05/06/2010
les déferlantes
"Quand on n'attend plus, on meurt."
La Hague. La narratrice, employée par le Centre ornithologique, est venue y compter les oiseaux et petit à petit , elle s'est fondue dans le paysage, se faisant accepter par les habitants de cette région âpre et belle à la fois.
L'arrivée de Lambert va réveiller "la meute des fantômes " et mettre à mal "Les questions, les réponses, ce complexe tricotage de mensonges et de vérités. Les choses dites en décalé, celles dites seulement en partie et celles qui ne le seront jamais. Toutes les teintes du contre-jour."
Pas de certitudes donc dans ce roman de l'entre-deux, entre ciel et mer, dans ce moment que l'on se donne "entre bientôt et maintenant", dans cet endroit où arbres et vieux et se confondent...
Claudie Gallay dans Les déferlantes nous peint le portrait de deux solitudes, de deux êtres en déséquilibres : Lambert qui veut des certitudes et la narratrice qui est taraudée par le vide,"J'ai serré les poings. Comprendre quoi ? Qu'un jour on se réveille et qu'on ne pleure plus ? Combien de nuits j'ai passées, les dents dans l'oreiller,je voulais retrouver les larmes, la douleur,je voulais continuer à geindre. Je préférais ça. j'ai eu envie de mourir, après, quand la douleur m'a envahi le corps, j'étais devenue un manque,un amas de nuits blanches, voilà ce que j'étais, un estomac qui se vomit, j'ai cru en crever, mais quand la douleur s'est estompée, j'ai connu autre chose.
Et c'était pas mieux.
C'était le vide."
ce creux au coeur des statues de Raphaël, qui depuis dix ans," cherche à sculpter le désir ".
Claudie Gallay, elle, dans un paysage traversé parle fantôme de Prévert, sculpte le manque avec des mots âpres et denses, sculpte l'espace des phrases.
Une remontée vers la lumière, non pas fulgurante, mais pas à pas , où les personnages marchent tous vers leur destin,s'extraient ou non de la gangue de pierre qui les emprisonne, apprennent ou non à marcher à deux. "Les Indiens Hopi disent qu'il suffit de toucher une pierre dans le cours d'une rivière pour que toute la vie de la rivière en soit changée.
Il suffit d'une rencontre."
Un livre qui peut changer le cours de notre vie ? En tout cas un livre précieux et nécessaire.
Vient de sortir en poche.
Ps:Malgré la couv' j'ai craqué (je l'avais emprunté à la médiathèque) car j'ai commis l'erreur de l'ouvrir au hasard ...et pof, j'ai replongé aussi sec ! Dans la foulée Susan Fletcher (même erreur, même conséquence) a aussi rejoint la biblio des indispensables !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (29) | Tags : claudie gallay
22/05/2010
Une brève histoire du tracteur en Ukraine
"Toute en fourrure et sans culotte comme disait ma mère"-
Si on ajoute des seins en obus à la description précédente, on comprend que Valentina fasse tourner les têtes des hommes y compris celle de Nikolaï, veuf depuis deux ans !
Oui mais voilà Nikolaï est nonagénaire et ses deux filles, fâchées pour une question d'héritage ,vont se rabibocher vite fait pour faire front et lutter contre l'envahisseuse ukrainienne qu'elles soupçonnent d'aimer davantage la nationalité anglaise ( qu'elle pourra acquérir par son mariage) et la société de consommation, que leur père.
Une brève histoire du tracteur en Ukraine est aussi le titre du livre qu'est en train de rédiger le veuf joyeux et les extraits qui nous en sont donnés éclairent d'un jour nouveau l'histoire de ce pays de l'est dont la famille est originaire mais aussi celle du monde. En effet, cette famille a connu les tourments de l'Histoire, que ce soit sous la botte nazie ou sous celle de Staline qui organisa sciemment une famine pour mettre au pas les paysans ukrainiens.
La plus jeune soeur, Nadezhda (espérance), est celle qui est née durant la Paix et a connu une existence plus protégée, confortable et se montre plus révoltée que Vera qui elle a connu la guerre. Ces différences s'éclaireront petit à petit quand la cadette se penchera sur le passé de ses parents.
Marina Lewycka propose aussi une réflexion toute en nuances sur les différences opposant les immigrés "anciens" et ceux qui arrivent de nos jours en Grande -Bretagne.
