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15/02/2013

Pulsations

Pourquoi le cacher ? C'est dans un premier temps la couverture excentrique et so british qui a d'abord attiré mon attention . La quatrième de couverture a fait le reste : "Nous avions parlé de bonus, de banquiers et des problèmes persistants d'Obama, avant de passer à un autre sujet : le nouveau plan de travail en érable de Joanna . Devait-elle l'huiler souvent ?
- Une fois par jour pendant une semaine, une fois par semaine pendant un mois, une fois par mois pendant un an et ensuite quand on en a envie.
On dirait une formule pour le sexe conjugal".

Le ton , tranquillement caustique, était donné .
Mais au fil des nouvelles, mettant en scène des Anglais appartenant à la classe moyenne qui pratiquent la marche, un peu pour le sport, beaucoup pour draguer, jardinent et règlent leurs conflits par bacs de fleurs et/ou arrachages de buissons interposés, l'émotions affleure, contrebalancée par un humour discret mais ô combien savoureux.julian barnes,couples,séparations
Julian Barnes n'hésite pas non plus à user d'ellipses, voire à sembler traiter de sujets décousus mais ce n'est que pour mieux renouer le fil de son récit et entraîner son lecteur dans son analyse si fine des relations humaines. Un mélange subtil d'émotions et d'humour et quelques textes poignants tout en retenue. Un bon cru.

24/02/2012

Philosophie de la vie conjugale

"Adolphe se rappelle un proverbe anglais qui dit "N'ayez jamais de journal, de maîtresse, de maison de campagne ; il y a toujours des imbéciles qui se chargent d'en avoir pour vous..."

Tandis que Cuné a entrepris "tranquillement, en ne se pressant en rien" la lecture intégrale de la Comédie Humaine - et qu'elle s'y tient , la bougresse, et qu'elle se régale même !- je me suis contentée d'une toute petite tranche de Balzac , une nouvelle extraite des Nouvelles et contes, II.
N'était le prénom du personnage masculin, très désuet, ce petit couple, dont Balzac se régale à nous raconter les ajustements avec l'amour et la réalité ,pourrait être tout à fait contemporain par bien des aspects !balzac,couplesQui n'a dans son entourage une Caroline qui rêve toujours d'avoir ce que possède sa voisine et croit fermement que certaines ont atteint le bonheur qui semble toujours lui échapper à elle ? Elle semble mener son mari par le bout du nez, le manipulant à qui mieux mieux mais Adolphe est sans doute lui aussi bien roué à sa façon !
Ah Balzac ne la ménage pas sa Caroline ! Il se moque d'elle, mais avec une bonne humeur communicative ,un style alerte et enlevé, qui emportent l'adhésion ! La fin est un peu précipitée mais comme elle est censée nous expliquer "la felichitta du finale de tous les opéras, même de celui du mariage" , on s'en accommodera bien volontiers !

Un petit plaisir pour deux euros chez Folio !

25/02/2011

Les variations Bradshaw...en poche

"Elle admire les gens qui ne se conforment pas à ce qu'on attend d'eux."

Le couple central des Variations Bradshaw vient, depuis peu, d'inverser les rôles. Thomas a troqué un métier lucratif contre le statut de père au foyer. il en profite aussi pour prendre des leçons de piano. Sa femme, Tonie, à l'orée de la quarantaine, vient d'accepter un poste administratif dans l'université où elle enseignait auparavant, faisant ainsi le choix de se "délester du fardeau des émotions."
Autour d'eux le reste de "l'orchestre familial" joue sa partie ,avec ses tensions, ses épisodes comiques -en autres un hilarant départ en vacances- ou dramatiques.
Autant de couples, autant de configurations pour affronter ses désirs, ses émotions, ses ambitions, assumer ses choix, ses regrets.rachel cusk,couples
Tout au long des 32 chapitres (autant que les variations Goldberg) Rachel Cusk se penche avec un humour décapant sur ses personnages de la classe moyenne qu'elle nous peint ,avec ce charme british que nous apprécions tant , dans leur intimité, leur quotidien qui parfois dérape. Une  réussite qui nous fait  largement oublier la déception d'Egypt farm et retrouver tout le plaisir éprouvé  à la lecture d'Arlington park

09/12/2010

Les sortilèges du Cap Cod

"il ne leur faisait pas assez confiance- au monde à elle, à lui-même et à leur belle vie-, ce qui l'amenait à comprendre les choses de travers."

