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11/10/2010

La vie rêvée des plantes

"Le corps est plus franc, il fait savoir exactement ce qu'il veut."

Entrer dans La vie rêvée des plantes c'est pénétrer dans une réalité pétrie à la fois de violence crue et de délicatesse.51s3vSl2rvL._SL500_AA300_.jpg
Cette famille coréenne où les parents ne s'adressent quasiment pas la parole, où les deux frères se déchirent,et où chacun vit claquemuré sur ses secrets ne donne guère envie. Surtout quand on apprend que le frère cadet espionne sa mère pour un mystérieux commanditaire. Et pourtant passé le choc de la scène initiale, on suit le narrateur dans ses pérégrinations apparemment erratiques( mais qui vont le mener à découvrir un secret de famille) et on découvre de véritables oasis de paix , des brèches où l'amour et la poésie se donnent libre cours et où les plantes sont les métaphores des souhaits des hommes.
Amours entravées , amours qui se vivent de multiples façons, le tout sur un arrière plan de violence politique, la délicatesse côtoie la bestialité mais le lecteur, même chahuté, conservera longtemps en mémoire certaines évocations de moments précieux, des parenthèses magiques dans le temps. A tenter absolument.

 

La vie rêvée des plantes, Lee Seung-U, traduit du coréen par Choi Mykyung et Jean-Noël Juttet, Folio2009.

L'a vis de Kathel qui vous mènera vers plein d'autres !

10/10/2010

Comment résister ?

 

Photo trouvée ici .

 

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09/10/2010

En poche...

"-Donc  tu as  quitté une guerre pour en retrouver une  autre, commenta-t-elle."

En Grande-Bretagne, durant la seconde guerre mondiale, David vient de perdre sa mère. Ne pouvant accepter la nouvelle femme de son père et son demi-frère, il se réfugie dans le lecture dans une  drôle de chambre où les livres lui parlent et où parfois il aperçoit rôder un  bonhomme bizarre, vaguement effrayant...51EWqeRMViL._SL500_AA300_.jpg
Un soir, entendant des appels de sa mère, il se  rend dans le jardin et découvre un passage vers un monde parallèle , peuplé de créatures cauchemardesques qu'il devra affronter avant de pouvoir trouver Le livre des choses perdues, unique clé pour regagner le  monde réel.
Roman initiatique, ,Le livre des choses perdues revisite -avec irrévérence parfois  (voir le portrait-charge de Blanche-Neige !) - l'univers des contes et légendes. Le héros, aidé d'auxiliaires qui ne veulent parfois le sauver que pour mieux le duper, va devoir affronter des créatures répugnantes et d'une férocité extrême (certaines descriptions sont d'une cruauté rare), résoudre  des énigmes(ses souvenirs de lecture lui seront llors bien utiles!) et surtout se rendre compte que la limite entre le Bien et le Mal est parfois floue. Il devra accepter aussi la perte et le renoncement , quittant ainsi le monde de l'enfance.
Tout  cela apparaît à première vue bien classique mais d'emblée, John Connolly  excelle à créer une ambiance très particulière , où la menace rôde, où la végétation elle même apparaît menaçante, très cinématographique en fait. Quant au récit, il est impossible de le lâcher car même si on a l'impression d'avancer en terrain connu, l'auteur se  joue de nous, multipliant les référencs pour mieux les détourner. Quant aux personnages, à l'image de ces créatures hybrides qui hantent le récit, ils ne sont pas monolithiques et savent à la fois nous émouvoir et nous faire sourire. Car de l'humour il y en a aussi, histoire de relâcher un peu la tension ! Bref, j'ai été captivée par ce récit que je n'ai pas pu lâcher alors que je ne suis jamais venue à bout du deuxième tome d'Harry Potter...

Le livre des choses perdues,John Connolly, traduit de l 'anglais (Irlande) par Pierre Brévignon.

 

08/10/2010

Bifteck

"-Reprenez-la, dit-il, elle est végétarienne."

