22/04/2014
Miscellanées à l'usage des gens heureux (ou désirant le devenir)
"Plus une personne participe à des activités culturelles, plus elle est heureuse."*
Il y a neuf ans (déjà!) nous découvrions et nous entichions des miscellanées , florilège de fragments littéraires remis au goût du jour.
Agnès Michaux et son compère Anton Lenoir ont choisi pour ce recueil un thème parlant à tous: le bonheur.Mêlant, entre autres, définitions du bonheur selon des célébrités quelque peu décalées à des articles nettement plus érudits où j'ai eu le plaisir de découvrir les mots "apotropaïque" **ou le néologisme inventé par Tolkien "l'eucastrastrophe"***, ce qui réjouit toujours mes neurones !
Qu'on le picore ou qu'on le dévore d'une traite ce recueil vous mettra forcément le moral au beaux fixe !
J'y ai pour ma part déniché une citation particulièrement imagée : "Je pense que le secret du bonheur , c'est d'avoir l'esprit en Teflon. Quelle que soit la chose qui se présente , soit vous laissez glisser, soit vous faites votre petite cuisine avec." (Diane Lane, actrice américiane) )
Éditions Autrement 2014, 117 pages à (s') offrir.
*Selon la récente étude de Koenraad Cuypers, du Nord-Trondelag Health Study Research Center de l'université norvégienne de sciences et de technologie.
** sert à qualifier un objet, une formule ou un rite dont le but est de conjurer le mauvais sort.Vous refusez de passer sous une échelle ? Rite apotropaïque.
*** désigne le moment précis où la situation se retourne, où le mal qu'on croyait jusque là devoir gagner le combat est finalement vaincu. à ne pas confondre avec le happy end, qui est une conclusion et non un retournement.
06:00 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : agnès michaux, anton lenoir, citations, bonheur
28/01/2014
L'écriture et la vie
"Écrire, c'est plonger en soi, oui, mais tout en plongeant, faire éclater ce moi, repousser ses propres frontières pour accéder à un espace plus grand. Écrire, c'est faire se rejoindre l'intérieur et l'extérieur, le moi et les autres."
Parce qu'elle éprouve une "impression terrible de fausseté", qu'elle ne parvient plus à trouver "les mots vrais", pendant vingt et un mois Laurence Tardieu a perdu le chemin de l'écriture. L'écriture et la vie est le journal de cette quête de lumière.
Laurence Tardieu, avec intensité, avec précision, revient aussi sur son roman précédent, La confusion des peines,(où elle faisait éclater 10 ans de silence après la condamnation de son père pour corruption) en soulignant la violence mais aussi la nécessité. Dans les deux textes, on retrouve cette même exigence de vérité pour se tenir debout et sortir du silence ou de la nuit. L'auteure traque sans relâche les mots vrais, analyse avec précision, explore avec ténacité ses liens avec l'écriture et avec la vie. Cette recherche est toujours fluide, jamais laborieuse.
On sort de cette bataille un peu sonné mais aussi revigoré et l'on attend avec impatience le prochain écrit de Laurence Tardieu.
Comment rendre compte d'un texte d'une centaine de pages dont presque toutes sont hérissées d'un marque-page ?
Éditions des Busclats 2013
06:04 Publié dans Autobiographie, Essai, l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : laurence tardieu
05/07/2013
Dictionnaire ouvert jusqu'à 22 heures...en poche
Dictionnaire et humour font souvent bon ménage (cf le Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des biens nantis de Pierre Desproges (1958) ou, plus ancien le Dictionnaire du diable, D'Ambrose Bierce), les contraintes inérentes à la forme permettant sans doute par contraste de libérer le fond.
C'est le cas pour ce Dictionnaire ouvert jusqu'à 22 heures (ça tombe bien après je dors de toutes façons).
Ils sont une quarantaine à avoir mis en commun leur humour , dans l'esprit du maître Alphonse Allais , pour nous concocter ce dictionnaire, parfait en tous points puisque comprenant des Noms (plus ou moins) communs et des Noms (plus ou moins) propres, séparés, non par des pages roses, mais couleur absinthe , du meilleur goût, en hommage à la boisson favorite d'Allais.
Nonobstant les différentes méthodes de lecture préconisées en début d'ouvrage, le mieux, je crois est de piocher au hasard et de naviguer au gré de notre humeur, faisant une escale en Bas-Liverne : ex-département français, partie méridionale de l'actuelle Liverne. Sur cet ancien territoire françias, on dit n'importe quoi. Ou nous régalant du détournement des traductions d'expressions latines. Ainsi la définition de Corpus delicti devient-elle: Elle fait des délices de son corps; ce qui donne une allure nettement plus sexy à ce terme de juris-prudence !
