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14/04/2018

Assez de bleu dans le ciel ...en poche

"Selon toute vraisemblance, je suis un mari, un père, un citoyen, un enseignant, mais à la lumière je suis un déserteur, un imposteur, un voleur, un tueur. Je possède une certaine apparence en surface, mais je suis sillonné de trous et de galeries en dedans, comme une falaise de calcaire."

Dès la première scène, on est ferrés.Nous sommes dans un coin paumé d'Irlande en 2010. Un homme, Daniel, jauge du regard un intrus potentiel porteur de jumelles et d'un appareil photo. Son épouse sera plus expéditive (et plus efficace): elle tire deux coups en l'air. Exit l'intrus.maggie o'farrell
Qui est cette  recluse  entendant bien garder sa tranquillité ? Cette femme, subtilement folle, aux dires de son époux, nous le découvrirons progressivement est Claudette,  une ancienne star du cinéma , mystérieusement disparue avec son fils des années auparavant. Elle a refait sa vie avec Daniel et tout va pour le mieux mais, son père étant au plus mal, Daniel doit rentrer aux États-Unis. L'occasion pour lui de renouer avec  un passé douloureux qui l'entraînera en grande-Bretagne sur les traces de son premier amour Nicola. Mais l'intransigeante Claudette supportera-t-elle  les omissions de Daniel ?
Assez de bleu dans le ciel bénéficie d'une construction virtuose, alternant les points de vue et les époques, pour mieux brosser par petites touches le portrait de ces personnages qui nous deviennent très vite proches et attachants. Une manière supplémentaire d’entretenir la tension , ou plutôt les tensions, qui font que jusqu'à la dernière ligne nous avons le cœur qui bat , nous demandant si le roman va se terminer comme nous l'espérons. Une analyse subtile des sentiments et une écriture élégante font de ce roman une pure réussite !

Et zou sur l'étagère des indispensables !

13/04/2018

Des hommes sans femmes ...en poche

"En l'espace d'un instant, dès que vous êtes un homme sans femmes, les couleurs de la solitude vous pénètrent le corps. Comme du vin rouge renversé sur un tapis aux teintes claires. Si compétent que vous soyez en travaux ménagers, vous aurez un mal fou à enlever cette tache. Elle finira peut être par pâlir avec le temps, mais au bout du compte elle demeurera là pour toujours, jusqu'à votre dernier souffle. Elle possède une véritable qualification en tant que tache, et, à ce titre, elle a parfois officiellement voix au chapitre. Il ne vous reste plus qu'à passer votre vie en compagnie de ce léger changement de couleur et de ses contours flous."

Sept nouvelles,dont la dernière donne son titre au recueil, où il est effectivement de veufs, de divorcés, de célibataires, avec des statuts plus ou moins flous: comment appeler celui qui apprend la mort de son ancienne amante par le mari de cette dernière ? haruki murakami
Au fil des textes,l'onirique se fait de plus en plus présent, les situations sont à la fois ancrées dans le réel mais se laissent aussi progressivement envahir par le fantastique: une Shéhérazade prend soin de diverses façons d'un reclus dont les motifs de l'enfermement sont laissés à notre imagination ; des serpents envahissent un jardin et conduisent un tenancier de bar à reconnaître enfin  qu'il a été blessé par l'attitude de sa femme. Le fantastique culmine enfin dans les deux derniers textes "Samsa amoureux"où Murakami s'approprie le texte de Kafka en inversant la proposition initiale: "Lorsqu'il s'éveilla", il s'aperçut qu'il était métamorphosé en Grégor Samsa et qu'il était allongé sur son lit." Quant à la nouvelle éponyme, elle semble donner les clés des autres textes et le narrateur nous confie :"(il y a toujours, sur le parcours de mes promenades, des jardins qui abritent une statue de licorne)".
Avec une extrême sensibilité et beaucoup de pudeur, sans oublier quelques pointes d'humour, Murakami nous entraîne dans son univers si particulier où il est question de musiques, de mélancolie, et de femmes bien sûr. Et zou sur l'étagère des indispensables !

 

L'occasion de découvrir l’œuvre de Murakami pour ceux qui ne la connaitraient pas encore.

 

 Magnifiquement traduit du japonais par Hélène Morita,

12/04/2018

Les vieux ne pleurent jamais...en poche

"C'était une forme de sagesse , sans doute, que proposait Janet, continuer de prétendre au titre, refuser ce jugement  sur nous-mêmes que tant d'attitudes insidieuses envers nous relayaient  pourtant."

