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13/06/2008

"Ma mère claqua deux bises à mon mari sans aller vomir. Elle n'avait jamais pu le sentir."

Ajoutons pour que la citation prenne toute sa saveur que la narratrice de cette nouvelle trouve que son mari sent la mort...51GzaxVTGeL
Le ton est donné, ça fouraille sec, dans La preuve par neuf , neuf nouvelles où Dorine Bertrand donne libre cours à sa fantaisie parfois acide, peignant avec une jubilation sans pareille les rapports de couple, les rapports parents/enfants, quel que soit l'âge de ces derniers, de celui à peine conçu à l'ado rebelle qui troque un déguisement bcbg  contre  sa panoplie gothique et cultive le goût du suicide : "On voulait tous sauter par la fenêtre seulement la chambre de Tramber, c'est la cave de ses parents."
L'auteure se glisse avec délectation dans les circonvolutions du cerveau de ses personnages , nous les montrant partir en vrille , ainsi cette femme qui croit que son couple est en danger à cause d'une amie trop attirante (mais pour qui? ...)ou celle qui s'astreint à  une  relation sexuelle hebdomadaire avec  son mari pour préserver son couple et ne pas sombrer dans les statistiques du divorce...ça grince, c'est revigorant et ça vient  de sortir en poche, pourquoi s'en priver ? !

L'avis de Clarabel.

26/05/2008

"Etre une femme aujourd'hui, est-ce seulement avoir un corps de femme ? "

Ouvrir  une recueil de nouvelles organisé autour d'une  thématique, c'est l'occasion de retrouvailles  espérées et de découvertes qu'on souhaite enthousiasmantes...Mission remplie avec 11 femmes, 11 nouvelles.
Le rendez-vous avec Anna Rozen est particulièrement réussi : "Mon corps m'encombre,j'ai décidé de le  vendre sur e-bay." A partir de là la machine s'emballe mais avec une  logique imparable  et réjouissante... Brigitte Giraud est fidèle à elle même  et à son style dense  et tendu.Audray Diwan nous régale d'une séance  de massage bien particulière tandis que la narratrice de la  nouvelle de Camille  de Peretti , qui semble  s'être adoucie,  nous assure qu' "Etre en règle avec la nature c'est une belle absurdité."51IdgGVPz8L
Le style oralisé deTania de Montaigne m'est apparu plutôt pénible, je  n'ai pas totalement été convaincue par les textes de JessicaL. Nelson (où j'ai d'ailleurs trouvé "une plâtrée  d'explications" au lieu d'une plâtée...),  de Stéphanie Polack, trop banals à mon goût.Yasmina Jaafar  a un  style intéressant et original mais son récit est par trop convenu.
J'ai par contre été emballée par l'écriture charnelle d'Olivia Elkaïm, le style acéré de Catherine Castro et le texte plein d'émotion et de sobriété d'Anne Plantagenet. "Le corps d'Albertine s'est tu". En une phrase tout est dit, bravo !
Le seul homme embarqué dans cette expédition au pays du corps des femmes est le photographe Olivier Roller qui réussit le tour de force de transformer les  imperfections physiques  en une beauté dense et tendre à al  fois. Le tout pour 10 euros, un autre tour de force !

10/03/2008

Sixties à la campagne

En une quarantaine de vignettes, Bruno Roza évoque dans Leçons de choses toute une époque révolue, celle des années 60 .51EENYTWEXL
Consacrés à tout un bric-à -brac hétéroclite ,( le presse-purée, les bocaux, les lapins...), ces  textes courts restituent la saveur d'une enfance où dominent les figures parentales et surtout celle de la grand-mère , par rapport à la masse indifférenciée des enfants de la famille. Des saynètes mettent également en scène les moments phares de l'enfance (la vaccination, chez le coiffeur...), les peurs générées par les germes des pommes de terre à la cave ou l'escalier sombre et ambivalent...
On ne peut que penser bien évidemment à Philippe Delerm,mais là où les  textes de Delerm ont la beauté mais aussi la fragilité d'une bulle de savon, la force de ceux de Roza réside dans cette langue charnue et comme  inspirée  directement par ces auteurs des livres de lecture de l'époque.
A lire comme on feuillèterait un album de famille...

L'avis de Katell qui a  en a fait un livre voyageur pour mon plus grand plaisir

26/02/2008

Dix petites bombes noires

Consumérisme à tout crin, libéralisation déchaînée, "tourisme féroce" dans les pays les plus pauvres pour se procurer des frissons à bon compte, vieillesse dérangeante, égoïsme forcené, notoriété destructrice, préjugés qui enflent de manière démesurée...C'est notre société toute entière que Colin Thibert passe à la moulinette dans les dix nouvelles composant le recueil Tirez sur l'ambulance .