Évidemment, bien des formes d'humour se donnent ici rendez-vous (normal vu la diversité des auteurs) et toutes ne seront pas forcément à notre goût , mais chacun pourra faire son miel et revenir à loisir feuilleter ce dico pour se dérider un peu !
Une dernière définition, pour la route :
Absentéisme n.m. : Fléau scolaire qui ne doit plus avoir cours.
06:00 Publié dans l'amour des mots, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (2)
12/06/2013
Gros mots/ Petit dictionnaire des noms d'oiseaux
Carré, dodu, matelassé, tenant bien en main, Le petit dictionnaire des noms d'oiseaux pourrait être utilisé comme projectile pour envoyer en une seule fois 300 gros mots à la figure de quelqu'un . Radical mais manquant singulièrement de civilité et susceptible de générer des suites déplaisantes.
Ce serait d'autant plus dommage que Gilles Guilleron nous propose pour chacune des entrées de son dictionnaire l'origine , l'histoire, mais aussi des équivalents appartenant au registre courant, voire soutenu. De quoi se défouler en toute quiétude, sans craindre les censeurs !
Je me suis particulièrement régalée avec la page "Les mots d'hier", qui dépoussière les insultes et injures passées de mode , sont souvent fort savoureuses. Jugez-en : cloporte (misérable), emplâtre (bon à rien),mijaurée (frimeuse), paltoquet (grossier, rustre), zazou (inadapté). Bref, de quoi ne pas passer pour un iroquois (individu qui ne maîtise pas la langue) ! Un régal pour les amoureux des mots !
First 2013
06:00 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : gilles guilleron
30/05/2013
Mon petit trognon potelé
N'était ce printemps pourri, nous devrions nous promener sous les charmilles ou dans les bois et susurrer à l'oreille de nos amoureux/ses des mots tendres. Fi des "Chéri "et "Mon amour"! Renouvelons notre corpus de mots tendres et saluons au passage l'inventivité des amoureux passés à la postérité. Tout leur est bon pour désigner l'aimé(e) :des animaux les plus insolites "mon petit cafard embaumé", aux éléments de la nature , "Mon romarin sans tête" *, en passant par les mots du quotidien "Mon petit bouchon".
Catherine Guennec les a recensés avec gourmandise et nous les offre ces mots doux parfois passés de mode ("mon Menon") ou parfois excessifs. Ainsi Mozart s'adressant à la baronne von Waldstatten : "Chère, bonne et belle, dorée, argentée et sucrée, estimée et estimable vénérée madame la baronne".
Les plus intello se laissent aussi aller à des épanchements cuculs, ridicules mais si tendres. Saurez-vous deviner quelle est la femme qui s'adresse ainsi à spn amoureux secret : "mon gentil vous lointain, perdu dans le blizzard ...ma bête ensoleillée...mon très cher potiron violet...très chère bête provinciale assise à ruminer ?
Un pur régal où picorer régulièrement pour trouver l'inspiration si nécessaire ...
First 2013
* Cette plante était autrefois de toutes les cérémonies. Les mariés se coiffaient d'une couronne de romarin , symbole d'amour et de fidélité.
06:00 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : catherine guennec, mots tendres
16/05/2013
Dire/Ne pas dire
Que ceux qui considèrent encore l'Académie française comme une institution au mieux poussiéreuse au pire inutile se rendent ici (clic) !
On y trouvera les réponses à plein d'interrogations sur la langue française et son maniement souvent délicat. Et on peut même poser soi-même des questions !
Bon, nous n'y trouverons pas la réponse à la question que se posait Cuné ici et à laquelle je prends enfin le temps de répondre:
Cet animal bizarre est le résultat de croisements entre un cochon, une chauve-souris et un lapin !
06:00 Publié dans Bric à Brac, l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (13)
20/04/2013
Espèce de savon à culotte...en poche
Fi des injures et des jurons bien policés ! Plongeons dans le monde truculent , pittoresque et plein de fantaisie du XVII ème siécle ! Côtoyons les poissardes, vendeuses de marée, les verdurières, marchandes de légumes, à la langue bien pendue, souvent crue et toujours follement imagée !
On y rencontrera une foule de dénominations pour désigner les prostituées, avec toutes les nuances du métier, des "soutireuses de savon à culotte" (courtisane de bas étage) à la "gueuse au litron" (fille de mauvaise vie"), sans oublier un"requin de terre" (huissier, parce que "l'huissier dévore tout).
J'ai beaucoup aimé aussi , "hanneton empaillé" (étourdi, niguedouille, ahuri) ou plus classique mais efficace "merdaillon" (petit puant qui veut faire l'important).
