01/09/2020
Un mariage américain ...en poche
"Nous ne sommes pas la version noire de la famille américaine idéale."
Le seul crime de Roy ? Avoir été un Noir au mauvais endroit , au mauvais moment, qui plus est dans un État sudiste des États-Unis. Condamné rapidement pour viol, alors que sa femme, Celestial, sait qu'il est innocent, le jeune homme voit basculer sa vie en un rien de temps.
Tout semblait pourtant leur sourire: Roy s'apprêtait à lancer son business tandis que sa jeune épouse commençait à se lancer dans une carrière artistique. Bien qu'appartenant à la classe moyenne américaine, Roy paraît voué à incarner le destin de l'homme noir : "Porté par six ou jugé par douze.", comprendre être dans un cercueil ou passer devant le tribunal.
Tayari Jones choisit de ne pas s'attarder sur le procès, mais bien d'analyser en profondeur la relation qui va peu à peu se déliter entre ceux qui ne sont mariés que depuis dix-huit mois. Par le biais de leur correspondance, puis donnant tour à tour la parole aux différents protagonistes de cette histoire, elle scrute au plus profond les motifs de la distance qui s'établit entre eux. Sans manichéisme, sans parti pris, elle analyse ainsi l'évolution de cette relation et dénonce le racisme qui gangrène la société américaine.
Un roman puissant qui aurait pu néanmoins détailler un peu plus le revirement de la justice et s’épargner quelques lourdeurs concernant les pressentiments de certains personnages.
Attention, la quatrième de couverture en dit beaucoup trop.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Karine Lalechère, Plon 2019, 415 pages prenantes
06:02 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : tayari jones
28/08/2020
#Glory#NetGalleyFrance
"Les flics, les avocats, les professeurs, les hommes d'église, le juge et les jurés, les gens qui ont élevé ce garçon avant de l'envoyer dans le mode - ils sont"tous coupables."
Gloria Ramirez, quatorze ans, arrive à se traîner jusqu'à la véranda d'une ferme paumée du Texas. Elle vient d'être violée et furieusement tabassée par un beau gosse de vingt ans, fils de pasteur. Il faudra tout le sang-froid et la détermination de Mary Rose Whitehead pour que cette enfant échappe à son poursuivant.
Dans cette région pétrolifère, en 1976, l'or noir tue indifféremment les hommes et la nature. Les femmes, elles, sont majoritairement assassinées par des hommes. Programmées pour faire des enfants, elles doivent materner aussi leurs maris, être là pour leur bien-être et bien peu d'entre elles ont la chance de faire des études, enceintes dès la fin du lycée et mariées dans la foulée. Les différents groupes religieux se chargent de les maintenir dans le droit chemin. Quant au racisme, il est froidement assumé. La violence est présente, aussi bien dans le climat que dans les mœurs, en témoigne l’équipement d'une patronne de restaurant: "Derrière le comptoir, elle garde un antique pistolet à bétail paralysant, pour les problèmes courants, et un fusil à pompe pour les situations incontrôlables."
Mais, heureusement, toutes les femmes ne s'accommodent pas de cet état de faits et nombre d'entre elles mettent en place des stratégies pour échapper à leur condition.
Roman choral qui nous propose un bien belle galerie de portraits de femmes, Glory possède tout à la fois une structure efficace et des personnages aux caractères bien trempés, chacune à leur manière. Pas de bons sentiments, mais un vent de révolte qui emporte le lecteur et ne lui fera pas oublier de sitôt Corrine, Marie Rose et les autres. Un grand coup de cœur.
Glory, Elizabeth Wetmore, traduit de l'anglais (E-U) par
Éditions Les escales 2020
06:00 Publié dans Rentrée 2020, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : elizabeth wetmore
26/08/2020
La femme intérieure
"La maison avait glissé dans une réalité alternative, le calme sublime qui enveloppe une espace quand ses habitants non domestiqués sont, enfin, au repos."
Molly, paléobotaniste, participe à des fouilles dans une ancienne station-service. Dans la Fosse où travaille l'équipe différents objets , dont une Bible où le pronom "elle" remplace le "Lui" habituel , perturbent la logique temporelle et attirent les foudres de nombreux croyants.
L'autre moitié de la vie de la jeune femme est occupée par ses deux jeunes enfants dont elle va devoir s'occuper seule pendant une quinzaine de jours, son mari étant à l'étranger pour son travail.
Une existence bien remplie et bien fatigante donc, ce qui explique peut-être pourquoi Molly, après différents incidents pour le moins étranges aimerait confier à son mari une vérité dérangeante :"Il existe une autre version de moi. Elle est venue par la Fosse. Ses enfants sont morts. Elle veut nos enfants."