Les îlots de tendresse sont rares dans ce monde où même le chat a la mauvaise idée de mourir un soir de match de foot...

On rit-mais jaune _ et il faut attendre le dernier texte , "le clou", superbe hommage à Pierre Pelot et Stephen King , pour retrouver la magie de l'enfance. Un style nerveux , précis mais manquant un peu de "chair".

l'avis de Clarabel

14/02/2008

De l'inconstance du désir

Dans Les trophées de Constance, Nathalie Cachin donne à voir, dans une série de vignettes très (trop ? ) courtes, ces entre-deux du désir, ces frôlements, ces mèches de cheveux qu'on laisse sciemment traîner, ces situations qui pourraient mais qui finalement...21GgJLzF8uL
On aurait aimé éviter le fiancé qui travaille à l'ambassade de France à Tokyo et son exotisme superficiel ,on se  régale davantage quand l'auteure se lâche ,en particulier dans "le  trophée de Constance" où elle analyse avec finesse les liens distendus et routiniers entre des amis de longue date et, en particulier, les relations entre des "amies" de circonstance...
Le style est souple et agréable mais le parti pris d'un point de vue uniquement féminin sur un thème tourné et retourné dans tous les sens fait perdre un peu en efficacité.

L'avis de Laure

Celui de Cuné

Que je remercie toutes deux pour ce livre-voyageur !

17/12/2007

L'art de la chute

Les monstres attirent le regard et, effectivement, le regard est très important dans La collecte des monstres à laquelle nous convie Emmanuelle Urien.11CsbMmYCYL
Regard des autres sur soi qu'on ne supporte plus et qu'on provoque pour mieux le  contrôler. Regard sur la violence du monde qui rend fou.
Pas de monstres de foire dans cette collecte mais des gens en apparence ordinaires et qui un jour, par une sorte de  fatalité, basculent soit du côté victime  soit du côté bourreau. La frontière est souvent floue entre les deux car il faut être deux pour danser le tango...
Mensonges,manipulations, violence physique ou psychologique, la machine à broyer se met en route implacablement.
On ne sort pas indemne d'une telle lecture et alors que je peux lire sans broncher (ou presque) les  descriptions les  plus sanguinolentes, j'avoue que j'ai  parfois différé la lecture d'une nouvelle ou anticipé en allant voir la fin...
Emmanuelle Urien excelle à mettre en place des machines infernales,aux mécanismes parfaitment agencés, qui nous explosent à la figure. Chaque nouvelle nous fait entrer dans un univers différent, tant par la tonalité que par l'époque évoquée.Le parti pris d'évoquer des monstres donne parfois un aspect un peu systématique mais l'auteure maîtrise parfaitement l'art de la chute, voire de la double chute, et arrive toujours à nous surprendre. Elle confirme ainsi tout le bien que j'avais déjà écrit ici.

Merci à cath et à Ch'ti 31 de  m'avoir offert cet exemplaire dédicacé !
L'avis de Clarabel.
Celui de  In cold blog.

Le site de l'auteure

17/10/2007

ça claque, c'est fort et pas glauque

Flic, le titre de ce témognage claque , court et précis ,comme les textes qui composent ce recueil de  chroniques.
L'auteure, Bénédicte Desforges, dans l'avant-propos souligne le paradoxe de nos relations avec les  policiers: nous sommes bien contents de les trouver quand le tragique pointe son nez mais pas quand ils  nous verbalisent...Ses récits  vont en tout  cas nous les rendre plus humains ces flics car c'est bien de cela qu'il s'agit : l'humain dans toute son horreur mais aussi dans sa fraternité fragile avec ceux qui sont "de l'autre côté " de la barrière de la loi mais avec qui on se sent davantage d'affinités qu'avec la hiérarchie qui veut faire  "du chiffre"... 21MecUkR9aL
Ignominie de certains comportements, mais aussi moments d'humour improbables, les textes sont courts et nous arrivent comme autant de directs à l'estomac dans toute leur crudité mais sans voyeurisme  car Bénédicte Desforges tire le meilleur parti de leur briéveté, coupant net là  où  c'est nécessaire ,avant de devenir insupportable.Femme  de terrain, elle est aussi une femme de lettres dotée d'une plume efficace et parfois poétique.
On comprend bien qu'un tel électron libre ait pu déranger et l'auteure est actuellement en disponiblité afin de rester au plus près de ses convictions.   
Un maelström d'émotions qui laisse groggy.                                                                                                                                 

25/09/2007

Quelle énergie !