On sent le jubilation de l'auteure, férue de cette époque, à recenser, expliquer et remettre en contexte l'expression d'une pensée libre et "non corsetée". Un pur régal où piocher (sans modération ? ).
06:00 Publié dans l'amour des mots, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : catherine guennec
11/04/2013
Français , mon amour, Métonymie, mon amie
Billet cum grano salis *
Avec ce troisième opus, Jean-Loup Chiflet poursuit sa déclaration d'amour à la langue française et sa promenade amoureuse et buissonnière (six volumes sont prévus).
Le lecteur gourmand de mots se réjouira d'apprendre qu'il n'est pas atteint d'alexithymie (incapacité à l'expression verbale des émotions), distinguera dorénavant le palindrome de l'anacyclique ( (tous deux désignent des mots pouvant se lire dans les deux sens , mais seuls les palindromes gardent la même signification ). Léon/Noël est donc un anacyclique et ses/ses un palindrome), ce qui lui permettra de briller en société à moindres frais.
Il pourra donc s'octroyer une nouvelle lichette de mayonnaise tout en informant sa voisine de droite que ce nom provient de la ville de Port-Mahon, capitale de Minorque, et que cette sauce fut appelée Mahonnaise en souvenir de la prise de la ville par le duc de Richelieu. Il ganera ainsi son coeur, ce qui lui épargnera une nouvelle Picartitude , mot qui devrait exister selon Chiflet, et désigne l'attitude interrogative du célibataire devant les bacs de surgelés.
L'amour des mots au service de l'amour tout court, qui l'eût cru ?!
à noter que les illustrations délicieusement désuettes contribuent au charme d el'ouvrage !
Français, mon amour, métonymie, mon amie, jean-Loup Chiflet, Chiflet & Cie 2013.
* Avec un grain de sel (de fantaisie)
06:00 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jean-loup chifflet
29/03/2013
Petites chroniques du français comme on l'aime
"La ténébreuse histoire de la coupe sombre..."
Ah, il pèse son poids, l'animal ! Mais sa couverture (un peu) matelassée, sa présentation claire , aérée et bien organisée en font déjà un pur bonheur pour les amoureux de la langue. Une fiche par sujet traité (300 au total) sans jargon, mais avec une passion et un humour qui font que l'auteur nous embarque à sa suite sans problèmes.
On y découvrira quelles sont les cinq fonctions de l'orthographe (à part être l'instrument de torture préféré des instituteurs sadiques), comment ne plus confondre "sensé" et "censé". On y dénichera aussi les réponses aux questions sur lesquelles la prof de français a parfois lamentablement séché (elle n'a pas eu la chance d'avoir des profs de linguistique aussi passionnant que Bernard Cerquiglini, la pôvre).
Bref, on piochera avec bonheur dans tous ces trésors d ela langue française , dévoilés ici par un homme cultivé sans être pédant. Un vrai bonheur de lecture !
Merci à Sylvie pour cette découverte !
07:50 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : bernard cerquiglini
13/03/2013
Dictionnaires Desmarteaux
"amour: c'est pas avec des épinards, du chou et des endives qu'on nourrit correctement un enfant."
Les dictionnaires sont mon péché mignon, alors quand on m'en offre un deux- en- un, jugez de mon bonheur ! Surtout quand c'est Claudine Desmarteau (oui, l'auteure du Petit Gus, cher à mon coeur) qui s'y colle !
En un seul volume ont donc été rassemblés: Le petit rebelle (un délice irrévérencieux de dictionnaire foutraque dont l'auteur prétendu a un pied dans l'enfance et l'autre dans l'adolescence, souffre d'un ego surdimensionné et affirme tout de go : "à la question "Qu'est ce que tu veux faire quand tu seras grand ? Je réponds: "NON". ça a le mérite d'être clair.
Quant au Dictionnaire des synonymes , glissant d'un registre de langue à un autre dans une même phrase, il se propose tout à la fois d'enrichir le langage de son lecteur (explications discrètes à l'appui), tout en racontant l'histoire d'un pauvre garçon qui finira par avoir la bosse des maths d'une manière bien particulière, on s'en doute ! Que Claudine Desmarteau place dans un texte en principe destiné à la jeunesse de savoureuses énumérations compilant "couards" ou "haridelle" à côté de "trouillards" ou "sac d'os", voilà qui a fait mon bonheur ! Les dessins sont à l'avenant , rageurs et tendres et l'on ne peut que sourire à la lecture de cet ouvrage ! à (s')offrir sans plus attendre !
06:00 Publié dans Humour, Jeunesse, l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : claudine desmarteaux