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27/01/2016

Oh! La vache

"Une bête avertie en veau d'or"

Une vache narratrice-héroïne ? Pourquoi pas. On sent chez David Duchovny (oui, celui de X-Files) une grand empathie pour Elsie Bovary, vache vouée à l'abattoir  qui va entreprendre un grand voyage, flanquée d'autres animaux pour échapper à son destin.david duchovny
Mais dans ce qui se présente comme une fable animalière , je n'ai ressenti que beaucoup de naïveté et un humour plutôt lourd. Dommage.

Oh! La vache , David Duchovny.david duchovny

26/01/2016

La vie devant moi

"Trop tard ne fait pas partie de mon vocabulaire."

Appartenant à une longue lignée de femmes de caractère n'ayant jamais abdiqué face au temps qui passe et  restées féminines jusqu'au bout des ongles, (fille de Flora Groult, nièce de Benoîte Groult, entre autres), Colombe Pringle a hérité aussi  d'une grande pudeur du côté de son anglais de père.
Ce qui nous vaut de grands écarts entre les moments où elle nous explique par le détail comment se teindre la chatte (sic) mais se montre très pudique en évoquant la mort de son mari.colombe pringle
Évoluant dans un univers privilégié, elle reste néanmoins accessible par les thèmes abordés et l'humour dont elle fait preuve. On a l'impression de partager un bon moment avec une copine charmante avec qui papoter du vieillissement devient non pas un pensum mais une occasion de se réjouir !
Une vision pleine d énergie et d'optimisme et ça fait du bien !

Cuné m'avait donné envie !

La vie devant moi, Colombe Pringle, Editions JC Lattès 2015.colombe pringle

06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : colombe pringle

25/01/2016

Parmi les dix milliers de choses

"Gary était un peu comme un endroit où l'on aime retourner."

Deb ne peut plus fermer les yeux sur les infidélités de son artiste de mari: un paquet contenant des courriels impudiques vient d'être envoyé au domicile familial par la dernière maîtresse en date de Jack. Par manque de chance, cette boîte tombe d'abord entre les mains des enfants.julia pierpont
Chronique d'une famille en déconstruction, Parmi les dix milliers de choses alterne les voix des quatre principaux protagonistes et peint avec pudeur et retenue les réactions de chacun.
Riche en notations fines, le roman pêche pourtant par sa construction. En effet, une prolepse nous projette dans le futur avant que nous ne revenions sur l'été qui suit la séparation des parents, un peu comme si l’auteure avait voulu se débarrasser de ses personnages.
Des passages très réussis, comme le retour inopiné de Jack chez sa mère et son beau-père, font un peu oublier le manque d'empathie pour les personnages, bobos sans rien vraiment d'attachant. Un constat en demi-teinte donc.

 

Parmi les dix milliers de choses, Julia Pierpont, traduit de l’anglais par Aline Azoulay- Pacvo, Stock 2016.

julia pierpont

 

 

23/01/2016

Cherche jeunes filles à croquer...en poche

"Je suis une scène d'absence, vous comprenez ? C'est avec ça que je dois travailler."

Pas de cadavres, mais des disparitions de jeunes filles anorexiques. Une série ? Peut être. Et d'ailleurs, soyons cyniques, il vaudrait mieux que cela soit le cas pour que le groupe du commandant Lanester ne soit dissous, faute de crédits !
Envoyé en renfort de la gendarmerie dans la vallée de Chamonix, l'équipe de criminologie va avoir fort à faire avec les parents des jeunes filles, et surtout avec le personnel d'une prestigieuse clinique spécialisée dans les troubles alimentaires. Sans oublier la remise en question de Lanester, dont les séances avec sa psychothérapeute ponctuent le récit. 416yAjZm2iL._AA160_.jpg
Que voilà un formidable roman ! Sans discours jargonnant ni vulgarisation simplificatrice, mais de manière intelligente et sensible,  il introduit le thème de l'anorexie dans un genre où on ne l'attendait pas: le polar psychologique. De plus, le héros, profileur français,  s'y défait de son aspect "base de données ambulante" et acquiert  ainsi une véritable épaisseur, ce qui le rend bien évidemment encore plus craquant ! Ses coéquipiers, fort différents, apportent chacun leurs compétences et Lanester s'efforce touours de les mettre en valeur, ce qui est,ma foi, fort agréable.
Pas de baisse de rythme dans le récit, mais du suspense et des rebondissements jusqu'à la toute fin où l'on prend conscience de la polysémie du titre (ne comptez pas sur moi pour vous l'expliquer maintenant !). Sans oublier la marque de fabrique de Françoise Guérin : la touche d'humour dont elle ne se départit jamais et qui permet au lecteur de se détendre un peu entre deux serrements de gorge !
Une totale réussite donc et un roman qu'on ne peut lâcher ! Vous voilà prévenus : éteignez les portables et les ordinateurs, glissez-vous bien au chaud et dégustez !

22/01/2016

Astres sans éclat

"Avoir une amie compliquait les choses."

