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23/04/2016

La citation du samedi

Dénichée dans L'heure d'or, p.191 , la manière dont Darwin a soupesé, par écrit, les avantages et inconvénients du mariage, "ce qui était imprudent".51ofSHSIu7L._AA160_.jpg

"Compagne de tous les instants et amie des vieux jours-Objet dont se faire aimer et avec lequel jouer-Mieux qu'un chien en tout cas-Mais terrible perte de temps-Une suite sans fins de soucis et de dépenses dans l'achat et l'ameublement d'une maison-Pauvre esclave, ce sera pire que pour un nègre-Courage-On ne peut pas vivre cette vie solitaire, affaibli par le grand âge, sans amis,  sans enfants à dévisager du regard.Peu importe, fais confiance au hasard-il y a beaucoup d'esclaves heureux.

Il y eut un temps où elle connaissait par cœur ces notes et avait l'habitude de les réciter au cours des soirées, comme s'il s'agissait d'une plaisanterie. Elle s'attirait des regards  au milieu des rires, mais on en déduisait qu'il s'agissait d'un point de vue masculin sur le mariage. La femme était censée être suffisamment récompensée par le statut que lui accordait l'homme en l'épousant. on était censée être tellement amoureuse que de tels calculs n'avaient pas lieu d'être."

(Tout le sel de ce passage est que la narratrice a , elle aussi pesé le pour et le contre avant d’accepter la demande en mariage de celui qui est son mari, depuis 27 ans)

William Nicholson

06:00 Publié dans Extraits | Lien permanent | Commentaires (7)

22/04/2016

Temps glaciaires...en poche

"-Je dois aller chercher des pensées que j'ai pensées etfred vargas que j'ai oublié de penser.

-Je vois, dit Zek avec la plus parfaite sincérité."

Revoilà enfin le commissaire Adamsberg qui "ne réfléchissait pas .[...]Il vaquait, marchait sans bruit, il ondulait entre les bureaux, il commentait, arpentait le terrain à pas lents, mais jamais personne ne l'avait vu réfléchir", ce qui en fait évidemment toute la singularité et la saveur !
Qui d'autres que lui et sa fidèle équipe (Le lieutenant Danglard à la tête remplie d'informations et de vin blanc, la vigoureuses Violette Renancourt, entre autres) pourraient démêler "cet infernal entrelacement d'algues qui l'enserrait jusque dans ses nuits."qui les amène tout à la fois en Islande et dans l'univers de Robespierre, tout en croisant un sanglier prénommé Marc, sans que le lecteur s'en offusque ?
Bien malin qui pourrait dénicher la solution. Mais ce n'est pas tant le but du jeu mais bien plutôt de  laisser charmer  , au sens fort du terme, par l'univers qu'a créé Fred Vargas, un univers profondément humain , cultivé, non dénué d'humour, avec une pointe de surnaturel (qui s'intègre parfaitement), où les chemins de traverse sont bien plus efficaces que les lignes droites. Du grand Vargas !

21/04/2016

Nos années sauvages

En 2014, j'écrivais ceci :

De Karen Joy Fowler j'avais lu, il y a quelques années, un texte fort plaisant,Le club Jane Austen.  Mais rien qui nécessite de me précipiter sur un roman pas encore traduit en français , même conseillé par Cuné.  Sauf que quand cette dernière écrit  :"Toi, il faut ABSOLUMENT que tu le lises, je ne peux pas te dire pourquoi mais tu es LA lectrice idéale pour ce roman, foi de moi :)", on ne peut que craquer !!! En plus sur liseuse, le prix est ridiculement bas et le dico anglais/anglais a permis de me  dérouiller vite fait .karen joy fowler
Je ne vous cacherai pas qu'au tout début de ma lecture , quand j'ai vu le temps restant s'afficher , j'ai blêmi mais le rythme a été vite pris surtout quand je suis arrivée à la fatidique page
77 qui contient un twist tellement renversant que j'ai failli en crier ! Tout ce qui pouvait paraître vaguement intriguant et/ou bizarre dans ce qui s'annonçait  comme un secret de famille avec disparitions à la clé et narratrice perturbée prend alors tout son sens et sa profondeur. Cette révélation (surtout ne pas lire les billets, articles, 4 ème de couv' révélant Le secret de la page 77 ) n'est pas un effet de manche de l'auteure (regardez comme je vous ai bernés) mais correspond parfaitement à la volonté de renverser notre point de vue sur un thème ô combien passionnant !

Un roman bouleversant brassant , entre autres, les thèmes de la culpabilité et  du souvenir à découvrir absolument ! Et zou sur l'étagère des indispensables !

Le roman vient d'être traduit en français , sous le titre Nos années sauvages, je ne l'ai pas lu en traduction, mais je ne mettrai pas la couverture qui en dit BEAUCOUP trop !

20/04/2016

La fille du froid

"Ma vie est légère et rangée désormais, comme un sac à dos qui ne contient que le strict nécessaire."

