12/03/2016
Un éléphant dans ma salle d'attente
Comme beaucoup d'entre nous qui avons suivi les aventures de Daktari à la télévision, Florence Ollivet-Courtois a voulu devenir vétérinaire d'animaux sauvages.
Dès l'âge de six ans, elle tenait une perfusion pour aider son père,lui même véto, puis son diplôme en poche a suivi des formations qualifiantes aux États-Unis, pour atteindre son rêve.
Seule libérale à exercer cette spécialité en France, Florence Ollivet-Courtois soigne les animaux sauvages et ceux de parcs zoologiques, faisant preuve tout à ll fois d'astuce et de robustesse face à ses patients pas toujours commodes et souvent plus fragiles qu'il n'y paraît.
On sent au fil de la lecture son profond amour des animaux et l'on suit avec bonheur ce récit qui ne se contente pas d’aligner les anecdotes, drôles ou émouvantes mais nous fait plonger au cœur des relations hommes/animaux. Un pur régal !
Un éléphant dans ma salle d'attente, Florence Ollivet-Courtois avec Sylvie Overnoy, Alpha éditions.
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03/12/2015
Mankell (par) Mankell ...en poche
"Dans les sphères du pouvoir, au Mozambique, ils commencent donc à s'apercevoir qu'il existe un type étrange qui vit depuis longtemps parmi eux et qui leur tient lieu d’ambassadeur culturel. Cela me réjouit et j'essaie de me servir au mieux de cette notoriété."
En 2010, devenu un "auteur global" (cette expression revient à plusieurs reprises dans le texte), Henning Mankell accepte de programmer dans son emploi du temps bien rempli des entretiens avec Kirsten Jacobsen. Elle n'a qu'à bien se tenir car une journaliste qui avait pourtant galéré pour obtenir un rendez-vous,ayant entamé son entretien en affirmant qu'elle ne savait pas par quoi commencer, avait provoqué aussi sec le départ de l'auteur des Wallander !
Abrupt, entier, Henning Mankell l'est certes mais il est aussi généreux et très clair dans ses rapports à l'argent. Mécène, impliqué dans la vie culturelle du Mozambique, aux grands dîners officiels, il préfère largement suivre une troupe de théâtre indienne qui intervient au beau milieu de la rue !
S'il se livre un peu sur son enfance et le départ de sa mère qui l'a laissé avec ses frère et sœur élevés par son seul père, il éclaire de manière très intéressante ses rapports avec son personnage star, Wallander, avec lequel il entretient une relation très particulière et dénuée d'affect.
Les entretiens sont contextualisés et,dans les marges, se glisse un peu du quotidien de Mankell et de ses relations avec les autres.
Un texte passionnant pour les fans de Mankell !
Traduit du danois et du suédois par Anna Gibson, Points Seuil.
06:00 Publié dans Document, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : mankell, kirsten jacobsen
24/09/2015
Stop au harcèlement !
"Mais toutes les formes de harcèlement sont nocives pour la victime, pour leur auteur, et pour ceux qui regardent."
Ce n'est pas parce que le harcèlement a toujours existé , sous des formes parfois différentes de celles d'aujourd'hui, qu'il faut continuer à le considérer comme un mal nécessaire, ce n'est en aucun cas "une étape dans l'apprentissage de la vie, un moment pénible et normal qu'il faut supporter si on veut grandir et s'endurcir."Directement concernée, sa fille s'est suicidée à l'âge de treize ans pour échapper au harcèlement violent dont elle était victime, Nora Fraisse a décidé de composer un vadémécum, pour aider tous ceux qui y sont confrontés en tant qu'élève, parent animateur ou enseignant.
Ponctué de témoignage d'enfants mais aussi d'adultes qui ont été confrontés à ce phénomène autrefois et en sont restés traumatisés,ce guide est très complet, pédagogique ,riche en ressources diverses (sites internet, contacts utiles ...) et utilise un langage accessible à tous.
Il déculpabilise les victimes, sans pour autant stigmatiser les harceleurs. Il n'en reste pas moins que j'ai été choquée quand j'ai découvert l'ampleur de l'utilisation néfaste qui peut être faite du téléphone portable et des réseaux sociaux.
Son petit prix(4,50 euros) le rend volontairement accessible. à lire par tous.
