29/01/2020
Psychologie de la connerie...en poche
Cet essai sur la connerie, sous des dehors en apparence légers, investit des champs tout à fait différents et passionnants, allant de l'école, l'entreprise, la politique à plus étonnant : nos rapports aux animaux.
La connerie est partout, mais, c'est bien connu, nous pouvons tous être le connard de quelqu'un d'autre, mais seuls les vrais cons ne veulent pas s'en rendre compte car la connerie est en effet liée au narcissisme exacerbé.
Comment faire face aux cons ? De nombreux auteurs semblent quelque peu découragés devant l'ampleur du phénomène, accentué et amplifié par les réseaux sociaux.
Mais quelques uns nous offrent des solutions : la culture, la création voire même des cas concrets déjà appliqués par des compagnies aériennes ou des hôpitaux,et qui ont porté leurs fruits.
Un panorama éclectique et riche qui confirme ce qu' Audiard affirmait déjà : "Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît."
06:00 Publié dans Essai, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jean-françois marmion
02/12/2019
Notes à usage personnel
"J'ai peur d'être cette femme qui dérange. Et peur de ne pas déranger assez.
J'ai peur. Mais je le fais quand même."
Dans ces Notes à usage personnel, Emilie Pine évoque d'abord les souvenirs qu'elle a gardé d'une crise familiale: celle où son père, volontairement exilé en Grèce, a failli mourir à cause de son addiction à l'alcool.En filigrane, elle dépeint le portrait d'un homme, écrivain, autocentré et bien peu concerné semble-t-il par ses filles. Avec franchise, courage, c'est aussi le dialogue entre un père et sa fille, en perpétuelle évolution, avec ses hauts et ses bas ,qui se donne aussi à lire et l'essentiel est qu'il continue.
Dans les cinq autres essais, Emilie Pine va encore au plus près de son intimité puisqu'elle évoque tour à tour son infertilité (alors que sa sœur est enceinte), son sentiment de solitude quand ses parents sont séparés dans une Irlande qui n'autorisait pas encore le divorce, son anorexie et de manière plus générale son rapport difficile à la douleur et au corps , les violences faites au femmes, son addiction au travail et la dépression.
Féministe, elle l'est mais ce n'est pas pour autant facile de d’admettre, même a posteriori ,qu'elle a été violée, tant la question du consentement était alors biaisée, et le reste encore trop souvent. Ce n'est pas non plus facile de lutter contre le sexisme ambiant , même quand, comme elle, on occupe un poste de professeure de théâtre contemporain au sein d'une université.
Un parcours poignant, au plus près du corps et des émotions, sans fards qui bouleverse m,ais donne aussi à réfléchir. On se réjouit que l'auteure, à qui son père avait fait promettre quand elle était enfant, de ne pas écrire , n'ait pas respecté cette promesse.
Traduit de l'anglais (Irlande) par Marguerite Capelle. Delcourt 2019, 188 pages puissantes.
06:00 Publié dans Essai | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : emilie pine, irlande, femmes
22/11/2019
Les sorcières de la littérature
"Angela arrose ses rosiers lorsqu'une poupée vêtue d'une houppelande écarlate fait irruption dans son jardin. Encore une, c’est pas vrai ! Angela lève les yeux au ciel. elle saisit on poignard et frappe la poupée en plein cœur." (extrait de la présentation d'Angela Carter)
Ouvrez vite ce grimoire qui dévoile la magie de 30 femmes écrivaines, poétesses minimalistes ou incandescentes, autrices de science-fiction, de fictions horrifiques, d'hier ou d'aujourd'hui.
Venues des quatre coins du monde, connues ou non, injustement oubliées ou pas, il convient de se précipiter sur ce livre pour célébrer leur force créatrice, leur volonté de briser les carcans de la société, par le truchement de leurs mots.
Une définition vigoureuse les présente en quelques mots, dégageant les thèmes de leurs œuvres. Ainsi de Sylvia Plath : Furie de la maternité, du mariage et de la lune ; formules tour à tour évocatrices et énigmatiques qui donnent envie de découvrir les autrices qui nous sont encore inconnues : Sibylle aux multiples visages , aux ovules célestes et aux fantasmes tordus (Yumiko Kurahashi).
Taisia Kitaiskaia se charge ensuite de présenter la biographie de chacune d'entre elles et de nous livrer une liste de lectures recommandées (de quoi faire grandir nos Piles à Lire...), textes que Katy Horan illustre d'un portrait en couleur de chacune de ces sorcières de la littérature. Une préface de Chloé Delaume complète le tout.
