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21/05/2011

Hypothermie...en poche

"...un décès discret, une mort presque polie."

Maria, une femme fragilisée par le décès de sa mère, se suicide. Suicide confirmé par la police. Rien qui justifierait une enquête et pourtant, alerté par une amie de la défunte, Erlendur va découvrir que Maria avait tenté d'entrer en contact avec sa mère par l'intermédiaire d'un médium. En outre, le mari médecin n'est peut être pas aussi éprouvé qu'il le paraît.51CXfZrTy8L._SL500_AA300_.jpg
En parallèle, en vieux limier obstiné qu'il est, Erlendur , toujours marqué par la disparition de son frère, poursuit ses investigations sur de vieilles enquêtes non résolues , faisnt preuve d'une compassion sans pareille auprès des familles des disparus.
Il doit aussi faire face aux sollicitations de sa fille qui veut à toutes forces lui faire rencontrer son ex-épouse.
Le croisement des diffrentes intrigues fait toute la saveur de cet opus subtil et fertile en rebondissements. L'auteur est ici au meilleur de sa forme. A ne rater sous aucun prétexte.

14/05/2011

Juliet, naked...en poche !

"Si j'ai envie que quelqu'un me crie dessus pendant 45 minutes, j'appelle ma mère."

Fan inconditionnel de Tucker Crowe, ex-chanteur des eighties, Duncan ne se rend pas compte que sa compagne , Annie est de plus en plus agacée et frustrée. rien de bien folichon en effet dans ce couple où l'amour ou la passion ne semblent pas avoir joué de grand rôle.
A l'orée de la quarantaine, Annie se demande donc si elle n'a pas gâché ces quinze dernières années et sa chronique sur le dernier disque en date de Tucker Crowe, "Juliet, naked",va déclencher un véritable cataclysme.nick hornby
Féru de musique, on le sait depuis ses premiers romans, Nick Hornby brosse ici , sous prétexte d'étudier le phénomène des fans, le portrait acide et drôle d'un couple au bord de la crise de nerfs, mais qui reste toujours très digne et s'affronte à fleurets mouchetés. Il scrute avec une attention sans faille les paroles et les gestes bien rôdés, la manière dont chacun sait comment l'autre va les interpréter...
Les notices Wikipédia et les transcriptions hilarantes des interventions sur les forums rendent encore plus attachant ce roman qui me réconcilie définitivement avec Nick Hornby. Ce pourrait être déprimant ou d'un optimisme forcené, c'est plein d'humanité , d'empathie et d'humour, et ça donne une folle envie d'aller sur la plage surannée de Gooleness ...

07/05/2011

Une semaine avec ma mère...en poche !

"Elle avait l'impression de nager toute habillée"william sutcliffe

Elles sont trois. Ni Grâces, ni Parques, trois mères soucieuses de mieux connaître leurs fils et débarquant chacune à l'improviste chez leur trentenaire de fils, trop secret à leur goût.
Après l'embarras initial, chacun des garçons va secrètement se réjouir de cette arrivée impromptue et durant la semaine de cohabitation bien des secrets seront révélés, tant du point de vue des mères que des fils, non sans cris, non sans larmes mais toujours avec l'amour en ligne de mire...
Ce pourrait être dégoulinant de bons sentiments ou hérissé de combats épiques et hystériques, mais non ,c'est infiniment juste et terriblement drôle.Les rapports de couple sont passés au crible,( comment William Sutcliffe arrive -t-il à se glisser avec autant d'aisance dans la peau de trois femmes en âge de devenir grands-mères? (ce qu'elles réclament d'ailleurs plus ou moins ouvertement)) mais sa vision du rôle maternel est beaucoup plus apaisée et tendre. Après tout ce sont de bons petits et ils font tout ou presque pour satisfaire leur mère . Ainsi Daniel va-il "prendre contact avec Allison, la mère de l'enfant qui allait à la crèche avec le fils du neveu de la soeur de la femme dont le chien l'avait mordu quand il était petit", ouf !, devinez à l'instigation de qui ...
Sutcliffe souligne aussi au passage ,avec infiniment de drôlerie , le fossé qui s'est creusé entre les générations, en particulier au niveau du langage mais ne rend jamais ridicules ses personnages pour qui il semble éprouver une grande tendresse. Pas de happy end généralisé pour autant ,nous sommes dans une comédie certes mais pas au pays de Candy !