Halte au harcèlement, le guide pour lutter contre la violence à l'école et sur les réseaux sociaux, Nora Fraisse, Calmann-Lévy 2015, 96 pages.
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05/06/2015
Le charme discret de l'intestin
"Nous modifions parfois notre flore intestinale, et parfois, c'est elle qui nous modifie. Nous sommes son climat et ses saisons .Et elle peut nous soigner comme nous empoisonner."
Ce n'est pas la première fois que je m'attelle à la lecture d'un ouvrage documentaire sur l'intestin mais c'est bien la seule fois où j'ai réussi à le terminer et , de surcroit, à regretter qu'il soit déjà fini !
Grâce au style, à la fois imagé et clair, de Giulia Enders, à son enthousiasme contagieux pour un sujet qui visiblement la passionne, on comprend enfin le fonctionnement de cet organe souvent malaimé et considéré comme moins "noble" que le cœur par exemple et on apprend plein d'informations surprenantes le concernant !
Si par hasard nous n’avions pas compris, la technique de la balançoire, par exemple, les illustrations de la sœur de l'auteure sont là pour nous aider.
Le charme discret de l'intestin, Giula Enders, traduit de l'allemand par Isabelel Liber, Actes Sud 2015, 351 pages piquetées de marque-pages.
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11/05/2015
Chiens, chats...pourquoi tant d'amour ?
"Ceux qui vivent avec des animaux s'y attachent comme à des personnes , parce que cet attachement s'impose du fait que nous sommes ce que nous sommes et que les animaux sont qui ils sont. Or, la plupart des recherches s'efforcent de comprendre le fait que des humains s'attachent à des animaux comme s'il s'agissait d'une anomalie.Aucun sociologue ne va enquêter sur les raisons pour lesquelles les gens aiment les enfants !"(Vinciane Despret)
Saviez-vous que des chiens, il y a bien longtemps, avaient été enterrés avec leurs maîtres ? Que la religion catholique, dans sa volonté de contrer la religion polythéiste égyptienne, avait beaucoup œuvré contre les animaux ? Que les chiens avaient le sens de l'humour ? (ça plein de maîtres le savent mais, comme le rappelle fort opportunément Le Telegraph du 11 juin 2004: " Les scientifiques viennent de prouver ce que les propriétaires de chiens savent depuis des siècles : leurs chiens comprennent presque tout ce qu'ils disent.").
Catherine Vincent, journaliste au Monde a interrogé Eric Baratay, professeur d'histoire contemporaine, Claude Béata, vétérinaire comportementaliste et Vinciane Despret, philosophe et éthologue, et leurs entretiens sont passionnants !
On a juste envie d'applaudir aux propos de chacun d'eux et tout particulièrement à ceux, pleins de vie, d'humour et d'empathie de Claude Béata et Vinciane Despret. Des réflexions émaillées d'anecdotes qui parleront forcément aux amis des animaux et , on l'espère aussi, aux autres.
Aucun jargon, de l' enthousiasme à revendre et une lecture qui confortera tous ceux qui, comme moi, sont persuadés que l'animal est sensible et intelligent. Je me suis régalée de bout en bout !
Un grand merci à Vinciane Despret (clic) qui a ,si gentiment et si rapidement ,répondu à ma demande de bibliographie supplémentaire !
Le lien vers l’émission de France inter qui m'a permis de découvrir cet ouvrage paru chez Belin: clic .
PS: ne pas s'arrêter à la couv', pourquoi avoir jugé nécessaire d'ajouter, en coloriant heureusement, des accessoires ridicules à ce bouledogue français ?
06:00 Publié dans Document, Essai | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : eric baratay, claude béata, vinciane despret, catherine vincent
16/03/2015
Et tu n'es pas revenu
"Survivre vous rend insupportables les larmes des autres. On pourrait s'y noyer."
Quand elle est arrêtée, à quinze ans, son père lui dit :"Toi, tu reviendras peut être parce que tu es jeune, moi je ne reviendrais pas."
Cette prophétie s'accomplira . Marceline pourra brièvement ,et au risque de sa vie, revoir son père , envoyé à Auschwitz, tandis qu'elle est déportée à Birkenau et elle recevra un billet de lui. Ce billet, il a disparu dans la tourmente, les mots se sont effacés de sa mémoire mais pas le fait qu'il ait signé de son prénom juif, alors qu'il se voulait français.
