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08/05/2024

Far Ouest...en poche

Quel plaisir de voir enfin en poche ce roman sorti en ...2008 !

”Elle avait simplement voulu commettre un bonheur”

Oui, vous avez bien lu "Commettre" et non pas "connaître"  un bonheur.Mais bien évidemment, quand Sixtine adopte Dalton, croisé de setter gordon et de lévrier afghan, emprisonné dans un refuge depuis de trop longues années, c'est le début d'une très belle relation entre la jeune femme éprise de liberté et le chien apparemment inapte au bonheur.fanny brucker
On sourit quand Sixtine "se  dit qu'elle n'avait pas réalisé à quel point il était gênant de passer une soirée en tête à tête avec quelqu’un qu'on en connaît pas,qu'il fût humain ou pas. même s'il ne parlait pas, elle aurait au moins aimé qu'il manifeste plus d'enthousiasme en découvrant son nouveau confort, qu'il lui témoigne tout de suite plus de reconnaissance, qu'il  se comporte comme une sorte d'acteur hollywoodien qui traverse le séjour en décrétant qu'il va prendre une  bonne douche et se sert au passage un scotch on the rocks qui lui fait fermer les yeux de plaisir.". Ou quand elle trouve le moyen de contourner un règlement imbécile pour ne pas quitter son chien dans un magasin d'alimentation...On a les larmes aux yeux quand , enfin, Dalton "  manifeste du bonheur , qu'il se révèle capable de quitter son monde des morts sans expression."  Bien sûr le bonheur de l'un va déteindre sur l'autre car "Dalton était devenu un prétexte de bonheur. Ce que  Sixtine n'aurait pas fait pour elle-même, elle le faisait pour Dalton."
En contrepoint, un peu artificiel à mon goût, nous suivons le périple de la sœur aînée de Sixtine qui, veuve, quitte les États-Unis et rentre en France avec le vague espoir de renouer avec celle qu'elle connaît à peine. Un peu caricatural mais amusant ce personnage devient peu à peu pathétique...
Quant à la fin du roman, elle  m'a fait penser à celle, très poétique, du film "Crin Blanc"...
Les personnages de Far-Ouest ne sont pas être pas suffisamment fouillés mais en même temps cela nous donne tout le loisir de compléter à notre guise ce  été esquissé et de passer un excellent moment sur les plages de l'Atlantique , en mangeant des chouquettes,  en compagnie de  ceux qui sont devenus nos amis, Sixtine,Dalton et la jument Fidèle .
Un premier roman sensible et émouvant de Fanny Brucker ,dédié à ...Dalton !

07/05/2024

#Assisedeboutcouchée #NetGalleyFrance !

Mais si on accepte que la mort d'un animal nous plonge dans une telle douleur, ne doit-on pas aussi accepter la valeur de sa vie ? C'est peut-être pour ça que le deuil canin reste un impensé. Parce qu'il nous force à envisager la valeur de ces vies animales que nous concevons si volontiers comme mineures ou sacrifiables. 

Depuis l'enfance, La vie d' Ovidie est liée à celle des chiens. Le chien est en effet le garant de sa sécurité quand elle part faire des courses à vélo. Le chien est toujours le garant de la sécurité des femmes quand elles décident, ces insensées, de marcher seules en forêt, ou en campagne. Pourquoi croyez-vous que mon beagle et moi parcourons toujours ensemble les champs alentours ? ovidie
La thèse d'Ovidie, et j'y adhère volontiers est que si les chiens et les femmes ont créé un lien si fort c'est parce qu'ils sont tous deux, sous des formes différentes , victimes de la violence de la société patriarcale. Mêlant récit personnel et informations historiques, Ovidie nous offre ici un texte sensible et fort qui ne pourra que toucher (mais aussi instruire ) tous les ami.e.s des canidés. 

 

J-C Lattès 2024. ovidie

 

Merci à l'éditeur et à Netgalley.