23/04/2011

L'annonce ...en poche

Paul , quarante-six ans , paysan en Auvergne. Il vit depuis toujours ou presque en compagnie de sa soeur et de deux grands-oncles en quasi autarcie. Il ne veut pas finir sa vie seul.
Annette, trente -sept ans, a connu une histoire d'amour pleine de cris et d'alcool avec Didier. Sans métier, elle est prête à quitter Bailleul dans le Nord en compagnie de son fils, Eric, pour redonner un sens à sa vie. 51jAwmo7GPL._SL500_AA300_.jpg
Faisant la jonction entre les deux, une petite annonce.
Le roman de Marie-Hélène Lafon commence par un magnifique description de la nuit dans le Cantal et d'emblée le lecteur sait qu'il est captif. Cet homme qui veut "faire maison", cette femme qui sait qu'elle devra faire face à une quasi guerre de tranchées mais qui va petit à petit s'ajuster autant au paysage qu'au corps de cet homme, à sa vie même, nous ne pouvons plus les lâcher des yeux. Ils sont là devant nous et ce récit qui malmène la chronologie sans que pour autant nous perdions le fil, nous mène, tout en délicatesse à ce qui va devenir sans que jamais le mot soit prononcé une histoire d'amour.
Tous les personnages, y compris la gourmande et futée chienne Lola, prennent une densité intense quand l'auteure nous les montre dans leur quotidien. Ah la lecture du journal"La Montagne" par la soeur Nicole, Nicole farouchement décidée à conserver ses prérogatives, fût ce dans les détails les plus anodins...Ah la quasi vénération du magazine Thalassa "auquel les oncles convertis par elle vouaient une sorte de culte confinant à l'idolâtrie, pratique d'autant plus incongrue que Nicole, pas plus que les oncles , n'avait jamais vu la mer et n'en manifestait ni le désir ni le regret." La maison, théâtre de luttes sourdes mais jamais sordides, elle même devient un personnage.
Rien de superflu dans ce texte qui s'élance en amples envolées, supprimant au passage quelques virgule superfétatoires, pour mieux rendre compte de la vie, tenace, qui se donne à voir à l'oeuvre.
C'est l'amour d'un pays et de ses habitants qui donne toute sa saveur à ce roman qui nous prend par la main et ne nous lâche plus.

22/04/2011

La passerelle...en poche

"Il fallait bien vivre, ne serait-ce que par politesse."

Fraîchement débarquée de sa campagne du Midwest, la toute jeune Tassie ( vingt ans) découvre avec avidité la ville, l'université et ce qu'elle croit être l'amour. Comme job d'appoint, elle devient  baby-sitter pour un couple de ce que nous Français appellerions des bourgeois bohèmes qui vont adopter une enfant métisse, Mary- Emma.lorrie moore
La situation paraît idyllique mais rapidement la belle image va se craqueler. D'abord parce que Tassie va découvrir le racisme larvé dans cette petite ville de Troie qui se dit progressiste. Ensuite parce que le couple cache un secret qui va bientôt refaire surface.
En contrepoint de ces désillusions progressives, Tassie doit aussi composer avec une famille aimante et néanmoins atypique. De toutes façons quelle famille conviendrait à celle qui se tient au bord de l'âge adulte ? L'insouciance de Tassie qui admire sa patronne et enregistre avec passion tout ce qui lui paraît d'une sophistication extrême va bientôt céder la place à une dépression qui ne dira pas vraiment son nom.
De pétillant et plein d'esprit, le récit glisse dans un registre plus poignant, sans tomber dans le pathos, et le désenchantement de la jeune fille va bientôt prendre une portée plus grande encore et rejoindre une désillusion nationale. Le 11 septembre mais surtout l'Afghanistan ont laissé leurs séquelles empoisonnées...
C'est avec bonheur que j'ai retrouvé dix ans après sa dernière parution en français, le style imagé et vif de Lorrie Moore. Elle embarque son lecteur, l'étourdit un peu mais c'est pour mieux le cueillir d'un direct au plexus quand il ne s'y attend vraiment pas par une scène qui broiera le coeur de toute mère. Des retrouvailles réussies,le nombre de pages cornées peut en témoigner.

