15/03/2025
Féminicide...en poche
" C'était ce qui les différenciait des citoyens ordinaires. Chaque revers était un affront personnel. Ils dirigeaient toujours leur haine vers l’extérieur, sans jamais se remettre en question. "
Une plongée éprouvante, sous forme d'enquête policière, dans le monde des Incels, ces célibataires involontaires, qui déchaînent leur haine des femmes sur les réseaux sociaux. Mais pas que. Un roman efficace et édifiant.
Lu à sa sortie, non chroniqué car nous sommes dans un monde suffisamment anxiogène.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pascal engman
13/03/2025
Repentirs
"Alors que j'escamotais l'ombre grise incongrue de la voiture à cheval disparue, je me suis surprise à rêver de faire la même chose avec ma vie, d'effacer toutes les pensées éphémères et tous les désirs passagers-toutes les erreurs - qui ne correspondaient pas au moi futur que je m'étais imaginé ; j'en avais assez de réfléchir et d'attendre; je voulais que ce soit terminé. Mon esprit et mon corps me semblaient embrumés depuis tellement longtemps que j'avais presque oublié ce qu'était la clarté. "
Cathy et Noah ont décidé d'un commun accord de ne pas avoir d'enfants. Pourtant, après dix ans de mariage, Cathy songe à faire congeler ses ovocytes. Pour avoir le choix. Un attitude que Noah, son aîné de onze ans, ne comprend pas.
Parallèlement à cela, la mère de Cathy semble présenter les premiers signes d'une forme de démence sénile ,tandis que la meilleure amie de la jeune femme attend son deuxième enfant.
Perturbée par les choix qu'elle va devoir faire, Cathy se réfugie dans son travail et la restauration d'un tableau du XVIIe siècle," Vue des sables de Scheveningen" de Hendrick van Anthonissen. Au fur et à mesure que va se révéler ce qui a été dissimulé dans cette œuvre, la jeune femme y verra-t-elle plus clair ?
Avec une précision extrême, Chloé Ashby rend compte des tourments de son héroïne, tant physiques que psychologiques, et nous sommes captivés par ce récit. Un roman lumineux et intense.
Traduit de l’anglais par Anouk Neuhoff.
Editions La Table Ronde 2025.
Envoi de l'éditeur sans contrepartie financière.
Son premier roman, Peinture fraiche, attend dans ma PAL...
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : chloé asby
06/03/2025
#LHôtel #NetGalleyFrance !
"Elles cherchent à filmer l'incertain, l'étrange, la trace de quelque chose, le signe d'un double fantomatique, le secret. Ce qu'on ne remarque pas , ce sont les phrases cachées sous d'autres, les mots dissimulés. "
Raconter l'histoire d'un hôtel depuis son érection sur des terres maudites à une époque où les femmes étaient encore ouvertement traitées de sorcières (et tuées pour cela) jusqu'à nos jours, convoque immédiatement la figure du bâtiment de Shining.
Mais dans le roman de Daisy Johnson, composé de courts chapitres dont les héroïnes et/ou les victimes sont principalement des femmes, cet hôtel est en activité, connu pour les phénomènes étranges qui s'y déroulent (principalement dans la chambre 63) et majoritairement les clients le fréquentent en toute connaissance de cause.
L'hôtel ici absorbe, contamine ses hôtes ou celles qui y travaillent, créant des doubles fantomatiques, révélant des secrets ou ne se manifestant absolument pas, selon les cas. Il y a une sorte d'interpénétration entre le bâtiment et les héroïnes et l'écriture virtuose de l'autrice, multipliant les métaphores ciselées et surprenantes , nous emprisonne dans cette atmosphère parfois suffocante.
Un roman qui file sur l'étagère des indispensables.
Il faut tout lire de cette autrice: clic, reclic,
Stock 2025, traduit de l'anglais par Lætitia Devaux.