 

06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ovidie

06/05/2024

La théorie des ondes

La naissance d'un drame est indubitablement question d'ignorance. Tout au moins de perte: de soi, des autres, du passé oublié au profit d'un avenir sans cesse plus urgent, plus rapide, sans pieds ni jambes pour tenir debout. 

Chalon-sur Saône est en proie au monstre Carnaval. Mais un autre monstre a sévi laissant au bord de la rivière le cadavre d'une très jeune fille. Une découverte qui réveille de bien tragiques souvenirs car plusieurs assassinats de jeunes filles sont restés inexpliqués.31waBxFN8uL.jpg
Catherine Gauthier, ancienne flic devenue assistante d'un avocat entêté, Pierson,va mener l'enquête et tous deux vont tenter de faire rouvrir ces "cold cases".
Pascale Chouffot choisit une héroïne atypique (elle ne ressent plus la douleur) mais laisse la part belle à l'humanité de ses personnages. Remontant le temps, elle évoque d'autres monstres, d'autres ogres qui prennent des formes différentes (PDG soucieux de rentabilité mais pas d'humanité, par exemple) et nous fait découvrir la situation des "colons du Morvan", orphelins ayant subi les pires horreurs avant que justice leur soit rendue en 1911. Un roman haletant que j'ai dévoré en deux jours.

 Éditions du Rouergue Noir 2024, 426 pages .

04/05/2024

Lemon...en poche

Certaines vies sont injustement cruelles, et nous continuons à vivre en les ignorant comme de misérables insectes. "

Un féminicide commis sur une très jeune et très jolie femme vêtue, au moment de sa mort, d'une robe jaune est le point de départ de ce roman à la structure en apparence éclatée.kwon Yo-Sun
Il faut accepter, dans un premier temps, de se laisser flotter un peu avant d'identifier les narratrices principales, toutes trois liées à la victime, sa sœur et deux amies , obsédées par ce crime demeuré impuni en apparence...
Roman d'atmosphère, Lemon est aussi un roman qui dépeint une société brutale (voir la scène d'interrogatoire initiale) où ceux qui sortent de la norme sont rejetés. C'est enfin un roman à la structure assurée qui sème des indices et permet au lecteur de se faire sa propre opinion sur les personnages.

150 Pages. Traduit du coréen  par  Kevin Jasmin Hamard.

 

Éditions La Croisée 2023

03/05/2024

L'invitée...en poche

"Alex garda les yeux baissés. Elle avait l'habitude de s'effacer, de faire comme si les choses qui étaient en train de se produire n'étaient, en fait, pas en train de se produire. "

Alex a vingt-deux ans et elle est L'invitée de Simon, riche quinquagénaire qui l'a emmenée dans sa maison de Long Island. Là, l'été touche à sa fin et Alex profite de la plage et dérobe les cachets antidouleur de son hôte pour mieux supporter la réalité clinquante d'un monde où elle n'a en fait pas sa place.81gSOF6BXlL._SL1311_.jpg
Nous découvrons rapidement qu'Alex analyse chaque faits et gestes des gens qui l'entourent pour mieux s'adapter à leurs désirs et les manipuler.  Cette tension  permanente est très coûteuse émotionnellement, même si Alex a appris à se dissocier dans certaines situations trop humiliantes ou violentes. Un soir, elle commet un faux-pas , est chassée par Simon.
La jeune femme refuse d'admettre la réalité des faits et seule, sans ressources, sans amis, menacée par une connaissance qu'elle a trahie et volée, comme elle le fait avec chacun, elle se persuade que Simon l’accueillera dans une semaine lors de sa fête du Labor Day. Lui reste alors à trouver de quoi subsister dans ce microcosme de gens riches qui vivent dans l’entre-soi et se croient en sécurité.
Emma Cline peint avec subtilité et férocité ce monde cossu où la violence est sourde. La dérive d'Alex , qui passe on a envie de dire d'une main à une autre, d'un milieu social à un autre, est teintée tout à la fois de mélancolie et de tension. Un climat subtil et dérangeant qui fait de ce roman une expérience troublante.

