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10/07/2025

La Pommeraie

Envie de vous immerger dans une bulle de douceur et de tendresse ? Envie de découvrir un relation mère-fille singulière au cœur de la nature ? Alors foncez !

peter heller

Tout ayant déjà été dit sur ce magnifique roman traduit par Céline Leroy, juste un lien: clic

Actes Sud 2025.

07/07/2025

Procès Mazan Une résistance à dire le viol

"La résistance des accusés à prononcer le mot viol est symptomatique de celle de toute une société qui, fuyant le mot, tolère dans la réalité ce à quoi il renvoie. "

L'angle choisi par Mathilde Levesque pour rendre compte du procès Mazan est l'analyse des discours utilisés par les différents intervenants (accusés, avocats, experts-psychiatres, ...).mathilde levesque
L'esquive, par différents procédés, est ce qui marque le plus les propos tenus. Recherche de synonyme soutenu  ("paraphilie" pour ne pas utiliser "perversion sexuelle", par exemple), d'euphémismes pour ne pas prononcer le mot "viol",  tentatives de culpabilisation de la victime (un classique, malheureusement), réification des femmes, supposées être à disposition des hommes, appel à la compassion en évoquant les violences sexuelles subies par certains des accusés dans leur enfance (mais comme le souligne une amie de l'autrice : "si les personnes préalablement agressées basculaient systématiquement du côté de  l'agression , alors il n'y aurait (presque) que des agresseuses. ", voilà quelques uns des procédés relevés qui m'ont particulièrement marquée. 
A l'inverse, Gisèle Pelicot, dont la parole est rare au cours du procès, remet les choses à leur place : "Le mot viol n'est pas assez fort pour moi, ce sont des actes de barbarie. "
L'autrice souligne le caractère systémique de ces structures langagières de déresponsabilisation et le fait que ce procès "rend visible la haine des femmes - au mieux ignorées, au pire objectifiées", ce que l'on retrouve jusque dans "certains discours censés analyser la personnalité et l'attitude des accusés  reprennent à leur compte la misogynie, orientée non plus vers le mépris de la femme mais vers l'impérieux besoin sexuel de l'homme."On croit cauchemarder.
Un livre de 175 petites pages (8 euro), nécessaire et édifiant qui file, bien évidemment, sur l'étagère des indispensables.
 Payot 2025

 

 

04/06/2025

Fantastique histoire d'amour...en poche

"-attendre quelqu'un dans un McDo un dimanche soir  de pluie étant une démonstration redoutable de la nullité morale du capitalisme. "

Un homme, fasciné, observe une jeune femme qui, dans un parc de Lyon, nourrit, à la main, des mésanges.
Lui, c'est Bastien, inspecteur du travail . Il ne se remet pas d'avoir été quitté et supporte difficilement de ne pouvoir être efficace que pour une toute petite partie des salariés qui le contactent.
Elle, c'est Maïa, journaliste scientifique, elle assume pleinement ses envies charnelles et son célibat.
Pour que ces deux-là soient réunis-ou pas-, il faudra une tante physicienne au CERN qui vient de faire une expérience (ratée) sur un cristal scintillateur et une compacteuse "responsable" d'un accident de travail (ou serait-ce un homicide? ).
Explorant cette fois le territoire du thriller; Sophie Divry, nous livre un roman hautement addictif qu'on se réjouit de retrouver le soir tant elle joue avec nos nerfs mais sait aussi nous émouvoir avec ces deux bras-cassés de l'amour.sophie divry

Une pointe de roman social,  une critique du financement privé de la recherche scientifique viennent relever le tout et des personnages secondaires bien campés finissent de parfaire ces 512 pages sans aucune longueur et parsemées d'oiseaux.....  Dès la scène inaugurale, j'ai su  que j'étais cueillie.Une réussite qui file  sur l'étagère des indispensables.

