30/05/2025
#Petitephilosophiedelasieste #NetGalleyFrance !
" La société moderne se moque de ces préceptes. Elle a fait tomber les murs d’Épicure . Elle se gave de faux besoins et redoute le temps mort, le vide. "
En une série de courts chapitres, l'auteur aborde le thème de la sieste de multiples façons (scientifique, politique, philosophique...) pour souligner sa nécessité urgente dans notre monde moderne.
L'écriture est fluide, parfois espiègle (quand l'auteur souligne , par exemple, la nécessité de la sieste pour que les parents de jeunes enfants puissent souffler un peu...) et la fin, un peu abrupte, nous prend de court.
Il ne reste plus qu'à espérer que les pratiquants de la sieste sur les lieux de travail n'aient plus à se cacher car, loin d'être synonyme de paresse, la sieste permet en fait de renouveler la force de travail.
Editions de la Martinière 2025.
06:00 Publié dans Essai | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : sebastien spitzer
13/05/2025
Les dessous de la culotte
Ce sous-vêtement que nous enfilons machinalement, il aura fallu attendre 1920 pour qu'un "produit commode, mais tout de même infantilisant et bien éloigné des charmes féminins" , à savoir la culotte "Petit Bateau" soit enfin mis à la disposition des femmes.
Auparavant, entre l'absence totale de sous-vêtements, et l'utilisation détournée de vêtements masculins, entrainant moqueries voire harcèlement, les femmes auront bien galéré pour préserver à la fois leur pudeur, leur vertu et leur santé. C'est que nous rappellent ici les autrices de ce document à la fois documenté et très plaisant à lire, alternant anecdotes , informations historiques et contemporaines.
Elles soulignent ainsi des initiatives mises en place pour lutter contre la précarité menstruelle (bien des jeunes filles , même dans les pays riches, ne se redent pas en cours, faute de pouvoir s'acheter des protections hygiéniques) , ou les innovations de créatrices pour des dessous inclusifs.
Un livre richement illustré qui fait rimer histoire et féminisme avec beaucoup de bonne humeur.
Merci à l'éditeur , Les Insolentes, et à Babelio.
06:00 Publié dans Document, Essai | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : laetitia gillard, eloïse gillard
02/05/2025
#Commeunhamsteràlunettes #NetGalleyFrance !
Précision importante: la collection "Bestial" accueille des auteur.e.s d'origines très différentes qui envisagent leur rapport à l'animal. C'est donc plus pour le hamster que pour l'autrice, actrice, vidéaste Web, chroniqueuse, scénariste, réalisatrice et militante féministe française, que je ne connaissais absolument pas, question de génération sans doute, que j'ai choisi cet ouvrage.
"En sortant de l'enfance, je me mets à haïr la fragilité, la douceur, la délicatesse, la sensibilité. Ces qualités que je cherchais et qui ne m'ont protégée de rien ni de personne. J'anesthésie à la demande les paries de moi qui ont le cuir fin, pour fabriquer tout autour de moi une enveloppe aux griffes acérées. "
Depuis l'enfance, l'autrice s'est identifiée au hamster "pauvre petit animal en cage" , symbole de douceur, totalement inadapté dans un monde qu'elle ressent comme agressif, que ce soit chez elle (avec sa sœur qui la maltraite), à l'école, ou plus tard dans le monde du travail.
Elle s'est d'abord étonnée puis a constaté: "C'est donc à moi de comprendre la violence du monde envers moi. Le monde, lui ,n'essayera jamais de comprendre sa violence envers les choses plus petites ou plus fragile. Comme si la puissance cachée derrière la douceur faisait terriblement peur à cette humanité. "
Elle nous relate donc dans un premier temps "la complainte rouillée de ce narratif" avant de constater qu'elle fait partie d'une génération "paradoxale" : "on ne veut pas ce qu'ont eu nos parents, sans pour autant être prêtes à abandonner notre romantisme." et de prôner la sororité.
Une vision intéressante, qui interroge sur nos relation aux autres.
