22/03/2021
#LAngedéchu #NetGalleyFrance
"Mais dans cette famille, tout le monde accuse tout le monde de quelque chose en secret."
La jeune Amanda, baby-sitter quasi improvisée, ne pensait pas que ce séjour au Portugal dans une villa proche de celle de la famille Temple virerait au cauchemar. Pourtant les Temple semblent donner l'image de la famille parfaite, la mère qui a eu son heure de gloire à la télévision dans sa jeunesse, a tenu à rassembler ses trois enfants adultes et leur progéniture afin de rendre un dernier hommage au pater familias Max Temple, professeur de psychologie devenu célèbre par sa manière de discréditer les théories complotistes.
Alternant les époques, (2002, 20018) et les points de vue, Chris Brookmyre prend un malin plaisir à multiplier les révélations et à dévoiler les turpitudes de cette famille anglaise où certains se jouent la comédie du bonheur , tandis que d'autres souffrent et/ou se font manipuler de manière particulièrement perverse.
Commençant par le point de vue d'une méchante d'anthologie, dont on comprend fort bien le surnom (Poison Yvi), le roman ferre d'emblée son lecteur et ne le lâche plus. Un page turner d'une efficacité redoutable. Chris Brookmyre est à son meilleur !
Traduit de l'anglais par
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : chris brookmyre
02/03/2021
#Migrations #NetGalleyFrance

Par amour pour ces oiseaux, Franny Stone parvient à embarquer sur un bateau de pêche et faisant fi de ses convictions écologiques, propose un marché au capitaine du Saghani : les sternes les mèneront aux poissons et elle pourra les suivre dans leur périple.
Commence alors un double voyage : l'un sur mer en compagnie d'un équipage haut en couleurs , l'autre dans le temps qui nous permet de découvrir une héroïne marquée par un passé douloureux, par son amour de la mer et enfin par une irrépressible bougeotte qui la force à quitter ceux qu'elle aime.
Charlotte McConaghy sait nous tenir en haleine, tant dans son récit d'aventure maritime que dans la découverte des failles de son héroïne. On ressent parfaitement aussi son amour de la nature et les craintes que la sixième extinction annoncée génère chez ses personnages, personnages dont elle brosse le portrait avec beaucoup d'empathie. On frôle parfois le pathos mais la conclusion, juste parfaite offre une lueur d'espoir bienvenue. Un roman qui séduira tous les amoureux de la nature.

06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : charlotte mcconaghy
15/02/2021
Le fabuleux voyage du carnet des silences
"Souvent avec Monica , il avait l'impression de passer un examen auquel il n'était pas assez préparé."
Un carnet avouant la solitude d'un vieil homme excentrique, peintre en vogue au temps du Swinging London et aujourd’hui oublié, carnet laissé dans le café de Monica va déclencher toute une série d'aventures, de rencontres, de malentendus et de révélations inattendues.
C'est aussi pour l'autrice l'occasion de nous brosser toute une galerie de personnages allant de l'instagrameuse qui ripoline sa vie de jeune maman au bord de la dépression, à la célibataire frisant la quarantaine , sans oublier bien sûr des amoureux potentiels , cabossés ou non.
Quelques métaphores improbables, quelques traductions hasardeuses (que faire d'une truelle dans un jardin ? ) ont bien failli me faire lâcher l'affaire mais , même si le récit est très programmatique, il se dégage beaucoup de bienveillance de ce roman qui coche toutes les cases de la romance ouverte d'esprit (couples gays à l'appui), sans oublier un chien selon mon cœur. Un bon moment de lecture sans prise de tête.
Merci à l'éditeur et à Babelio
Fleuve éditions 2021, 473 pages
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : clare polley
12/02/2021
#Hiver #NetGalleyFrance
"Pas idiot. Idiolecte. Voilà ce qu'il est : un langage que personne d'autre ne parle au monde. il est le dernier locuteur de lui-même."
Invité pour Noël chez sa mère avec qui il entretient des relations distantes, Art n'a rien trouvé de mieux que de louer les services d'une jeune fille d'origine étrangère rencontrée dans la rue pour jouer le rôle de Charlotte, sa petite amie qui vient de briser leur relation.
Le roman commence donc sous les auspices d'un ressort de comédie romantique mais va bientôt prendre un tournant plus dramatique quand les jeunes gens vont se rendre compte que la mère d'Art, Sophia, est plutôt confuse et ne s'alimente guère. Art appelle donc à la rescousse Iris, la sœur de sa mère. Voilà trente ans que , séparées par des visions du monde radicalement différentes, les deux femmes ne se sont pas revues...