22/05/2025

La Petite Fasciste

"La France est ce pays riche plein de pauvres. "

Roman dystopique ou d'anticipation ? Mieux vaudrait pour la France que cela reste de la fiction car la chute de la République , annoncée dès le première phrase n'augure rien de bon...
Avec une grande maîtrise, Jérôme Leroy brosse ,en 190 pages qui se dévorent avidement, le portrait d'un tout petit monde politique, dans une ville imaginaire, Frise, située dans les Hauts de France, non loin de Dunkerque. Là-bas, les Lions des Flandres, groupe identitaire "nationaliste flamand et néo païen", entendent bien jouer un rôle  dans l'élection législative, suite à la troisième dissolution de l'Assemblée Nationale, voulue par Le Dingue.
Dans cette situation chaotique, le socialiste Bonneval , plus vraiment intéressé par la politique ; touché par la crise de la cinquantaine , avec dix ans de retard, peine à trouver un quelconque intérêt à la politique. Pourtant, une improbable histoire d'amour avec La Petite Fasciste de vingt ans qui donne son titre au roman va venir tout chambouler...jérôme leroy
Taclant tous azimuts les hommes et femmes politiques, qu'on ne peine pas à reconnaître pour les plus importants ("Les Insurgés sont en train de payer leur intransigeance. Les choses n'ont jamais été aussi dures pour leur électorat qui se rend compte qu'à force de pureté les Insurgés ont les mains blanches mais ils n'ont plus de mains"), l'auteur n'en oublie pour autant pas ses personnages, ses décors, plus vrais que nature , ni son récit. Seul petit bémol, l'histoire d'amour, un peu cliché à mon goût, même si l'évolution politique de la jeune Francesca est plausible. Bref un grand coup de cœur. Et zou, sur l'étagère des indispensables.

 Editions La Manufacture de Livres 2025.

 L'avis de Kathel: clic

 

19/05/2025

#LaTendressedescatastrophes #NetGalleyFrance !

"Ils s'entendaient  même très bien quand ils étaient en désaccord, leur humour, leur singularité et une profonde mélancolie les unissaient. Comme s'ils étaient des âmes sœurs de contradiction. "

D'emblée, par son titre, Martin Page place son roman sous le signe de la contradiction et va s'employer , avec jubilation, à dynamiter les attendus de la comédie romantique. Lieu de la rencontre ? Un mariage. Classique. Moins classique, nos héros ne se reverront que dix ans plus tard. martin page
Harriet n'est en rien romantique et s'exprime souvent avec virulence :"C'est quoi la norme ? Les hémorroïdes, le fascisme et les pâtes trop cuites ? Quelles putains de réussite. " mais c'est pour mieux cacher ses blessure d'enfance. Max, quant à lui veut sauver le monde, rien que ça, mais issu d'un milieu favorisé et cynique, ne possède guère d'armes pour avancer dans la vie. 
Multipliant les scènes inattendues, parfois crues, allant à l'encontre des réflexes encore trop répandus, l'auteur surprend ses lecteurices , sans pour autant négliger la tendresse (parfois rugueuse) et la poésie . On sent qu'il s'est beaucoup investi dans ce roman et j'ai souligné à tour de bras des réflexions qui me surprenaient souvent mais sonnaient justes.  Un roman dense, surprenant et jubilatoire .

Et zou sur l'étagère des indispensables.