Des décennies plus tard, Marceline répond à ce billet, remonte le cours du temps et brosse, à grands traits parfois, des pans de sa vie.
La survie au camp, le retour, la chape de plomb qui pèse sur les survivants, la mère qui veut juste savoir si elle n'a pas été violée et ,par dessus tout, cet amour de la fille pour son père ,font de ce récit tendu comme un arc ,une lecture âpre et nécessaire. Il y a dans ce texte une sourde énergie. Le temps n'a pu balayer les émotions et on sent Marceline Loridan-Ivens à fleur de peau tout au long de ce texte.
Merci Clara .
En avril sortira en DVD" La petite prairie aux bouleaux".
06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : marceline loridan-ivens, judith perrignon
07/03/2015
Nous sommes tous des féministes
Avant même de connaître la signification de ce mot, Chimamanda Ngozi Adichie était une féministe , aux dires de son meilleur ami. C'est l'une des nombreuses anecdotes émaillant cette conférence ,pragmatique ,claire et pleine d'humour,dont nous avons ici une version modifiée.
Voyageant entre Nigeria et États-Unis, l'auteure d'Americanah a de quoi enrichir sa vison de la situation des femmes et établir des points de comparaison entre l'Afrique et le continent américain. Certains aspects apparaîtront peut être évidents, vote simplistes , mais comme elle le souligne elle-même : "Je commets souvent l'erreur de croire que ce qui est évident pour moi l'est aussi pour les autres."
à noter un glissement de sens dans la traduction du titre original : "We shoul all be feminists" (nous devrions tous être féministes), probablement par contamination d'un slogan connu... (traduction Sylvie Schneiter)
Une nouvelle,"Les marieuses", édifiante et reprenant certains des thèmes évoqués dans le roman évoqué ci-dessus, extraite du recueil Autour de ton cou, accompagne et illustre ce texte. On y voit les désillusions successives d'une jeune nigériane qui vient d'accepter un mariage arrangé avec un compatriote et accompagne son "mari tout neuf", futur médecin, aux États-Unis où il réside et veut s'intégrer à tout prix.
Le décalage est rude entre ce qui lui a été vanté comme un parti particulièrement intéressant et valorisant et la réalité prosaïque : "Pas un mot sur les ronflements désagréables, pas un mot sur les maisons qui s'avèrent des maisons handicapées de l’ameublement." Pas de pathos, l'héroïne n'est pas une oie blanche et elle a de la ressource, mais une écriture efficace et pleine de vie.
traduction de Mona de Pracontal.
Nous sommes tous des féministes, Chimamanda Ngozi Adichie, Folio 2 euros. 2015.
06:00 Publié dans Document, Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : chimamanda ngozi adichie
01/12/2014
L'Amérique des écrivains
"Il était chauffeur de taxi et agent littéraire ! C'était un combattant, il pourchassait les voyous dans Central Park. Un jour, il a été agressé par deux types armés d'un calibre 45 et il les a poursuivis ! c'est mon agent ! c'est cet homme qui a continué de soumettre Le Boogie des rêves perdus pendant neuf ans. J'ai eu cent onze refus." James Lee Burke
Un road trip d'un an en camping car avec aux manettes, Pauline Guéna, romancière, Guillaume Binet , photographe ,sans oublier leurs quatre enfants , pour rencontrer vingt écrivains et six écrivaines canadiens ou américains. "A la recherche de l'esprit des lieux".
Un voyage de formation aussi, dont les à côtés (interruptions des proches, inscription dans le quotidien...) apparaissent en filigrane au fil des longs entretiens, très souvent passionnants. On sent que les écrivains apprécient d'avoir en face d'eux quelqu’un du métier,qui comprend les difficultés inhérentes à l'acte d'écrire, même si être écrivain en France et aux États-Unis n'a pas grand chose à voir.
