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09/03/2010

L'expert

"Les aigles ne sont pas des ornithologues."

 

Suite des aventures de Jonathan Hemlock, L'expert reprend un peu le schéma de La sanction: Même départ avec le personnage trop sûr de lui, même intervention féminine (justifiée par une ressort dramatique que je ne révèlerai pas), mais la tobalité est encore plus sombre et la faille s'agrandit dans l'âme d'Hemlock. Côté humour, nous avons aussi droit à un hilarant dialogue-promenade mettant aux prises le héros avec la campagne anglaise.414lMFaqcdL._SL500_AA240_.jpg
Mais cette fois nous gravitons à la fois dans le monde de l'art , celui de l'espionnage et des milieux interlopes et les épreuves rencontrée par notre héros seront encore plus physiques et originales que dans La sanction. Une petite baisse de régime (plus d'effet de surprise) mais un excellent moment cependant.

 

L'avis d'Amanda que je remercie pour le prêt !

08/03/2010

Drôles de femmes

Yolande Moreau, Sylvie Joly, Anémone, Amélie Nothomb, Florence Cestac, Michèle Bernier, Maria Pacôme, Tsilla Chelton, Dominique Lavanant  sont de Drôles de femmes rencontrées par Julie Birmant et croquées par Catherine Meurisse.Cela donne un album chaleureux où Julie Birmant se met en scène, donnant à voir l'admiration ou l'amour qu'elle éprouve pour ces femmes hors du commun. Chacune d'entre elles a dû prendre la vie à bras le corps, forcer son destin, lutter contre les préjugés, que ce soit Tsilla Chelton que son éducation ne destinait en rien à jouer Ionesco ou l'inoubliable Tatie Danielle, Anémone, rejetant le système du cinéma français ou Michèle Bernier qui a su imposer à la fois un physique atypique et une pièce , le fameux Démon de midi prenant à rebrousse-poil les discours convenus...51bugS7dIQL._BO2,204,203,200_PIsitb-sticker-arrow-click,TopRight,35,-76_AA240_SH20_OU08_.jpg
Anecdotes hilarantes ou confidences se succèdent au fil des rencontres et même si on sent parfois que le courant n'est pas toujours passé avec la même intensité, il n'en reste pas moins que chaque portrait est à la fois respectueux et riche.

A lire et relire, y compris par les plus jeunes qui ne se rendent pas toujours compte du chemin parcouru par les femmes, y compris dans le monde de l'humour. C'est la journée de la femme, les filles, je prends le droit de faire ma féministe !:)

Un énorme merci à Cuné, qui d'autre pouvait dénicher une telle pépite ? !

Drôles de femmes, Julie Birmant, Catherine Meurisse , Editions Dargaud 2010

07/03/2010

Court noir, sans sucre (nouvelle édition, revue et augmentée)

Trop souvent les recueils de nouvelles sont une sorte de fourre-tout sans unité. Tel n'est pas le cas dans Court, noir, sans sucre d'Emmanuelle Urien (un excellent titre et une très jolie couverture , de la belle ouvrage pour cette rédition , revue et augmentée de deux nouveaux textes)
Thèmes récurrents donc dans ces textes sombres mais pas sordides: la souffrance, le deuil; la faille cachée dans chacun des personnages fait résonner en nous des échos tus ou présents.CourtNoirSansSucre.jpg
Traitement différent pourtant car en lisant ces textes les uns après les autres, j'ai trouvé qu'il y avait une montée dans l'intensité de l'expression des émotions. Dans les premières histoires, en effet, l'écriture est presque aseptisée, les narrateurs tiennent leur douleur à distance et ne la révèlent que dans la chute de la nouvelle.Plus on avance dans le recueil et plus l'auteure montre sa compassion , sans mièvrerie aucune (voir le titre !).
"Tristesse limitée" qui met aux prises un employé d'une administration chargé de traiter les dossiers des demandeurs d'emploi m'a particulèrement enthousiasmée par sa double chute jubilatoire ...Quant au texte intitulé "le chemin à l'envers", vous ne pourrez  pas le lire sans avoir le coeur serré...Les deux nouvelles nouvelles s'inscrivent parfaitement dans cette continuité et ne déparent pas l'ensemble.
Même si comme moi vous n'aimez pas le café, vous vous régalerez !

Emmanuelle Urien, Court, noir, sans sucre, Editions Quadrature, 113 pages.(Nouvelle édition, augmentée).

L'avis de Pagesapages

Celui de Sylire qui vous enverra vers d'autres billets...

06/03/2010

La joie de vivre

Henri Salvador c'est avant tout un rire. Un rire comme une ponctuation, un rire pour oublier et faire oublier que "Ma peau noire est mon étoile jaune."417aM0R9rJL._SL500_AA240_.jpg
Lui qui se définissait comme un "fantaisiste crooner" était un éternel optimiste qui affirmait : "Il faut savoir prendre la vie avec le sourire. Au cours d'une vie, on connaît plus de jours merveilleux que de coups durs."
Grand paresseux devant l'Eternel , "Le travail, pour moi, est une chose sacrée, je n'y touche pas !" fut nénanmoins un sacré bosseur et un grand séducteur !
Les pensées, répliques et anecdotes fournies par des amis ou des proches rassemblées dans ce recueil brossent un portrait-mosaïque, réjouissant et solaire de cet homme qui disait :" Je ne me suis pas fabriqué. Je me suis découvert. Ceux qui se fabriquent ne sont pas vrais."