Editions Les Escales 2025. martin page

 

 

 

12/05/2025

le règne de la nuit

""A plus tard mon chou. Ne fais rien que je ne ferais pas ! " .Ce qui laissait à Freda un champ d'action assez large. "

Londres, 1926. Si une grande partie de la population est encore meurtrie par la Grande Guerre, à Londres, la vie nocturne bat son plein et ce pour le plus grand profit de Nellie Croker qui, grâce à ses dancings, a bâti un empire qui suscite bien des convoitises. Et ce aussi bien de la part d'ennemis extérieurs que de sa propre famille...kate atkinson
Venant de York dans l'espoir d'y gagner la célébrité, deux jeunes filles, peut être pas aussi naïves qu'on pourrait le croire, disparaissent bientôt. Profitant  de récente émancipation une autre jeune femme , au caractère bien trempé, Gwendolen Kelling se lance à leur poursuite et va bientôt devoir se mesurer à la famille Coker.
On le sent d'emblée, c'est avec une grande jubilation que Kate Atkinson s'est emparée de cette période (qu'en France nous avons appelé "Années folles") située entre la première et la Seconde guerre mondiale . Son roman, riche en péripéties évoquant le roman victorien,  et en personnages hauts en couleurs, évoluant sur une crête ténue entre le bien et le mal,  est hautement addictif. L'humour pince sans rire y est aussi bien présent et les 500 pages de ce roman se tournent presque toutes seules. Et zou sur l'étagère des indispensables.

 Traduit de l'anglais par Colin Reingewirtz

 Editions Bourgois 2025

 

09/05/2025

Le vieil incendie...en poche

" J'ai de la peine à me rappeler que nous avons été indissociables. Nous avions les mêmes timidités, les mêmes craintes de la vie sociale. On ne se chamaillait pas. Notre langue de silences et de cris nous a réunies. "

 A quinze ans, l'aînée, Agathe,  a fui sa sœur cadette,Véra, aphasique, et son père. Elle a fait sa vie aux États-Unis où elle écrit des scénarios  et des dialogues de films. Quinze ans plus tard, Agathe et Véra doivent vider la maison familiale qui sera abattue. Et pour cela , elles ont neuf jours.
Pas de disputes autour des objets ici, Agathe étant même prête à incendier le contenu de la maison dont elle ne veut rien garder. Elle apprend à redécouvrir sa cadette qui  n'a plus rien de celle qu'elle se sentait obligée de protéger.
Au fil des jours, des souvenirs reviennent et les secrets se révèlent.
Avec une infinie délicatesse, par petites touches, Elisa Shua Dusapin brosse le portrait de ces deux sœurs pour qui les silences sont peut être plus parlants que les mots. Car peut-on se fier aux mots ? Ils sont trompeurs, déformés, peuvent devenir le vecteur d’humiliations...Ils peuvent être difficiles à prononcer ou à écrire , même quand on en a fait son métier...Elisa shua Dusapin
La nature  joue également un rôle très important ici, ainsi que le corps des femmes, corps bridé, corps faillible ou corps retrouvé. Un texte magnifique dans sa concision parfaite et l'émotion intense qu'il dégage.  Et zou, sur l'étagère des indispensables.

 ,L'avis d'Aifelle, moins enthousiaste : clic.

05/05/2025

La conquête de l'espace

"Comment ne pas se noyer dans le bouillon opaque de l'insécurité féminine,  breuvage millénaire qui sape notre énergie créatrice ? "

L'achat d'une vieille maison "biscornu[e], et pourtant solide"  à Saint- Sauveur- en -Puisaye , là où Colette a passé une enfance sauvage et libre, va amener l'autrice-narratrice à se remémorer son passé, ses relations avec ses mère et grand-mère maternelle et interroger son besoin de création. muriel boselli
Va aussi s’affirmer chez elle, la nécessité de marcher seule dans les bois, malgré ses angoisses  angoisses partagées par de nombreuses femmes, mais " Au pire que peut-il m'arriver ? Mourir ? Mais ne meurt-on pas un peu quand on n'obéit pas à ses désirs ? ".
Convoquant, bien évidemment l'autrice de La Maison de Claudine, mais aussi Duras, Mona Chollet ou Vinciane Despret, entre autres, Muriel Boselli , avec une écriture poétique, allant droit à l'essentiel, nous livre ici le récit d'une quête essentielle, à la fois intime et universelle qui parlera à toutes celles qui s'intéressent à la créativité. A lire et relire. Et zou , sur l'étagère des indispensables.