On sourit beaucoup, entre autres quand la narratrice, Nadezda, décrypte les tentatives de manipulation de son père lors des conversations téléphoniques, ou quand elle se délecte à choisir des cadeaux de Noël pour "l'ennemie" : "j'emballe un flacon de parfum bon marché particulièrement immonde que j'ai gratuitement dans une promotion du supermarché" , mais bon,son avis sur elle évoluera aussi .On est ému par la détresse de certains personnages et on dévore d'une traite ce roman plein de rebondissements !
Vient de sortir en poche !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : marina lewycka
15/05/2010
La reine des pommes ? Non celle des lectrices!
Un bon souvenir de lecture ! Billet ici
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09/05/2010
Chic, gallmeister en poche...
...une excellente occasion de découvrir...ceci !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (15)
08/05/2010
la consolante
Il n'a pas fait l'unanimité mais ce fut un grand coup de coeur...
"La femme au loup les pieds dans le four"
La consolante aurait pu être le surnom d'une femme ou d'une maison. C'est celui d'une partie de boules et surtout le nom du dernier roman en date d'Anna Gavalda, qui au grand désespoir des critiques intello , caracole déjà en tête des listes de vente.
Certes, il faut un temps d'adaptation à ce style tout grêlé de points de suspension, mais le personnage de Charles, "un homme encombré, chargé, loaded en anagalis, comme leurs dés. Quand ils sont pipés" est si attachant qu'on le suit volontiers dans son effritement et sa rédemption. L'histoire ,c'est vrai , met un peu de temps à démarrer mais bon, on accompagne volontiers Charles dans ses pérégrinations ubuesques en Russie ou parmi les siens (le dîner de famille du début est une pure merveille, tout le monde en prend gentiment pour son grade, en particulier un specimen de beau-frère que chacun possède, j'en suis sûre! ).
L'atmosphère est plus noire, la vie plus dure mais on sent bien que la préférence de l'auteure va à ses gens que la vie a roué de coups et qui parfois n'en peuvent plus... Comme Anouk, celle qui vient de disparaître.
Gavalda croque avec un plaisir évident ses personnages, fustigeant au passage autant les clichés bobos en matière d'architecture , "un architecte d'intérieur, concepteur d'espace, créateur de volume, passeur de lumière et autres trouducuteries." que le mauvais goût de "la poubelle de table assortie à la nappe et la bobonne assortie à la poubelle de table" de la classe moyenne. Mais c'est avec les personnages de Kate ,des enfants pleins de vie qui l'entourent , voire des animaux qui gravitent autour d'elle que l'on sent que Gavalda s'est régalée. Quelqu'un qui est capable d'écrire que la cusinière Aga est "Une espèce de bonne grand-mère, chaude, gentille, présente" ou qu'un chien "quand j'avais le blues, se forçait à faire une connerie pour me changer les idée...Une petite poule en passant, un ballon, la jambe du facteur, le super rosbif du dimanche...Oh oui! Il s'en est donné du mal pour que je relève la tête! Voilà pourquoi je ...Je le porterai jusqu'au bout...", quelqu'un capable de nous dire que le monde est plein d'histoires et que personne ne veut les écouter, alors là , je la lis avec enthousiasme , le sourire aux lèvres, j'adhère à ses énumérations ,à ses interventions de l'auteur, à son humanité.
Vient de sortir en poche.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : anna gavalda
01/05/2010
Au bon roman
Je sais, je sais, nous sommes le premier Mai, jour férié par excellence ,mais une bonne nouvelle comme ça ne pouvait pas attendre !
Billet ici !
Pour compenser cette couv' anxiogène dixit Aifelle, voci l'adresse d'un site
dont j'adore déjà l'intitulé !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : laurence cossé
25/04/2010
Je viens de découvrir que ...
...Le ramadan de la parole, de Jeanne Benameur (actes Sud junior 2007) faisait aussi partie d'un recueil de nouvelles : Des filles et des garçons, (Thierry Magnier 2003),déniché en médiathèque...j'ai donc enfin pu le lire ... et l'apprécier !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jeanne benameur
24/04/2010
Vous reprendrez bien un ch'ti peu de poche ?
Vient de sortir en poche ! Billet ici .
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cypora petitjean-cerf
16/04/2010
C'est dans la poche !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (5)
10/04/2010
Une brassée de poches...
Les mois d'avril sont meurtriers* mais Le soir autour des maisons on peut trouver la Gloire voire même L'âme soeur.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (8)