14/02/2008
De l'inconstance du désir
Dans Les trophées de Constance, Nathalie Cachin donne à voir,
dans une série de vignettes très (trop ? ) courtes, ces
entre-deux du désir, ces frôlements, ces mèches de cheveux qu'on laisse
sciemment traîner, ces situations qui pourraient mais qui finalement...
On
aurait aimé éviter le fiancé qui travaille à l'ambassade de France à
Tokyo et son exotisme superficiel ,on se régale davantage quand
l'auteure se lâche ,en particulier dans "le trophée de Constance"
où elle analyse avec finesse les liens distendus et routiniers entre
des amis de longue date et, en particulier, les relations entre des
"amies" de circonstance...
Le style est souple et agréable mais le
parti pris d'un point de vue uniquement féminin sur un thème tourné et
retourné dans tous les sens fait perdre un peu en efficacité.
L'avis de Laure
Celui de Cuné,
Que je remercie toutes deux pour ce livre-voyageur !
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17/12/2007
L'art de la chute
Les monstres attirent le regard et, effectivement, le regard est très important dans La collecte des monstres à laquelle nous convie Emmanuelle Urien.
Regard
des autres sur soi qu'on ne supporte plus et qu'on provoque pour mieux
le contrôler. Regard sur la violence du monde qui rend fou.
Pas
de monstres de foire dans cette collecte mais des gens en apparence
ordinaires et qui un jour, par une sorte de fatalité, basculent
soit du côté victime soit du côté bourreau. La frontière
est souvent floue entre les deux car il faut être deux pour danser le
tango...
Mensonges,manipulations, violence physique ou psychologique, la machine à broyer se met en route implacablement.
On
ne sort pas indemne d'une telle lecture et alors que je peux lire sans
broncher (ou presque) les descriptions les plus
sanguinolentes, j'avoue que j'ai parfois différé la lecture d'une
nouvelle ou anticipé en allant voir la fin...
Emmanuelle
Urien excelle à mettre en place des machines infernales,aux mécanismes
parfaitment agencés, qui nous explosent à la figure. Chaque nouvelle
nous fait entrer dans un univers différent, tant par la tonalité que
par l'époque évoquée.Le parti pris d'évoquer des monstres donne parfois
un aspect un peu systématique mais l'auteure maîtrise parfaitement
l'art de la chute, voire de la double chute, et arrive toujours à nous
surprendre. Elle confirme ainsi tout le bien que j'avais déjà écrit ici.
Merci à cath et à Ch'ti 31 de m'avoir offert cet exemplaire dédicacé !
L'avis de Clarabel.
Celui de In cold blog.
Le site de l'auteure
06:15 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (24)
17/10/2007
ça claque, c'est fort et pas glauque
Flic, le titre de ce témognage claque , court et précis ,comme les textes qui composent ce recueil de chroniques.
L'auteure, Bénédicte Desforges, dans l'avant-propos souligne le paradoxe de nos relations avec les policiers: nous sommes bien contents de les trouver quand le tragique pointe son nez mais pas quand ils nous verbalisent...Ses récits vont en tout cas nous les rendre plus humains ces flics car c'est bien de cela qu'il s'agit : l'humain dans toute son horreur mais aussi dans sa fraternité fragile avec ceux qui sont "de l'autre côté " de la barrière de la loi mais avec qui on se sent davantage d'affinités qu'avec la hiérarchie qui veut faire "du chiffre"...
Ignominie de certains comportements, mais aussi moments d'humour improbables, les textes sont courts et nous arrivent comme autant de directs à l'estomac dans toute leur crudité mais sans voyeurisme car Bénédicte Desforges tire le meilleur parti de leur briéveté, coupant net là où c'est nécessaire ,avant de devenir insupportable.Femme de terrain, elle est aussi une femme de lettres dotée d'une plume efficace et parfois poétique.
On comprend bien qu'un tel électron libre ait pu déranger et l'auteure est actuellement en disponiblité afin de rester au plus près de ses convictions.
Un maelström d'émotions qui laisse groggy.
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25/09/2007
Quelle énergie !
Comme dans son précédent recueil de nouvelles, Céline Robinet, dans Faut-il croire les mimes sur parole? ,nous prouve son amour des mots. Les mots, elle jongle avec, elle les savoure comme des bonbons , elle nous éblouit avec, pour mieux nous faire sourire ou nous émouvoir.