Le cherche-midi éditeur 2010 .

05/03/2010

les monstres de templeton

"Rien ne change jamais ici, n'est-ce pas ? "

Rien ne change ? Que nenni ! Et Willie Upton, rentrée rechercher du réconfort auprès de sa mère, l'ancienen hippie,  Vivienne, va vite l'apprendre à ses  dépens.41bBdkMr3kL._SL500_AA300_.jpg
Tout commence  par l'apparition soudaine du cadavre d'un monstre,  sorte de Nessie local, apparition qui  va subtilement déséquilibrer le bel ordonnancement de cette ville américaine tranquille,  placée  sous l'égide  de ses fondateurs, les  Templeton. Les Templeton auxquels Willie  est apparentée par sa mère mais  aussi par son père comme  elle l'apprend soudainement.
Pour découvrir l'identité de songéniteur, la  narratrice se lance alors dans une recherche historique qui montrera que les Monstres de Templeton ne sont pas forcément ceux que l'on croit.
Le monstre  ici n'est qu'un symbole et ceux qui s'attendraient à un récit fantastique  en seraient pour leurs frais. Non, il est davantage question de cette quête d'identité dans laquelle s'engage la narratrice, personnage haut en couleurs, dotée d'une amie tout aussi attachante. Remarquons au passage que les personnages frôlent à chaque fois le cliché et l'évitent subtilement. Lauren Groff éprouve visiblement  de la sympathie pour  chacun d'entre eux,  sans pour autant tomber dans la mièvrerie (un  échange de correspondance féminine se révèle particulièrement vénéneux et savoureux tout à la fois). Elle  entremêle  avec dextérité les liens passé/présent ,  même si  ,comme Cuné,* je  me suis parfois perdue dans cette généalogie complexe (mais  le  plaisir de lecture  était toujours là, que  ce soit pour les périodes  contemporaines ou plus anciennes).  Fertile en rebondissements, agrémenté de photos vieillottes,  ce premier roman vous embarque et on le lâche plus , regrettant à la  fin de devoir quitter ce monde si féroce et charmant à la  fois. Une réussite !

Vient de sortir en poche.

L'avis de Cuné grâce à qui je l'avais découvert.


 

04/03/2010

Dark tiger

"Les êtres humais se contentaient de s'entretuer."

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Les nuages noirs s'amoncellent autour de Stoney Calhoun, toujours amnésique mais toujours doté de capacités qu'il a redécouvertes au fil des aventures précédentes.
Pour retrouver sa vie tranquille entre sa cabane au fond des bois et son travail à la boutique de pêche de son amoureuse Kate, le voilà contraint de remplacer un guide de pêche dans un  luxueux hôtel perdu en pleine nature, afin d'enquêter en toutes discrétion sur la mort d'un agent gouvernemental.
La donne a donc changé car dans les précédents volumes, c'était bien malgré lui que Stoney se retrouvait à mener des enquêtes, ce qui donne une tonalité plus sombre au roman, le héros étant soumis à davantage de tension.
J'ai retrouvé avec une certaine mélancolie les personnages de William G Tapply, sachant que l'auteur était décédé en 2009, juste avant la sortie aux Etats-unis de ce volume. Peut être est-ce que ceci a influé sur ma lecture car , même si les magnifiques paysages sont là, l'aspect tout à la fois bourru et plein de charme de Stoney aussi,même je ne me suis pas ennuyé une minute en lisant ce roman  le charme n'a plus opéré avec autant de vigueur.  J'y ai trouvé des redites (concernant les relations entre les chiens et je cite "la bouffe") et Stoney , toujours stoïque face aux emportements de Kate a fini par me laisser de marbre. Peut être ai-je aussi été aussi contaminée par le certain désenchantement qui imprègne ce livre...
Un adieu en demi-teintes.

Dark tiger, William G. Tapply, Gallmeister 2010, 250 pages

03/03/2010

Les derniers jours d'un homme

"Il y a des endroits sur terre qui ne sont pas faits pour les hommes."

