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09/02/2019

Ces rêves qu'on piétine ...en poche

"Elle n'a jamais blessé personne. Elle n'a jamais haussé la voix. Elle a été à la hauteur. Elle s'est battue. Elle a menti. Elle a collé au personnage qu'on avait voulu faire d'elle. Digne de son rôle."

 Montage alterné pour ce roman mettant en scène la fin de la Seconde Guerre mondiale: tandis que sont engagées les marches de la mort, Martha Goebbels et six de ses enfants se terrent avec quelques dignitaires nazis dans le bunker berlinois d'Hitler.

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L'occasion de revenir sur le parcours de cette femme qui a bâti sa vie sur un mensonge (son père était juif) et a embrassé sans barguigner les thèses du nazisme pour livrer cours à ses ambitions.
L'occasion aussi de brosser un portrait saisissant et puissant des derniers massacres, tant par les soldats que par les populations civiles, des survivants des camps de la mort.
Faisant le lien entre les deux, les lettres (imaginées par l'auteur) qu’un père a adressées à la fille qui n'a rien fait pour le sauver.
Si le style de l'auteur est à la fois très évocateur mais sans pathos, je suis malheureusement restée à distance de ce texte, un peu pour me préserver et aussi parce que j'avais déjà lu plusieurs romans sur cette période historique .Ce dernier en a sans doute pâti.

 

08/02/2019

Sur les chemins noirs...en poche

"Je préférais demander aux chemins ce que les tapis sylvain tessonroulants étaient censés me rendre: des forces."

On l'a connu fanfaronnant sur les toits parisiens, mais c'est un chalet montagnard qui aura eu presque raison de lui. Rafistolé par des médecins dont il s'étonne qu'ils ne lui aient reproché, Sylvain Tesson, désormais sourd d'une oreille, paralysé du visage et doté de quelques vis dans la colonne vertébrale, décide de se soigner à sa façon.Pour cela , il parcourt ce qu'il appelle Les chemins noirs, cette "géographie de traverse" qui subsiste, loin de l'aménagement imposé au territoire.
Et c'est bien cette géographie, plus que le corps et l'âme en berne du narrateur qui sont au cœur de ce récit. Quelque fois sentencieux, mais le plus souvent poétique, Sylvain Tesson fait aussi quelques rencontres , parfois hautes en couleurs, mais le plus souvent fort modestes.
C'est cette poésie champêtre et cette modestie qui ont su emporter mon adhésion et me réconcilier avec le personnage et l'auteur.Le récit est bref et bien moins nostalgique que celui de Benoit Duteurtre, plus axé lui sur l'histoire.

06/02/2019

L'amour après ...en poche

"Il faut déserter les modèles, fuir leurs pièges, leurs barbelés invisibles. L'important, c'est d'avoir de l'air, alors tout peut commencer."

Années 50, Marceline Loridan -Ivens qui est "une fille de Birkenau" est rentrée en France et ne tarde pas à prendre son indépendance vis à vis de sa mère.marceline loridan-ivens
La jeune femme  dont le corps a été figé dans l'adolescence par le camp a soif de vie et de culture. Elle enchaîne aussi les aventures amoureuses ,même si son corps ignore toute sensation de plaisir, de désir ,et restera à jamais "sec", c'est à dire stérile, sans que Marceline le regrette, bien au contraire.
La nudité reste attachée au regard d'un médecin décidant de la vie ou de la mort et Marceline aura toujours des difficultés à se dénuder, y compris dans un contexte médical.
Un récit rare qui évoque le corps, les sentiments d'une jeune femme fracassée par les camps mais qui est pleine d'ardeur, de vie, d'énergie et d'une formidable liberté.

10/12/2018

Dictionnaire amoureux du Nord

"Finalement, les gens du Nord, il sont comme les autres. Mais en mieux..."

Comment ne pas se sentir flatté, dans un premier temps, par cette citations de Jean-Louis Fournier, extraite de l'article "Gens"?
Moi qui adore tout à la fois les dictionnaires, l'auteur de Où on va papa ? et ma région , je croyais dévorer à belle dents ce magnifique pavé d'un peu plus de 500 pages.jean-louis fournier
Comme le reconnaît lui-même l'auteur, il est d'abord plus habitué aux formats courts que longs, et ça se sent. De plus, le côté "informatif" (et plat, stylistiquement) du dictionnaire l'emporte parfois un peu trop sur le côté "amoureux" annoncé dans le titre de la collection, même si l'auteur n'hésite pas à distribuer coups de cœur et de griffes, ainsi qu'à évoquer ses souvenirs familiaux.
Mais, cette fois, hélas, le mélange des genres n'a pas pris , en ce qui me concerne. Il n'en reste pas moins que j'ai appris plein d’informations sur la région des Hauts de France (appellation digne d'un promoteur immobilier).