 

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Esch.

Éditions La Table Ronde 2023.

02/05/2024

Les Loups de Babylone

"Dans une sorte de vertige, il s'aperçut qu 'il avait plongé dans un monde dont il ne connaissait rien. Un monde où le Mal était possible, non pas le grand Mal qui fait peur aux enfants dans les contes de fées qu'on lui avait lus, enfant. Mais un petit mal ordinaire, un peu sale, veule. Un Mal de tous les jours."
 Une officière de gendarmerie qui, pour échapper à une relation toxique, a demandé sa mutation à Millau. Une adolescente fragile, Cassandra, qui atterrit, par hasard dans une famille d'accueil du coin et va se lier d'amitié avec Estéban Perrault, un enfant d'une  communauté écolo radicale qui vit en autonomie sur les Causses du Tarn. Tels sont les personnages dont les destinées vont se croiser par l'intermédiaire d'une disparition inquiétante : celle d'une jeune zadiste vue pour la dernière fois dans l'estive où paissent les moutons  de la communauté.
Il paraît que des loups rôdent la nuit sur les causses, mais le Mal prend des formes beaucoup plus anodines.  Et si les références à la mythologie et aux contes sont semées comme autant de petits cailloux,  c'est peut-être pour mieux nous rappeler que mieux vaut se fier parfois à ceux qui nous paraissent les plus cabossés, les plus fragiles pour se tirer d'affaire...anne percin
La nature joue  un rôle essentiel dans ce récit . Ce sont  d’ailleurs certains de ses habitants qui délivreront la solution d'un des mystères de ce roman qui ne ménage pas ses effets et fait la part belle à des personnages qu'on quitte à regret.

Un roman addictif.

 

 Éditions la manufacture de livres 2024. 

30/04/2024

De vengeance

"L'ennui, avec la plupart des humains, c'est qu'ils parlent. Ils communiquent. Ils mettent le nez dans vos affaires. Ils ne peuvent pas s'empêcher de vous créer des problèmes. Ils sont difficiles à contrôler. Ils élaborent des scénarios. Ils suspectent. Ils errent. Ils sont difficiles à cerner. leurs actions sont souvent impossibles à prévoir. Ils mentent. Ils jouent la comédie. Ils sont méchants. "

La narratrice tue accidentellement un camarade de classe. Son crime demeure impuni. Coup de chance : elle vient de trouver sa vocation et s'en réjouit. Seul regret: elle ne peut s'en vanter. D'emblée le ton est donné : nous voici avec une tueuse en série qui va, peu à peu, monter en puissance et se débarrasser de ceux qu'elle estime nuisibles à des degrés divers: cela va de celui qui manque l'écraser à celui qui ne ramasse pas les crottes de son chien. Pour commencer.J.D. Kurtness
Socialement bien intégrée, patiente (très patiente), intelligente et organisée, elle passe inaperçue et en joue.
Pour elle, c'est un "passe-temps" que de se venger. Mais elle pratique cette activité avec beaucoup de distance et ne connaît pas toujours le résultat de ses actes, libre au lecteur de l’imaginer. Contrairement à d'autres tueurs en série, elle ne paraît pas outrageusement dérangée et tout l'art de l'autrice , pour peu qu'on apprécie l'humour noir (très noir), est de nous rendre acceptable son comportement...Une lecture intensément jubilatoire.

Et zou sur l'étagère des indispensables !

 Éditions Dépaysage 2022, 151 pages à lire et relire.

 

29/04/2024

Le temps d'un visage #RuthOzeki #NetGalleyFrance !