Le tour de force de Helen Phillips est de présenter son héroïne à la lisière de deux réalités juxtaposées qui peuvent facilement apparaître étranges, tout en restant banales en apparence. Il y a le quotidien cérébral d'une scientifique et sa réalité biologique de mère allaitante :"Elle allait pousser la porte et s'avancer dans son autre vie, cette vie animale et secrète dans laquelle elle coupait des pommes, décongelait des petits pois, torchait des petits culs et laissait son corps se faire traire sans cesse et se remplir sans cesse."
Mais l'autrice n'en ménage pas moins une tension extrême entre ces deux mères tellement semblables qui veulent toutes deux les enfants et semblent prêtes à tout. Même à établir une relation en apparence pacifiée :"Une étrange camaraderie avec la personne qu'elle voulait éliminer, la personne qui voulait l'éliminer."
Utilisant un montage alterné, procédé cinématographique très efficace , Helen Phillps fait monter le suspense et trouve une manière originale de résoudre le problème posé à son héroïne.
Il émane de ce roman une grande puissance , tant par sa tension dramatique, que par sa manière d'utiliser le genre fantastique, un fantastique qui fait la part belle au quotidien, scruté avec une extrême attention , repérant "Les innombrables motifs de chantage que nous avons tous sur nous.", décrivant au plus près la réalité corporelle d'une mère, ses failles et ses forces insoupçonnées. Un style fluide et plein de notations surprenantes ajoute au plaisir de lecture.Un grand coup de cœur qui file directement sur l'étagère des indispensables.
La Femme Intérieure Helen Phillips, traduit de l’anglais (E-U) par Claro, un gage de qualité, Éditions du Cherche-Midi 2020, 411 pages dévorées d'une traite.
Merci au Picabo River Book Club et à l'éditeur.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Rentrée 2020, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : helen phillips, claro
19/08/2020
Le lièvre d'Amérique
"Diane ne se souvenait pas de cette impression de faire entièrement partie du paysage, de la proximité des grandes oies des neiges, comme si elles piétinaient sa peau. C'est sûrement ça qu'elle avait oublié en partant subitement. L'appartenance."
Alternant les souvenirs d'adolescence de Diane et de son ami Eugène dans une nature sauvage où ils évoluent en parfaite harmonie, descriptions naturalistes de l'animal qui donne son titre au roman et récit d'une Diane adulte se remettant d'une mystérieuse intervention destinée à la rendre encore plus performante, le texte de Mireille Gagné alterne les tonalités et les temporalités sans jamais perdre son lecteur.
L'écriture est étonnante de véracité et de poésie , tant dans les sentiments que dans les descriptions de la nature et c'est par petites touches que se découvre une transformation qui pourrait aussi bien appartenir à l’univers du conte qu'à un futur très proche, tant les manipulations génétiques deviennent monnaie courante.
On suit de l’intérieur la métamorphose de Diane ,accro au boulot, qui s'est coupée de tout et de tous ( surtout de la nature, en fait)qui est devenue une proie et agit en tant que telle. On l'accompagne dans cette transformation, le souffle court, le cœur battant, espérant que la jeune femme s'en sorte.
A noter que l'autrice fait la part belle au vocabulaire maritime et au parler rural de l'île aux grues, île située sur le fleuve Saint-Laurent, donnant ainsi plus de véracité à son texte, mais aussi de précision et de charme.
S'inscrivant dans la lignée de La femme changée en renard de David Garnett , ou plus acide et violent de Truismes de Marie Darrieussecq, Le lièvre d’Amérique renouvelle le genre , par sa poésie et son amour de la nature, et se prête comme ses prédécesseurs à de multiples interprétations. Un grand coup de cœur pour ce récit envoûtant !
Et zou, sur l'étagère des indispensables.
La Peuplade 2020
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Rentrée 2020, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : mireille gagné
17/08/2020
#Quisèmelevent #NetGalleyFrance
"En plus de nourriture et de vêtements, les enfants ont besoin d'attention. Ce que papa et maman semblent oublier de plus en plus."
- La mort accidentelle de Matthies, quelques jours avant Noël, va plonger ses frère et sœurs, ainsi que ses parents ,dans une souffrance qu'ils ne parviendront pas à verbaliser.
Même la religion (ils sont protestants orthodoxes) ne leur sera pas d'un grand secours et chacun dans on coin, ou presque ,continuera tant bien que mal à survivre à ce deuil.
Nous sommes au début des années 2000, dans un coin paumé d'une campagne néerlandaise et la vie est rude pour ces éleveurs de bovins. On pourrait parfois croire, n'étaient quelques détails qui ancrent dans la modernité, que cette famille, tout à la fois pudibonde pour ce qui est de la sexualité et très crue en ce qui concerne la réalité de la mort, vit quasiment en dehors du temps.
