15/11/2006
Enfer et damnation !
Si vous aimez les livres qui parlent des livres, les héroïnes pas nunuches,
évouluant qui plus est en tant que détective littéraire dans un monde
qui pourrait être le notre mais pourrait aussi se trouver dans le
futur, si vous n'avez pas peur des voyages dans le temps, si vous aimez
les personnages déjantés et loufoques, si vous rêvez d'adopter un Dodo
(cet oiseau disparu qu'on rencontre chez Lewis Carroll), alors ces
livres sont faits pour vous ! (en plus, ils sont au format poche !)
Jasper Fforde (non, je ne bégaie pas ) a su dans L'affaire Jane Eyre et Délivrez-moi créer son propre univers , où nous le suivons ravis de découvrir les aventures de Thursday Next.
Je
ne vous cacherai pas que les surprises du premier volume ayant été
éventées dans le deuxième tome, j'y avais trouvé un peu moins de
plaisir, contrebalancé cependant par une trouvaille jubilatoire que je
me garderai bien de révéler ...
Recherchant
de quoi illustrer ce billet, je découvre que depuis le mois
dernier est sorti le 3 ème volume ! Et personne ne m'avait prévenue !
Vive la toile grâce à qui je vais commander de ce pas ...J'espère que
quand vous lirez ce billet, je l'aurai reçu...
06:07 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11)
14/11/2006
Quand le chat n'est pas là ...
Pour se remonter le moral, rien de tel que Broderies , la BD de Marjane Satrapi. J'en riais tout haut en le lisant, ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps !
Les
broderies qui donnent leur titre à la BD sont d'une nature très
particulière que je vous laisse le soin de découvrir. En tout cas, il
ne s'agit pas ici de concurrencer Catsotte et ses consoeurs.
Les
héroïnes sont la grand-mère (très pittoresque), ma mère, leurs copines
et l'auteure qui se met aussi en scène.Pendant que les hommes font la
sieste, les femmes débarassent et en profitent pour "casser du sucre "
sur le dos des hommes tout en prenant le café! Rien que de très normal
direz-vous peut être, vilaines que vous êtes ! :) Mais la scène se
déroule en Iran , pays où les femmes peuvent être mariées extrêmement
jeunes, se doivent d'être vierges au mariage et ne bénéficient pas de
beaucoup de liberté (doux euphémisme ) et prend donc une toute autre
dimension.
Voir la manière dont elles se débrouillent pour surmonter
leurs difficultés , avec une malice digne des contes orientaux , est un
pur régal ! La grand-mère qui appelle un chat un chat et son mari par
son nom pour mieux le respecter mais se débrouille pour n'en faire qu'à
sa tête est tout à fait réjouissante!
De la verdeur, de l'humour (au détrimment des hommes qui s'en remettront), voilà de quoi passer un bon moment !
PS: Pour en savoir plus sur l'auteur allez cueillir un peu de génépi...
06:15 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8)
10/11/2006
J'en suis encore toute étourdie...
Ne comptez pas sur moi pour vous résumer Fergus
d'Adrienne Miller, un roman foisonnant, rempli de personnages
excentriques, égocentriques, avides d'attirer l'attention, le tout
gravitant dans le milieu de l'art aux Etats-Unis( Je préfère vous
laisser découvrir cette histoire éclatée pour que vous vous laissiez
surprendre...).
Plusieurs narrateurs, qui changent tout le temps, ce
qui est au début un peu déroutant, une histoire de manipulation et de
guerre des sexes, une histoire surtout montrant la vanité des
apparences dans le monde artistique.
J'ai d'abord beaucoup aimé le
style de l'auteure, ses formules qui font mouche, mais au deux tiers du
livre, j'ai commencé à m'essouffler et à être agacée par les
personnages,plus maladroits les uns que les autres dans leur relations
avec autrui.
J'aurais aimé aussi avoir quelques explications
concernant les allusions aux personnages de l'actualité états-unienne,
quelques notes en bas de page n'auraient pas été superflues.
Bilan
mitigé donc pour ce roman dont je ne connaissais rien et que seuls
quelques "sondages" dans les 660 pages qui le composent m'avaient donné
envie de le lire...
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5)
09/11/2006
Pour vous broyer le coeur...
Aujourd'hui sort en édition de poche le premier roman de Kate Moses, Froidure ! Bonheur pour ceux et celles qui n'ont pas encore eu la chance
de découvrir ce texte superbe pas follement gai, il faut bien le
reconnaître mais d'une beauté sans pareille.
Même si vous n'avez
jamais lu de poèmes ou de romans de Sylvia Plath, peu importe, vous
n'avez pas besoin de connaître sa vie pour aimer cette femme exigente
dans son art et dans sa vie.
Dans une note en postface l'auteur nous
explique sa méthode de travail, basée sur les derniers poèmes de Sylvia
Plath et sur de nombreuses sources, ce qui prouve la rigueur de son
travail et le respect qu'elle voue à l'oeuvre de Plath, mais
franchement, tout ce travail de recherche ne se sent pas du tout, tant
le texte est fluide.