Judith Hogen ne se satisfait pas des maigres occupations, stéréotypées et moutonnières, offertes aux personnes âgées  aux États-Unis. Découvrant incidemment une photo ,notre héroïne décide qu'il est temps de renouer avec un passé  français qu'elle voulait aboli. céline curiol
Elle part alors pour son pays natal, là où habite l'homme de la photo.
Réflexion à la fois enjouée, acérée et pleine de bienveillance sur le temps et l'identité, Les vieux ne pleurent jamais est un roman où l'on retrouve avec plaisir le style précis, poétique et imagé de Céline Curiol.
Des scènes très très drôles- la visite de l'usine de glaces Ben & Jerry d'un troupeau de personnes âgées, cornaqué par une jeunette survoltée-  est un morceau d'anthologie- alternent avec la découverte d'un parcours de vie dont nous découvrons au fur et à mesure les fêlures.
Si j'ai été moins enthousiasmée par la partie française, un peu convenue à mon goût, il n'en reste pas moins que Judith Hogen et sa fantasque voisine ont de la ressource !

Un bon moment de lecture ! 324 pages piquetées de marque-pages.

11/04/2018

A la place du coeur saison 3

"On cherche tous la même chose: un vivant à proximité, une âme à portée de la main, un baume à consommer sur place."

Le roman de Caumes, extrêmement autobiographique, vient de paraître. Il y relate ce que les saisons précédentes racontaient: ses réactions face aux attentats de novembre, son histoire d'amour avec Esther. Mais changer juste les prénoms des véritables protagonistes est-il suffisant ?arnaud cathrine
Esther réagit violemment à cet étalage de sa vie privée et quitte Caumes. Le voilà donc tiraillé entre une célébrité naissante (et encombrante) et sa volonté de reconquérir celle que l'écriture lui a fait perdre.
Toujours aussi à fleur de peau, Caumes nous embarque cette fois encore dans un maelstrom de sentiments et dans une actualité proche: les dernières élections présidentielles.
Un roman passionnant- qui se lit d'une traite- sur la jeunesse contemporaine.

Robert Laffont 2018.

Saison 1

saison 2arnaud cathrine

10/04/2018

La péninsule aux 24 saisons

"Ainsi donc, il était facile d'abandonner des choses ! Je n'en revenais pas. Quand avais-je perdu cette insouciance, cette légèreté ? "

Une femme quitte Tokyo et part s’installer seule sur une péninsule où elle vivra plus attentive aux changements de la nature, plus proche de ses voisins mais aussi d'elle-même.mayumi inaba
Un thème que j'adore mais qui, ici ,est traité de manière très plate du point de vue du style. Je suis restée à distance de ce personnage qui se livre très peu (ce n'est pas un défaut , loin s'en faut) tout au long de ce texte et pourtant je partais avec un a priori très favorable.

 

Mirontaine a été séduite.

09/04/2018

Le chagrin d'aimer

"- Je ne me résignerai jamais à avoir engendré un être aussi conventionnel que toi, dit-elle en égrenant un rire perlé et en montrant les dents."

Quelle personnalité que celle de la mère de Geneviève Brisac ! Petite fille gréco-arménienne, elle se marie, écrit des feuilletons pour la radio tout en fumant comme un sapeur, appelle les CRS mon chou, vole la vedette à sa fille lors d'un atelier d'écriture que cette dernière est censée animer ou s'exhibe en maillot de bains sur le trottoir d'un magasin alors qu'elle est déjà  très âgée.geneviève brisac
Oui, mais voilà, certaines femmes ne sont sans doute pas destinées à devenir mère et si elles le deviennent, ce n'est pas une sinécure pour leurs enfants...
Geneviève Brisac nous propose ici, sous forme de chapitres parfois courts, un portrait éclaté de sa mère. C'est vif, enlevé mais il y sourd parfois Le chagrin d'aimer qui donne son titre à l'ouvrage. à lire d'une traite ou à picorer.

Grasset 2018.geneviève brisac

08/04/2018

La cartographe...en poche

"et se cacher dans une petite mort prudente pendant des heures et des heures, qui ne paraissent que des secondes lorsqu’on se réveille."

