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03/11/2011

Jeu de pistes

"La maison était un traquenard."

La vie de Damien March , passablement ennuyeuse, va basculer quand il apprend la mort de son oncle, Patrick, dont il avait quasiment oublié l'existence.Abandonnant Londres et son travail à la BBC, Damien va s'installer dans la maison dont il vient d'hériter, sur une île au large de Cape Cod. Lui reviennent alors en mémoire toute une flopée de souvenirs de cet oncle , ancien écrivain à succès qui vivait au milieu de tout un bric à brac, au sein duquel Damien va dénicher un manuscrit inachvé , mettant en scène Mycroft Holmes, le frères aîné du célèvre détective. Ce texte le mènera par bien des chemins détournés à la découverte d'un secret de famille.marcel theroux,frères
Le jeu de pistes dont il est question est extrêment plus subtil que ce à quoi on pourrait s'attendre. Il s'agit en fait plutôt d'une évolution du narrateur qui explore sa propre personnalité à travers celle de son oncle. Les rencontres, les souvenirs, les découvertes, en apparence anodines ,les péripéties forment un ensemble fort plaisant car le style est fluide, plein d'humour (et de métaphores comme je les aime!). Qaunt aux ellipses, elles surprennent agréablement le lecteur.
Un livre enthousiasmant à plus d'un titre et par dessus le marché, un séjour fort agréable par personnage interposé dans une maison en bord de mer, que demander de plus ?!

Marcel Theroux, Jeu de pistes, traduit de l'anglais par Stéphane Roques, Plon 2011, 238 pages addictives.

Cuné a aimé aussi !

11/10/2010

La vie rêvée des plantes

"Le corps est plus franc, il fait savoir exactement ce qu'il veut."

Entrer dans La vie rêvée des plantes c'est pénétrer dans une réalité pétrie à la fois de violence crue et de délicatesse.51s3vSl2rvL._SL500_AA300_.jpg
Cette famille coréenne où les parents ne s'adressent quasiment pas la parole, où les deux frères se déchirent,et où chacun vit claquemuré sur ses secrets ne donne guère envie. Surtout quand on apprend que le frère cadet espionne sa mère pour un mystérieux commanditaire. Et pourtant passé le choc de la scène initiale, on suit le narrateur dans ses pérégrinations apparemment erratiques( mais qui vont le mener à découvrir un secret de famille) et on découvre de véritables oasis de paix , des brèches où l'amour et la poésie se donnent libre cours et où les plantes sont les métaphores des souhaits des hommes.
Amours entravées , amours qui se vivent de multiples façons, le tout sur un arrière plan de violence politique, la délicatesse côtoie la bestialité mais le lecteur, même chahuté, conservera longtemps en mémoire certaines évocations de moments précieux, des parenthèses magiques dans le temps. A tenter absolument.

 

La vie rêvée des plantes, Lee Seung-U, traduit du coréen par Choi Mykyung et Jean-Noël Juttet, Folio2009.

L'a vis de Kathel qui vous mènera vers plein d'autres !

22/03/2010

A l'ombre de la fête

"Dans sa famille, on cultive la pudeur des sentiments comme une fierté à la boutonnière."

A l'ombre de la fête rassemble six nouvelles concernant les membres d'une famille qui s'apprêtent à fêter les quatre-vingts ans du patriarche. De la fête nous n'aurons que les échos des préparatifs et des répercussions de la révélation que fera l'aïeul. Nous resterons dans les coulisses, la part d'ombre des sentiments et des parcours des différents personnages que l'auteure accompagne avec beaucoup d'empathie.
Adolescents en rebellion, femmes qui cherchent à vivre au mieux leurs multiples vies, l'auteure les regarde évoluer, établissant , comme la narratrice mystrérieuse de la nouvelle "Pauline""une correspondance d'âmes".alombredelafete.jpeg
L'écriture, fine et sensible, esquive avec adresse les deux pièges des nouvelles: l'aspect parfois trop mécanique de la nouvelle à chute ou celui  des nouvelles privilégiant l'atmosphère au détriment de l'intrigue. Il y a ici une véritable tension dramatique mais l'auteure parvient toujours à éviter la chute, tout en laissant résonner en nous les échos de l'émotion.

