28/01/2014
L'écriture et la vie
"Écrire, c'est plonger en soi, oui, mais tout en plongeant, faire éclater ce moi, repousser ses propres frontières pour accéder à un espace plus grand. Écrire, c'est faire se rejoindre l'intérieur et l'extérieur, le moi et les autres."
Parce qu'elle éprouve une "impression terrible de fausseté", qu'elle ne parvient plus à trouver "les mots vrais", pendant vingt et un mois Laurence Tardieu a perdu le chemin de l'écriture. L'écriture et la vie est le journal de cette quête de lumière.
Laurence Tardieu, avec intensité, avec précision, revient aussi sur son roman précédent, La confusion des peines,(où elle faisait éclater 10 ans de silence après la condamnation de son père pour corruption) en soulignant la violence mais aussi la nécessité. Dans les deux textes, on retrouve cette même exigence de vérité pour se tenir debout et sortir du silence ou de la nuit. L'auteure traque sans relâche les mots vrais, analyse avec précision, explore avec ténacité ses liens avec l'écriture et avec la vie. Cette recherche est toujours fluide, jamais laborieuse.
On sort de cette bataille un peu sonné mais aussi revigoré et l'on attend avec impatience le prochain écrit de Laurence Tardieu.
Comment rendre compte d'un texte d'une centaine de pages dont presque toutes sont hérissées d'un marque-page ?
Éditions des Busclats 2013
06:04 Publié dans Autobiographie, Essai, l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : laurence tardieu
19/09/2013
Petit éloge des brunes
"Dans la teinte des cheveux se joue le passé d'une nation."
Petit éloge des brunes combine deux de mes péchés mignons: le genre de l'éloge et l'abécédaire. Elsa Marpeau nous fait bénéficier de sa solide culture générale , qui la fait fréquenter aussi bien la Bibliothèque Nationale de France que tourner les pages de Voici. Mais ce grand écart s'effectue pour la bonne cause car c'est dans les pages des magazines people que l'on déniche les Brunes contemporaines et celles à qui elles servent souvent de faire-valoir, les Blondes.
Quelques redites sur les stéréotypes qui ont traversé les siècles (du fait de la structure de l'abécédaire, sans doute) mais une mine d'informations et de réflexions sur les stéréotypes liés aux Brunes. Saviez-vous par exemple que "l'inégalable Betty Boop" est apparue sur les écrans "d'abord sous les traits d'un chien" avant de se muer en pin-up ?
Plein de références dans de nombreux domaines artistiques et une seule absence : celle de la chanson interprétée par Lio: "Les Brunes comptent pas pour des prunes". Une référence trop évidente ou trop triviale peut être.
Un petit plaisir à s'offrir pour deux euros, quelle que soit sa couleur de cheveux, bien sûr.
Ps: l'auteure est évidemment une très jolie Brune.
06:00 Publié dans Essai, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : elsa marpeau
29/09/2012
Petit éloge des séries télé
"J'avancerai, par analogie , que les séries ont la même fonction de préparation et de réparation que les films et les romans, mais plus proche de notre manière de vivre : par la durée et le rythme, en décrivant des vies tout en ayant le loisir de retourner sur des événements passés comme nous le faisons nous-mêmes, chaque jour, en pensée ou en paroles. Au lieu de procéder par brèves explosions d'émotions comme dans les films, ou lente déambulation dans les mots, comme les romans, les séries procèdent par bouffées régulières, intermittentes et répétées; nous avons le temps, entre deux épisodes, de réfléchir à ce qui s'est dit et de nous préparer à ce qui va se dire.
Dans cette perspective, les séries dramatiques m'apparaissent comme l'équivalent des "expériences de pensée" des philosophes qui, pour examiner les dilemmes moraux , inventent des situations fictives assorties de choix déchirants"
Un petit éloge très réussi où Martin Winckler nous transmet son amour et sa grande connaissance des séries télé. Une mine où piocher , soit pour raviver des souvenirs, soit pour découvrir des séries inconnues !
06:00 Publié dans Essai, Extraits, rentrée 2012 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : martin wincler, petit éloge
22/05/2012
Au coeur des maisons
"Si rentrer à la maison est revenir à soi, quand pourrons-nous prendre possession de notre espace si nous ne nous sommes pas débarrassés des choses qui nous font mal ? "
Toujours en quête de la demeure idéale, la psychanalyste italienne Donatella Caprioglio nous convie à la suivre, au fil de ses rencontres et des espaces qu'elle a habités à une réflexion/méditation sur ces lieux qui disent tant de nous.
Dans des textes courts, à l'écriture lumineuse et poétique, l'auteure analyse ,sans jamais jargonner, les relations que nous entretenons avec nos maisons. Elle se tient au plus près des émotions et n'hésite pas à nous faire partager sa propre expérience. Un livre qu'on s'empresse de cosnteller de marque-page et qu'on conservera à portée de main pour y revenir régulièrement.
Sur l'étagère des indispensables, bien sûr.
276 pages envoûtantes.
Au coeur des maisons, Donatella Caprioglio, traduit d el'italien par Sibylle Tibertelli, Fayard 2012.
06:00 Publié dans Essai | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : donatella caprioglio