Comme dans son précédent recueil de nouvelles, Céline Robinet, dans Faut-il croire les mimes sur parole? ,nous prouve son amour des mots. Les mots, elle jongle avec, elle les savoure comme des bonbons , elle nous éblouit avec, pour mieux nous faire sourire ou nous émouvoir.51zs6a_lS1L
Davantage de gravité dans ces nouvelles,  en effet, même si de prime abord les textes peuvent apparaître légers. Difficultés de communication entre amoureuses ou entre parents et enfants, mais aussi viol, problèmes  des étrangers qui veulent à tout prix entrer en Europe, Céline Robinet nous fait osciller entre émotion et rires. Elle nous cueille au détour d'une phrase d'un crochet à l'estomac avant de pirouetter en souriant. Nouvelles à chute,au sens propre ou figuré, au fur et à mesure du recueil, la gravité apparaît mais jamais de manière pesante.
Accents ch'ti ou marseillais pour alléger l'atmosphère, "décortiquage" poétique des sonorités d'un prénom*,quatrième de couv' à l'envers,couverture à la fois tendre et crue,  tout est plein d'invention et d'énergie. On ne s'ennuie pas une minute avec ce feu d'artifice.
Céline Robinet a su trouver un équilibre entre maturité et humour grinçant, perdant au passage toute références scatologiques , ce dont nous lui saurons gré !

* qu'il s'agisse de mon prénom n'a en aucun cas influencé mon avis sur ce livre !

18/09/2007

"Il y a toujours un enfer au-delà de l'enfer"

11 nouvelles de genres très différents (polar, thriller, humour noir...) pour aborder l'univers de Brigitte Aubert dans un petit livre au format original.
Scènes de crime donc mais surtout mises en scène de nos cauchemars les plus effrayants , surtout quand on est parents d'enfants ou d'ados...512P1zzXEUL
L'auteure joue avec nos nerfs et les objets et les lieux les plus banals prennent une dimension effrayante.
J'avoue ne pas avoir réussi à  terminer "L'antre", parce qu'il appuie  juste là où ça fait mal. D'autres textes m'ont par contre fait jubiler Car Brigitte Aubert jongle avec les clichés pour mieux les réduire en poussière, dans "L'ascenseur" par exemple. Croquemitaines modernes (la  dévoration revient à plusieurs reprises dans ces textes) ,serial killer surprenant, Brigitte Aubert manie l'humour glacé,juste le temps de  nous laisser reprendre notre souffle , pour mieux nous le couper quelques pages plus loin.
Les ados qu'elle peint sont souvent effrayants par la banalité avec laquelle ils considèrent la violence et la dernière histoire qui m'a rappelé un fait-divers particulièrement horrible  qui s'était déroulé en Grande-Bretagne, se clôt par une pirouette qui nous fait osciller entre la jubilation et l'horreur.
Un petit (par la taille) chef d'oeuvre à déguster toutes les lumières allumées.

L'avis de  Clarabel

17/09/2007

Les bandes-son de nos vies

Un nouveau Juke-Box vient de  sortir.  Recueil de nouvelles écrites par des auteurs différents ayant comme point commun la musique et l'influence qu'elle peut voir sur nos vies.11DcIiwZ8tL
Kéthévane Davrichewy (quels nom et prénom superbes!) sur fond de  Joe  Dassin écrit un texte espiègle sur l'image que l'on veut donner de soi quand on est ado (mais pas seulement!), Marie Desplechin nous raconte une adolescence dans les années 70 , adolescence qu'on peut supposer proche de la sienne,vision chaleureuse mais  se terminant sur une note plus grave...
Christophe Honoré se penche , un peu platement, j'ai trouvé , sur le phénomène  de la starification à tout crin. Nathalie  Kuperman nous fait entrer dans l'univers d'une bouchère raide-dingue de France Gall, le  tout pour le plus grand malheur/bonheur de sa fille.
N'aimant pas les contes, je ne suis pas du tout entrée dans celui de Martin Page évoquant le lien musique/rébellion.
Plus contemporaine, la nouvelle de Chloé Mary suit la structure d'un album de 68  tout en s'éloignant du contenu.  Si je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire, émaillée  de citations en anglais  (heureusement traduites), j'ai admiré le style de cette auteure que je  ne connaissais pas.

Des nouvelles donc pour se  replonger dans le monde de l'adolecence mais  aussi pour patienter en attendant des oeuvres d'auteurs déjà connus (Desplechin,  pour moi)et aussi pour en découvrir d'autres ( Chloé Mary et Kéthévane Davrichewy).

Attention , après la lecture de certains textes, difficile de se sortir de la tête certains refrains !