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20/05/2016

L'étrangère...en poche

Le génocide arménien de 1915 n'a toujours pas été reconnu par la Turquie et son déroulement, ses causes et ses conséquences sont encore trop ignorées du grand public. L'auteure, ex directrice de Elle, est la petite-fille d'une survivante de ce génocide. Elle a entrepris de raconter, sous forme romanesque, les informations qu'elle est parvenue à recueillir de son aïeule.9782290123454_cm.jpg
Alternant récit du génocide tel que l'a vécu sa grand-mère et parties concernant son enfance, l'auteure remonte ainsi le temps et éclaire un épisode de l'Histoire trop souvent passé sous silence. Une lecture  éprouvante mais très éclairante.

L’étrangère, Valérie Toranian, J'ai Lu 2016.

19/05/2016

Féline...en poche

Une jeune fille coréenne adopte un chat errant. Ce n'est pas par bonté d'âme mais pour le vendre via internet.
Hélas pour elle, le félin croit reconnaître en elle un de ces humains fabuleux qui comprennent le langage des chats et n'aura de cesse de la rejoindre.Bu Hui-ryeong
Deux êtres aussi sauvages l'un que l'autre vont progressivement apprendre à se connaître et à s'apprécier.
Schéma connu desservi ici par des personnages peints de manière un peu rude et un style tout aussi brut de décoffrage. Il manque un je ne sais quoi de policé dans ce texte pour emporter l'adhésion. Bilan en demi-teintes donc.

Le billet d'Aifelle pour qui ça n'a pas été un coup de cœur...

18/05/2016

Regarde les lumières, mon amour...en poche

"L'hypermarché est pour tout le monde un espace familier dont la pratique est incorporée à l'existence, mais dont on ne mesure pas l'importance sur notre relation aux autres, notre façon de "faire société" avec nos contemporains au XXIème siècle."

Pendant un an, l’écrivaine Annie Ernaux a "consigné le présent" ,sous la forme d'un journal , de la vie du Auchan de Cergy qu'elle fréquente en tant que cliente régulière. Pourquoi avoir choisi un tel lieu ? Parce qu'il est à la fois tellement familier, révélateur du mode de fonctionnement de notre société. Parce que c'est  aussi un lieu où se croisent des populations qui ne se rencontreraient pas ailleurs et surtout parce que c'est un endroit "qui commence seulement à figurer parmi les lieux dignes de représentation."annie ernaux
Annie Ernaux scrute avec acuité le fonctionnement de la grande distribution qui impose sa propre temporalité, "suscitant les désirs aux moments qu'elle détermine",  souligne "son rôle dans l’accommodation des individus à la faiblesse des revenus, dans le maintien de la résignation sociale."mais croquant aussi avec beaucoup d'empathie tous les comportements des clients. Les tensions, les bribes de dialogues, les comportements auxquels nous ne prêtons même plus attention tellement ils sont devenus automatiques sont ici restitués dans toute leur subtilité.
Une analyse riche de "L’hypermarché comme grand-rendez-vous humain" mais aussi une écriture fine et sensible. à lire absolument.

 

17/05/2016

Brillante

"Difficile d'oser avouer l'échec professionnel quand on est programmé pour réussir."

Diplômée d'une grande école, Claire, issue d'un milieu modeste, a tout réussi : son mariage avec Antonin, avec qui elle partage la même conception de la réussite, et son intégration dans un grand groupe afro-alimentaire où tout semble lui réussir.stéphanie dupays
Las, la belle mécanique va se gripper quand sa supérieure hiérarchique ,qui peine à concilier vie de famille et exigences professionnelle, va prendre ombrage de cette quasi perfection de Claire et progressivement mettre la trentenaire sur la touche.
Stéphanie Dupays peint avec subtilité le monde de l'entreprise, en démontant les codes, et l'utilisation si particulière du langage qui y est employé: " Un monde où la langue n'a plus d'importance, où toute l'activité est orientée vers le présent et l'opérationnel.". Une "no man's langue" qui contamine le vocabulaire de l'héroïne au quotidien, soulignant que "l'entreprise modèle nos paroles et nos comportements.".
Elle montre aussi comment Claire , coupée de son histoire, se retrouve seule à affronter l'échec, personne dans son entourage familial ne pouvant lui donner une solution de repli.
La tension est extrême et en 185 pages denses, au rythme rapide, l'autrice nous entraîne dans le sillage de Claire, Brillante ,mais à quel prix ? Un gros coup de cœur !

 

Le billet de Cuné qui m'a donné envie.

13/05/2016

Bad girl classes de littérature...en poche

"Tu auras honte de tes souvenirs. Tu voudrais être quelqu'un d'autre...et feras de ton mieux pour l'être."

