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20/09/2017

En vrac...

*Une dose de douleur nécessaire, Victoire de Changy,

Premier roman, roman d'amour entre une jeune femme et un journaliste, marié, père de famille, ayant le double de l'âge de son amoureuse. Passion toxique qui se termine par un renversement de situation qui n'a pas su me séduire même si l'écriture est très (trop?) travaillée. Éditions Autrement 2017.victoire de changy,dominique resch

*Le monde entier dans ma classe, Dominique Resch

Dominique Resch le reconnaît lui-même, maintenant que ses élèves savent qu'il écrit des livres les mettant en scène, il est devenu difficile de distinguer les "bons mots" spontanés des autres. D'où le plaisir moindre à lire cet opus.
En outre, utiliser et mettre en scène les défauts, et erreurs de ses collègues (y compris les siens d'ailleurs) n'a pas la même saveur...

Éditions Autrement 2017.victoire de changy,dominique resch

19/09/2017

La tête et le cou

"L'homme était pris dans la vie sociale de telle sorte qu'il était plutôt un homme "collectif", et il lui était difficile d'incarner un homme ordinaire qui pouvait avoir des problèmes sexuels ou d'ordre amoureux."

Cette série d'entretiens avec trois générations de femmes russes parlant de leurs vies quotidiennes et de l'évolution de leurs pays m'a d'abord passionnée tant l'écart entre ce que nous en connaissons et ce qu’elles en disent est grand.Une Histoire douloureuse où les femmes ont su faire face et survivre dans un monde où les hommes étaient devenus rares, suite aux conflits armés.maureen demidoff
Pourtant, au fur et à mesure mon intérêt diminuait tant ils étaient redondants. Seules l’analyse du psychanalyste et la postface de Hélène Yvert-Jalu ont vraiment su retenir mon attention en approfondissant la réflexion.

Lu dans le cadre du Grabat Prix des Lectrices de Elle

 

18/09/2017

Summer

 "C'est donc ça. La réputation de ma famille, une fois de plus, l'image que nous donnons, de supériorité et de pouvoir."

Summer, dix-neuf ans, blonde, solaire, disparaît lors d'un pique-nique au bord d'un lac suisse. Vingt-cinq ans plus tard, son frère cadet, Benjamin, ne parvient plus à avancer dans la vie, bloqué qu'il est par le souvenir de cet été et par cette disparition inexpliquée.monica sabolo
"Et toujours en été" a-t-on envie de fredonner en lisant ce roman de Monica Sabolo tant l'impression de lumière prévaut dans ce texte. Pourtant, cette luminosité est contrebalancée par la métaphore filée de l'eau, à la surface certes brillante sous le soleil, mais dont les profondeurs  se révèlent bien plus troubles et boueuses.
Ainsi en est-il de la vie de cette famille à qui tout semble sourire, où la superbe Summer, tel un cygne blanc attire tous les regards, tandis que son cadet se vit davantage comme le vilain petit canard dont chacun pense peut être en secret que c'est lui qui aurait dû disparaître.
Aveuglé par la colère envers ses parents,  tout autant que par son amour pour Summer, Benjamin va remonter le fil du temps et mettre à jour tout ce qu'il avait occulté.
Roman poétique et entêtant, Summer distille au fil du texte des notations fugitives, comme autant d'indices qu'il faudra réagencer pour réinterpréter les fait a posteriori. Un texte qui a su me séduire, alors que j'avais beaucoup d'a priori en le commençant, craignant par-dessus tout que ce ne soit qu'un roman d'atmosphère et que je demeure frustrée par la fin. Rien de tel, bien au contraire.

Summer, Monica Sabolo, JC Lattès 2017, 316 pages troublantes.

 

Lu dans le cadre du grand prix des Lectrices de Elle.

15/09/2017

Etre ici est une splendeur...en poche

"En s'écroulant, elle dit "Schade". C'est son dernier mot.ça veut dire dommage.
   J'ai écrit cette biographie à cause de ce dernier mot. Parce que c'était dommage. Parce que cette femme que je n'ai pas connue me manque. Parce que j'aurais voulu qu'elle vive. Je veux montrer ses tableaux. Dire sa vie. je veux lui rendre plus que justice: je voudrais lui rendre l'être-là, la splendeur."