Canada, Ontario, 1962. Quand Jori Clement, fille unique d'un couple aisé et progressiste, élit comme amie Brendra Bray, adolescente potelée et solitaire, la vie de cette dernière semble enfin acquérir un peu d'éclat.
Mais Brendra ne fait peut être que passer de l'emprise de sa mère dépressive , aux crises de colère violentes, à celle de cette amie délurée et pas aussi lisse qu'il n'y paraît.k.d miller,canada,adolescence
Quarante ans plus tard, le vilain petit canard, devenue une auteure à succès sous le nom de Rae, revient sur les événements dramatiques survenus à cette époque.
Avec beaucoup de subtilité, KDMiller  instille le doute et analyse les relations toxiques instaurées entre les différents personnages. 173 pages aiguisées.

Astres sans éclat, KD Miller, traduit  de l'anglais (Canada) par Marie Frankland,  Les Allusifs 2015

21/01/2016

Les vieux ne pleurent jamais

"C'était une forme de sagesse , sans doute, que proposait Janet, continuer de prétendre au titre, refuser ce jugement  sur nous-mêmes que tant d'attitudes insidieuses envers nous relayaient  pourtant.

Judith Hogen ne se satisfait pas des maigres occupations, stéréotypées et moutonnières, offertes aux personnes âgées  aux États-Unis. Découvrant incidemment une photo ,notre héroïne décide qu'il est temps de renouer avec un passé  français qu'elle voulait aboli.céline curiol
Elle part alors pour son pays natal, là où habite l'homme de la photo.
Réflexion à la fois enjouée, acérée et pleine de bienveillance sur le temps et l'identité, Les vieux ne pleurent jamais est un roman où l'on retrouve avec plaisir le style précis, poétique et imagé de Céline Curiol.
Des scènes très très drôles- la visite de l'usine de glaces Ben & Jerry d'un troupeau de personnes âgées, cornaqué par une jeunette survoltée-  est un morceau d'anthologie- alternent avec la découverte d'un parcours de vie dont nous découvrons au fur et à mesure les fêlures.
Si j'ai été moins enthousiasmée par la partie française, un peu convenue à mon goût, il n'en reste pas moins que Judith Hogen et sa fantasque voisine ont de la ressource !

Un bon moment de lecture ! 324 pages piquetées de marque-pages.

 

Céline Curiol, Actes Sud 2016.

De Céline Curiol : clic

19/01/2016

La douleur porte un costume de plumes

"C'est ce que je fais, je lui offre des performances décousues , des trucs de corbeau. je crois qu'il a un peu l'impression d'être un chamane de Stonehenge qui entend l'esprit de l'oiseau. Moi ça me va tant que ça le fait tenir.)

Mégalithe !"

 

Un corbeau gigantesque investit le logis et la vie d'un jeune veuf et de ses deux enfants. Usant parfois d'un sabir déclamé en tirades rythmées (bravo au traducteur) ou de méthodes thérapeutiques inédites, le corvidé va insensiblement ramener les humains ,qu'il tarabuste et protège à la fois, du côté de la vie.
Le père n'est pas dupe du fait que "La frontière était mince entre mon imaginaire et le monde réel" et cette ambivalence est aussi marquée par les besoins qu'il affirme avec véhémence: ceux du quotidien , mais aussi ceux de la culture.index.jpg
Le dérèglement de leur existence, leur souffrance mais aussi les éclats de rire et l'amour qui persistent malgré tout, l"ajustement constant "que lui a appris le corbeau, tout ceci est restitué avec délicatesse dans un roman choral court où se donne à entendre une voix parfois maladroite ,mais qui possède un style bien à elle, jouant avec la typographie et l'espace .
Une expérience à tenter !

La douleur porte un costume de plumes, Max Porter, traduit de l’anglais par Charles Recoursé, Seuil 2015, 121 pages et une ambiance étonnante.

18/01/2016

Le train d'Alger

"Certificat de vie...j'aimerais en avoir un parfois pour m'assurer de ma propre existence."

La narratrice est emplie d'obsessions morbides, auxquelles s'est plutôt habituée car "Cette anxiété perpétuelle, je l'enfile tous les matins à la manière d'une paire de chaussettes."L'origine en est peut être son premier souvenir : elle a trois ans et se trouve à bord d'un train que le FLN a fait sauter en Algérie en 1959. Se confiant à un personnage invisible qu'on devine être un soignant, elle revient sur son enfance en Algérie , sur le retour de ses parents en France, événement dont elle ne garde aucun souvenir ,et se basant sur des essais ou des témoignages recueillis par des chercheurs, brosse le portrait d'un pays qui l'a marquée à jamais.béatrice fontanel,guerre d'algérie
Il aura fallu attendre 1999 pour que "les événements d'Algérie" acquièrent officiellement le statut de guerre pour les Français. De ce conflit , nous ne savons pas grand chose et le roman de Béatrice Fontanel est tout à fait passionnant car il nous en présente une vision en mosaïque, presque prosaïque, la narratrice se demandant par exemple comment les maisons des français ont été attribuées ou occupées par les Algériens, mais aussi poignante quand elle souligne par exemple que certains français ont conservé jusqu'à leur mort la clé de leurs maison abandonnée.
La violence s'insère là-bas dans la vie quotidienne, vie qui continue malgré tout, et le récit du départ des Français est décrit de manière tout à fait poignante, mais sans pathos.
Ce n'est pourtant pas un roman historique au sens classique du terme mais une recherche identitaire où l'on croise régulièrement des fleurs poussant dans le ballast , le long des voies ferrées, herbes folles dont la narratrice égraine avec un plaisir évident les noms et qui prospèrent dans des milieux pour le moins hostiles, des fleurs qui s'agrippent et représentent "l'espoir et la fertilité". De plus, "Les plantes recouvrent les ruines , colmatent les brèches , molletonnent les cassures de toutes sortes.
C'est aussi l'occasion pour la narratrice d'interroger ses parents âgés, qui commencent à perdre la mémoire mais qui ont un relation à la fois intense et pacifiée avec leur passé.
En ces temps de migrations et de terrorisme, le roman de Béatrice Fontanel acquiert un résonance toute particulière.
J'ai été totalement séduite par ce roman que j'ai lu sur la seule foi du nom de l 'auteure, qui allie peinture du quotidien et poésie et recherche identitaire. Et zou, sur l'étagère des indispensables !

