Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/09/2025

Ne jetez pas les sirènes avec l'eau du bain...en poche

 

"Il y a la queue. c'est stupéfiant. Les gens se sont mis en file indienne et attendent leur tour. Ils veulent payer pour pouvoir s'immerger dans un grand bac aveuglant et strident d'hallucinations auditives générées par l'écho, hallucinations qui empêchent de distinguer un cri de détresse d'un éclat de rire. "

Elles sont trois femmes, et un petit garçon, Elliott, sept ans, à se croiser dans une piscine municipale. La piscine comme une parenthèse dans leurs vies, parenthèse appréciée ou non. L'occasion de revenir sur leur enfance, dont Sidonie ne semble pas être sortie, mais aussi sur leurs corps (Laure n'a pas oublié qu'avant elle était dodue) ou leur relation avec leur compagnon (celui de Marion régente la vie familiale).
Rien de bien original ? Peut- être. Mais tout l'art de l'autrice de du vent dans mes mollets, que nous retrouvons ici avec beaucoup de plaisir est de procéder par petites touches, de ne jamais forcer le trait et de doser au plus juste les émotions, sans oublier quelques traits d'humour dont elle est spécialiste.raphaële moussafir
Elle donnerait presque envie à ceux qui ,comme Sidonie,envisagent la piscine comme un enfer chloré d'aller y faire un tour. Un très agréable moment de lecture.

06/09/2025

Copeaux de bois...en poche

" contrôle silhouette: biceps pectoraux abdos
   jamais été aussi musclée
   ni aussi bronzée si tôt dans l'année
   la forêt est à la fois ma salle de sport et mon institut de
beauté
   en un peu moins safe"

 Écrivaine et bûcheronne, une double casquette un peu bizarre, mais c'est celle d' Anouk Lejczyk (dont j'avais adoré le premier roman Felis silvestris )  qui nous livre ici, consigné au jour le jour, le récit de son apprentissage pour devenir bûcheronne.Anouk Lejczyk
Le corps,  la nature sont bien évidemment au cœur de ce texte surprenant par les contradictions qui le hantent: comment peut-on aimer la nature et couper des arbres ? Comment être un femme dans un monde majoritairement masculin ? Les réponses qui nous ici livrées sont souvent humoristiques  (le portrait d'un formateur  livré brut de décoffrage vaut sacrément le détour et se passe totalement de commentaires) ,mais aussi nuancées et inattendues.  Un texte à découvrir absolument.

05/09/2025

Fabriquer une femme...en poche

"   Ils se promènent dans le monde. Mais le monde est posé sur une énorme  machinerie suppliciante qui utilise le corps des femmes comme des rouages pour autoriser l'humanité à se promener , à boire des cafés, à naître et à mourir dans le bruit des pistons. "

  Dans ce roman, Marie Darrieussecq retrouve le personnage de Solange, héroïne de Clèves.  Solange a quinze ans , elle est enceinte et semble totalement engourdie par cette grossesse que la mère de sa meilleure amie, Rose découvre accidentellement. Il est trop tard pour avorter.
Solange connaît un accouchement  apocalyptique et donne naissance à un fils dont elle ne se préoccupe guère. marie darrieussecq
Ce qui la fait revenir à la vie, c'est le théâtre, découvert au lycée. Dès lors la jeune femme enchaîner les relations sans lendemain, connaît d'abord Bordeaux, puis Paris et ses fêtes des années 80, tout en essayant de mener à bien sa carrière d'actrice.
En parallèle, Rose, issue d'un milieu plus favorisé, semble suivre une voir toute tracée: études de psychologie,mariage avec son amour de jeunesse, enfants dans la foulée. De loin en loin, les amies se retrouvent et  l'autrice s'amuse à raconter, mais par petites touches, des événements selon le point de vue de chacune.  Et souvent le fossé est énorme...
Rien ne semble les relier, mais pourtant ces deux jeunes femmes si différentes maintiennent leur lien d'amitié jusqu'au moment qui doit être un sommet pour Solange : la première d'un film américain dans lequel elle a tourné...
Les années 80 , l'arrivée du Sida, les fêtes, tout ceci est particulièrement bien rendu dans ce roman qui fait la part belle aux femmes. Souvent, les personnages nous demeurent opaques, mais c'est tant mieux, car qui peut dire qu'on agit toujours de manière sensée ? Un roman dont la structure est particulièrement bien maîtrisée.