Merci à l'éditeur et à Netgalley.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : daisy johnson, roman gothique
27/02/2025
Hildur
"Je ne pense jamais que les gens sont bizarres. Le problème, c’est qu’on se présente trop comme des gens normaux. On croit que tout le monde autour de nous est rationnel et prudent, même si ce n’est pas vrai. On a tous tout le temps des idées des plus étranges les unes que les autres. C’est juste que la plupart des gens n’osent rien faire de ces idées, mais se contentent de jouer, eh bien, la normalité. "
Hildur, inspectrice de police , est restée dans la région des Fjords de l'Ouest, en Islande, là où ses deux petites sœurs ont disparu vingt-cinq ans plus tôt. Aidée par un stagiaire finlandais, Jakob, expert en tricot, occupation qui le déstresse, elle va devoir élucider une série de morts , en commençant par celle d'un pédophile notoire.
En utilisant cet étranger, l'autrice, elle-même finlandaise installée en Islande permet d'avoir un regard extérieur sur les particularités de ce pays, ce qui ajoute beaucoup au charme de cette enquête, par ailleurs originale quant au motif déclencheur du meurtre. Pas sûr pour autant, vu la météo, qu'on aille passer le mois de novembre en Islande !
Les personnages sont bien campés et nous deviennent vite sympathiques, par leurs failles et leurs personnalités contrastées. Une suite est annoncée, j'ai déjà envie de la dévorer !
L'avis d'Antigone qui m'a donné envie : clic.
Traduit du finnois par Aleksi Moine.
Seuil 2025.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : satu rämö
25/02/2025
Labeur
"Homo neanderthalensis n'aime jamais les filles d'amour. Et cela est très difficile pour les filles, on s'en doute. Il n'est pas méchant, au fond. Ce sont les émotions qui voyagent mal de sa tête à son cœur. "
Dans la ville de M. ,"en ce 12 novembre de l'an deux mille et quelque" ,des personnages vont se croiser, voire se rencontrer ,en une sorte de ballet virtuose, chacun d'entre eux d'abord en tant que personnage secondaire, puis principal . Roman choral donc qui brosse avec humanité et empathie des destins variés.
Avec malice, "Moi" et "Vous" apparaissent également, car l'humour et les surprises sont aussi au rendez-vous dans ce texte qui ménage un certain suspense et annonce d'emblée une catastrophe qui touchera certains personnages...
Une structure intéressante et vivante, un texte émaillé d 'expressions québécoises juste ce qu'il faut dépaysantes, un très bon moment de lecture.
Editions La Contre Allée 2025. 138 pages qui se tournent toutes seules.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : julie bouchard
24/02/2025
Soeurs ( roman à l'origine du film September & July)
"Le chagrin est une maison sans fenêtre ni porte, sans possibilité de voir le temps qui passe."
Septembre et Juillet sont des sœurs nées à dix mois d'intervalle mais entretiennent une relation quasi gémellaire, même si elles ne se ressemblent pas physiquement. Sheela, leur mère est bien consciente de l’emprise, de la manipulation , confinant parfois à la cruauté, que l'aînée exerce sur sa cadette mais n'intervient pour autant pas de manière efficace.
Harcelée à l'école, "cette bête de Juillet " donnera lieu à un premier incident, puis à un second dont la gravité vaudra à cette famille de trois femmes de se réfugier dans une vieille maison au bord de la mer où l'atmosphère oscillera entre cauchemar et réalité.
Daisy Johnson excelle à créer ces mondes entre deux eaux où ses personnages se perdent pour mieux se retrouver. Elle y entraîne son lecteur, le déroutant parfois, le faisant douter avant que de dévoiler ce qui était devant nos yeux et ne pouvait mener qu'au drame. Un roman envoûtant qui confirme le talent singulier de cette autrice.
Traduit de l’anglais par Lætitia Devaux. 216 pages . Stock 2021
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : daisy johnson
22/02/2025
Les filles du chasseur d'ours...en poche
"Tant que vous n'avez pas séjourné au milieu des très anciens et majestueux pins gris au tronc orné de polypores qui peuplent les forêts profondes , vous ne savez rien de la Finlande."