Enfant non désirée, entrave à la volonté naissante de liberté et d'ambitions intellectuelles de sa mère, on peut dire que Nancy Huston partait avec un lourd passif.
S'adressant au fœtus à naître qu'elle fut, l'autrice revient non seulement sur son parcours de "drôle de petit chamois vaillant devenu dame vieillissante en femme de lettres." Mais surtout sur ce qu'elle appelle ses classes de littérature , que ce soit  la musique et le langage, "échafaudages invisibles, sans poids, auxquels tu pourras toujours te cramponner.", "le fait d'être "la nouvelle", encore et encore"ou les leçons de piano.nancy huston
Elle explore pas à pas le trauma, sans rien omettre de ses découvertes , même  accidentelles ,et c'est cette façon de faire ,précise, et le style imagé de Nancy Huston qui ont su me séduire.

257 pages et une forêt de marque-pages !

 

12/05/2016

Poulets grillés...en poche

"-Y a du corgi, le chien de la reine d'Angleterre, un peu de teckel, du bâtard, du corniaud, du clébard. Ce n'est plus un croisement, c'est un échangeur d'autoroute, gloussa-t-elle, contente de sa blague ou de son chien. Il s'appelle Pilote, mais vous pouvez Pilou.
-C'est vrai, je peux ? Il ne se vexera pas ? "

 On ne peut pas les virer ? Qu' à cela ne tienne ! Le nouveau patron du 36 quai des Orfèvres crée une nouvelle brigade composée de tous les indésirables de la police. ll y a là un ancien négociateur du raid,  une écrivaine s’inspirant un peu trop de ses collègues, un alcoolo, un porte-poisse, un ou deux crétins, le tout chapeauté par Anne Capestan, étoile vite montée, vite déchue de la judiciaire.sophie hénaff
Réussissant à dénicher deux affaire à deux doigts d'être classées, cette belle bande de bras peut être pas si cassés que cela , va se mettre en branle et donner son maximum pour révéler la vérité.
Un grand sens du rythme, de l'humour et des personnages bien croqués font de ces 342 pages endiablées un petit plaisir de lecture à dénicher, comme moi en médiathèque, ou à s’offrir en poche.

Sophie Hénaff

10/05/2016

Enfant, je me souviens

 "Ils [les souvenirs] murmurent à notre oreille un secret qui nous concerne au plus intime, mais qu'il nous est impossible de cerner et de formuler." Dr Catherine Dolto, haptothérapeuthe qui signe la préface de cet ouvrage.

C'est à un saut dans le passé (au sens propre et au sens figuré pour la narratrice d'Agnès Abécassis) que nous convient ces auteurs francophones rassemblés pour défendre la cause des enfants. Si deux d'entre eux (Isabelle Autissier en tête)soulignent au passage qu'autrefois les enfants  jouissaient d'une plus grande liberté de circulation en France, il n'en reste pas moins comme le remarque aussi Laurent Binet, qu'un simple grillage pouvait déjà matérialiser une séparation sociale et conditionner toute une existence.
Il est aussi question de transmission dans ces nouvelles, que ce soit par un grand-père (celui d'Alain Mabanckou menant une double vie...) ou une enseignante Tatiana de Rosnay) ou de transmission par les mots (Maxime Chattam, Jean-Louis Fournier).9782253069508-001-T.jpeg
Si quelques (rares )nouvelles ont une tonalité un peu convenue, voire pour l'un d’entre d'eux, donne l'impression que l'autrice se regarde écrire,ôtant toute sensibilité au texte, d'autres sont tout simplement jubilatoires et nous emportent dans un univers où règne la loufoquerie, pour mieux contrer la misère. Je n'oublierai pas de sitôt le père Fiscalo de Philippe Claudel !
Nous croiserons aussi quelques célébrités, Yves Montand, Jacques Brel, ce dernier passant en toute simplicité des vacances  sur la plage du vieux Boucau où "régnait "le père du narrateur de la nouvelle de Jacques Expert en sa qualité de maître-nageur sauveteur, l'occasion de créer une complicité père/fils un peu ambiguë...
Bref, un recueil particulièrement réussi pour évoquer les souvenirs d'enfance, réels ou fictifs.
De plus, pour chaque livre acheté, un euro cinquante est reversé à l'UNICEF. De quoi doubler le plaisir.

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  Agnès Abécassis, Isabelle Autissier, Laurent Binet, Didier van Cauwelaert, Maxime Chattam, Matthieu Chedid, Philippe Claudel, Jacques Expert, Jean-Louis Fournier, Hélène Grémillon, Philippe Grimbert, Alain Mabanckou, Oxmo Puccino, Romain Puértolas, Tatiana de Rosnay, Eric-Emmanuel Schmitt, Sigolène Vinson.

09/05/2016

Le grand n'importe quoi

"-Si possible, il faudrait éviter le centre. Il y a des culturistes à mes trousses, des policiers à ma recherche, des extraterrestres sur mes talons, et le père Cadick qui patrouille avec sa carabine."