Merci aux Editions Lattès et à Netgalley.
06:00 Publié dans Essai, Récit de vie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : marion séclin
12/04/2025
#MonvrainomestElisabeth #NetGalleyFrance !
" Est-ce cela, le sentiment d'une dette de mémoire? Suis-je la seule à l'entendre, ce cri qui me déchire les tympans alors que je remonte les allées encombrées, pressée entre les rangées d'étagères ? "
Parce qu'elle a peur de devenir folle, l'autrice, chercheuse en études cinématographiques, décide de mener l'enquête sur son arrière grand-mère, Élisabeth, dite Betsy, diagnostiquée schizophrène dans les années 1950.
Les langues ont du mal à se délier, certains membres de sa famille refuseront carrément de s'exprimer, tout en l'encourageant à poursuivre son enquête, mais affirmant ne rien vouloir en savoir...
Le parti pris d'Adèle Yon est de nous relater avec précision ses découvertes, ses échecs et de nous brosser un portrait nuancé et varié suivant les points de de cette femme, trop libre pour son époque, qui a eu le malheur d'épouser quelqu'un qui aspirait à la sainteté (rien que ça) mais ne s'est pas privé de profiter de la vie tandis que son épouse était enfermée et subissait une lobotomie.
Les lettres d'Elisabeth sont particulièrement émouvantes et d'un certaine manière, annoncent la tragédie en marche.
Mais il n'est pas question que d'émotion car Adèle Yon analyse avec acuité la manière dont la psychiatrie à cette époque, bras armé du patriarcat, entend tout à la fois contenir le corps et l'esprit des femmes car "La lobotomie, comme les opérations sur la sphère génitale avant elle, n'est que la traduction médicale d'une violence sociale et institutionnelle déjà à l’œuvre, par laquelle une partie de la population s'arroge légalement des droits sur le corps d'individus considérés comme inférieurs." J'ai aussitôt pensé à Rosemary Kennedy, sujette à des sautes d'humeur et qu'une lobotomie laissa handicapée mentale pour le restant de ses jours.
Un roman-enquête qui suscite la colère (comment ne pas comprendre celle d' Élisabeth? ), aux grandes qualités littéraires.
Merci aux Editions du Sous-Sol et à Netgalley.
07:00 Publié dans Essai, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : adèle yon
11/04/2025
#LaViecontinuéedeNellyArcan #NetGalleyFrance !
"Elle est, avec un génération d'avance, l'enfant pointant du doigt le souverain pour déclarer "le roi est nu". "
Nelly Arcan, née Isabelle Fortier, était encore il y a peu rangée au rayon "sociologie" (Canada) , au mieux qualifiée d'""autrice de la sexualité", ou réduite à son statut de phénomène médiatique".
Difficile en effet de ranger dans une case cette femme dérangeante qui ,dans son premier texte, Putain, relate son expérience, librement choisie, d'escort , quand elle était étudiante.
Il aura fallu une dizaine d'années pour que son statut d'écrivaine soit reconnu et qu'en France, Pomme lui consacre une chanson et que Louise Chennevière mette en parallèle son destin avec celui de Britney Spears dans un roman pour que son nom parvienne à mes oreilles.
Johanne Rigoulot,dans ce texte part sur les traces de Nelly Arcand, pointant du doigt les contradictions, les failles de cette femme qui avait besoin de visibilité et qui se faisait malmener à la télévision par les machos de service, des deux côtés de l'Atlantique. Trop souvent ramenée à son physique de Barbie, on omettait de souligner la puissance de son écriture, dont un extrait de Putain suffit à nous convaincre.
L'autrice établit aussi des comparaisons entre son propre parcours et celui de Nelly, conférant ainsi une portée plus large ses destins empêchés de femmes. L’écriture est magnifique et j'ai souligné à tour de bras de nombreux passages. Il ne me reste plus qu'à entamer la lecture de Putain.
Les Avrils 2025
Merci à l'éditeur et à Netgalley.