Le train d'Alger, Béatrice Fontanel Stock 2015.

De Béatrice Fontanel : clic, reclic

béatrice fontanel,guerre d'algérie

 

15/01/2016

Arrêtez-moi là !...en poche

La seule photo de Reda Kateb sur le bandeau de la réédition en poche peut-elle décider à acheter un livre ? Oui.

"Je suis un personnage dans une histoire à propos d'une illusion à laquelle chacun veut croire."

Chauffeur de taxi, le narrateur de ce roman va, suite à une série d'actes anodins qui se justifient tout à fait mais peuvent , dans une perspective biaisée, être interprétés autrement, se retrouver derrière les barreaux, accusé de l'enlèvement d'une enfant qu’il n'a jamais vue qu'en photo.
Dès lors, toute logique sera battue en brèche et l'impensable deviendra la normalité. Ainsi ,se retrouver dans le couloir de la mort deviendra un privilège et devenir ami avec un psychopathe sera source d'humour (noir, bien sûr !).iain levison
J'avais peur d'être agacée par la tension extrême de ce roman, mais Iain Levison s'y entend pour dénoncer l’absurdité d'un système judiciaire tout en ménageant quelques traits d'humour salvateurs.  Il n'en  reste pas moins que, quand un revirement s'amorce, ce n'est pas forcément pour les bonnes raisons. Et notre narrateur ne fait que tomber de Charybde en Scylla, aspirant en vain à ce que son existence retrouve un semblant de calme et de normalité !

à la fois hautement réjouissant et très inquiétant !

14/01/2016

La doublure

"J'étais son épouse. Au début, j'appréciais ce rôle, j'évaluai le pouvoir qu'il renfermait, que les gens, pour une raison qui m'échappait, ne percevaient pas , et pourtant, il existait bel et bien.Voici un conseil : si vous voulez  avoir accès à quelqu'un d'important, l'un des meilleurs moyens consiste à gagner les bonnes grâces de son épouse."

Dans l'avion qui les emmène en Finlande, où son époux, Joseph Castleman,va recevoir un prix couronnant sa carrière d'écrivain, son épouse, âgée de soixante-quatre ans, décide de le quitter.
Le trajet est l'occasion de revenir sur leur passé commun,  et si les circonstances d eleur rencontre sont assez proches du cliché (la relation entre une étudiante et son professeur de littérature), on sent néanmoins que la narratrice ne nous dit pas tout.meg wolitzer
Cette sensation va perdurer tout le long du récit et il faudra attendre la quasi fin du roman pour que les zones d'ombre soient éclaircies et que ce qui était quasiment sous notre nez depuis le début prenne sens, que ce dont on se doutait de plus en plus soit avéré.
Meg Wolitzer peint avec jubilation et ironie le microcosme des écrivains américains mâles des années 60 , ainsi que celui de leurs épouses. Si le roman peut donner dans son début une impression de déjà-lu, la suite s’avère nettement plus réjouissante car la femme de l' écrivain a beaucoup de révélations à faire et ce avec finesse et intelligence !
Un petit bonheur de lecture déjà paru sous le titre l'épouse en 2005 qui reparaît dans une nouvelle traduction aux éditions Rue Fromentin.

Du même auteur :

 En poche, La position, où Meg Wolitzer envisage les répercussions sur une fratrie de la découverte d'un Kama-Sutra pour lequel leurs parents, en pleine vague de libération sexuelle, ont posé. La scène primitive est bien évidemment un choc et chaque membre de la famille en paiera le prix. L’alternance des points de vue ne nuit pas à la fluidité du récit, mais certains personnages sont mieux lotis que d'autres quant à l'analyse de leur évolution et c'est un peu dommage.meg wolitzer

Et Les intéressants, bon gros roman de 564 pages, où je ne me suis pas ennuyée une minute. Une analyse  fine des liens d'amitié et de leur évolution au fil du temps, entre des personnes, ayant parfois de grandes différences de niveau socialmeg wolitzer