Pas d'étiquette normative rangeant Paula Becker dans un quelconque mouvement pictural, pas d'analyse picturale classique, pas de dramatisation façon Hollywood, mais le récit parfois troué de "brèches" dans lequel se lit ce que Marie Darrieusecq "en perçoit, un siècle après, une trace." Une subjectivité pleinement assumée donc pour brosser le portrait de cette femme qui s'affirme en tant que telle dans un monde encore corseté et dominé par le regard masculin porté sur le corps des femmes.marie darrieusecq
Paula Becker (1876-1907), qu'on devine joyeuse, pleine de vie , est attirée par Paris où elle fera de fréquents séjours et peint avec ardeur (80 tableaux en un an !) des portraits qui n'ont rien à voir avec les normes de l'époque.Elle est la première femme à avoir réalisé son autoportrait nue et semble aimer son corps et pas tellement le mariage. Elle mourra quelques jours après avoir donné naissance à son premier enfant.

C'est dans le dernier tiers de cette biographie intense, aussi intense que le fut la vie brève de Paula Becker, que nous apprenons comment Marie Darrieusecq a rencontré l’œuvre cette artiste peintre, quasi inconnue en France . Une artiste dont les thèmes (et la façon de vivre) ne pouvaient que faire écho à ceux qui irriguent l’œuvre de l'auteure de Le bébé : l'identité féminine, le corps des mères et des bébés, la place laissée aux artistes femmes encore aujourd'hui (un tableau de Paula Becker était relégué dans le sous-sol d'un musée...).
On ressent beaucoup d'empathie, voire d'amour dans ce texte.

14/09/2017

Dans le désert

"écrire un livre de voyage, c'est une déclaration d'amour. On égratigne parfois, on ironise, on témoigne des saloperies ou des absurdités dont on est témoin, mais on vante surtout des charmes, on dissèque la beauté, on tente de transmettre des sensations."

Devant un Qatar "fermé à double tour", une Arabie Saoudite "seul pays au monde qui ne délivre pas de visa touristique",un Bahreïn qui ne se laissera pas tromper par sa profession de "communication" et le renverra illico presto, il aura fallu bien de l'obstination pour que Julien Blanc-Gras parvienne à aller au-delà des avis tranchés  pour atteindre son objectif humaniste de voyageur et établir de vrais contacts avec la population de ces pétromonarchies du Golfe.julien blanc-gras
Ce petit livre (181pages) regorge d'informations à la fois lucides et  souvent humoristiques, mais version humour noir car la vie n'est pas souvent riante dans ces contrées où l'extrême richesse exploite sans vergogne les travailleurs asiatiques. Un document qui donne envie de connaître davantage ces pays, d'autant que le Qatar accueillera en 2022 la coupe du monde de football.

Dans le désert, Julien Blanc-Gras, le Diable Vauvert 2017.

Lu dans le cadre du Grand prix des Lectrices de Elle.

13/09/2017

Inavouable

" -Je trouverai bien une idée quand j y serai, dit- il à voix haute prouvant par la même occasion qu il était le digne héritier de la tradition insurrectionnelle polonaise."

Quel est le rapport entre le premier attentat terroriste sur le sol polonais, le vol organisé d’œuvres d'art durant la Seconde Guerre Mondiale et une incroyable histoire d'espionnage ? C'est ce que vont devoir découvrir la cheffe du département de recouvrement de biens culturels polonais, un marchand d'art qui fut l'amoureux de la susnommée, un officier de services secrets polonais fraîchement retraité (mais qui a encore de très jolis restes) et une voleuse d’œuvres d'art.zygmunt miloszwski
Un drôle d'attelage donc, une sorte de Quatre Fantastiques, la référence est clairement donnée dans le texte, qui vont devoir conjuguer leurs talents pour faire face à de multiples rebondissements qui tiennent le lecteur en haleine.
Plus qu'un roman policier, nous sommes ici face à un roman d'aventures façon Indiana Jones, qui joue avec dextérité de tous les ingrédients requis: aspect bon enfant, violence, suspense, sentiments, le tout ponctué d’autodérision quant à la Pologne et ses usages. N'était une histoire d'espionnage tendance complotiste, j'aurais totalement adhéré à ce pavé de 591 pages qui se dévore d'une traite.