25/08/2025

En ces temps de tempête...en poche

Vous êtes une bulle dans une bulle dans une autre bulle. Votre ville, votre État, votre pays- pour l'instant, vous occupez une position privilégiée. Vous avez gagné à la loterie géopolitique. Et c'est dans la nature humaine de protéger ses acquis, qu'on les mérite ou non. "

 

Les tempêtes mentionnées dans le titre du dernier roman en date de Julia Glass peuvent se prendre aussi bien au sens propre qu'au sens figuré. Nous sommes en effet dans un futur très proche où le réchauffement climatique se fait de plus en plus violent , où les attentats continuent à faire des victimes, aussi bien physiques que psychologiques . julia glass
Pour rendre compte de tout cela , l'autrice se penche sur le microcosme privilégié de Vigil Harbor et offre tour à tour la parole à huit personnages, d'âge et de conditions sociales différents (on y retrouve d'ailleurs un jardinier apparaissant dans un de ces précédents romans). Communauté qui sera troublée par l'arrivée d'un homme et d'une femme qui ne sont peut être pas ce qu'ils affirment être...
Gros roman choral de 598 pages, En ces temps de tempête se dévore puis se savoure tout à la fois. A son habitude, Julia Glass y fait preuve d'un grand sens de la construction narrative, mais aussi d'une grande humanité, se penchant avec beaucoup de bienveillance sur ses personnages.  Suspense et humour sont au rendez-vous , il est grand temps de craquer !

Et zou, sur l'étagère des indispensables.

 

Gallmeister 2023, traduit de l'américain par Sophie Aslanides.

22/08/2025

Peau d'ourse

"J'attends plus qu'un truc: me faire avaler par la montagne. "

De son prénom, Nina, elle ne veut plus rien entendre. Elle s'est approprié le surnom peu glorieux attribué par les autres: "Mont Perdu":  "Un mont en forme de bouse. C'était parfait pour me rebaptiser. " 
Elle c'est donc Mont Perdu et elle résume ainsi sa vie : "16 ans, moche et village de merde." , village auquel elle est farouchement attachée car situé non loin de ses sœurs, les montagnes. grégory le floch
Son corps gigantesque, se couvrant de plus en plus de poils, son orientation sexuelle (la seule queer du village), tout cela l"isole et la victimise au lycée. Elle crache donc sa rage  et ses mots déboulent comme un torrent, adressés à une amie imaginaire à qui elle avoue son amour pour Kelly et son rêve de fusion dans la montagne. Cette montagne qu'elle souffre de voir martyrisée par les chasseurs et les hommes avides. 

 Flirtant avec le fantastique et l'univers du conte, ce roman évoque à la fois des problématiques écologiques mais brosse surtout le portrait d'une adolescente pleine de fureur face aux transformations de son corps, à son appétence sexuelle, fureur que seule la nature apaise. Cette violence contraste avec des passages poétiques où s'expriment des animaux, grands ou petits, des éléments naturels. Se livre aussi, pied à pied , un combat entre l'humain et l'animal car l'auteur inscrit un mythe lié à l'ours dans une réalité contemporaine. 
Un roman qui dépeint la férocité adolescente et en montre toute la ferveur.  Une écriture puissante et inspirée. Et zou sur l'étagère des indispensables. 

 Merci à l'éditeur et à Babelio. grégory le floch

 Editions du Seuil 2025. 