Ce pourrait être un paysage post-apocalyptique: sols contaminés, ciel vide d'oiseaux ou de papillons, fleurs ayant renoncé à fleurir, cours d'eau où même un héron égaré refuse de pêcher. C'est juste une cité industrielle du Nord-pas-de-Calais, reléguée de l'autre côté d'une autoroute, une cité où la pollution de l'usine de métaux s'est inscrite dans la chair des hommes, qui, malgré les risques mortels, ont continué à y travailler pour conserver leur dignité car "Le travail était la valeur absolue."derniers jours.jpg
Aujourd'hui, l'usine est démantelée, un peu comme l'histoire de Judith,dix-huit ans, dont quinze vécus auprès de sa seule famille restante: son oncle Etienne. Judith, à force d'obstination, va éclaircir le mystère de la mort de son père, Clément. En parallèlle, les voix de la fille et du père se répondent, reconstituant ainsi les étapes d'une tragédie annoncée.
Impossible de lâcher ce roman noircissime et néanmoins empli de chaleur humaine. J'y ai retrouvé l'esprit et le langage des ouvriers de chez moi, cette volonté obstinée de propreté des femmes, cette solidarité mais aussi cette violence parfois des rapports humains. Pascal Dessaint nous brosse aussi un magnifique portrait de la relation entre frères, qu'elle soit proche ou plus distante.
Là où on aurait attendu un texte "militant", Dessaint évoque clairement le drame de Metaleurop, on trouve un livre qui fait la part belle aux ouvriers, à leurs attentes, à leurs souffrances, un livre empli d'humanité mais jamais d'apitoiement. Car même si"Nous cherchons tous une échelle pour atteindre un bonheur qui jamais ne se présente.", il reste toujours un arbre où se laisser bercer...

Une lecture nécessaire.

Pascal Dessaint, Les derniers jours d'un homme, Rivages, 2010, 232 pages

Le site de l'auteur.

 

02/03/2010

Les lieux sombres

"J'ai le bourdon depuis 24 ans."

Unique survivante de la partie féminine de sa famille, Libby, qui se dépeint comme "l'adorable gamine  qui avait traîné son adorateur de Satan de frère devant la justice." 24 ans donc qu'elle a le bourdon et un bourdon de plus en plus agressif car, après avoir tiré partie pendant des années de l'intérêt du public pour son cas, elle se retrouve sans argent et sans situation, petite Shirley Temple qui n'aurait pas dû grandir, concurrencée par d'autres victimes plus jeunes et plus charmantes qu'elle.517GqhHsmWL._SL500_AA240_.jpg
C'est donc plus par intéret financier  que par réelle motivation qu'elle va accepter l'offre d'un groupe de gens persuadés que son frère, Ben, est innocent, de recontrer des témoins du passé.
Kleptomane, oscillant entre "la surprotection" et "l'imprudence extrême", Libby n' a au départ rien de sympathique et c'est tant mieux. Ceci nous évite nombre de clichés et donne de l'énergie au récit.
Alternant passé et présent, celui-ci nous entraîne tout à la fois sur la trace de présumés adorateurs de Satan, mais aussi dans la vie d'une famille de fermiers pauvres qui essaient tant bien que mal de maintenir la tête hors de l'eau.
Dès le début j'ai été scotchée par ce roman qui allie une intrigue solide-même si, c'est vrai, Libby retrouve un peu trop facilement les bonnes personnes, et des personnages complexes, bien campés et fouillés.
Il y avait longtemps que je n'avais lu un roman aussi palpitant !

Les lieux sombres, Gillin Flynn, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Heloïse Esquié, Sonatine 2010 , 479 pages bluffantes.

Du même auteur, j'avais lu La haine dans la peau,disponible en poche,  billet ici.

Tout le monde a lu ce livre dans la blogo ! et rares sont les avis négatifs...

01/03/2010

La sanction

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"-Comme la vie doit être simple pour vous.
- Non, la vie n'est pas simple. La plupart des gens que je rencontre le sont."

La sanction commence comme un roman d'espionnage classique avec un héros très sûr de lui , accumulant les compétences (à la fois professeur d'art et alpiniste renommé). Le fait de vivre dans une église et de collectionner les tableaux de maître lui confère un côté baroque original mais se révèle aussi fort onéreux. Il faut donc que notre héros remplisse des missions de contre-assassinats, appelées sanctions pour le compte d'une organisation secrète américaine. La dernière en date lui vaudra d'affronter l'ine des plus dangereuses montagnes des Alpes, l'Eiger en compagnie de trois hommes parmi lesquels il devra trouver celui à abattre.
Tour à tour cinglant et péremptoire, "Mon admiration pour vous a trouvé de nouvelles limites", Jonathan Hemlock ,qui tient les autres à distance, repousse à toutes forces les sentiments et pratique la sexualité comme une hygiène, risquait de ne pas conserver longtemps mon attention.
Heureusement la révélation de ses failles au bout d'une centaine de pages m'a permis de le suivre avec plaisir au fil de ses aventures.
Que ceux qui n'apprécient pas spécialement l'alpinisme se rassurent, cet aspect ne représente qu'une toute petite partie du livre.
Notons au passage un dialogue, très cinématographique au demeurant , mêlant scène de séduction et de boulot où le lecteur est amené à deviner les comportements des protagonistes entre deux échanges d'informations. Savoureux !

La sanction, Trevanian, Editions Gallmeister 2007, traduit de l'américain  par Jean Rosenthal.335 pages

L'avis d'Amanda que je remercie pour le prêt !