessité de fictionnaliser nos existences. Clins d’œil en tous genres (les frères Volfoni des Tontons flingueurs !) trouvailles langagières, commentaires sur le récit qui se met en place sous les yeux du lecteur ,font de ces 400 pages un pur bonheur de lecture! Et zou, sur l'étagère des indispensables !
La fin du monde a du retard, J.M.Erre, Buchet-Chastel 2014.
L'avis de Cuné qui a porté le premier coup .
Celui de Clara qui a été fatal !
06:00 Publié dans Humour, l'étagère des indispensables, romans français | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : j.m. erre
17/01/2014
Série Z ...en poche
"Numérote tes escarres, ça va saigner."
Féru de films de série Z, Félix Zac, adolescent attardé et néanmoins père de famille, commence beaucoup de scénarios, sans jamais les terminer.Un jour pourtant, notre anti-héros achève L'hospice de l'angoisse qui se déroule dans une maison de retraite où cabotinent à qui mieux mieux de vieux acteurs n'ayant jamais accédé à la gloire. Hélas, la réalité va rattraper la fiction et les cadavres du scénario vont tout à fait correspondre à ceux des pensionnaires de la Niche saint-Luc , là où Félix avait précisément situé l'action de son film ...
"Auteur en roue libre, lecteur rend ton livre !" ,prévient , sentencieux, M. hubert C. de knokke-le -Zoute, qui, mis en abîme supplémentaire ,lit le roman en même temps que nous, mais heureusement lui même finalement ne suivra pas ce conseil car auteur en roue libre , livre hors calibre !
Un récit où les péripéties se succèdent en cascade, où les dialogues sont plein de verdeur (les retraités ne possèdent peut être plus leur dentition d'origine mais ils ont cependant la dent dure et même perclus d'arthrose sont dotés d'une énergie à toute épreuve!), où les clins d’œil aux vedettes de la série Z se faufilent en douce aux coins des rues, où les titres mémorables titillent notre mémoire,ne peut que séduire le lecteur, entraîné dans un tourbillon qui ne l'essouffle même pas !
Félix, homme un peu falot au départ, noyé qu'il est dans un gynécée dont la plus jeune représentante, à savoir sa fille Zoé n'est pas la moins intrépide , va nous réserver bien des surprises. Animateur de blog pour les fondus de nanars , il analyse les thématiques de ces séries Z avec un angle à chaque fois original et hilarant. Qui aurait cru que Max Pécas était "le cinéaste français qui a le mieux su exprimer le carpe diem antique "? ou que "L'hystérie funésienne *reflète l'angoisse métaphysique de l'homme confronté à la disparition de ses repères et à la naissance d'une nouvelle société dont il se sent exclu, et qu'il identifie donc à al barbarie. Tout mais 68 est là, dans les tics de l'adjudant Cruchot devant une jeunesse qui dit merde à l'uniforme en exhibant ses blanches fesses . CQFQ." ?
On sent que l'auteur connaît lui-même par coeur ces films et qu'il éprouve pour eux et leurs acteurs une grande tendresse, tendresse qu'il nous fait partager tout au long de ces pages pleines d'humour et d'énergie. Un livre qui donne une folle envie de regarder cet été quelques uns des titres gratinés évoqués dans Série Z !
* De Funès et ses fameux gendarmes !
06:00 Publié dans Humour, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : j.m. erre