 

20/08/2025

#Tressaillir #NetGalleyFrance !

" Le langage produit chez ceux qui le possèdent des effets de pouvoir et de surplomb et occasionne chez ceux qui ne le possèdent pas des effets de paupérisation et de faiblesse. Comme le fric et la beauté." 

 

Michelle, écrivaine pour la jeunesse, quitte soudain Sirius, son mari ,avec qui elle mène une vie confortable mais étriquée. 
Nécessité financière faisant loi, elle est contrainte de retourner sur ses traces d'enfance , dans les forêts vosgiennes qu'elle fuit depuis longtemps. S'étant toujours vécu comme une biche obligée de fuir (la métaphore file tout le long du roman), c'est fortuitement et pas vraiment grâce au  psychiatre qui la suit, que Michelle découvrira les raisons de cette attitude. maria pourchet
L’écriture abrupte, syncopée ,de Maria Pourchet est souvent déconcertante mais correspond bien à l'état mental de son héroïne qui a perdu toute fluidité dans sa vie. Les formules fusent et brisent les codes du récit de reconquête de liberté. Une lecture exigeante pour un roman puissant.maria pourchet

 Stock 2025. 

 

 

 

12/06/2025

Les Loups de Babylone...en poche

"Dans une sorte de vertige, il s'aperçut qu 'il avait plongé dans un monde dont il ne connaissait rien. Un monde où le Mal était possible, non pas le grand Mal qui fait peur aux enfants dans les contes de fées qu'on lui avait lus, enfant. Mais un petit mal ordinaire, un peu sale, veule. Un Mal de tous les jours."
 Une officière de gendarmerie qui, pour échapper à une relation toxique, a demandé sa mutation à Millau. Une adolescente fragile, Cassandra, qui atterrit, par hasard dans une famille d'accueil du coin et va se lier d'amitié avec Estéban Perrault, un enfant d'une  communauté écolo radicale qui vit en autonomie sur les Causses du Tarn. Tels sont les personnages dont les destinées vont se croiser par l'intermédiaire d'une disparition inquiétante : celle d'une jeune zadiste vue pour la dernière fois dans l'estive où paissent les moutons  de la communauté.anne percin
Il paraît que des loups rôdent la nuit sur les causses, mais le Mal prend des formes beaucoup plus anodines.  Et si les références à la mythologie et aux contes sont semées comme autant de petits cailloux,  c'est peut-être pour mieux nous rappeler que mieux vaut se fier parfois à ceux qui nous paraissent les plus cabossés, les plus fragiles pour se tirer d'affaire...
La nature joue  un rôle essentiel dans ce récit . Ce sont  d’ailleurs certains de ses habitants qui délivreront la solution d'un des mystères de ce roman qui ne ménage pas ses effets et fait la part belle à des personnages qu'on quitte à regret.

Un roman addictif.

09/06/2025

Colères du vivant

" Je n'ai que votre petit fantôme en cassonade serpentant au fond de ma bassine en cuivre, et notre conversation gelée, coulée dans la marmelade. "

Solange, la cinquantaine, s'installe dans un petit village, juste en face d'un agriculteur mal embouché, Gilbert,  sorte de red neck à la française, biberonné à une chaîne d'information en continu, raciste, anti écolo, mais champion du recyclage et amoureux des commencements : "Les poussins, les gorets, les agneaux, les fœtus,les bourgeons, les mises bas , les chiots, les chatons, les matrices, les débits ont toujours attiré tous ses soins. ".sophie daull
Cahin-caha, les voisins vont sympathiser, à la grande surprise des villageois, dont un chœur commente les événements marquants de manière sporadique. Solange découvre que Gilbert et sa fille Jennyfer sont fâchés depuis 10 ans et commence à écrire à la jeune fille, dans le but  de les réconcilier. C'est aussi l'occasion de relater son quotidien et de révéler ses propres failles. 
 Deux autres narrateurs se succèderont ensuite: Simon et la fameuse Jennyfer qui chacun à leur façon, brosseront un portrait de cette campagne en pleine évolution et des conflits générationnels qui s'y livrent. 
J'ai retrouvé avec bonheur le style ample et imagé de Sophie Daull, ses portraits nuancés, pleins d'empathie et même s'il y a un petit côté "tout finit par s'arranger" un peu trop léché, il ne faut pas bouder son plaisir et savourer ce petit bonheur de lecture. 