Comme dans les contes, elles sont sept sœurs. Comme dans les contes, elles vont habiter seules dans la forêt. Ne les imaginez pas comme des petites choses fragile, elles sont fortes, intrépides, ingurgitent des flots de gnôle maison et de bière quand l'occasion se présente. Elles affrontent les éléments, la faim, le froid, la folie aussi.
Sauront-elles trouver leur place à la ville ces femmes sauvages et libres ?
Un roman surprenant qui emprunte au conte certains de ses motifs pour mieux envisager d'un point de vue extérieur la société finlandaise contemporaine et proposer des modèles féminins , rudes mais attachants . Un roman féministe plein de vigueur.
07:33 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anneli jordhal
18/02/2025
Hexa
" Tu seras toujours étonnée par le pouvoir latent de la terre, capable de ressusciter la moindre semence d'espoir. "
Chaque année, Sandrine part rejoindre une équipe féminine de reboisement dans le Nord d'un pays qu'on devine être le Canada, retrouvant ainsi un peu de la liberté et de la nature dont elle a tellement besoin et dont elle est privée par le pouvoir en place.
Cette fois, elle emmène sa fille, Thalie, adolescente à l'esprit acéré et qui n'est pas dupe des mensonges enseignés par la propagande qui règne dans cette société .Une société sécuritaire dont les habitants sont pucés et où la nature a quasiment disparu.
La sororité, l'importance des liens de filiation, les femmes libres qu'on tente de maîtriser sont au cœur de ce récit qui fait la part belle à la Nature et à sa capacité de résurrection. C'est à la fois une dystopie et un roman d'apprentissage car Thalie apprendra à la fois à découvrir sa mère mais aussi la force du collectif. et de l'espoir .
A dévorer sans plus attendre.
Stock 2025.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : gabrielle filteau-chiba
11/02/2025
Et nos yeux doivent accueillir l'aurore...en poche
« Nous n'étions pas de ces familles où on se pardonne les uns aux autres, où on se demande pardon, où on essaie d'enterrer la hache de guerre ou de discuter. Chez nous, c'était soit le silence, soit la violence... »
Celle qui s'exprime ainsi, sans faux-fuyants, est la narratrice du roman, Georgette, dite George, issue d'une famille dysfonctionnelle et très pauvre. Grâce à l'obstination d'une enseignante , elle a réussi à intégrer l'université . C'est là, en 1968, à New-York, qu'elle fera la connaissance d'Ann, issue d'un milieu extrêmement privilégié qu'elle rejette avec violence. Les relations sont d'abord tendues mais George se laissera ensuite séduire par le charisme et les convictions de sa colocataire.
Mais une telle intensité ne peut que déboucher sur une rupture et, ce n'est que des années plus tard que George entendra parler d'Ann qui vient de tuer un policier.
Jouant avec la temporalité, multipliant les points de vue sur Ann, Sigrid Nunez s'écarte avec brio des attendus du roman d'amitié féminine et brosse les portraits nuancés de femmes qui se révèlent surprenantes à bien des égards, sans pour autant user de pathos. Un grand coup de cœur.
De La même autrice: clic.
Elle est aussi l'autrice du roman Quel est donc ton tourment?, (beaucoup aimé, mais pas de billet) , roman adapté récemment au cinéma par Almodovar sous le titre La chambre d'à côté.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : sigrid nunez
10/02/2025
La fenêtre
"Elle avait peur. De croiser le virus sur son chemin. "
Récit du confinement d'une illustratrice, pour l'instant sans travail, La Fenêtre rend compte des angoisses de cette jeune femme, très sensible aux notions d’espace et du pouvoir qu'il implique. Ainsi ressent-elle avec intensité la porte ouverte sur le pallier de ses voisins et la lutte sous-jacente pour occuper le-dit pallier par des plantes...
Un thème intéressant mais le style de l'autrice , fragmentant ses phrases par des points là où on aurait attendu des virgules, m'a tenue à distance et j'ai constamment buté sur ces points (dont je comprends par ailleurs l'usage). Une rencontre ratée donc.
Traduit de l'espagnol par Michelle Ortuno.
Merci à Babelio et aux Editions La contre Allée.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : isabel alba