Davantage de gravité dans ces nouvelles, en effet, même si de prime abord les textes peuvent apparaître légers. Difficultés de communication entre amoureuses ou entre parents et enfants, mais aussi viol, problèmes des étrangers qui veulent à tout prix entrer en Europe, Céline Robinet nous fait osciller entre émotion et rires. Elle nous cueille au détour d'une phrase d'un crochet à l'estomac avant de pirouetter en souriant. Nouvelles à chute,au sens propre ou figuré, au fur et à mesure du recueil, la gravité apparaît mais jamais de manière pesante.
Accents ch'ti ou marseillais pour alléger l'atmosphère, "décortiquage" poétique des sonorités d'un prénom*,quatrième de couv' à l'envers,couverture à la fois tendre et crue, tout est plein d'invention et d'énergie. On ne s'ennuie pas une minute avec ce feu d'artifice.
Céline Robinet a su trouver un équilibre entre maturité et humour grinçant, perdant au passage toute références scatologiques , ce dont nous lui saurons gré !
* qu'il s'agisse de mon prénom n'a en aucun cas influencé mon avis sur ce livre !
06:08 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (13)
18/09/2007
"Il y a toujours un enfer au-delà de l'enfer"
11 nouvelles de genres très différents (polar, thriller, humour noir...) pour aborder l'univers de Brigitte Aubert dans un petit livre au format original.
Scènes de crime donc mais surtout mises en scène de nos cauchemars les plus effrayants , surtout quand on est parents d'enfants ou d'ados...
L'auteure joue avec nos nerfs et les objets et les lieux les plus banals prennent une dimension effrayante.
J'avoue ne pas avoir réussi à terminer "L'antre", parce qu'il appuie juste là où ça fait mal. D'autres textes m'ont par contre fait jubiler Car Brigitte Aubert jongle avec les clichés pour mieux les réduire en poussière, dans "L'ascenseur" par exemple. Croquemitaines modernes (la dévoration revient à plusieurs reprises dans ces textes) ,serial killer surprenant, Brigitte Aubert manie l'humour glacé,juste le temps de nous laisser reprendre notre souffle , pour mieux nous le couper quelques pages plus loin.
Les ados qu'elle peint sont souvent effrayants par la banalité avec laquelle ils considèrent la violence et la dernière histoire qui m'a rappelé un fait-divers particulièrement horrible qui s'était déroulé en Grande-Bretagne, se clôt par une pirouette qui nous fait osciller entre la jubilation et l'horreur.
Un petit (par la taille) chef d'oeuvre à déguster toutes les lumières allumées.
L'avis de Clarabel
06:30 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (20)
17/09/2007
Les bandes-son de nos vies
Un nouveau Juke-Box vient de sortir. Recueil de nouvelles écrites par des auteurs différents ayant comme point commun la musique et l'influence qu'elle peut voir sur nos vies.
Kéthévane Davrichewy (quels nom et prénom superbes!) sur fond de Joe Dassin écrit un texte espiègle sur l'image que l'on veut donner de soi quand on est ado (mais pas seulement!), Marie Desplechin nous raconte une adolescence dans les années 70 , adolescence qu'on peut supposer proche de la sienne,vision chaleureuse mais se terminant sur une note plus grave...
Christophe Honoré se penche , un peu platement, j'ai trouvé , sur le phénomène de la starification à tout crin. Nathalie Kuperman nous fait entrer dans l'univers d'une bouchère raide-dingue de France Gall, le tout pour le plus grand malheur/bonheur de sa fille.
N'aimant pas les contes, je ne suis pas du tout entrée dans celui de Martin Page évoquant le lien musique/rébellion.
Plus contemporaine, la nouvelle de Chloé Mary suit la structure d'un album de 68 tout en s'éloignant du contenu. Si je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire, émaillée de citations en anglais (heureusement traduites), j'ai admiré le style de cette auteure que je ne connaissais pas.
Des nouvelles donc pour se replonger dans le monde de l'adolecence mais aussi pour patienter en attendant des oeuvres d'auteurs déjà connus (Desplechin, pour moi)et aussi pour en découvrir d'autres ( Chloé Mary et Kéthévane Davrichewy).
Attention , après la lecture de certains textes, difficile de se sortir de la tête certains refrains !
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24/08/2007
L'eau à la bouche ...
Maintenant que l'automne est arrivé ou presque, que nous avons remisé nos maillots de bain, nous allons pouvoir déguster les Nouvelles gourmandes , préfacées par Jean-Luc Petitrenaud et Yann Queffélec.
Ce
recueil présente les nouvelles des lauréats du Prix de la nouvelle
gourmande organisé par la ville de Périgeux dans le
cadre du Salon international du livre gourmand. Lecture et
gourmandise, voilà une réunion bien alléchante !