18/06/2018

Des nuages plein la tête/ Un pâtre en quête d'absolu

  "Le temps est un bien précieux. J'ai décidé de mener une vie de luxe alors qu'ici, en estive, il n' y a rien. Conditionné par cette nature sauvage, l'éloignement, le manque de tout, l'exceptionnel devient banal. Ici, tout semble couler de source."

Éleveur, vacher et adepte de la course en montagne, Brice Delsouiller nous livre ici un texte à la fois posé et exalté, plein de la belle énergie qui l'anime.brice delsouiler
Arte ,ayant consacré un documentaire *à cet homme atypique qui part, seul, garder 400 vaches  durant les mois d'été en montagne (Haute-Ariège) ,a attiré l'attention sur cet amoureux de la solitude  et de la liberté.
Brice Delsouiller ne nous cache rien des difficultés mais aussi des joies de cette vie ascétique, dure,  mais riche d'émotions, que bien peu d'entre nous pourraient mener.
Un récit qui aère la tête et qui nous rappelle que tout le monde n'est pas fait pour entrer dans les moules que la société nous impose.

250 pages piquetées de marque-pages parce qu'en plus le bougre possède un joli brin de plume.

 Éditions Michel Lafon 2018

*  à retrouver sur Youtube

06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : brice delsouiler

04/04/2018

Dîner avec Edward

Sous l'amicale pression d'une amie, Isabel accepte de dîner régulièrement avec le père nonagénaire de cette dernière. Repas raffinés, nécessitant des préparations complexes, mais aussi réflexions sur l’existence sont au menu.41VOgJcBsnL._AC_US218_.jpg
Un texte agréable à lire, mais qui , au fil du temps distille un ennui poli. Edward est charmant mais n'a pas su me séduire. On avait déjà eu "Mange, prie, aime", nous avons droit ici à Mange et aime. Un peu court non ?

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle.

06:10 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (0)

26/02/2018

J'apprends le français

"Ce que je leur devais aussi, c'est de dire que non seulement, ils nous apportent mais qu'ils nous rapportent. Si ce livre ne parvenait à persuader ne serait-ce qu'un seul lecteur, je n'aurais plus à rougir ni à regretter de m'y être dévoilée. L'accueil de l'étranger n'est pas une charité mais un échange. Il nous ouvre un monde dont nous n'avons pas idée. Il démultiplie nos points de vue, enrichit nos perceptions. Nous en tirons bénéfices."

Marie-France Etchegoin, journaliste de profession, s'est improvisée formatrice en Français Langue Étrangère auprès de migrants venus d'Afghanistan, d’Érythrée, du Soudan. Elle s'est très vite investie et a beaucoup appris, autant qu'elle a enseigné.marie-france etchegoin
Tout dans cet enseignement est fluctuant car les migrants, en plus des épreuves tant physiques que morales qu'ils ont dû affronter, sont en butte aux rouages d'une administration kafkaïenne qui risque de les renvoyer dans le pays qu’ils ont fui.
Tout dans cet ouvrage généreux et engagé est intéressant au plus haut point. L'auteure y dévoile son propre rapport à la langue, car elle ne veut pas se tenir en retrait, comme une ethnologue distanciée, l'enthousiasme de ses élèves, leur foi en la France et en sa langue. J'y ai aussi découvert avec effarement la situation politique en Érythrée, un véritable enfer sur terre. Un livre nécessaire et passionnant, piqueté de marque-pages.

16/02/2018

En camping-car

"Notre style de vacances était aristocratique parce qu'il valorisait la liberté, le plaisir, la découverte, l'échappée belle, mais il était aussi foncièrement démocratique: pas cher, pas consumériste, pas tape-à-l’œil, pas couche-tard, pas compliqué, quelque chose d'accessible, de proche, de simple, quasiment rudimentaire, une locomotion terrestre, un contact direct avec les gens, des haltes toujours respectueuses de la nature, des coutumes et des produits locaux [...]. En un mot, une grande vadrouille à l'échelle de l' Europe. Maître de soi, mais pas chez soi."