06:00 Publié dans Essai, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : johanne rigoulot
13/09/2024
#Cicatrices #NetGalleyFrance !
"Les cicatrices sont les hauts lieux cutanés de notre sentiment d'identité et de la reconnaissance de notre personne par les autres . Mais le corps est une géographie changeante. Les transformations induites par les avancées de l'âge se conjuguent à celles décidées par l'individu à l'image des tatouages, des implants ou des interventions de chirurgie ou de dermatologie esthétiques. S'y ajoutent les souvenirs cutanés laissés par les rebuffades de l'environnement ou les heurts brutaux avec les autres. "
De la première cicatrice (notre nombril), en passant par celles qui sont les traces d'événements, sans oublier les rituelles , celles qui sont signes d'infamie ou celles liées à l'art, David Le Breton explore avec acuité le lien qu'elles entretiennent avec notre peau mais aussi et surtout avec nous-mêmes.
S'y ajoutent les scarifications adolescentes, signes de malaise profond qui permettent de "crier par corps", tout comme les blessures carcérales, seules possibilités d'agir quand on n'a plus d'autres possibilités.
Les blessures des réfugiés, quant à elle, témoignent des tortures et des souffrances subies et permettront ou pas de justifier la nécessité de l'asile.
Une place particulière est faite pour les cicatrices sur le visage, particulièrement impossibles à dissimuler et qui impactent fortement les identités.
Le sociologue termine par ce qu'il appelle les "Corps de résistance, corps d'amazone", celui des femmes ayant souffert d'un cancer du sein, et par les inscriptions délibérées sur le corps, dans des officines qui leur sont dédiées, aux États-Unis.
Vous le voyez un panorama exhaustif , extrêmement intéressant et finement analysé, d'autant que le style de David Le Breton est très imagé et agréable à lire , même si la description de certaines pratiques peut être éprouvante. A recommander chaudement.
Éditions Métailié 2024.
06:00 Publié dans Essai, Rentrée Littéraire 2024 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : david le breton
14/08/2024
Les dessous lesbiens de la chanson...en poche
"Les chansons sont parfois bien utiles pour montrer ce que les yeux ne sauraient voir."
Qu'elles soient ouvertement des hymnes saphiques" comme "Ouvre" de Suzy Solidor (chanson dont les deux derniers couplets ont été censurés par sa maison de disques ), qu'elles avancent masquées (évoquant des thèmes qui parlent seulement aux initiées, la couleur mauve par exemple) ou laissent libre court à l'interprétation de l'ambiguïté d'un pronom ou d'une situation, les chansons véhiculent la réalité parfois cachée, parfois opprimée de l’homosexualité féminine.Classés en quatre grandes parties, ces textes sont analysés tour à tour dans leur individualité, faisant aussi la part belle à la personnalité de leurs interprètes ou de leurs auteurs ou autrices.
C'est ainsi que l'on croise sans surprise Marie-Paule Belle ou Hoshi, mais aussi Anne Sylvestre, Isabelle Mayereau ou Vanessa Paradis dont le fameux Joe le Taxi était en fait une femme liée au monde la nuit lesbienne. Plus surprenant encore, j'ai appris que "Comme un Ouragan " de Stéphanie de Monaco avait été annexé comme "hymne lesbien".
Mais cet ouvrage présente également le grand mérite de mettre en avant de grandes figures du passé, des éclaireuses, des frondeuses qui ont chanté aussi bien la naissance de l'amour que le coule lesbien âgé, comme Pauline Julien avec "Les deux vieilles" (paroles de Clémence Desrochers).
Les dessins, tout en délicatesse et en finesse de Julie Feydel accompagnent ce panorama exhaustif et diablement intéressant dont la bande son est accessible via un QR code. Une magnifique découverte !