Les souvenirs se mêlent au présent, un secret de famille sera révélé, mais pas forcément au principal intéressé dans cette famille qui semble ne pouvoir communiquer que par le truchement de tiers. Un roman qui peut dérouter mais dont les personnages n'en demeurent pas moins attachants.
Traduit de l’anglais par Laetitia Devaux. grasset 2021
De la même autrice: clic.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ali smith
09/02/2021
Tu aurais dû t'en aller
"Mais moi, je ne me vois pas. Dans le reflet du salon, il n'y a personne."
En vacances dans les montagnes allemandes où il espère trouver l'inspiration pour écrire la suite d'un film à succès, le narrateur et sa famille n'échappent pas à leurs tensions internes et, de surcroît, sont bientôt englués dans une atmosphère étrange.
Avec habileté, Daniel Kehlmann revisite les codes du fantastique et de l'horreur, transformant une maison moderne en un piège où les images , les mots, la géométrie même deviennent trompeurs. Le narrateur, à l'instar de celui du Horlà est-il fou ? Le lecteur en tout cas a le cœur qui bat en dégustant ces 91 pages.
Actes Sud 2021, traduit de l'allemand par Juliette Aubert
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0)
04/02/2021
Encabanée
"Incarner la femme au foyer au sein d'une forêt glaciale demeure, pour moi, l'acte le plus féministe que je puisse commettre, car c'est suivre mon instinct de femelle et me dessiner dans la neige et l'encre les étapes de mon affranchissement ."
Quel beau mot que cet Encabanée qui donne son titre au roman ! Évoquant tout à la fois le refuge et la prison, fleurant bon la langue québécoise, il était juste parfait pour ce roman inspiré par le journal intime de l'autrice, enfermée dix jours dans son petit refuge du Bas-Saint-Laurent à cause d’une vague de froid .
Ici la narratrice , choisit de quitter une vie confortable pour s'acheter une cabane et un terrain à Kamouraska , dans une nature à peine troublée par le bruit de trains. Elle veut mener une vie plus frugale, plus proche de la nature , lire de la poésie et écrire. Il lui faudra aussi s'atteler à l'entretien de son poêle pour faire face à un hiver particulièrement rude. Pas de réseau pour le téléphone portable, tout peut donc devenir dangereux.
J'ai tout aimé dans ce roman, la langue, la démarche et la narration qui fait la part belle au romanesque et au corps ,avec l'irruption d'un intrus qui permettra de satisfaire les désirs charnels de notre narratrice.
Un grand coup de cœur pour ce roman qui peint et défend la nature canadienne avec brio et nous propose un point de vue féminin et féministe sur une expérience plus souvent racontée au masculin.
Éditions Le mot et le reste, 108 pages drues.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : gabrielle filteau-chiba
02/02/2021
Zoomania
"Au cours des dernières semaines, il m'avait expliqué pourquoi . D’après lui, la plupart des gens étaient incapables de comprendre dans quelle situation désespérée se trouvaient les animaux. Ils étaient trop protégés pour le voir. Trop en sécurité. ils avaient beau connaître les faits et les chiffres , ils ne prenaient pas la mesure de l'ampleur de la dévastation."
La vie des Mc Cloud a été dévastée par une tornade de force 5 ne laissant comme survivants qu'une fratrie de 3 sœurs et un frère. Ne possédant plus rien, Darlène, l'aînée, fait une croix sur ses études à l'université et vend aux médias le récit de leur tragédie, stigmatisant ainsi leur famille, les marquant du sceau du malheur et de la tristesse.
Refusant cette situation, Tucker, garçon intransigeant s'enfuit. Il ne reviendra que trois ans plus tard, à la date anniversaire de la tornade, pour libérer de manière dramatique les animaux de laboratoire d'une usine de cosmétiques.
Blessé, pourchassé, il entraîne dans sa cavale, sa plus jeune sœur, Cora, neuf ans, et entreprend , au fil de leur périple, de lui expliquer la révélation qu' a été pour lui la tornade et l'engagement radical pour défendre la cause animale qui en a découlé.
Récit tour à tour poignant, haletant , Zoomania sait aussi ménager des moments de pure grâce, comme celui d'un animal incongru évoluant en bord d'océan, ou de tension extrême. Abby Geni manie en virtuose les métaphores et ne présente jamais de manière pathétique ses personnages. Elle peint des scènes hallucinantes ,en n'oblitérant pas leurs aspects dramatiques ou drolatiques, et l'on n'oubliera pas de sitôt l'ultime mission que s'est assigné Tucker.