Froidure peut se lire comme le roman
d'une femme solitaire qui se débat pour survivre après une rupture dans
un pays qui n'est pas le sien, à l'approche de Noël, fête qu'elle
prépare pour ses deux petits , tout en écrivant ses derniers poèmes.
En
contrepoint, des retours en arrière dans la campagne anglaise , le
temps du bonheur (de superbes descriptions ) avec Ted, poète lui aussi,qui trahira Sylvia...
Sylvia coud, Sylvia nettoie, Sylvia se débat et, épuisée, Sylvia écrit ...
Pas de mélo, tout est en retenue, et l'américaine Kate Moses mériterait d'être inclue dans le club des romancières anglaises.
05:14 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13)
06/11/2006
JF.partagerait appartement.
Le problème du logement ne semble toujours pas résolu à New-York puique l'héroïne de Symptomatique
se retrouve dans la même situation que celle de John Lutz quelques
années auparavant: après une rupture, elle doit se chercher un
appartement.
Le roman de Lutz était un polar (adapté au cinéma par
Barbet Schroeder) qui jouait sur les troubles de la personnalité de la
colocataire de l'héroïne.
Danzy Senna, elle, plus que sur l'amitié
"forcée" qui va être imposée à la narratrice, insiste davantage sur la
difficulté pour les métisses à trouver leur place dans la société.
"Moitié-moitié",
"mules", tels sont les qualificatifs qui leur sont accolés. Les Blancs
ne demandent jamais à l'héroïne si elle est noire, mais ils n'hésitent
pas à faire des blagues racistes devant elle, et comme par hasard, nous
découvrirons que le premier vrai reportage qui lui sera confié concerne
un Noir.
Les Noirs, eux, posent franchement la question et il
faut noter que c'est en fonction de son comportement qu'une personne
métisse sera estimée blanche ou noire...
Le
style de ce roman est très fluide, la lecture en est aisée mais un peu
plus de "mordant " aurait été nécessaire pour relever "la
sauce"...
06:11 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6)
04/11/2006
Non dits.
La guerre est très utile aux psychopathes car leurs exactions
peuvent facilement être imputées à d'autres. Une correspondante de
guerre, Connie Burns, établit néanmoins un lien entre des crimes
sexuels commis dans différents pays et la présence récurrente d'un
mercenaire britannique.
Celui-ci l'enlèvera en Irak pendant trois
jours . Refusant de communiquer sur cet enlèvement, refusant de montrer
sa souffrance, la journaliste sera même soupçonnée d'avoir organisé son
rapt...Elle se réfugie dans un petit village anglais, dans une maison
qui se révèle à l'usage mal commode et isolée. Evidemment, le lecteur
se doute bien que le psychopathe va réapparaître.
Mais, ce qui est intéressant dans Les démons de Barton House
n'est pas le suspense qui ,à chaque fois, est sciemment désamorcé ,mais
l'exploration psychologique des personnages. Minette Walters peint avec
sensibilité ses personnages féminins, femmes humiliées mais qui
sauront relever la tête et affronter le pire. Elle ne s'attarde jamais
avec délectation sur ce qu'a subi Connie durant ces trois jours, ne
donnant que des bribes d'informations.
Par contre, une révélation
concernant les propriétaires de Barton House, arrivant au dernier tiers
du livre, m'a paru un peu "parachutée", même si le thème abordé est
intéressant.
La fin du roman ,toute en non-dits , est un pur régal ...
06:10 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8)
26/09/2006
Delly pas mort !
Bon , j'avoue , je me suis faite couillonnée ! Tout à cause d'un paragraphe juste peaufiné pour être écrit en 4 ème de couv': "Elle
avait tout perdu et elle était libre. Libre ! Il y avait quelque chose
de libérateur dans le fait de ne posséder plus rien ni personne.
Quelques semaines plus tôt, elle s'était juré de ne pas être une
pleurnicheuse. Elle voulait devenir une alcoolique, une garce, une
langue de vipère. Une femme dangereuse ou juste une femme en
danger...L'heure était venue de tenir sa promesse." Beau programme, non ?
Hélas,
J'ai tenu bon jusqu'à la page 107 mais là je baisse les bras. Cette
histoire de narratrice qui bossait dans le cinéma (encore!) et qui
quitte son confort américain pour aller s'installer avec son homme en
Bulgarie m' a laissé de marbre. L'homme en question est parti étudier in situ et in vivo
le passage à l'économie de marché , mais il se prend tellement au jeu
qu'il va tomber amoureux grave d'une femme de ménage bulgare. Du coup,
la narratrice se jette dans les bras d'un mafieux velu (berk!). Les
amours ancillaires , j'ai eu ma dose avec Delly (l'ancêtre des
Harlequin pour les jeunettes) il y a prescription pour que je vous
donne la date.