06:00 Publié dans Essai, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pauline paris, léa lootgieter
29/02/2024
Qui a peur des vieilles ?/ essai sur l'invisibilisation des femmes ...en poche
" Si elles restent sous-représentées dans l'art, les femmes mûres y montent en puissance depuis quelques décennies. Elles sont les pionnières. Les vibrionnantes. Plusieurs d'entre elles montrent que la vieillesse n'est pas le naufrage dont parlait de Gaulle. Qu'elle peut aussi être indocile, déraisonnable, se muer en espace de réflexion sur la société. En bulle de subversion et de révolte: une liberté dans et par l'acte de créer. "
S'il n'est guère original pour qui a déjà lu par exemple Vieille peau de Fiona Schmidt,clic,l'essai de Marie Charrel permet néanmoins de balayer un large éventail de domaines concernant les vieilles femmes et de refaire des piqûres de rappel dans certains domaines. Ainsi souligne-t-elle très justement l'importance économique que représente l'industrie des cosmétiques : "Selon Cosmétique Mag, les soins antirides pesaient 162 millions d'euros en 2017 en France (dont 9, 4 million pour le bio) et les soins du visage au sens large, 274 10 millions d'euros. "
Quand on sait que seules les bonnes crèmes hydratantes sont vraiment efficaces et que les visages des actrices peuvent être retouchés numériquement...Il y a là de quoi faire de sérieuses économies.
Un essai plaisant à lire malgré tout.
06:00 Publié dans Essai, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : marie charrel
16/01/2024
Courir l'escargot
"85 % des escargots font moins de cinq millimètres de diamètre. En automne, dans la forêt,en soulevant n'importe quelle brassée de feuilles mortes, on prend dans ses mains sans le savoir des centaines d'escargots minuscules. "
Lauren Bastide a fait tatouer sur son avant-bras droit, en majuscules, "RALENTIS".Il est donc normal qu'elle se penche sur le cas de l'escargot, ce champion de lenteur, de repli et de résilience car elle affirme: "En écrivant sur l'escargot, je voulais écrire sur la lenteur, l'étrangeté, sur la solitude et la mort, sur l'hibernation et l'estivation. Estiver, c'est comme hiberner, sauf que c'est l'été. "
Sous forme de courts paragraphes, au début de ce journal poétique , se croisent donc souvenirs traumatiques , informations sur l'escargot, bribes de vie quotidienne où j'ai déniché un paragraphe savoureux et très pertinent sur le beagle.
C'est un peu déroutant ,mais on s'habitue vite et peu à peu l'écriture prend de l'ampleur et on se surprend à ne plus lâcher ce texte pudique et sensible où l'on croise aussi à plusieurs reprises un rouge-gorge.
Éditions JC Lattès 2024.
Les escargots, on les retrouve aussi au cœur de ce roman surprenant : clic
06:00 Publié dans Essai | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : lauren bastide
07/01/2024
Comment jouir de la lecture ?
"Moi, Lectrice, qu'est-ce que je ressens, et quel endroits du texte créent ce ressenti?
La jouissance est là, entre Texte et moi. "
Partant de l'idée que "les plaisirs sexuels que nous croyons naturels, immédiats et personnels, sont en réalité construits, conditionnés et culturels", Clémentine Beauvais élargit cette notion aux plaisirs engendrés par la lecture qu'il faut apprendre à élargir par une éducation au ressenti.
Elle commence par distinguer deux catégories établies par la société: le discours qui hiérarchise les livres (ceux qu'il faut avoir lus, "il n'appartient qu'à nous de nous hisser à leur hauteur") et celui, plus progressiste en apparence qui prône n'importe quelle lecture, l’important étant de lire.
Soulignant les limites de cette division, elle rappelle la difficulté de parler des textes qui nous ont plu et dresse une liste non exhaustive des plaisirs suscités par les textes: du délice addictif , aux enchantements rebelles, en passant par l'orgie de relectures, le tout émaillé de citations et de références. En tout une vingtaine de jouissances possibles, susceptibles d'évoluer au fil du temps pour un même lecteur.
Elle aborde enfin la dimension politique de ces plaisirs de lecture et la nécessité de les analyser. Un texte revigorant.
Alt 2024. 3 euros 50
06:00 Publié dans Essai, l'étagère des indispensables | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : clémentine beauvais