07/07/2017
Bon an, mal an...
...ce blog fête ses 11 ans et prend ses quartiers d'été ! à bientôt !
10:16 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (20)
03/07/2017
Body...en poche (réédition)
"Je savais pas ce que le mot souffrir voulait dire avant que je me lance là-dedans."
Bienvenue à l'hôtel Flamingo où va se tenir le concours pour être élue Miss Cosmos, suprême récompense que visent deux candidates bodybuildeuses que tout oppose. D'un côté Shereel Dupont, créée de toutes pièces par son coach, ex red neck devenue une candidate menue au corps parfait ; de l'autre une Noire somptueuse et imposante, dont la masse musculaire a été sculptée par la fonte mais aussi par toute une série de piqûres. Deux conceptions opposées du corps féminin dans un microcosme dominé par les hommes.
Dans cet hôtel devenu un temple du muscle et de l'ascèse ,va débarquer une famille de ploucs XXL dans tous les sens du terme .
De ce choc des cultures, Harry Crews tire un roman qui fait la part belle non aux corps parfaits, mais à ceux qui ne correspondent pas aux canons de beauté en vigueur dans le monde du bodybuilding. Il n'est que de voir le contraste entre les deux scènes de sexe, l'une clinique, l'autre voluptueuse, dans ce roman.
L'auteur analyse aussi le fonctionnement de la société américaine et si on ne s'étonne pas de voir évoquer Arnold Schwarzenegger, le fait de citer Donald Trump, en exemple de l'avidité américaine, s'avère quasi prophétique dans ce roman publié pour la première fois en 1990.
Ce pourrait être juste amusant, et l'auteur a certes le sens de la formule, mais c'est aussi bien noir et bien des indices annonciateurs de la tragédie à venir nous sont donnés au fil du texte. Une découverte improbable au départ qui a su me séduire.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : harry crews, bodybuilding
27/06/2017
Les méduses ont-elles sommeil ? ...en poche
"Il y a cette fille à l'énergie débordante qui me laisse perplexe. Je lui demande à quoi elle tourne pour avoir autant la pêche. Elle me répond : "Au sommeil !". Je suis scotchée."
Roman qu'on devine autobiographique, Les méduses ont-elles sommeil ? est le récit de "huit mois de vie branlante qui m'ont paru des siècles."
Tout juste majeure , la narratrice s'installe à Paris où elle s'empresse de s'immerger dans le monde de la nuit et des drogues, en particulier, la MDMA.
Écrit a posteriori, ce roman n'idéalise jamais et, tendu et âpre, va droit à l'essentiel. On regrettera une fin un peu abrupte et théâtralisée, mais on sent ici une belle énergie et une écrivaine en devenir.
Frédéric Beigbeider qui a le sens de la formule évoque un texte "Entre Bonjour tristesse et Trainspotting."Je n'irais pas jusque là mais ne nierai pas pourtant l'impression durable de ce livre.
Folio 2017, 81 pages.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : louisiane c. dor
22/06/2017
Hikikomori...en poche
"Je n'ai jamais entendu parler de hikikomori américain. Les Américains ne se réfugient pas dans le silence, ils font encore plus de bruit.Ils deviennent fous et se mettent à tirer sur tout le monde."
Depuis trois ans, Thomas Tessler vit "en retrait, barricadé" dans sa chambre à Manhattan. Il a "enfermé le reste du monde dehors" et refuse toute communication avec sa femme, Silke. C'est un hikikomori.
Résolue à le sortir de son mutisme, son épouse fait appel à une jeune japonaise , Megumi, qui a déjà l'expérience de cette situation typiquement japonaise.
D'emblée le lecteur, et on le suppose bien évidemment Silke, perçoit toutes les conséquences possibles de cette situation hors-normes. Mais Jeff Backhaus dont c'est ici le premier roman, sait contourner tous les écueils et mène sa barque vers une destination bien plus complexe.
Histoires de solitudes qui se croisent, parfois à distance, les relations entre civilisations différenets sont analysées avec finesse. La poésie n'est pas absente (ah cette description de bain chaud en pleinair sous la neige la nuit !) et je n'émettrai qu'un seul regret: que le personnage de Silke n'ait pas été suffisamment exploré. Une très jolie découverte.
Hikikomori, jeff Backhaus, traduit de de l'anglais (E-U) par Marie de Prémonville,
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jeff backhaus
20/06/2017
Farallon Islands
"J'ai été cette personne constituée de sensibilité artistique et de chagrin. J'ai cru que mon esprit était primordial et mon corps secondaire."