Inavouable de Zygmunt MILOSZEWSKI  traduit du polonais par Kamil BARBARSKI Éditions Fleuve noir 2017

Lu dans le cadre du grand prix des lectrices de Elle.

11/09/2017

Notre vie dans les forêts

"Ils nous traitent comme du bétail, je me suis dit. Ils nous infantilisent au point qu'ils ne nous avertissent pas de la procédure, même pas quand il s'agit de nos corps ! De mon corps !"

Après un essai sur une peintre allemande, revoici Marie Darrieussecq aux commandes d'une dystopie se déroulant dans un futur très proche, voire ayant peut être même déjà commencé.marie darrieusecq
Marie est psychologue, spécialisée dans le traitement des traumatismes, mais elle doute de plus en plus de l'efficacité des méthodes qu'elle applique. Tandis que dans son cabinet elle s'efforce de soigner, autour d'elle la société se délite et les libertés rétrécissent dangereusement. Mais un de ses patients va lui donner la possibilité de se rejoindre une bande d'humains et de clones libérés qui vivent au cœur des forêts.
Comme dans  Truismes, la narratrice est empêchée dans son corps et se hâte de rédiger son histoire car la mort rôde. Mais là où le premier roman de l'écrivaine prenait son temps pour nous décrire les changements de la société,  Notre vie dans les forêts est beaucoup plus court (189 pages) et le sentiment d’urgence encore plus grand.
Il y est beaucoup question de corps, augmenté par des implants et dont on change les organes comme autant de pièces de rechange si on est très riche. Le  langage tient également une place importante, tout comme les clones dont la narratrice analyse avec finesse les interactions avec les humains.
Un roman surprenant, constellé de marque-pages.

Notre vie dans les forêts, Marie Darrieussecq, P.O.L 2017.

09/09/2017

Le choix de Betty...en poche

"Personne ne me prendrait pour la linguiste, la sociologue et l’experte en chiffrage que je suis et tout ça après avoir connu les Camps. Il me manque quelque chose. Je suis vide."

Le premier volume de la trilogie des Orphelins du Raj, le Maître des apparences, (voir ci-dessous)) était consacré au Juge Filth. Cette fois, c'est son épouse qui devient le principal personnage du roman et les faits sont racontés selon son point de vue. Pas de redites, mais un éclairage à la fois pudique et intense qui nous montre sous un autre jour celle qui , à la fin de sa vie, apparaissait comme une dame bien sous tous rapports alors qu'elle avait connu bien des épreuves et des tourments, tiraillée entre son amour pour Filth et son attirance pour son adversaire de toujours, Veneering.jane gardam
Le personnage de Betty gagne ainsi en épaisseur, sans pour autant qu'on en ait fait le tour. Quant à son mari, après le décès de son épouse, nous verrons qu'il n’était pas aussi inattentif que Betty le croyait...
Quel plaisir de lire, quelques mois après le premier volume, ce nouveau roman de Jane Gardam ! Cette trilogie est un  pur régal tant du point de vue de l' écriture que du point de vue romanesque ! Aventures, personnages aux destins hors-normes, le tout sans pour autant tomber dans le sentimentalisme ou l'excès.
On vit avec les personnages, on connaît tour à tour la chaleur de l'Orient et l’humidité britannique et l'on attend avec impatience de les retrouver dans le prochain opus.

 

 

 

-"Toute ma vie, Tansy, depuis ma petite enfance, les gens que j’aimais ou qui s'occupaient de moi m'ont quitté, largué, ou ont été emportés par la mort. Je veux savoir pourquoi."