Tandis que la mère glisse dans une forme de folie, le père fait face avec stoïcisme à une épizootie qui ravage son troupeau, mais aucun d'entre eux ne parvient à exprimer ses sentiments et ils laissent le reste de la fratrie bricoler des stratagèmes pour apprivoiser la mort.
Ainsi la narratrice, dix ans au début du roman, ne quitte-elle pas sa parka, parka dont elle remplit les poches d’objets . Son frère, lui, opte pour des actes bien plus sadiques.
La découverte de la sexualité pour la fratrie les tient encore du côté du vivant ,mais dès les premières pages du roman, on sait qu'une tragédie est en route car "Quand on n'est plus à même de tenir avec tendresse un être humain ou un animal, mieux vaut lâcher prise et s'intéresser à autre chose."
J'ai rarement lu un roman aussi âpre, aussi tenu , dans le sens ou l'autrice ne tombe jamais dans le piège du pathos, où s’exprime une telle âpreté, un tel pessimisme (le père "prétend que ce n'est pas pour nous le bonheur, qu'on n'est pas faits pour être heureux, pas plus que notre peu blanche n'est faite pour endurer le soleil") et pourtant la narratrice , par son regard singulier, sur la nature, les animaux, parvient à nous offrir quelques respirations dans cette atmosphère saturée de tristesse.
La fin tombe comme un couperet.
Une expérience singulière et forte. Un premier roman , un coup de maître.
Il rejoint bien sûr l'étagère des indispensables.
Traduit du néerlandais par Daniel Cunin, Buchet-Chastel 2020
06:55 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine, Littérature néerlandaise, Rentrée 2020, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marieke lucas rijneveld
24/07/2020
C 'est lundi aujourd'hui..en poche
"Maintenant j'évite la compagnie des humains mais, bizarrement, il y a toujours quelqu'un qui se soucie de moi."
Julia, trente ans à peine, n'est plus étudiante mais vit en colocation. Elle a écrit un roman autobiographique sur son histoire d'amour terminée, mais ne se dit pas écrivaine. Elle est femme de ménage, mais seulement le matin. Elle tient à distance ceux qui s'intéressent à elle, parents ou amoureux potentiels.
Elle est solitaire, boulimique, insomniaque et souffre de maux de tête, peut être dus à sa consommation excessive d'alcool.
Julia a fait un pas de côté en exerçant ce métier et porte aussi un regard décalé sur notre société, soulignant les travers dont nous ne sommes plus toujours conscients : la comédie sociale, la nécessité de passer par un médiateur dans nos rapports humains, la violence sociale "Mais de nombreuses personnes ont dit éprouver le besoin de voir les clients et les employés réunis. Vous êtes aussi des êtres humains après tout", ou le fait qu"On est clients partout, même dans sa propre maison, même dans le débarras."
C'est grinçant, parfois drôle (elle songe à se déclarer allergique aux gens tristes, par exemple), révélateur des idiosyncrasies, pas toujours reluisantes ou logiques de ses clients, mais le pas de côté dérape et ,petit à petit, Julia profite davantage des libertés que lui confèrent les clés de ses clients, s'immisçant à leur insu dans leur vies...
Un premier roman qui prend son temps pour démarrer mais instaure ensuite une tension dramatique assez fascinante. Un personnage insolite et mémorable .
Traduit du néerlandais par Arlette Ounanian
336 pages parfois déroutantes mais captivantes.
08:15 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sytske van koeveringe
11/06/2020
Retour à la case départ...en poche
"Réussir à avoir une bonne opinion de soi-même, c'était un peu comme vieillir de manière digne: totalement impossible,mais ça valait quand même la peine d'essayer."
Non, rassurez-vous David Hedges n'est pas retourné vivre chez ses parents, comme pourrait le laisser entendre le titre du roman de Stephen McCauley. De nouveau célibataire-son compagnon l'a quitté- il est aussi sur le point de perdre son logement à San Francisco.
L'appel de Julie, avec laquelle il a été brièvement marié,trente ans plus tôt, va lui offrir l'occasion d'une escapade à Boston où il pourra mettre en œuvre ses talents pour planifier l'avenir universitaire de la fille de Julie. Mais pas que. En effet, tout comme lui, Julie est aux abois : en plein divorce, elle est en difficultés pour racheter sa part de sa maison.
Les personnages de Stephen McCauley ont vieilli, mais ils ont en rien perdu leur sens de l'observation, de l'humour, voire du sarcasme. L'auteur en profite pour égratigner au passage tous les nouveaux travers de notre société, ses applications, ses réseaux sociaux, entre autres. Il se régale à peindre de vraies méchantes, mais nuancées, et aucun personnage secondaire n'est négligé.Oon sourit beaucoup, on rit aussi et on retrouverait presque le niveau de plaisir atteint lors de la découverte de son premier roman, L'objet de mon affection n'était un revirement final improbable et quelques longueurs.