 "La salle du miroir est le lieu où, chaque jour, nous nous confrontons à nos espoirs et à nos désirs, nos illusions et déceptions, notre vieillissement et notre mortalité, et il y a quelque chose d'à la fois doux , triste et extraordinairement courageux dans le fait d'accepter de le faire. "

Découvrant qu'une professeure d'histoire de l'art propose à ses étudiants de regarder trois heures durant une œuvre d'art, Ruth Ozeki  a une idée : "[...] il m'est venu à l'esprit que le visage est lui aussi une batterie temporelle, un empilement d'expériences, et je me suis alors demandé ce que mon visage de cinquante-neuf ans révélerait si je parvenais à le regarder trois heures - un temps douloureusement long , en effet. "ruth ozeki
C'est le récit de cette expérience qui nous est offert ici. L'occasion pour l'autrice de prendre non seulement conscience du temps qui passe, mais aussi de sa situation particulière: celle d'être née de l'union d'un père américain appartenant à une lignée de conservateurs chrétiens et d'une mère japonaise, bouddhiste zen. Et ce, seulement une dizaine d'années après la fin de la Seconde guerre mondiale. Le visage de Ruth Ozeki interrogeait alors beaucoup les américains de son entourage et le racisme était plus ou moins larvé...Un texte profondément humain qui résonne longtemps en nous.

Traduit de l’américain par Sarah Tardy.

 Merci à l'éditeur et à Netgalley.ruth ozeki

 

Belfond 2024.

28/04/2024

La collectionneuse de mots oubliés...en poche

Dès son enfance, Esme grandit non pas au milieu des livres, mais au milieu des mots car son père participe à la première édition de ce qui deviendra l'Oxford English Dictionnary.
Commencé à la fin du XIX ème siècle, cet ouvrage est bien évidemment rédigé par des lexicographes masculins, même si quelques femmes y apportent leur contribution, et révèle une vision genrée , laissant de côté des mots qui concernent non seulement les femmes, mais aussi les classes modestes de la population.71kXQmcPcfL._SL1311_.jpg
Ces mots, laissés de côté, Esme va les collectionner , espérant leur redonner une légitimité.
Ce roman, qui avait tout pour me déplaire de prime abord (les romans historiques ne sont pas ma tasse de thé, encore moins quand ils se présentent sous la forme de pavés) a su emporter ma totale adhésion. Les personnages sont bien campés, l'arrière plan historique est présent juste ce qu'il faut avec des points de vue intéressants, les péripéties sont amenées avec à propos et on ne s'ennuie pas une seconde. Quant à la dernière partie, elle propose un saut dans le temps et l'espace des plus enrichissants. Amoureux des mots et de l'histoire des femmes, précipitez-vous sur cette pépite !

PS: cerise sur le gâteau : l'autrice précise ce qui est réel ou de l'ordre de la fiction. 

22/03/2024

Le volume du temps 1

"Il est bon de voir le monde se tenir immobile. "

Venue acheter des livres anciens à Paris pour le commerce qu'elle tient avec son mari, Tara se réveille un 19 novembre. Mais non, les événements lui donnent tort: elle revit tout ce qui lui est arrivé la veille. Le temps s'est donc arrêté pour elle  le 18 novembre. solvej balle
De retour chez elle, elle tente d'expliquer la situation à son époux qui se montre compréhensif dans un premier temps mais oublie au fur et à mesure ce qu'elle lui a révélé. Las, elle prend ses quartiers, à l'insu de son mari, dans la chambre d'amis et observe tout ce qui se passe, réfléchissant au temps, au pouvoir des habitudes, au pouvoir des mots, à l'évolution de son couple.
Je n'ai jamais aimé le côté répétitif et moralisateur du film "Un jour sans fin", aussi ai-je abordé ce roman avec circonspection, mais j'ai été vite fascinée par la capacité de l'autrice à renouveler, sans effet de manche, la situation, à faire évoluer son personnage pendant un an, terminant ce premier volume à l'orée du 18 novembre de l'année suivante.

Le deuxième tome (il y en a sept en tout!) est dans ma Pile à Lire. Affaire à suivre.

 

 Grasset 2024. Traduit du danois par Terje Sinding, 250 pages.