Editions La Tribu 2025

28/04/2025

Pour tout le monde en même temps

"L'écriture m'aide, mais c'est l'amitié qui me sauve. "

Pendant le confinement, Sophie Divry choisit de vivre à Lyon, dans son appartement où la fin d'une relation la laissera totalement seule. Elle choisit ici de nous livrer des extraits de son journal intime, tenu du 16 mars 2020  au 11 mai 2020, et de les faire résonner avec des interviews, réalisées quatre ans plus tard ,des gens avec lesquels elle était en contact, à cette époque si particulière. sophie divry
Liberté est laissée aux lecteurs, lectrices de se rendre directement , ou pas, à ces échanges dont les références sont données à chaque fois.
Des phrases extraites de discours, politiques, médiatiques, scientifiques, émaillent également  cet objet littéraire avec des typographies différentes, voire en bleu, pour mieux nous replonger dans cette ambiance où le mot "guerre" résonnait sans cesse.
Ressentis différents, analyses politiques ou psychologiques, adaptation-ou pas-, soumission ou ruses pour gratter quelques moments de liberté, quelques espaces où respirer enfin, tout cela se donne à voir dans un récit très tenu, pudique mais qu'on devine très sincère. 137 pages qui nous replongent aussi dans nos souvenirs pour prolonger la réflexion. Un livre qui ne donne pas de leçons, ne verse pas dans l'introspection à outrance, mais propose un échantillon varié de ressentis  intéressants dans une forme singulière et parfaitement adaptée. Un grand bonheur de lecture.  

 Editions  du Seuil 2025.

02/04/2025

L'envers de la girafe

"Oui, la souffrance était parfois le prix à payer, le prix de la liberté... "

Roman choral, situé dans un quartier populaire de Toulouse,  L'Envers de la Girafe met en scène des personnages quelque peu obsessionnels dont les destins vont se frôler, voire se percuter.
Il y a là Gaspard, qui surveille via des caméras de vidéo surveillance un carrefour,  Lucas, obnubilé par sa passion à la fois historique et scientifique des girafes, au grand dam de sa vieille mère... Pierre quant à lui est  transporteur de matières dangereuses alors que sa compagne, Zélie, est toujours prête à s'enflammer pour un combat écolo voué à l'échec. Il y a aussi " L'Homme à la craie" qui inscrit le nom des toutes les plantes qui ont réussi à se faufiler dans la plus petite anfractuosité et tient à garder un peu de sauvagerie dans son jardin, ce qui ne plaît pas à tout le monde.  Enfin, l'élagueur, Ahmed, homme qui se révèlera beaucoup plus posé et nuancé que les autres.pascal dessaint
Ce roman allie l'amour de l'histoire et de la nature de Pascal Dessaint qui joue aussi de l'opposition entre le sol et l'espace (balcon, toit, arbres, oiseaux...), le trait d'union entre les deux étant peut-être assuré par cette fameuse girafe...L'auteur interroge aussi avec lucidité  notre rapport à la nature: "Qu'étions-nous le plus souvent pour les animaux à part une menace? Il n'était aucun animal sauvage qui venait à nous de bon gré. Nous étions le danger, avec une haute idée de nous-mêmes qui nous rendait plus dangereux encore. "
La construction est virtuose et les personnages nuancés, plein de surprises se révélant avec délicatesse ou violence. Car oui, avec cet auteur impossible d'oublier la noirceur du monde mais, néanmoins , "[...] il nous a confié que la vie lui plaisait pour ces moments décalés, hors de contrôle, hors des normes, hors du carcan où la société tenait à nous enfermer. " Une réussite. Et zou, sur l'étagère des indispensables.

Envoi de l'auteur et de l'éditeur, sans contrepartie financière.

 Editions Rivages 2025.