ivan jablonka

 Dans les années 80, Ivan Jablonka, ses parents et son frère, souvent accompagnés de familles dotées elles aussi d'enfants, ont sillonné les routes estivales en camping-car. L'évocation de ces vacances est tout à la fois l'occasion d'une plongée dans la nostalgie de l'enfance, mais aussi d'une analyse sociologique d'un type de vacances bien particulier dans un véhicule tout sauf anodin quand ses deux parents ont été des enfants cachés durant la Seconde guerre mondiale.
En effet ce véhicule de marque Volkswagen témoignait du "génie de l’organisation allemand [...] mis au service non pas du crime de masse, mais de la vie, de la joie, de l'intimité, de l'intégration familiale, et il est facile de comprendre en quoi le camping-car a sauvé mon père et nous avec."
Ivan Jablonka analyse ainsi  avec une émotion tangible la relation très particulière que son père entretenait au bonheur, n'hésitant pas à enjoindre avec colère à ses enfants ignorant un superbe paysage: "Soyez heureux !"
 Néanmoins, comme l' évoque très justement la quatrième de couverture l'auteur" esquisse une socio-histoire de son enfance" et c'est justement ce côté un peu léger dans l'analyse, s'essoufflant peut être à vouloir courir plusieurs lièvres à la fois que j'ai regretté. N'étant guère adepte de la nostalgie, j'ai en outre trouvé les évocations de ces vacances aussi longuettes que les séances diapos d'autrefois. Bilan en demi-teintes donc.


Lu dans le cadre du grand prix des lectrices de Elle.

06/02/2018

Les héroïne de cinéma sont plus courageuses que moi

"Des mecs avaient bien tenter de la brancher à Miami, mais elle les confondait tous avec les alligators."

 En 26  textes, comme autant de courts-métrages empruntant aux formes les plus diverses  (souvenirs, entretien fictionnel ou pas,  mélo flamboyant( Miracle en Alabama )façon d'un match de boxe de légende...) Guillaume Guéraud dit son amour du cinéma et son féminisme. Il remet en lumière des héroïnes oubliées du septième Art , se balade avec aisance des films à gros budgets au cinéma d'auteur et ne se limite pas, loin s'en faut aux cinémas français et américain.guillaume guéraud
Éclectique et passionné, il fait partie de ces conteurs qui savent tout à la fois instruire et captiver. Nous apprenons ainsi au passage que Gainsbourg"n'a pas inventé un seul traître mot de sa chanson"consacrée à Bonnie Parker, texte par ailleurs cité dans le film, sans que jamais soit mentionnée la véritable auteure de ce poème prémonitoire: Bonnie Parker elle-même.
Un livre passionnant qui se dévore d'une traite.

 

Éditions du Rouergue 2018, 187 pages vibrantes .

28/12/2017

Les passeurs de livres de Daraya

"Au fond du gouffre, un divan virtuel pour apaiser les âmes torturées."

delphine minoui

Pendant quatre ans, de jeunes syriens voulant incarner une troisième voie ,alternative à Daech et au régime dictatorial de Bachar al-Assad , ont exhumé des décombres de la banlieue rebelle de Daraya des livres. Ils ont ainsi organisé une bibliothèque clandestine, devenue ensuite un lieu de savoir, où des cours étaient donnés, une manière de lutter avec des mots, de se réapproprier un passé mis sous tutelle par le régime en place. Une respiration entre deux bombardements, une revendication allégorique de la liberté.
Delphine Minoui qui a entretenu une correspondance hachée avec eux, fait de son récit un lieu à la mémoire de ces combattants pacifiques.
Comment ne pas être enthousiasmée par un tel récit, célébrant le pouvoir des mots ? Comment aussi ne pas se sentir  impuissant face à une telle situation ?
Mais comment aussi ne pas remarquer cette confiscation du savoir par les hommes ? Aucune femme, aucun enfant dans cette bibliothèque. Les hommes leurs rapportent des livres dans les appartements où ils sont supposés être en sécurité. Ce qui n'est pas précisément le cas aux dires de Minoui. Les femmes ont le droit de risquer leur vie mais pas pour assister à des cours. Elles réapparaissent au détour d'une missive poignante adressée au monde entier ou encore quand elles sortent quasiment de terre, lors d'une trêve. Leurs souffrances sont certes évoquées, mais d'une manière assez générale car tel n'est évidemment pas le propos de ce récit. Un bémol donc mais un texte qui fait prendre conscience de la réalité d'un conflit au plus près.

Lu dans le cadre du grand prix des lectrices de Elle.

06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : delphine minoui