Voilà donc tous les ingrédients d'un livre enthousiasmant qui file directement sur l'étagère des indispensables et qui devrait se trouver au pied de chaque sapin de sorcière .
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Cécile Roche, Autrement 2019
06:00 Publié dans Essai, l'étagère des indispensables | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : taisia kitaiskaia, katy horan, chloé delaume, cécile roche
11/09/2019
Libérées ! Le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale...en poche
"On tire du ménage une sensation de contrôle et de pouvoir rarement égalée dans la mesure où il est aussi un défi au temps."
Partant de son expérience personnelle, s'appuyant aussi sur de nombreuses études, Titiou Lecocq analyse finement et , avec son humour habituel, l'inégalité de la répartitions des tâches ménagères au sein d'un couple et plus particulièrement d'un couple avec enfants. car c'est souvent à ce moment- là que la situation dérape.
Rappelant les racines du problème, l'éducation principalement, l'autrice pointe aussi du doigt les motivations psychologiques plus difficilement avouables ainsi que les différences dans la manière dont hommes et femmes se répartissent cette fameuse charge mentale.
Les "torts" sont partagés, pas de miracle préconisé pour régler le problème, mais une manière saine et enjouée d'envisager la situation. De quoi repartir sur de bonnes bases ?
06:00 Publié dans Essai, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : titiou lecoq
15/05/2019
Je me promets d'éclatantes revanches
" C'est une des raisons pour lesquelles l'écriture de Charlotte Delbo dérange :par sa grâce, elle peut refuser de vivre en victime."
C'est par Marie-José Chombart de Lauwe, ancienne résistante et déportée à Ravensbrück, lors de la préparation de ce qu'elle n'ose pas encore appeler son roman (Kinderzimmer) que Valentine Goby découvre la vie et l’œuvre de Charlotte Delbo.
Survivante d'Auschwitz-Birkenau, Charlotte Delbo amoureuse, résistante et déportée ne connaît pas une grande notoriété de nos jours. Valentine Goby, fascinée par la puissance de cette écriture poétique s'interroge sur les raisons de cette situation et nous livre ici un bel exercice d'admiration.
Une magnifique manière de célébrer la puissance des mots.
06:05 Publié dans Essai, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : valentine goby
08/04/2019
#LaFemmeMystifiée #NetGalleyFrance
"Souvent, il suffit qu'une femme ait commencé à percer à jour les duperies de la mystique de la femme, qu'elle ait compris que ni son mari , ni ses enfants, ni tout le confort, ni la vie sexuelle, ni le fait d'être comme les autres femmes ne lui permettront d'être elle-même pour trouver la solution bien plus aisément qu'elle n'osait l'espérer."
Voilà longtemps que j'avais envie de lire ce classique de la littérature féministe, ce pavé de 560 pages, extrêmement documenté, nourri de témoignages variés, qui analyse avec méthode la manière dont les femmes, après la Seconde Guerre Mondiale, aux États-Unis (mais, on a envie d'ajouter, pas que dans ce pays), ont été plus ou moins insidieusement incitées à abréger leurs études pour ne plus croire qu'aux valeurs familiales.
Se marier jeune, faire des enfants, et seconder leur époux, tel était l'unique horizon que la culture patriarcale, via les magazines féminins, mais aussi les sociologues, psychanalystes et autres spécialistes parfois autoproclamés, réservaient aux femmes, faisant fi de leur intelligence .
Évidemment, cette situation ne pouvait générer que des frustrations, se manifestant par un mal être diffus.
Paru pour la première fois en France en 1964 et traduit par celle qui allait devenir ministre, Yvette Roudy, La femme mystifiée permet d'évaluer le chemin parcouru mais aussi, tout ce qui reste encore à faire pour dégager la femme des stéréotypes dans laquelle on veut toujours l’enfermer.
Belfond 2019
06:00 Publié dans Essai | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : betty friedan, yvette roudy
18/03/2019
Cours petite fille !#METOO#TIMESUP#NOSHAMEFIST
Sous la direction de Samuel Lequette et Delphine Le Vergos, une trentaine de femmes et deux hommes seulement (faute de chercheurs dans le domaine du féminisme...) font le point sur le mouvement de protestation féminine déclenché par" l'affaire Weinstein", tout en l'inscrivant dans le passé des luttes féministes précédentes.
Ce qui est extrêmement intéressant dans cet ouvrage c'est que s'y côtoient aussi bien des textes écrits par des chercheuses, des juristes , sociologues, artistes, une poétesse, une historienne ou des écrivaines ,de nationalités différentes.