Et
ce recueil
tiens toutes ses promesses. Diversité tant dans le ton que dans le
style,les auteurs (que je ne connaissais pas mais qui ont un réel
talent et une vraie gourmandise) ne se sont pas forcés pour nous mettre
en appétit.
Nouvelles historiques ou contemporaines, très souvent
astucieuses et pleines d'humour, évitant les clichés, chacun
trouvera son compte dans ses récits qui fleurent bon
l'aïoli, la truffe ou lesfines herbes.
Mes préférées sont celles
mettant en scène deux jeunes femmes qui vont découvrir qu'amour et
gourmandise vont souvent de pair, même si ce n'est pas forcément
avec celui que l'on attendait ...
Une réussite ! Merci, N-talo !
07:16 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (20)
29/06/2007
Serial lover ?
Heureusement que Tamara a rappelé qu'il y avait six nouvelles dans le recueil de Marie-Ange Guillaume La dernière nuit car j'ai dévoré ce livre à toute allure.
Beaucoup
de tendresse dans cet opus, que ce soit pour une vieille dame obstinée,
un chien, un couple d'amoureux ...mais aussi le désamour,
et la valse-hésitation exaspérante d'un homme entre deux femmes.
Beaucoup de sensualité aussi dans les descriptions et le style coup de griffe -éclat de rire de cette auteure trop rare.
06:15 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (7)
26/06/2007
Nouvelles déceptions
En ce moment, je n'arrive à lire que des formes courtes et pourtant j'ai abandonné en cours de route Scalpels de Charles Gancel, dont j'avais pourtant bien aimé les oeufs; peut
être parce que ces textes, même si l'auteur prend la précaution de
préciser que, basés sur des anecdotes réelles, il a pris soin de les
retravailler pour que personne ne s'y reconnaisse, le lecteur se sent
néanmoins voyeur de ces différents moments de honte et finit par se
sentir mal à l'aise et également ..honteux.
Deuxième échec : Mauvaises rencontres
de Elisabeth Horem.Quelques jours après avoir lu ces textes,
il ne m'en restait rien sinon l'impression d'être restée à la
porte d'un univers particulier, absurde (comme chez Kafka) et inquiétant. Dommage .
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25/05/2007
Comment ranimer la libido des footeux
Ah, comme je regrette que l'ordinateur n'ait pas précisé à ma vendeuse "préférée" (alias Jerisquandjemebrûle"), que Onze nouvelles à lire seule les soirs de match de foot...
n'était pas rangé (comme je le croyais aussi) dans la "littérature de
poulette" mais au rayon érotique.J'aurais bien aimé voir sa tête...Me
l'aurait-elle tendu comme avec des pincettes ou simplement
désigné du doigt ? Le mystère reste entier.
Le titre du recueil d'Emmanuelle Poinger joue donc sur l'ambiguïté suggérée par les points de suspension.
De
l'humour il y en a pourtant que ce soit dans les dédicaces (suggérant
au passage de nombreuses aventures...), dans l'avant-propos qui est à
lui seul une nouvelle mettant en scène des copines se lamentant sur
l'effet désatreux des matchs de foot sur la libido de leurs
Hommes.Solution préconisée: acheter le recueil que la lectrice a
actuellement entre les mains.
En plus d'être facétieuse,l'auteure a
donc le sens du marketing !
L'avertissement
nous rappelant que nous
sommes dans le monde du fantasme , monde où il n'y a pas de place
pour "le poil sur la langue, le mal de dos, les cheveux qui
restent coincés sous le partenaire",j'en passe et des pires m'a bien
fait sourire et c'est donc avec un a priori positif que
j'ai attaqué la première de ces onze nouvelles (une par joueur):
"AIMEE ou le livreur de suhis".
Aimée a beaucoup de chance car le
livreur étudie en fait la kiné et va donc masser Aimée et lui montrer
ce qu'on peut faire avec des baguettes et surtout il va lui apprendre à "LANGUIR".
Alors, là, je dis STOP !
D'abord,je sais pas vous mais moi quand un pro me masse, j'ai inévitablement envie de DORMIR .
Ensuite,
le premier qui essaie de me faire languir en me retirant mon dîner de
la bouche alors que je frôle la crise d'hypoglycémie ne sait pas ce
qu'il risque : pire qu'un bouledogue, je suis !
Enfin, la paire de
baguettes qui s'approche de ce qui me tient lieu de poitrine ,risque le
retour à l'envoyeur et une paire de baffes en prime.
Alors,
désolée mais je ne suis pas entrée dans le monde des fantasmes d'Aimée,
j'ai empoché mon carton rouge pour violence physique et verbale et je
suis restée (provisoirement ? ) sur le banc de touche.
06:04 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (22)