A l'ombre de la fête, Marie-France Versailles, nouvelles, 127 pages, Editions Quadrature, 2010

 

03/03/2010

Les derniers jours d'un homme

"Il y a des endroits sur terre qui ne sont pas faits pour les hommes."

Ce pourrait être un paysage post-apocalyptique: sols contaminés, ciel vide d'oiseaux ou de papillons, fleurs ayant renoncé à fleurir, cours d'eau où même un héron égaré refuse de pêcher. C'est juste une cité industrielle du Nord-pas-de-Calais, reléguée de l'autre côté d'une autoroute, une cité où la pollution de l'usine de métaux s'est inscrite dans la chair des hommes, qui, malgré les risques mortels, ont continué à y travailler pour conserver leur dignité car "Le travail était la valeur absolue."derniers jours.jpg
Aujourd'hui, l'usine est démantelée, un peu comme l'histoire de Judith,dix-huit ans, dont quinze vécus auprès de sa seule famille restante: son oncle Etienne. Judith, à force d'obstination, va éclaircir le mystère de la mort de son père, Clément. En parallèlle, les voix de la fille et du père se répondent, reconstituant ainsi les étapes d'une tragédie annoncée.
Impossible de lâcher ce roman noircissime et néanmoins empli de chaleur humaine. J'y ai retrouvé l'esprit et le langage des ouvriers de chez moi, cette volonté obstinée de propreté des femmes, cette solidarité mais aussi cette violence parfois des rapports humains. Pascal Dessaint nous brosse aussi un magnifique portrait de la relation entre frères, qu'elle soit proche ou plus distante.
Là où on aurait attendu un texte "militant", Dessaint évoque clairement le drame de Metaleurop, on trouve un livre qui fait la part belle aux ouvriers, à leurs attentes, à leurs souffrances, un livre empli d'humanité mais jamais d'apitoiement. Car même si"Nous cherchons tous une échelle pour atteindre un bonheur qui jamais ne se présente.", il reste toujours un arbre où se laisser bercer...

Une lecture nécessaire.

Pascal Dessaint, Les derniers jours d'un homme, Rivages, 2010, 232 pages

Le site de l'auteur.

 

31/01/2009

"J'avance."

taduction toute en sensibilité dDur d'être  le gardien  de son frère , de veiller à sa sécurité  quand il part régulièrement en vadrouille dans les  questions les plus improbables ! Petrus en a par dessus la  tête, même si parfois il a l'impression de frôler le monde dans lequel évolue son artiste de petit frère, Boniface.
Quant aux parents, si la mère partage la même sensibilité que son cadet, le père lui, est exaspéré par le comportement  atypique du petit garçon.Il faudra pourtant que chacun fasse  face à la dernière fugue de Boniface,Le jour de toutes les dernières fois, pour que la  situation ne s'enkyste pas.Le roman de  Martha Heesen traite avec une sensibilité extrême et une apparente simplicité des liens 41H9hLe3BlL._SL500_AA240_.jpgprivilégiés qui unissent les parents à certains de  leurs enfants mais aussi des incompréhensions qui peuvent également exister.
Tendu par l'émotion d'un drame dont le lecteur devine  très tôt la  teneur, , le roman , entrecoupé de retours en arrière qui éclairent progressivement  la situation, se déroule sur une journée, ce qui lui confère encore plus d'intensité dramatique. Le narrateur est Petrus,un brave petit gars , qui fait front à la  tempête, réelle ou imagée, qui affronte les obstacles avec plus de bravoure et de lucidité que son père, jusqu'à ce qu'enfin sa tâche soit accomplie.
Fausse simplicité vous disais-je car longtemps après avoir refermé ce livre, me  sont restées en mémoire des scènes de ce livre qui  a  obtenu le  "Hibou d'or " , prix qui récompense le meilleur roman jeunesse de l'année aux Pays-Bas.

Un roman aussi fin et beau que sa  couverture.

Le jour de toutes les dernières fois. Martha Heesen.  Editions Thierry Magnier, traduction toute  en sensibilité  d'Emmanuèle Sandron