Editions Philippe Rey 2025. 

De la même autrice: clic

04/06/2025

Fantastique histoire d'amour...en poche

"-attendre quelqu'un dans un McDo un dimanche soir  de pluie étant une démonstration redoutable de la nullité morale du capitalisme. "

Un homme, fasciné, observe une jeune femme qui, dans un parc de Lyon, nourrit, à la main, des mésanges.
Lui, c'est Bastien, inspecteur du travail . Il ne se remet pas d'avoir été quitté et supporte difficilement de ne pouvoir être efficace que pour une toute petite partie des salariés qui le contactent.
Elle, c'est Maïa, journaliste scientifique, elle assume pleinement ses envies charnelles et son célibat.
Pour que ces deux-là soient réunis-ou pas-, il faudra une tante physicienne au CERN qui vient de faire une expérience (ratée) sur un cristal scintillateur et une compacteuse "responsable" d'un accident de travail (ou serait-ce un homicide? ).
Explorant cette fois le territoire du thriller; Sophie Divry, nous livre un roman hautement addictif qu'on se réjouit de retrouver le soir tant elle joue avec nos nerfs mais sait aussi nous émouvoir avec ces deux bras-cassés de l'amour.sophie divry

Une pointe de roman social,  une critique du financement privé de la recherche scientifique viennent relever le tout et des personnages secondaires bien campés finissent de parfaire ces 512 pages sans aucune longueur et parsemées d'oiseaux.....  Dès la scène inaugurale, j'ai su  que j'étais cueillie.Une réussite qui file  sur l'étagère des indispensables.

22/05/2025

La Petite Fasciste

"La France est ce pays riche plein de pauvres. "

Roman dystopique ou d'anticipation ? Mieux vaudrait pour la France que cela reste de la fiction car la chute de la République , annoncée dès le première phrase n'augure rien de bon...
Avec une grande maîtrise, Jérôme Leroy brosse ,en 190 pages qui se dévorent avidement, le portrait d'un tout petit monde politique, dans une ville imaginaire, Frise, située dans les Hauts de France, non loin de Dunkerque. Là-bas, les Lions des Flandres, groupe identitaire "nationaliste flamand et néo païen", entendent bien jouer un rôle  dans l'élection législative, suite à la troisième dissolution de l'Assemblée Nationale, voulue par Le Dingue.
Dans cette situation chaotique, le socialiste Bonneval , plus vraiment intéressé par la politique ; touché par la crise de la cinquantaine , avec dix ans de retard, peine à trouver un quelconque intérêt à la politique. Pourtant, une improbable histoire d'amour avec La Petite Fasciste de vingt ans qui donne son titre au roman va venir tout chambouler...jérôme leroy
Taclant tous azimuts les hommes et femmes politiques, qu'on ne peine pas à reconnaître pour les plus importants ("Les Insurgés sont en train de payer leur intransigeance. Les choses n'ont jamais été aussi dures pour leur électorat qui se rend compte qu'à force de pureté les Insurgés ont les mains blanches mais ils n'ont plus de mains"), l'auteur n'en oublie pour autant pas ses personnages, ses décors, plus vrais que nature , ni son récit. Seul petit bémol, l'histoire d'amour, un peu cliché à mon goût, même si l'évolution politique de la jeune Francesca est plausible. Bref un grand coup de cœur. Et zou, sur l'étagère des indispensables.

 Editions La Manufacture de Livres 2025.

 L'avis de Kathel: clic