Deux mariages comme autant de bornes entre lesquelles nous suivrons le parcours à la fois géographique (entre côte Est et côte Ouest des Etats-Unis), introspectif et temporel (retours dans le passé)de ce  sympathique quinquagénaire, Jack, qui fait le bilan de sa vie , de son mariage  qui commence à battre de l'aile) et de ses relations avec ses parents et beaux-parents. 
Il apparaît perpétuellement écartelé entre deux visions de la vie , deux emplois (prof de fac ou scénariste) et deux familles (la sienne qu'il fuit et celle de sa femme qu'il snobe consciencieusement). Mais  possède-t-il une juste vision des faits ? 51FNDqNUYLL._SL500_AA300_.jpg
Il pourrait être exaspérant ce cher Jack mais il est juste humain et ô miracle, il est même capable de reconnaître- du moins in petto -ses torts !
Echappe-t-on jamais aux automatismes familiaux? C'est bien difficile , surtout si comme notre héros on est doté d'une mère à la fort personnalité : "La mère de Griffin était en très grande forme. Si on relevait une de ses vacheries, elle rebondissait sur une autre. Vouloir lui rabattre son caquet revenait à tenter d'enfermer un chat dans un sac : il restait toujours une patte dehors et on n'en sort jamais indemne."
Le roman prend plus son temps dans la seconde partie, la mélancolie pointe le bout de son nez, mais on n'abandonne pas  pour autant l'humour vachard, marque de famille des Griffin quoi qu'il lui en coûte de l'admettre, et on en redemande ! La répétition du dîner de mariage est un spectacle à ne pas manquer, de quoi donner des sueurs froides aux futures mariées !
Un roman tendre sans être mièvre, qu'on a du mal à quitter .
Les sortilèges du Cap Cod , Richard Russo, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy, Quai Voltaire 2010, 315 pages qui m'ont redonné le goût de lire et c'est pas rien !

Merci Cuné ! 

Amanda a aussi beaucoup aimé et cite en prime un passage savoureux !


 

27/07/2009

Retrouvailles

Onze mois de différence entre Veronica et son frère Liam. Onze petits mois qui expliquent peut être l'affection indéfectible qui les unit et les particularise dans cette famille nombreuse (ô combien !) irlandaise. Quand son frère se suicide,Veronica écrit furieusement pour remonter à la source de ce geste pour elle incompréhensible,  tenter de mettre à jour la scène qui a pu déclencher le mécanisme  aboutissant à cette mort.
Alternant passé et présent Retrouvailles est un roman puissant, dérangeant ,qui  reconstitue le passé, non pas avec une assurance tranquille, bien peignée, lisse, (et un tantinet suspecte) mais d'une manière hirsute," à la diable",n'hésitant pas à dire qu'il s'agit peut être de souvenirs inventés, mais revenant avec obstination sur cette scène primitive  qui devrait lui livrer-peut être- la clé de cette famille marquée par l'influence d'Eros.51EqbVw6dXL._SL500_AA240_.jpg
La narratrice,surtout au début du roman utilise un langage cru, que ce soit pour parler de sa famille ou de sa relation de couple qui s'effiloche : "Il  y avait des  filles, à l'école,  dont les familles augmentaient jusqu'au nombre conséquent de cinq ou six. il y en avait chez qui ça grimpait jusqu'à sept ou huit- ce qui était jugé un tant soit peu enthousiaste-et puis il y avait les  pitoyables comme moi, avec des parents totalement désarmés qui se  reproduisaient comme on irait aux chiottes."Mais cette violence  n'est là que pour montrer le maëlstrom d'émotions de Veronica, qui malaxe les phrases, malmène son mari et embarque le lecteur ,parfois abasourdi mais totalement conquis dans une lecture qui  le laisse un peu groggy mais en même temps séduit.
Au diable les bons sentiments !  "Le truc merveilleux quand on est élevé à la diable,  c'est qu'il n'y a de reproches à faire à personne. Nous sommes entièrement  élevés en plein air. Nous sommes des êtres humains à l'état brut. Certains survivent mieux que  d'autres,  c'est tout."Pourtant il y a de l'amour qui court tout le long de ce livre, un amour qui ne dira  son nom que  quand la narratrice  aura enfin trouvé l'apaisement.
Quant au style, il est tout à la fois sensuel, le passé étant très lié aux sensations,cru, cahotique, fougueux et plein d'humour féroce. On se laisse embarquer dans ce roman comme on ferait un tour dans une essoreuse  à plein régime  et on en sort étourdi mais bourré d'énergie.

L'avis de Bellesahi qui  n'a pas DU TOUT aimése faire secouer mais qui reconnaît que c'est un bon livre  et à qui  j'adresse un énorne merci  pour  cette découverte ! :)

Retrouvailles, Anne Enright, traduit de l'anglais (Irlande)  par Isabelle  Reinharez, Actes Sud, 310 pages fracassantes.