"Photographe, nomade, orpheline de mère. Une épistolière, laissant derrière elle une traînée de papier et de mots partout dans le monde, comme celle d'un avion. une artiste avec un appareil photo en guise de cerveau: froid, précis, calculateur. Une femme en noir." Ainsi se définit a posteriori Miranda, la narratrice qui va passer une année sur les Farallon slands. Des îles tout sauf hospitalières où ne vivent que des biologistes chargés d’étudier la faune locale.
Rebaptisée Melissa, voire Souricette, la narratrice va peu à peu prendre ses marques et se laisser fasciner par cet environnement violent et meurtrier, peu accessible,où "tout est dangereux, même la peau des requins", ce qui nous donne un étonnant huis-clos en plein air.
Roman initiatique, se déroulant dans un environnement oppressant, où les distinctions entre humains et animaux ont disparu aux yeux des biologistes qui semblent détachés et sans empathie, Farallon Islands distille une sourde fascination qu'il faut prendre le temps de laisser agir. Un roman riche aussi en informations étonnantes sur les animaux qui la peuplent, avec un mention spéciale pour le poulpe "domestique", Oliver. Abby Geni, par son écriture précise, nous fait ressentir l'odeur du guano, sentir les poux d'oiseaux ou les attaques des goélands furieux avec une acuité sans pareille. Un roman puissant qui file sur l'étagère des indispensables.
Farallon islands, Abby Geni , Actes Sud 2017, magnifiquement traduit de l'anglais (E-U) par Céline Leroy, 381 pages piquetées de marque-pages.
Le billet tentateur de Cuné.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : abby geni
19/06/2017
Elvis Cadillac King from Charleroi...en poche
"Tu sais ce qu'il disait, Guitry, quand il en croisait une comme la tienne, avec le cervelet d'Heidi dans les pâturages ? "J'ai échangé quelques idées avec elle. Je m' sens tout vide !"
Sosie officiel - plutôt façon fin de carrière- du King, Elvis, le bien-nommé, est invité à animer l'anniversaire d'une vieille châtelaine.
Flanqué de sa fidèle chienne carlin Priscilla, dotée d'une kitschissime banane rose (postiche), le voilà qui donne un peu de rêve à la vieille dame. Las, cette dernière est bientôt retrouvée morte. Nombreux sont les membres de sa famille, plus fins de race et antipathiques les uns que les autres, qui auraient bien pu accélérer le trépas de la riche mamie.
Dans ce polar façon Frédéric Dard, l'enquête importe peu. C'est la langue truculente de Nadine Monfils qui mène la danse, agrémentant de notes de bas de pages savoureuses toutes les références belges ou non. Fiction et réalité s’entremêlent dans une joyeuse sarabande où l'on ne sait plus laquelle dépasse l'autre.
Les personnages rivalisent de foldinguerie , mais sous des dehors parfois outranciers, révèlent aussi une réelle culture. Qui aurait cru qu’Elvis parviendrait à résoudre deux énigmes grâce à un roman peu connu de Camus ? Vous le voyez, Nadine Monfils a plus d'un tour dans son sac et Elvis, sous des dehors un peu benêt en a sous la banane !
Certains feront peut être la fine bouche, perso, je me suis régalée !
La suite vient de paraître.
05:55 Publié dans Humour, le bon plan de fin de semaine, Roman belge | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : nadine monfils
17/06/2017
Le lagon noir...en poche
"Deux univers se rencontraient sur cette lande. Deux univers qu'Erlendur pensait inconciliables."
En pleine guerre froide , la base américaine de Keflavik en Islande est un emplacement stratégique important. Mais les relations entre autochtones et soldats US ne vont pas toujours de soi. Aussi quand un technicien, qui travaillait pour le compte des américains, est retrouvé mort dans Le lagon noir , l'enquête menée par Erlendur, alors jeune policier, s'avère particulièrement malaisée.
D'autant, qu'en parallèle, Endurable enquête sur la disparition d'une jeune fille,un cold case remontant à 25 ans.
On retrouve ici les thèmes chers à Arnaldur Indridason et son rythme toujours aussi lent , mais efficace. La description, nuancée des relations entre islandais et américains est particulièrement intéressante, le roman se lit d'une traite avec le confort habituel mais sans une once de nouveauté pour emporter totalement l'adhésion.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : arnaldur indridason
16/06/2017
Les messieurs...en poche
" Il n'y avait donc aucune méthode propre aux vieux d'avant 1938 dont j'aurais tout ignoré. Les nouvelles technologies n'avaient pas fait évoluer les baisers."