Alors, voilà un livre qui va retrouver la liberté...
06:48 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10)
20/09/2006
Un libraire selon mon coeur
J'avoue, le titre(Le libraire de Régis de sà Moreira) et la couverture du livre de poche m'ont incitée à
faire un achat d'impulsion que je ne regrette pas ! Suis obligée de
décrire la couverture, faute de photo disponible : un mug blanc dans
lequel trempent différents sachets de tisanes (ou de thés)
étiquettés au noms de bons bouquins de Harper Lee, Pouchkine, Tc Boyle
ou Rostand...
Le prologue est un peu déroutant mais le contenu du
livre est à savourer à petites gorgées...On entre en effet
progressivement dans un univers qui de "normal" bascule progressivement
dans la poésie, l'humour, un univers suspendu entre rêve et réalité
où l'on croise des clients bizarres (Dieu, une femme nue, Jacques le
Fataliste...) et surtout un libraire qui vit de lectures et de tisanes
(d'où la couverture) et qui ne dort jamais...
Un
grand amour des livres se dégage de cet "olni"(objet littéraire non
identifié), qui peut dérouter les amateurs de littérature "classique"
mais séduira les esprits fantasques...
"Certains livres sont à retardement "
Cuné
avait déjà parlé de ce livre bien avant que je sévisse sur ce blog et
je la rejoins sur l'envoi des pages arrachées même si l'idée de mutiler
des livres me chagrine un peu...
07:20 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8)
20/08/2006
Economisons notre temps..
Sur la 4ème de couverture de Poésie à bout portant, il est mentionné que l'auteur , Victor Gischler, "buvant du café à longueur de journée(...) ne dort que sept minutes par nuit". Grand bien lui fasse.Quand on nous présente l'auteur comme un grand (! ) original, j'ai tendance à me méfier. Surtout quand il s'agit de préférences alimentaires.
Bien que n'ayant jamais bu de café (voilà qui est
original, non ?, surtout quand on est Ch'ti), j'ai quand même réussi à
tenir jusqu'à la page 214 avant de déclarer forfait.
L'idée
de départ pouvait sembler intéressante: un jeune Noir, "petite frappe"
s'empare de l'identité d'un futur étudiant en poésie, dans l'espoir de
changer de vie. Au passage, il râfle aussi un kilo de cocaïne à son
chef, ce qui augure mal de son avenir et de sa motivation.
Les récits d'impostures sont difficiles à traiter et l'auteur ne fait ici qu'effleurer le problème.
Gischler,
enseignant à l'université, en profite pour brosser au passage des
portraits plus lourdingues les uns que les autres des profs de fac.
On
ne s'attache pas à ces fantoches sans épaisseur qui ne pensent qu'à
boire ou à baiser ou aux deux . ça s'agite beaucoup, ça castagne, ça
pétarade ...mais dans le vide.
Et la poésie dans tout ça ? Elle est
évoquée accessoirement et est aussi utile à la narration qu'une paire
de palmes dans le désert.
07:01 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4)
19/08/2006
De l'art de manipuler (et de se faire manipuler)
Il paraît que les jeunes délinquants français, gavés de films
et feuilletons américains appellent les juges "Votre Honneur"... Si
comme moi, vous n'aimez ni les films ni les bouquins de procès, vous
allez avoir un léger recul en voyant le thème et le héros du nouveau
bouquin de Michael Connelly, La défense Lincoln.
En effet,
l'auteur a délaissé (provisoirement ?) son inspecteur Hiéronymus Bosch
pour un dénommé Mickey Haller , avocat de la défense.
"Comment
fais-tu pour être un avocat de la défense bien crapoteux avec deux ex
et une fille de huit ans et qu'on t'aime toutes encore." Voilà
résumée par une de ses ex femmes, elle même avocate ,mais de
l'accusation,la situation de notre héros. Parce qu'il est plutôt sympa
, Mickey, et il manipule avec dextérité tous les rouages de la justice
américaine et les gens qui l'entoure de la même manière pour subsister
avec ses clients pas très en fonds.
Alors le jour où un client très
riche fait appel à lui, il croit qu'il va toucher le pactole et
pouvoir payer sans difficultés, enfin, les traites de sa maison avec vue
(un point commun avec Bosch).Evidemment, tout va se compliquer et
Mickey va se retrouver dans une situation inextricable ,face au
Mal.
Le lecteur suit sans difficulté aucune le héros dans les
subtilités du système judiciaire américain et se laisse allègrement
manipulé par Connelly. Rien n'est manichéen dans ce texte où le
héros en vient à remettre en cause son propre fonctionnement .
Si
vous n'avez pas comme moi la chance d'avoir un beau-frère fan de
Connelly (merci, François) et que votre budget livres est en train
d'exploser, attendez un peu, ce livre sortira bientôt en poche...
07:50 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2)