Il n'en reste pas moins que découvrir la sortie d'un nouveau roman de Stephen McCauley est toujours une bonne nouvelle.
421 pages Robert Laffont 2019, traduit de l'anglais (États-Unis) par Séverine Weis
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : stephen mc cauley
01/06/2020
#Gray#NetGalleyFrance
"Tel était son secret: son for intérieur ressemblait à la maison de Kenny. Rien n'y avait de place attirée. Rien n'allait à la poubelle. Voilà pourquoi il régnait un tel ordre sur son bureau. Ce soin maniaque obligeait le fouillis à rester à l'intérieur."
Un étudiant de Cambridge, féru d'escalade urbaine, a fait une chute mortelle. Suicide, accident ou meurtre ? Augustus Huff, enseignant et tuteur de la victime mène l'enquête car quelques détails troublants ont attiré son attention.
Lui, le trentenaire hyper ordonné (et souffrant de quelques Trouble Obsessionnels Compulsifs), hérite en outre provisoirement du perroquet gris de la victime. Gray, volatile entraîné, intelligent qui, aussi bien par ses remarques impertinentes et intempestives, que par sa manière peu orthodoxe de manger, va semer le chaos dans la vie d'Augustus.
Le contraste entre les deux héros et l'écriture enjouée de Leonie Swann font de cette enquête bon enfant un pur délice et l'on prend un grand plaisir à suivre "les méandres de l'esprit" de l'enquêteur improvisé. Un roman de pur divertissement qui se dévore le sourire aux lèvres. L'autrice de Qui a tué Glenn ? renoue avec ses thèmes de prédilection et met également en garde contre la tentation d'adopter un tel volatile.
Éditions Nil 2020, traduit de l'allemand par
De la même autrice: clic. (vient de ressortir en poche)
06:00 Publié dans Humour, Les livres qui font du bien, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : leonie swann
28/05/2020
Une maison parmi les arbres ...en poche
"- C'est la raison pour laquelle cette histoire s'adresse à des enfants plus âgés. Des enfants qui ne sont plus vraiment des enfants. Qui comprennent ce qu'ils voient aux informations . Et au cas où vous l'auriez oublié , les adolescents ont, de façon innée des pensées sombres qu'ils ont tendance à garder pour eux. Ils se régalent de désastres fictifs. Il y a une espèce de réconfort à voir le monde brûler dans un livre. Un livre, comme un fourneau, peut être refermé, le feu contenu."
Quand Morty Lear, célèbre auteur de livres pour enfants, décède accidentellement, , son assistante , confidente et amie Tomasina Daulair découvre qu'elle hérite non seulement de sa Maison parmi les arbres, mais aussi de la gestion de son œuvre.
Elle qui a consacré toute sa vie à faciliter celle de son employeur va aussi devoir faire face à ceux qui veulent s’approprier , en toute bonne foi ou pas, une parcelle de l'oeuvre de Lear: que ce soit le célèbre acteur engagé pour incarner l'auteur dans un biopic, la conservatrice de musée à qui étaient promis des documents en vue d'une exposition ou le propre frère de Tomasina qui s'estime lésé par l'auteur.
Les surprises vont se succéder sous la plume à la fois tendre et ironique de Julia Glass qui excelle à relater tout en nuances les fêlures et les blessures infimes en apparence mais qui marquent toute une existence. Toute une galerie de personnages plus vrais que nature , avec leurs petitesses et leurs grandeurs, se déroule sous nos yeux. Un grand coup de cœur.
Gallmeister , traduit de l’américain par Josette Chicheportiche.
L’éditeur précise que Julia Glass s'est inspiré de la vie de Maurice Sendak (Max et les maximonstres.)
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : julia glass
23/05/2020
De toutes les nuits, les amants
"Tristesse ou joie, rien ne nous est propre, nos émotions sont celles que quelqu'un quelque part a déjà ressenties et que nous ne faisons que mimer."
Scrupuleuse dans son travail de correctrice, Fuyuko, jeune femme de trente quatre ans , vit dans une solitude extrême. Très introvertie, elle ne peut concevoir d'établir des interactions avec les autres sans auparavant consommer d'alcool , pour se donner un peu confiance en elle.
Elle réussira néanmoins à tisser des ébauches de liens avec un professeur de physique, avec qui elle s'entretient de la lumière, mais également avec une jeune femme qui semble être son exact opposé : Hijiri, une éditrice qui lui confie du travail.
Amateur de rebondissements, passez votre chemin car ici il semble ne se passer presque rien dans ce roman , mais ce presque rien est très évocateur de ce qui fait les forces et les faiblesses de Fuyuko. On est ému par cette jeune femme qui se tient au bord du monde .Un texte d'une infinie douceur. 279 pages
Traduit du japonais par Patrick Honnoré. Babel 2020
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mieko kawakami