Elles ne recherchent ni un père de substitution, ni un sugar daddy qui les comblerait de cadeaux. Non, les héroïnes et narratrices de ces nouvelles sont attirées par Les messieurs âgés depuis toujours , ou presque: "- à huit ans, elle adorait déjà les vieux !"
Partagées entre bienveillance (qui les aimeraient si elles ne le faisaient pas ? ) et ironie mordante (elles ne perdent jamais leur sens de l’humour ), traquant qui la mèche-pont , qui les mesquineries ou les fautes de goût impardonnables, elles se font parfois prendre à leur propre jeu.
Notons au passage que les relations sexuelles ne constituent pas l'enjeu premier de ces relations ni de ces textes.
Si je craignais le côté "pervers-pépères" ou lolita, j'ai vite été rassurée car Claire Castillon prend un malin plaisir à brouiller les pistes et à rendre ses personnages plus riches et plus fouillés.
Certains textes sortent nettement du lot , "le chant du cygne" ou "Quatrième Segpa", entre autres, mais tous recèlent une trouvaille tendre ou acerbe qui fait mouche.
Un petit plaisir à s’offrir en poche.
06:02 Publié dans le bon plan de fin de semaine, Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : claire castillon
15/06/2017
Avec joie et docilité
"L'été est comme une plante sortant de terre. Il s'écoule à la fois avec la lenteur imperturbable de la germination et avec la rapidité presque agressive de la pousse des tiges et des fruits au cœur de la belle saison."
Finlande, 2016. Ce pays a tiré les leçons des erreurs du passé et vit, coupé du monde. La population est divisée en trois catégories: les virilos, comprendre les hommes, les éloïs, femmes blondes soumises, élevées uniquement dans le but de satisfaire tous les désirs des virilos et les morlocks , femmes rebelles à qui la reproduction est interdite (elles sont stérilisées).
Dans ce monde où le seul plaisir permis demeure le sexe, la consommation de piments est interdite, générant bien évidemment tout un trafic pour le plus grand bénéfice de nos héros, Vanna, une morlock travestie en éloï et son ami virilo, Jare.
Si ce dernier compte bien s'échapper de Finlande, Vanna, quant à elle cherche surtout à élucider la disparition de sa sœur.
Double intrigue donc et double point de vue sur les événements, le tout intercalé de documents officiels, expliquant la domestication des femmes, d'après des méthodes utilisées sur des animaux.
C'est la couverture de" Chez Gertrud "qui m'a donné envie de découvrir ce roman et , même si je ne suis pas férue de dystopie, cette analyse de la situation faite aux femmes a su me séduire par la manière dont elle est traitée. Bien évidement, on se dit que ce roman n'intéressera que les convaincu(e)s, mais une petite piqûre de rappel ne fait jamais de mal...
Avec joie et docilité, Johanna Simisalo, traduit du finnois par Anne Colin du Terrail, Actes Sud 2016.
Déniché à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : johanna sinisalo, dystopie, finlande
14/06/2017
Le coeur sauvage
"-Il y a deux mondes auxquels je n’appartiendrai jamais, ai-je répliqué. Chez moi et ailleurs."
Il a souri, cligné des yeux, totalement perplexe."
Toutes les nouvelles de ce recueil se déroulent dans le Vermont, un État très rural, recouvert aux trois quarts de forêts. Forêts que certains exploitent, voire détruisent, et qui exercent une fascination importante chez beaucoup des personnages, tiraillés qu'ils sont entre l'envie de quitter ce coin paumé et le besoin de s'y fondre.
Jeunes ou vieux, ils affrontent souvent la solitude, les épreuves de la vie et si certains ne peuvent les supporter, d'autres au contraire trouvent du réconfort là où il s'y attendaient le moins.
On entre dans ce microcosme avec beaucoup de plaisir, croisant et recroisant d'un texte à l'autre certains personnages qu'on n'oubliera pas de sitôt. On a aussi envie d'aller à la découverte de ces forêts que Robin Macarthur décrit avec tant de sensualité et de subtilité: "Je ferme les yeux et je sais que mon père mourra un jour, et avec lui ce désir féroce et troublant de s'enfoncer loin, toujours plus loin au cœur des bois."
Une magnifique découverte !
Le cœur sauvage, Robin Macarthur, traduit de l’américain par France Camus-Pichon , Albin Michel 2017, 212 pages qui filent sur l'étagère des indispensables .
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : robin macarthur