Un livre palpitant qui fait la part belle à la Nature, sans la présenter de manière angélique, et montre différentes formes de résilience, parfois inattendues.
Un roman puissant qui marque les esprits. Et qui file sur l'étagère des indispensables ,bien sûr.
Traduction Céline Leroy. Actes Sud 2021, 357 pages magistrales.
De la même autrice : clic
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : abby geni
29/01/2021
#Soeurs #NetGalleyFrance
"Le chagrin est une maison sans fenêtre ni porte, sans possibilité de voir le temps qui passe."
Septembre et Juillet sont des sœurs nées à dix mois d'intervalle mais entretiennent une relation quasi gémellaire, même si elles ne se ressemblent pas physiquement. Sheela, leur mère est bien consciente de l’emprise, de la manipulation , confinant parfois à la cruauté, que l'aînée exerce sur sa cadette mais n'intervient pour autant pas de manière efficace.
Harcelée à l'école, "cette bête de Juillet " donnera lieu à un premier incident, puis à un second dont la gravité vaudra à cette famille de trois femmes de se réfugier dans une vieille maison au bord de la mer où l'atmosphère oscillera entre cauchemar et réalité.
Daisy Johnson excelle à créer ces mondes entre deux eaux où ses personnages se perdent pour mieux se retrouver. Elle y entraîne son lecteur, le déroutant parfois, le faisant douter avant que de dévoiler ce qui était devant nos yeux et ne pouvait mener qu'au drame. Un roman envoûtant qui confirme le talent singulier de cette autrice.
Traduit de l’anglais par Lætitia Devaux. 216 pages . Stock 2021
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : daisy johnson
28/01/2021
#Analphabète #NetGalleyFrance
"Tout ce que vous preniez pour acquis disparu en quelques secondes et vous vous retrouviez à essayer de sentir le sol sous vos pieds en guettant d'autres petits séismes."
Avant de mourir, son père révèle à Jimmy l'identité de sa mère, Mary Peace, qui les a abandonnés quand l'enfant était tout petit. Il lui fait promettre de ne pas la rechercher , mais évidemment cette promesse ne sera pas tenue.
Voici donc le jeune homme lancé aux trousses de celle dont la naissance n'a jamais été déclarée, qui a reçu une éducation pour le moins singulière au sein d'une communauté dont le gourou autoproclamé , son propre père, prônait le détachement matériel.
Analphabète , Mary Peace sait néanmoins se débrouiller pour gruger des hommes âgés et solitaires, tout en profitant des charmes des plus jeunes...Mais une policière plus déterminée que les autres va elle aussi rechercher cette manipulatrice aux yeux bleus.
Ne s'embarrassant pas de psychologie, Mick Kitson nous embarque tambour battant dans cette quête de la mère avec une efficacité redoutable. Il alterne les points de vue, sait jouer des ellipses pour ne pas alourdir son récit, et on dévore d'une seule traite ce roman addictif. De la belle ouvrage !
06:04 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : mick kitson
23/01/2021
Ecotopia...en poche
"En fait, plus j'examine de près le tissu de la vie écotopienne , plus je dois reconnaître sa solidité, sa beauté."
Trois États de la côte ouest des États-Unis ont fait sécession et on construit une société écologique radicale présidée par une femme. Après vingt ans de relations tendues entre Ecotopia et son grand voisin, un journaliste, William Weston est autorisé à séjourner dans ce pays où les semaines de travail sont de vingt heures, où règnent la frugalité et le recyclage , bien loin donc des valeurs consuméristes américaines.
Alternant articles envoyés au Times-Post et journal de bord, plus intime le roman nous propose une sorte de catalogue des différents secteurs de l'économie, l’éducation, la société de cette utopie en action. Souvent très techniques, ces textes ont un aspect quelque peu rébarbatif, même s'ils offrent comme le souligne la quatrième de couverture "un antidote au désastre en cours."
Quant à ce balourd de Weston, il cumule les défauts du macho et même s'il évolue au fil du texte, il m'a profondément agacée, surtout quand il se retrouve à l’hôpital où l'infirmière (ça fait partie du traitement !) lui offre des services sexuels.
Écrit dans les années 70, ce roman porte la trace des utopies de cette époque (habitat en communauté , liberté sexuelle), mais ne résout pas pour autant de manière satisfaisante des problématiques toujours cruciales de nos jours comme la questions des minorités raciales. Bilan en demi-teintes donc.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Brice Matthieussent
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ernest callenbach