Né en Malaisie, sir Edward Feathers, plus connu sous le nom de Filth, avocat international renommé travaillant  à Hong Kong , rentre dans la mère patrie avec sa femme Betty, pour profiter de sa retraite.
Tous deux sont des "enfants du Raj", c'est à dire de l'Empire britannique, nés en Asie mais envoyés dès leur plus tendre enfance dans des familles d’accueil, plus ou moins tendres, puis dans des internats pour être éduqués en Angleterre. jane gardam
Pas question à l'époque de se plaindre de mauvais traitements et encore moins du fait que votre famille vous traite avec une désinvolture frisant l'indifférence coupable.
Entremêlant les époques, Jane Gardam brosse le portrait éclaté d'un homme aux multiples facettes, qui" s 'est fabriqué ce moi acerbe et impeccable"marqué par un événement traumatique qui ne sera explicité qu'à la toute fin du roman.Bien loin d'avoir mené" une longue vie calme et lisse",comme le croient ceux qui le nomment "le Vieux Filth"   l'octogénaire a connu une existence pleine de péripéties, digne d'un roman de Kipling, auteur dont l'ombre plane sur ce roman
.Les secrets enfouis, tout comme un collier de perles dont il faut taire l'origine, réapparaissent au détour d'une phrase et éclairent d'une nouveau jour cette vie tout sauf ennuyeuse.
Si Filth n'écrira aucune ligne de ses mémoires, il entreprendra un voyage qui tournera à l’épopée tragi-comique pour renouer avec les témoins d'un passé dont il sent qu'il ne peut faire l'économie.
Un roman à la construction impeccable, au début un peu lent, mais qui captive de bout en bout et se révèle plein d'émotions et de surprises car tout est vu du point de vue d'un personnage atypique.

08/09/2017

Un écrivain, un vrai ...en poche

"La littérature était enfin à la portée de tous et reflétait la réalité."

Coachée par une épouse ambitieuse, Gary Montaigu a décroché le Booker Prize. Dans la foulée, il accepte d'être la vedette d'une émission de téléréalité. L'occasion selon lui de démocratiser la littérature. Mais flirter avec la médiocrité ambiante est-il compatible avec les idéaux de l'écrivain ?pia petersen
Dénonçant une société de faux semblants, où tout est cadré, scénarisé, où la folie de l'écrivain n'a plus droit de cité Un écrivain, un vrai adopte un style simple et efficace . Pia Petersen sonde les coeurs et les reins de ses personnages, dont aucun n'est vraiment sympathique, avec acuité et pertinence. L'intrigue avance tambour battant vers un final inéluctable. Une vision sans concession du monde de la littérature contemporaine. On frémit d'avance si un tel projet de téléréalité venait à voir le jour...

 

Un écrivain, un vrai, Pia Petersen, Actes Sud 2013, 215 pages piquetées de marque-pages. Actes Sud 2017

07/09/2017

Kentucky song...en poche

"Susanna était la personne la plus malheureuse de son entourage, et peut être le malheur était-il normal, peut être était-ce ce dont le reste du monde se contentait. Ronnie en voulait plus."

Roma, une petite ville du Kentucky. Tranquille, jusqu'à ce que ce que Ronnie, jeune femme aimant profiter de la vie à sa manière, disparaisse.9782253071044-001-T.jpeg
La première à donner l'alerte est sa sœur cadette, Susanna, qui mène une vie bien rangée de professeure et de mère de famille. Mais tous ceux qui, de près ou de loin, ont croisé la route de Ronnie, vont voir leur existence bouleversée par cette disparition.
Le roman de Holly Goddard Jones confirme tout le bien que j'écrivais déjà concernant ses nouvelles (clic): l'observation fine et précise des plus légères variations psychologiques de ses personnages, qui, quel que soient leur âge ou leur situation social nous deviennent très rapidement proches et le style, élégant et précis. Les plus légers relents de racisme ou de "conscience de ses privilèges" sont captés par la romancière.
Quant à la structure du récit, elle est riche en manipulations , alternant thriller psychologique et suspense policier, nous ménageant de nombreux rebondissements subtils et parfaitement amenés. Les 478 pages se tournent quasi toutes seules et sont riches en émotions. Un pur bonheur de lecture !

Kentucky song, Holly Goddard Jones, traduit de l'anglais par Hélène Fournier