16/04/2011

les dents de l'amour...en poche

"Il sortait de prison, elle était décongelée..."
"J'ai gagné le gros lot à la tombola du diable.",déclare Jody, quand elle découvre qu'elle est devenue vampire.Et comme elle est pleine de ressources, faisant fi des difficultés inhérentes à ce type de situation-non prévue dans Cosmopolitan-, elle parvient à survivre et même à tomber amoureuse de Tommy, un apprenti écrivain venu à San Francisco pour crever de faim, étape obligatoire pour tout romancier qui se respecte. christopher moore
Cette love-story démarre sur les chapeaux de roues, nous balade dans les quartiers chauds de la ville où grouille une faune pittoresque sur laquelle règne et veille un Empereur-clochard céleste- flanqué de deux chiens. Les meurtres se succèdent, donnant ainsi l'occasion à un couple de policiers archétypaux d'entrer en scène. Accrochez vos ceintures et préparez-vous à hoqueter de rire avec ces Dents de l'amour où Christopher Moore revisite avec son aplomb déjanté habituel le mythe des vampires ! Les répliques hilarantes fusent à chaque instant, "Si elle a survécu à sa mère, elle peut tout endurer."et l'on se demande pourquoi un si mauvais titre( français) et une couverture aussi moche viennent gâcher notre plaisir.

A lire pour se payer une pinte de bon sang !

15/04/2011

Little bird ...en poche

La découverte du cadavre du jeune Cody Pritchard, un des quatre adolescents condamnés avec sursis pour le viol de la jeune Amérindienne Melissa Little Bird,va raviver les tensions à l'intérieur du Comtéd'Absaroka.  Son shérif, Walt Longmire, "triste, gros ,affligé d'autodénigrement chronique,  pourtant étrangement  charmant", comme le décrit son adjointe Vic, va se lancer à la poursuite de ce probable vengeur, tout en essayant de préserver un semblant de vie affective...craig johnson
Charmant, mais capable  de faire le coup de poing si nécessaire, fidèle en amitié, d'un humour ravageur ,Walt Longmire remporte tous les suffrages. Les personnages secondaires tous plus pittoresques les uns  que les autres lui renvoient la balle avec habileté et l'on n'est pas prêt d'oublier cette prison où  l'on fait la sieste dans les cellules et où l'on refuse un prisonnier car il est  trop vorace ! L'émotion est aussi au rendez-vous et rien n'est plus touchant que de voir cet homme , plus tout jeune, intimidé comme un adolescent à son premier rendez-vous , lorsqu'il va enfin renouer avec une vie amoureuse.
Le tout se déroule dans les grands espaces du Wyoming, près d'une réserve indienne, dans une atmosphère flirtant un peu avec le  fantastique mais qui s'intègre parfaitement aux rebondissements de l'enquête.
Vous l'aurez compris , j'ai adoré ce premier volume mettant en scène Walt Longmire !

Juliette a eu la chance de rencontrer l'auteur, la petite veinarde, c'est ici !

09/04/2011

Une fois deux...en poche

"D'une pierre deux coups, elle s'était débarassée des deux personnes qui comptaient le plus pour elle.

Essayez donc d'en faire autant !"iris hanika

L'histoire d'amour entre Senta et Thomas ne pouvait commencer que dans la ville de Berlin, cette ville qui porte encore les traces de son ancienne déchirure...En effet, rien ne prédisposait ces deux quadragénaires (perso au début, je les imaginais plus jeunes) à se rencontrer. Situation classique donc mais que Iris Hanika va dynamiter avec un bel aplomb. La rencontre, figure imposée de la littérature amoureuse n'a jamais été racontée d'une manière aussi surprenante et mérite d'emblée d'entrer dans les anthologies !
Las, après l'éblouissement de la rencontre viennent les atermoiements de Senta,  reine des autodestructrices (et des pleureuses), car elle se rend compte qu'elle est tombée amoureuse d'un homme qui n'est pas son genre...La description de l' héroïne battant du lait en mousse pour son amant, action domestique toute simple qui va tourner au désastre apocalyptique , et son explication ensuite, valent absolument le détour!
Iris Hanika nous promène dans la ville de Berlin comme elle nous balade de scène de théâtre en article d'encyclopédie voire en discours entreprenarial féministe comme en rêverait d'en entendre un jour !, le tout entrelacé de citations de chansons.
Et si comme Antigone, j'ai regretté les quelques longueurs, je me suis beaucoup divertie à la lecture de ce roman bourré d'énergie et d'humanité. Autre petit bémol: Senta la pleureuse impénitente  a eu parfois le don de m'agacer mais bon...