Fils-père de sept enfants , poursuivi par un époux jaloux, le jeune boucher breton, André, doit s'enfuir et quitter le plancher des vaches pour voguer, en compagnie de sa progéniture, vers la lointaine Amérique.51qiRY43zbL._SL500_AA300_.jpg
Commencé de manière classique Bifteck s'affranchit ensuite graduellement des contraintes du réalisme pour dériver de plus en plus vers le conte ou la fable.
 Fable qui est  une véritable ode à l'amour paternel,"Elle n'avait pas encore les mots pour le dire, mais elle savait déjà, comme eux, que l'amour d'un père  a plusieurs visages , et que pas un ne l'empêcherait d'être heureuse." un amour absolu pour André qui nourrit, taille des vêtements, pétrit ses enfants, les absorbant pour ainisi dire dans un amour sans borne. Mais comme le rappelle Kahlil Gibran: "Nos enfants ne sont pas nos enfants" et le boucher qui leur tient à la fois de père et de mère devra apprendre à lâcher prise, à s'effacer...
Piochant dans les thèmes classiques du conte initiatique, Martin Provost les réinvente avec verve , nous régalant au passage d'une prose alerte et sensible. Seule la fin, trop réaliste pour le coup et trop explicative m'a laissé un arrière goût de déception. Une gourmandise néanmoins !

Merci à Brize qui en a fait un livre voyageur passé par

Clara

La sardine

Keisha

SD49

Les avis de Tamara

Amanda

Biftek, Martin Provost*, Buchet-Chastel 2010, 125 pages garanties sans morosité.

* réalisateur de Séraphine (que j'avais adoré) et qui tourne actuellement l'adaptation de Mauvaise pente, Roman de Keith Ridgway (lu avant mon blog et beaucoup aimé) avec la grande Yolande Moreau ! un régal en perspective!

 

 

 

07/10/2010

La double vie d'Anna Song

"Et moi j'ai bâti une chimère sur du sable..."

Récit d'une imposture, d'une falsifaction musicale( Anna Song , pianiste devenue culte après sa mort n'aurait jamais enregistré les disques ayant fait sa renommée), La double vie d'Anna Song est aussi le roman d'un amour fou voulant pacifier un passé douloureux.41QCZMKLd7L._SL500_AA300_.jpg
De coupures de presse en confession à multiples niveaux, le roman de Minh Tran Huy évite le côté sensationnaliste et privilégie les émotions . On avance au fil du texte, au fil des illusions et des révélations et l'on ne cesse de tourner le prisme de la "réalité" pour l'envisager sous un nouvel angle. Passionnant et prenant jusqu'à la dernière ligne.

La double vie d'Anna Song, Minh Tran Huy, Actes Sud, 2009.

Emprunté à la médiathèque.

 

 

Blog-o book

06/10/2010

Olive Kitteridge

"Je ne vois vraiment pas pourquoi je pleurerais."

Tantôt personnage principal, tantôt juste mentionnée, Olive Kitteridge nous apparaît dans un portrait kaléidoscope la suivant de l'âge adulte à la vieillesse. Mais qui est-elle réellement? Pour les uns, une prof de maths qui terrorise ses élèves , pour d'autres une femme avec son franc-parler mais qui sait aussi faire preuve de déroutants élans de bonté . Étouffante pour son fils unique qui n'aura de cesse de la fuir , compatissante pour une jeune femme souffrant d'anorexie ou pour un ancien élève dépressif, Olive nous surprend toujours.9782359050066-G.jpg
La construction, perturbante au début, on a l'impression de lire des nouvelles sans lien entre elles, bâtit en fait, de manière subtile, tout un univers qui nous devient vite familier. On guette l'apparition Olive et très rapidement on s'attache à cette femme et à ceux qu'elle côtoie.
Elisabeth Strout nous montre avec aisance aussi bien les drames que les joies, la solitude et la vieillesse mais aussi le nouveau comportement amoureux des personnes âgées , leur manière d'affronter les surprises du coeur. Un roman généreux et tout en finesse.

Olive Kitteridge, Elisabeth Strout, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Brévignon. Ecriture 2010, 375 pages revigorantes.

Prix Pulitzer de Littérature 2009.

L'avis de Keisha.

05/10/2010

Wendy et Lucy

"Toi aussi, Benny, tu ne t'occupais que de toi. Sauf que tu n'as jamais été bien doué pour le faire."