Dûment argumentés, denses, ces textes s'ouvrent par le témoignage très fort d'Asia Argento, victime tout à la fois du triste sire à l'origine du scandale, et de l'opprobre générée par son témoignage. Il se clôt par un texte raisonnablement optimiste de Maîa Mazaurette, qui table sur la ténacité du combat des femmes, mais j'aurais plutôt tendance à estimer, comme Michelle Perrot que , comme le prouve l'Histoire, chaque avancée du droit des femmes est suivie d'une offensive réactionnaire. Il n'en reste pas moins que cette prise de parole est un acte collectif d'émancipation puissant.
Éditions Des femmes 2019
Merci à l'éditeur et à Babelio
06:00 Publié dans Essai | Lien permanent | Commentaires (5)
29/01/2019
Psychologie de la connerie
Cet essai sur la connerie, sous des dehors en apparence légers, investit des champs tout à fait différents et passionnants, allant de l'école, l'entreprise, la politique à plus étonnant : nos rapports aux animaux.
La connerie est partout, mais, c'est bien connu, nous pouvons tous être le connard de quelqu'un d'autre, mais seuls les vrais cons ne veulent pas s'en rendre compte car la connerie est en effet liée au narcissisme exacerbé.
Comment faire face aux cons ? De nombreux auteurs semblent quelque peu découragés devant l'ampleur du phénomène, accentué et amplifié par les réseaux sociaux.
Mais quelques uns nous offrent des solutions : la culture, la création voire même des cas concrets déjà appliqués par des compagnies aériennes ou des hôpitaux,et qui ont porté leurs fruits.
Un panorama éclectique et riche qui confirme ce qu' Audiard affirmait déjà : "Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît."
06:00 Publié dans Essai | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : jean-françois marmion
20/03/2018
Maudits mots
"Comment s'y prend-on pour faire mouche ? Il s'agit, toujours et partout, de mettre l'accent sur une différence, fut-elle fantasmatique, et d'en faire un stigmate."
Dans son introduction, la linguiste et sémiologue Marie Treps, souligne le fait que maintenant en France les propos xénophobes sont punis par la loi mais que , néanmoins, des précautions langagières , des stratégies d'évitement (insinuations, périphrases, euphémismes...) permettent à ceux tenant des propos racistes d'échapper aux sanctions.
Elle a donc décidé de faire un état des lieux, inscrivant notre rapport à l'Autre dans la continuité historique, rappelant ainsi que des raisons politiques ou économiques (traites négrières, colonisations ...) sont à l'origine de ces appellations. Ses propos sont étayés par une brassée d’exemples tirés de textes aussi bien anciens que contemporains.
Par chapitres plus ou moins gros, suivant l’importance du corpus, de "Allemands " à "Polonais et Russes", elle scrute ainsi ces Maudits mots, avant que d'envisager dans son tout dernier chapitre "Retours de bâton" , la juste conséquence, à savoir les insultes dont nous bénéficions à notre tour, de "gaulois"à "fesse de craie" !
On sort de cet ouvrage très riche un peu nauséeux devant tant d'irrespect et de manque d'humanité. Un indispensable !
Merci aux Éditions Tohubohu et à Babelio.
06:00 Publié dans Essai, l'amour des mots, l'étagère des indispensables | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : marie treps
19/03/2018
Je ne sais pas quoi faire des gentils blancs
Regroupant des articles parus dans différentes revues, Je ne sais pas quoi faire des gentils Blancs revient sur les fondements du racisme aux États-Unis et souligne, par exemple, la différence de traitement par les médias d'un terroriste Blanc ou d'un agresseur (ou considéré comme tel ) Noir.
L'autrice revient plusieurs fois sur les types de violence commis sur les Noirs, hommes ou femmes, s'appuyant aussi bien sur des exemples concrets la touchant elle ou sa famille que sur des auteurs qui ont nourri son analyse.
Elle rappelle ainsi que Toni Morrison a dit qu"'il n'y a pas de mémorial approprié, de plaque, de couronne ou de petit banc au bord de la route " pour honorer la mémoire des esclaves. Ce qu'un pays décide de commémorer ou d'oublier n'est jamais un choix objectif ou apolitique."
Le recueil se termine par un constat plutôt amer mais à la conclusion néanmoins résolument optimiste par un article intitulé: "Je pensais que ce serait plus facile pour toi", une mère, une fille et le racisme en Amérique aujourd’hui .
Par l'autrice du Cœur Battant de nos mères clic.
Autrement 2018, traduit par Jean Esch, 108 pages.
06:00 Publié dans Essai | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : brit bennett