08/04/2011

L'homme qui marchait sur la lune...en poche

Rambo poète ?

Il n'a pas l'air commode sur la photo de 4 ème  de couverture, Howard Mac Cord. Et le héros de  L'homme  qui marchait sur la lune non plus.howard mccord
La" lune" est une "montagne de nulle part. Elle est délaissée par ceux qui y vivent à portée de vue, comme par ceux qui,à différents moments, peuvent être  fascinés par son isolement et sa difficulté.(...) ses charmes (...) ne sont pas évidents et ne se dévoilent qu'à de rares marginaux."
Embarqué à la suite du narrateur dans une balade dans cette montagne en plein coeur du Nevada, le lecteur  se  dit d'abord qu'il va se  régaler d'une ode à la nature, lyrisme et petits oiseaux à la clé.Que nenni !Il part surtout à la découverte progressive d'une personnalité hors du commun, au passé plein de violences et qui a une drôle de façon d'engager la conversation avec celui qui, on le découvre progressivement, le poursuit...
Epris  de liberté, le narrateur se définit comme bougon, loin des montagnes  et "[il ] ne tolère pas  facilement la présence  d'une barrière entre [lui] et la courbe infinie de l'univers." Nous avons ici un homme  qui "maîtrise la monotonie", maîtrise de soi acquise par le tir ,et cette tension se , retrouve également dans la narration car petit à petit c'est dans un récit  entremêlé de souvenirs réels ou imaginaires que le narrateur  se dévoile et nous ne le lâchons plus, estomaqué par des découvertes que je vous laisse le plaisir de lire. Noces d'une nature âpre et d'un marcheur-escaladeur , "une constante  en mouvement, jamais vraiment évident  à définir par l'observation."
Le  rythme s'accélère à la fin et le roman se termine sur les chapeaux de roues. Vous restez le  souffle  coupé.
Même si on peut rester  dubitatif par rapport à  certaines idées exprimées par le personnage, mais qui sont forcément en adéquation avec sa logique particulière, on ne peut qu'être séduit par ce texte qui rudoie le lecteur, le happe et le fascine

25/03/2011

Les lieux sombres...en poche

"J'ai le bourdon depuis 24 ans."

Unique survivante de la partie féminine de sa famille, Libby, qui se dépeint comme "l'adorable gamine  qui avait traîné son adorateur de Satan de frère devant la justice." 24 ans donc qu'elle a le bourdon et un bourdon de plus en plus agressif car, après avoir tiré partie pendant des années de l'intérêt du public pour son cas, elle se retrouve sans argent et sans situation, petite Shirley Temple qui n'aurait pas dû grandir, concurrencée par d'autres victimes plus jeunes et plus charmantes qu'elle.51VKyldKl8L._SL500_AA300_.jpg
C'est donc plus par intéret financier  que par réelle motivation qu'elle va accepter l'offre d'un groupe de gens persuadés que son frère, Ben, est innocent, de recontrer des témoins du passé.
Kleptomane, oscillant entre "la surprotection" et "l'imprudence extrême", Libby n' a au départ rien de sympathique et c'est tant mieux. Ceci nous évite nombre de clichés et donne de l'énergie au récit.
Alternant passé et présent, celui-ci nous entraîne tout à la fois sur la trace de présumés adorateurs de Satan, mais aussi dans la vie d'une famille de fermiers pauvres qui essaient tant bien que mal de maintenir la tête hors de l'eau.
Dès le début j'ai été scotchée par ce roman qui allie une intrigue solide-même si, c'est vrai, Libby retrouve un peu trop facilement les bonnes personnes, et des personnages complexes, bien campés et fouillés.
Il y avait longtemps que je n'avais lu un roman aussi palpitant !