Pas d'effets de manche, de nouvelles à chute dans ce recueil de Tove Jansson. Tout y est empreint de subtilité et  de très fines observations. A l'instar du dessinateur de la nouvelle "Le loup" qui observe un animal sans rien faire et ne le "croquera" en quelques traits que peut être des années plus tard quand il en aura saisi l'essence , Tove Jansson va ici à l'essentiel .tove jansson
On ne se lasse pas de la lire et de la relire, tant son écriture est précise et fait souvent la part belle à un humour teinté de noir. Si vous avez aimé son précédent recueil L'art de voyager léger, précipitez-vous sur celui-ci. Et c'est en poche !

de la même autrice: clic.

tove jansson

 

06/04/2018

Tant bien que mal

"Je lui dois le petit peuple de mes cauchemars. Je lui dois une myriade de troubles obsessionnels.Je lui dois mon inaptitude chronique à la décision.Je lui dois des litre de sueur. Je lui dois des idées noires et quelques crise de nerfs."

Il n'en a parlé à personne. Pourtant ce petit garçon qui a accompagné l'homme à la boucle d'oreille dans la Mondeo blanche pour l'aider à retrouver son chat n'a pas oublié. Comment le pourrait-il ?arnaud dudek
Quand vingt-trois ans après les faits, il reconnaît la voix de l homme, comment va-t-il réagir?
En 90 petits pages, Arnaud Dudek relate le parcours d'un renversement subtil et efficace de situation. Tout est suggéré et donc bien plus efficace et poignant. On suit, pas à pas, le récit de ce futur père et écrivain et on a le cœur serré.Tout est dense et pudique, parfaitement réussi dans le dosage de l'émotion.
En plus,  dans "lignes de suite"comme d'hab', l'auteur nous donne des nouvelles, histoire de mieux maintenir le lien avec son lecteur. On peut le rassurer: il nous a bien fait tanguer. Une pure réussite qui file sur l'étagère des indispensables.

 

Alma Éditeur 2018.

05/04/2018

La femme murée

"Disons qu'elle fait un avec sa construction. Qu'elle a autant le bâti dans le corps que le bâti est elle. Une double carapace. Elle n'a jamais fait la différence entre sa constitution et sa construction. C'est peut être une maladie..."

Marginale, "méconnue, méprisée, incomprise.[...] Orpheline tout court", telle est Jeanne Devidal (1908-2008).
Surnommée la folle de Saint Lunaire, elle bâtit inlassablement une maison faite de bric et de broc qui débordait sur la route et abritait un tilleul en ses murs.fabienne juhel
Si cette passion bâtisseuse n'est pas sans évoquer celle d'un facteur Cheval, Fabienne Juhel nous immerge dans la pensée de cette femme qui n'a pas du tout les mêmes motivations que le créateur du palais idéal.
L'auteure édifie, chapitre après chapitre, les différents éléments de cette construction atypique. Elle est pleine d'empathie pour cette femme qui se dit en contact avec ceux qu'elle appelle "les Invisibles" , ce qui lui vaudra plusieurs séjours en hôpital psychiatrique , électrochocs à la clé. Ce qui nous apparaît d'autant plus intolérable quand on apprend le passé de celle qui fut une résistante torturée par les Allemands durant laSeconde guerre mondiale.
C'est  par une série de coïncidences que Fabienne Juhel a eu connaissance de cette"Sisyphe femelle des temps modernes" qui ne possédait même pas une pierre tombale à son nom. Mais nul doute que cette rencontre par-delà le temps était inévitable tant l'auteure de La femme murée , avec son style sensible et poétique ,a su nous rendre proche et inoubliable Jeanne Devidal.  Un texte dont on pourrait corner toutes les pages  tant l'écriture est belle et poignant le personnage de Jeanne dont le destin est emblématique de tant de femmes courageuses, marginales que la société s'employa à faire céder.

 Un texte qui file, bien évidemment, sur l'étagère des indispensables.

 

le Rouergue 2018

 

04/04/2018

Dîner avec Edward

Sous l'amicale pression d'une amie, Isabel accepte de dîner régulièrement avec le père nonagénaire de cette dernière. Repas raffinés, nécessitant des préparations complexes, mais aussi réflexions sur l’existence sont au menu.41VOgJcBsnL._AC_US218_.jpg
Un texte agréable à lire, mais qui , au fil du temps distille un ennui poli. Edward est charmant mais n'a pas su me séduire. On avait déjà eu "Mange, prie, aime", nous avons droit ici à Mange et aime. Un peu court non ?

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle.

06:10 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (0)