Expérimentant la notion de coïncidences, Katherine Carlyle, après le décès prématuré de sa mère, se lance dans un voyage qui la mènera, au gré de ses rencontres, toujours plus au Nord, toujours plus vers le froid.
En effet, embryon congelé durant huit ans ,avant d'être implanté dans le giron maternel, la jeune femme de dix-neuf ans est persuadée garder des réminiscences de cette période de sa vie.

rupert thomson


C'est le postulat de départ qui m'a intéressée dans ce roman, mais malgré les nombreux passages soulignés, les évocations plus que réussies des atmosphères et des villes traversées, je suis un peu restée extérieure au récit de cette quête de l'essentiel, de l'épure. Le tout restant un peu trop froid, peut être...

La fille du froid, Rupert Thomson, traduit de l’anglais par Sophie Aslanides, Éditions Denoël 2016, 371 pages.

19/04/2016

La veillée

"Ce qui change le cours des choses n'est pas la vérité, mais  de la savoir."

Le père de Sébastien vient de mourir.  Marie, son amie d'enfance,  le rejoint et l'accompagne lors de La Veillée du  défunt. L'occasion de découvrir tout un pan de la vie paternelle, mais aussi de revenir sur des éléments du passé de ces quadragénaires qui auraient pu évoluer différemment.virginie carton
Chacun d'entre nous a eu ou aura à se confronter au deuil d'un parent. Une situation douloureuse pour laquelle Virginie Carton a su trouver le ton juste, ne basculant ni dans le sentimentalisme, ni dans la contrition.Elle dépeint avec une grande précision la gamme des sentiments par laquelle passe Sébastien et brosse avec tendresse une formidable histoire d'amitié , qui a su se jouer du temps et de la distance.
Un roman qui fait du bien et nous donne envie de profiter encore plus de la vie.

La veillée, Virginie Carton, Stock 2016, 219 pages piquetées de marque-pages.

18/04/2016

L'heure d'or

 "La vie ne dépend peut être pas de toutes les décisions qu'on prend. Il y a tout un monde autour de nous. Nous nous faisons pousser, bousculer, que nous le voulions ou non. Nous sommes peut être comme des feuilles qui virevoltent au gré du vent. Nous allons là où on nous envoie."

Un été chaud dans le Sud de l'Angleterre (on ne ricane pas), un paysage champêtre et un couple de quinquagénaires, Henry et Laura, qui décide d'organiser un dîner samedi en huit pour réunir voisins et amis. Les invitations sont lancées mais les remous, les interrogations et les remises en question des uns et des autres vont peut être faire capoter l'harmonie dont rêve Laura.william nicholson
Comme dans les précédents romans de William Nicholson, nous trouvons une galerie de portraits plus vrais que nature,(de l'adolescente qui s’amourache d'un garçon fascinant ,mais sans doute nocif , à la trentenaire  qui freine des quatre fers à l'idée de s'engager, en passant par le sexagénaire qui veut  changer de vie) mais toujours emplis de bienveillance.
Les rebondissements de l'intrigue sont plus liés à l'évolution psychologique des personnages et elle se fait tout en finesse. Ainsi on sent que l'auteur a autant de compassion pour la vieille mère tyrannique que pour la fille tyrannisée et il parvient à nous brosser de l'une comme l'autre des portraits nuancés. Quant au scénariste ulcéré qui découvre inopinément que son scénario est retravaillé par un autre, la confrontation avec son rival prendra une tournure beaucoup plus enrichissante que prévue.
Tous nous deviennent proches et l'on se sent plein de gratitude à l'idée d'avoir partagé ce repas. Un bon gros roman confortable comme on les adore  !

L'heure d'or, William Nicholson, traduit de l’anglais par Anne Hervouët, éditions de Fallois 2016, 411 pages piquetées de marque-pages.

L'heure d'or  est celle qui précède le coucher du soleil et qui donne une lumière très particulière.

 Du même auteur: clic et reclic ,

Les romans peuvent se lire indépendamment .

15/04/2016

La théorie de la tartine...en poche

"Je sais que chafouin signifie sournois, mais mon cerveau a arbitrairement décidé qu'il était en fait l'équivalent de "petite tête de marmotte un peu triste, déçue, contrariée et fatiguée". je vais notifier cette modification du dictionnaire à l'Académie française par un courrier avec accusé de réception et hop, le tour sera joué."