Bienvenue (ou pas) à Gourdiflot-le-Bombé, sa rue du Poney myope, son impasse du Marcassin Boiteux et ses habitants tous plus frappadingues les uns que les autres. Arthur aurait sans doute mieux fait de refuser l'invitation de Framboise, cela lui aurait éviter de se retrouver coincé dans une boucle temporelle, "pour vivre des situations toujours plus humiliantes" en compagnie de lémuriens et de quelques extraterrestres. L'occasion pour lui de trouver un sens à sa vie et accessoirement à la nôtre. Oui, rien que ça.
Il faut pas mal de culot pour oser intituler son roman Le grand n'importe quoi car si le contenu n'est pas à la hauteur des objectifs,le titre risque de se retourner contre son auteur !j.m. erre
Et pourtant , le pari est tenu: J.M.Erre s'en prend cette fois à l'univers des romans et films de science-fiction qu'il passe à la moulinette et secoue dans son shaker déjanté , y ajoutant quelques zeugmas "puis il prit en même temps une bouteille et un air menaçant", un soupçon de virelangue "un grand gras à gros goitre", force personnifications et autres ingrédients pleins d'humour dont il a le secret.
On pourra regretter une petite baisse de forme vers la fin ,qu'une pirouette de dernière minute ne parvient pas  vraiment à sauver, mais c'est un bon moment de lecture déjantée dont on aurait tort de se priver.

Le grand n’importe quoi, J.M.ERRE Buchet-Chastel 2016, 296 pages folles ,folles, folles .

 Le billet de Clara !

 

05/05/2016

Que du bonheur !

"Faut pas me la faire à moi ! Je suis l'experte de la solitude, la professionnelle de la détresse amoureuse !"

Mais qu'a bien pu faire Angela dans un vie antérieure pour mériter une année aussi pourrie ? Jugez un peu : elle se casse le nez le jour de sa rentrée en seconde, hérite de l’étiquette "boulet"(combinaison "muette" et "moche"), son chat meurt, sa meilleure amie la trahit, sans oublier des vacances hautes en couleurs , d’abord en Ariège puis au camping Neptune...Une accumulation qui en mènerait plus d'une au trente-sixième dessous.
Mais, heureusement, Angela, même si elle ne s'en rend pas vraiment compte a hérité (un peu) de l'énergie de celle qu'admirait ses parents: Angela Davis, et aussi d'un solide sens de l'humour qui lui permet d'analyser, façon prof de philo, la chanson "deux minutes trente cinq de bonheur" pour mieux rebondir.rachel corenblit
Dans ces 122 pages émaillées de photos ,  petits dessins et collages façon "carnet d'ados", nous la regardons , le sourire aux lèvres ,avancer vers une conclusion fine, en forme de clin d’œil ! Un petit bonheur à offrir (et à lire avant !).

Que du bonheur ! Rachel Corenblit, Éditions  du Rouergue.

 

06:00 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : rachel corenblit

04/05/2016

Bons baisers de Mesménie

 "- Je m'appelle Chlobak Androv Peranovski et j'arrive à pied de la Russie. J'ai faim et j'ai froid , madame. Je ne voulais pas abuser de vos poules."

Vous n'avez jamais entendu parler de la Mesménie ? Normal car c'est "un petit territoire nordique [...] pustule marécageuse pour ainsi dire, dans la mer balte.", "une des régions les plus pauvres de l'URSS qui en comportait pourtant beaucoup".
 Thomas Lagrange , suite à une petite annonce cherchant un traducteur "pour le mesmène vers le français" va se trouver embarqué dans une série d’aventures qu'il ne va guère maîtriser, bien loin de sa petite vie plan plan et parisienne.fabienne betting
Tout va partir de sa traduction catastrophique d'un roman mesmène, langue dont il ne possède que quelques rudiments, et de la pression qu'il va se mettre à rendre son travail rapidement. En effet, notre ami Thomas, tout "immature ", "irresponsable " et "inconséquent " soit-il est aussi  doté d'une belle imagination qui l'entraîne à violer allègrement toutes les règles de la traduction,ce qui m'a valu de nombreux éclats de rires !
Si le voyage en Mesménie est un peu moins réussi à mon goût, tournant un peu trop vite à la farce lourdaude, et ralentit un peu le rythme,il n'en reste pas moins que la description psychologique des personnages est très réussie et très drôle (voir comment Télématin rythme la matinée de sa copine est un pur régal...).
L'évolution de Thomas est aussi très intéressante et Fabienne Betting réussit à brosser un portrait nuancé de ce velléitaire professionnel, ce qui, au début, n'était pas gagné d'avance...
Un premier roman qui, malgré quelques maladresses, nous offre un bon moment de lecture! embarquez vite pour la Mesménie !

Bons baisers de Mesménie, Fabienne Betting, Autremenet, 394 pages savoureuses!