Pour les personnages des nouvelles de Jon Raymond, il suffirait d'un rien pour qu'une amitié défaillante se remette sur ses rails, pour qu'un couple perdure : "C'était chouette d'être amoureuse de toi cette semaine" , lui dit-elle d'une voix sincère",pour qu'une vieille guimbarde tienne encore quelques kilomètres , sauvant ainsi sa propriétaire d'un destin semé d'embûches... L'amour, l' amitié , la fraternité sont si proches mais en même temps si ténus, si friables...Chahutés par la vie ses personnages n'ont rien d'héroïques mais ils font face aux aléas avec détermination.41joRKj0szL._SL500_AA300_.jpg
Pas de chute mécanique cependant, l'auteur stoppe son récit juste au bon moment, le laissant se poursuivre dans nos esprits et surtout dans nos coeurs qu'il malmène à loisir. Une écriture précise et remplie d'empathie, décrivant la nature avec poésie, des personnages qui se gravent dans nos mémoires et ne laissent pas de place au désespoir. Un grand et beau coup de coeur  !

Wendy et Lucy, Jon Raymond,  9 nouvelles* traduites de l'américain par Nathalie Bru, Albin Michel 2010. 284 pages emplies d'émotion.

Bon sang, je le savais, rien qu'en regardant la couv' que j'aurai les larmes aux yeux !

* dont 2 ont été adaptées au cinéma par Kelly Reichardt.

Merci à BOB et aux éditions Albin Michel.

04/10/2010

Tea-bag

"Pour survivre, je dois cesser d'espérer."

Un poète suédois , très centré sur lui-même, va se trouver brutalement confronté à ce qui constitue une partie de la réalité de son pays: les clandestins qui tentent d'y survivre.
Il y verra d'abord l'occasion de s'approprier les récits de vie de trois femmes aux identités fluctuantes avant que de s'impliquer en toute conscience.41f9DRmFYzL._SL500_AA300_.jpg
Alternant les récits à la fois rudes et poétiques des clandestines avec les démêlés économico-littéraires du poète engoncé dans son égo, Tea-bag est un roman tour à tour grinçant et drôle avec des personnages hauts en couleurs (comme la mère du narrateur), un roman où les femmes sont pleines de ressources et arrivent à se réinventer sans cesse pour préserver leur vie et leur dignité .
Beaucoup d'émotion et pas d'angélisme.

Tea-Bag, Henning Mankell, traduit du suédois par Anna Gibson, Seuil et Points Seuil.

Emprunté à la médiathèque.

L'avis de Kathel qui vous enverra vers plein d'autres !

Celui d'Aifelle.

01/10/2010

Le petit Gus fait sa crise

"Si elle est sévère avec moi pour ma console, c'est normal que je sois sévère avec elle pour les câlins. c'est vrai quoi."

Gus (tave) a dix ans, une mère qui a eu la fâcheuse idée de lire (et d'appliquer) les conseils d'Aldo Nouillerie( pédiatre de la pire espèce, le roi de la frustration), un père qui claironne les prix au supermarché, filant la honte à son fils, un grand frère qui a "des boutons d'apnée plein la tronche", et une grande soeur qui rêve d'introduire en fraude un rat dans la maison, pour faire style.41wQ9zZVPyL._SL500_AA300_.jpg
Mais lui Gus, a la délicieuse intention de ne pas suivre l'exemple de ses aînés :"Quand je serai un ado, j'éviterai d'être égoïste et feignant et j'aiderai ma mère à se taper les corvées de la maison. c'est la moindre des choses et je le ferai dès que je serai en âge de le faire." (Vite signe-là mon fils ! ).Remarquons  néanmoins au passage qu'il prend la précaution de ne pas préciser quand se situe cet âge bénit ...
Mais Gus ne se limite pas à son petit nombril, il chope au passage les faits d'actualités qui le touchent ou l'énervent et les commentent parfois dans un langage peu châtié (mais qui irait prétendre que nos chérubins s'expriment toujours de manière endimanchée ? ). Certains thèmes sont abordés de manière un peu maladroite mais globalement on se glisse avec délices dans la vie mouvementée de cette famille qui ressemble peu ou prou à la notre, chat compris !
Claudine Desmarteaux a su trouver  le ton et le langage de Gus, mêlant à-peu-près et néologismes, et le récit cavale à toute allure entre Tamara qui balance des coups de trousse et DS Lite.

Ne reste plus qu'à le faire valider par Mister Ferdi !:)