Jane Smiley s'étonne du petit nombre de romancières rencontrées, ce à quoi l’auteure rétorque qu'elles ont été nombreuses à refuser. Situation inverse pour Paul Auster qui a décliné l’invitation tandis que son épouse, Siri Hustvedt acceptait. Répondant à une question sur les liens entre maternité et création, cette dernière a d'ailleurs affirmé : "Lorsque ma fille est partie à l’université, une chambre émotionnelle s'est ouverte en moi. il n'y a aucun doute là-dessus. Il ne s'agit pas d'heures libres supplémentaires, mais d'un espace émotionnel. Pour être juste, je pense que c'est aussi vrai pour les pères , du moins ceux qui se sont beaucoup impliqués avec leurs enfants." De son côté, Laura Kasischke, romancière, poétesse, mère de famille et enseignante à l'université, classe ainsi ses priorités : " ma famille, mon travail*, mes poules, et enfin l'écriture"...
à la première lecture, j'ai privilégié les entretiens, en commençant par les écrivaines (on ne se refait pas), enchaînant avec les auteurs que je connaissais déjà et terminant avec ceux que j'ai découverts et, à chaque fois, j'ai appris plein d'infos qui m'ont évidemment envie donné de (re) lire , aidée en cela par une bibliographie très complète.
Il me reste à découvrir maintenant l'aspect iconographique de l'ouvrage en notant au passage que les fans de David Vann seront un peu déçus: si l'auteur a consacré un long entretien (diatribe vindicative et enflammée par moments), il n'a fourni qu'une photo d'enfance ,mais très révélatrice par ailleurs. un ouvrage enthousiasmant qui m'a fait retrouver le chemin de la lecture !
Un pavé coûtant 35 euros mais qui les vaut bien, à indiquer au Père Noël ?
06:02 Publié dans Document, Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : pauline guéna, guillaume binet écrivains américains
L'Amérique des écrivains /sommaire
Gilles Archambault Siri Hustvedt
Margaret Atwood Laura Kasischke
Russell Banks William Kennedy
John Biguenet Dennis Lehanne
Joseph Boyden Thomas Mc Guane
T.C. Boyle Dinaw Mengestu
James Lee Burke George Pelecanos
Craig Davidson Ron Rash
Patrick deWitt Joanna Scott
Jennifer Egan Jane Smiley
Richard Ford David Vann
James Frey John Edgar Wideman
Ernest J. Gaines Martin Winckler (installé au Québec depuis plusieurs années )
Sans compter tous les auteurs cités par les écrivains, le plus imagé étant Winckler qui n'hésite pas à affirmer : "Vous avec lu Le temps n'est rien ? Il faut le lire, c'est un merveilleux roman, je voudrais tuer cette femme, Audrey Niffenneger de l'avoir écrit. c'est l'histoire d'un voyageur involontaire."
05:55 Publié dans Document, Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : pauline guéna
15/08/2014
Un monde sans moustiques ni cafards est-il possible ?
"Pisseuse, tsé-tsé, de l'olive, des pluies, ou tout simplement domestiques, les mouches agacent, nuisent et parfois effrayent."
Si, comme moi, les moustiques vous ont, de la tête aux pieds, généreusement accordé plein d'étoiles et vous manifestent une affection sans pareille, la question posée par Denis Bourguet et Thomas Guillemaud dans cet opuscule de la collection Les Petites Pommes du savoir ne vous laissera pas indifférent.
Si nous cherchons à protéger les insectes qui nous sont utiles, nous voulons, au contraire, éliminer, radicalement ou pas, ceux que nous jugeons, à tort ou à raison nuisibles et ce avec des moyens variés, mais jamais sans conséquences . Les auteurs donnent des exemples précis et évoquent de manière la guerre que nous menons depuis longtemps contre les insectes jugés nuisibles. Le vainqueur n'est d'ailleurs pas forcément celui auquel on s'attend, les insectes ayant une grande capacité d'adaptation !
Parfaitement structuré, avec des textes explicatifs et argumentatifs clairs (glossaire et bibliographie à l'appui), en principe destiné aux enfants (mais pas que) ce document expose de manière limpide et nuancée nos trois types de relations aux insectes et les conséquences qui en découlent.
Une belle réflexion, nuancée, et pleine d'informations ,qui nous permet d'envisager les moustiques d'un autre œil...
57pages, à glisser dans la poche sans hésitation !
Pour la route, un t'ite chanson.
De rien.
06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : denis bourguet, thomas guillebaud