Mon parcours avec Titiou Lecoq, romancière , chroniqueuse et blogueuse médiatique a é quelque peu chaotique. D'abord, un échec de lecture, les Morues, rien que le titre m'était resté en travers de la gorge, la demoiselle ne faisant pas dans la dentelle, mais la grossièreté c'est parfois roboratif et  ici toujours pleinement assumé , ce qui n'est déjà pas mal.titiou lecoq
Puis, cédant aux appel de sirènes, Cuné et Antigone en tête, et d'une offre promotionnelle sur liseuse, je me suis procuré La théorie de la tartine, que je n'ai pas lâché.
Paradoxalement, ce n'est pas tellement l'histoire de cette jeune femme qui voit ses ébats amoureux livrés en pâture sur internet en 2006 par un ex vengeur et accumule ensuite les ennuis (d'où le titre) qui m'a le plus intéressée.
J'ai  , en effet, plutôt lu ce roman comme un panorama de l'évolution nos relations à internet, et le point de départ comme un prétexte.
 Ce qui remonte à peine à dix ans  apparaît déjà presque comme de la préhistoire !titiou lecoq
J'ai enchaîné enfin avec Chroniques de la débrouille, , paru aux éditions Fayard sous le titre Sans télé, on ressent davantage le froid et là je me suis vraiment régalée ! Le talent de Titiou Lecoq donne sa pleine mesure dans le format court  ! Son humour, parfois trash, parfois plus littéraire fait un bien fou ! Ces tranches de vie (parfois sanguinolentes comme une tranche de foie crue, les lectrices ayant vécu un retour de la maternité apocalyptique comprendront), sonnent juste  et ce portrait d'une génération est tout à la fois enlevé et plein de vie !

14/04/2016

Americanah...en poche

"Alexa et tous les autres invités, peut être même Georgina, comprenaient tous la fuite devant la guerre , devant la pauvreté qui broyait l'âme humaine, mais ils étaient incapables de comprendre le besoin d’échapper à la léthargie pesante du manque de choix."

Parcours surprenant que celui d 'Ifemu : alors que de nombreux africains rêvent d'aller aux États-Unis, après quinze ans  passés dans ce pays, elle rentre chez elle à Lagos.
Si j'ai beaucoup aimé le parcours social de cette héroïne, sa lutte pour se faire une place en Amérique, son regard sur la société américaine, sa langue (bravo à la traductrice) que j'entendais chanter à mes oreilles avec ses interjections ponctuant chaque fin de phrase, son retour et son ascension sociale au Nigeria, j'ai moins été convaincue par plusieurs éléments. chimamanda ngozi adichie
D'abord par les son blog, à l'écriture simpliste, même si les fait détaillés sont intéressants. Ensuite son parcours amoureux aux États-Unis où elle semble juste collectionner des spécimens lui permettant d’étudier un large éventail de cas de figures. Quant à son amour de jeunesse, inversement on frôle le sirupeux. Mais bon, je ne suis pas une grande sentimentale !
Il n'en reste pas moins que , nonobstant ces quelques petites réserves, j'ai beaucoup aimé ce récit et les descriptions particulièrement vivantes et bien croquées de la vie quotidienne,tant aux États-Unis qu'en Afrique.

"

13/04/2016

Fairyland...en poche

 

 

*Fairyland, Alysia Abbott.Récit très émouvant et intéressant d'une femme qui revient sur son enfance et son adolescence aux côtés d'un père, poète homosexuel, qui décèdera du sida. Une relation très forte, qui ne va pas sans heurts, la narratrice se rendant compte a posteriori des sacrifices amoureux qu'a fait son père face à l'intransigeante ado qu'elle était. L'occasion aussi de découvrir la manière violente et honteuse dont on traitait les gays aux débuts de l'épidémie de Sida.alysia abbott

12/04/2016

Effacer sa trace

"Nos bonnes manières et nos diplômes ne pouvaimalika wagnerent remplacer le lien essentiel , susceptible d'orchestrer, à partir de mélodies disparates, une symphonie harmonieuse."

"Un homme peu fréquentable" ,ainsi est intitulée la première partie du roman. Un homme qui , durant toute l'enfance de la narratrice s'est institué en juge du comportement de ses enfants, est resté pour eux une énigme, énigme qui les rattrape quand leur père est emmené à l’hôpital ,puis meurt.
Se pose alors le problème du rapatriement du corps dans le pays natal paternel, pays jamais nommé mais qui peut être identifié comme étant l'Algérie.
Issus d'un mariage mixte, ayant explosé il y a des années, la fratrie va devoir se confronter à un pays, une famille dont ils ignorent quasiment tout, si l'on excepte pour deux d'entre eux, un premier séjour à l'adolescence, choc culturel particulièrement violent.
En plus de ce récit du retour loin de toute idéalisation, j'ai particulièrement aimé dans ce roman l'importance accordée aux mots, que ce soit le jargon du monde professionnel de la narratrice  où "Sans remettre en cause ma valeur professionnelle, ils avaient souligné mon manque de personnalité et, peut être, d'authenticité, qui ne correspondait pas à leur démarche." (comprendre que se basant sur le prénom de la narratrice, seule de la fratrie à ne pas l’avoir francisé, la marque Nourlouda s'attendait à ce qu’elle les renseigne sur les pâtisseries les plus appréciées lors des fêtes musulmanes),ou le vocabulaire usité dans les hôpitaux par exemple.
Un roman qui décrit très bien la difficulté des relations entre un père qui tente une dernière approche de ses enfants (il s'intéresse ainsi à la bibliothèque de la narratrice) et une fratrie qui se débrouille chacun à sa façon pour trouver sa place dans ce biculturalisme.

Effacer sa trace, Malika Wagner, Albin Michel 2016, 179 pages.