02/07/2024
Dans le Nord et la Picardie ça se dit comme ça !
Avec le film de Dany Boon, "Bienvenue chez les Ch'tis", la France entière découvrait la richesse du parler du Nord (en 2008 !).
Si certains d'entre vous ont envie de réviser et/ou de découvrir plus largement comment on parle dans "min coin", ce petit ouvrage richement illustré et fourni en citations vous sera d'une grande utilité.
Des cartes permettent même de situer toutes ces particularités qui font la richesse de la langue française . Ainsi, page 42, découvrons -nous les différentes dénominations de l'amas de poussière : du minou au nounou en passant par le cheni ou la bourre (entre autres) que l'on soit au Nord, à l'Est ou au Sud-est de l'hexagone.
Les manifestations culturelles ne sont pas oubliées: du carnaval de Dunkerque braderies et réderies. Un petit trésor pour les amoureux de la langue.
Éditions Le Robert 2024
Dans la même collection (non lus): ça se dit comme ça en Bretagne, et ça se dit comme ça à Marseille.
06:03 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : alain dawson, ludmila smirnova
01/07/2024
Traverser les forêts
Il y a quelques mois, j'ai fait une petite fixation sur les forêts...
Voici donc en quelques lignes, du moins au plus apprécié, des romans traitant de ce thème.
Trois femmes, une forêt, celle de la dernière forêt primaire d'Europe, en Pologne. Nina, de retour d'Occident avec son fils et Nina, journaliste biélorusse , vivent, pour des raison différentes au cœur de cette forêt que tente désespérément de traverser Alma, exilée pourchassée par des militaires.
Même si l'écriture est fluide et agréable, il ne m'est pas resté grand chose de ce roman, trop classique à mon goût et dont les personnages m'ont paru bien artificiels.
Éditions du Rouergue 2024.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : caroline hinault, forêts
29/06/2024
Les autres ne sont pas des gens comme nous...en poche
" Je veux être considérée comme potentiellement monstrueuse, comme possiblement perverse, au moins autant que n'importe quel valide. "
Ainsi parle Julie, jeune femme tétraplégique qui, depuis, son fauteuil observe le monde comme une La Bruyère contemporaine.
Si elle se montre volontiers corrosive envers ses non-semblables, elle ne s’épargne guère non plus : "Suite à un accouchement difficile, j'ai hérité d'un corps à euphémismes: différent, singulier, en situation de handicap, en position de non-réalisation des habitudes de vie d'une personne. Le truc sympa, quoi (oui, j'ai aussi hérité d'un cerveau à antiphrases) ."
Les familiers de J. M. Erre retrouveront ici dans les différents textes écrits par Julie son amour des mots, sa volonté de pousser à l'extrême les travers de la société ainsi que des personnages (aux noms improbables) issus de ses précédents romans. Pas de quoi s'affoler pour ceux qui découvriraient cet auteur: vous ne serez pas exclus de la fête et cela vous donnera sans doute l'envie de découvrir les précédentes œuvres de l’auteur.
J.M. Erre célèbre ici, entre humour noir et amour de l'humanité malgré tout, les vertus et les défauts du récit : éviter de nous coltiner avec la réalité mais aussi accepter de se la prendre en pleine face.
200 pages piquetées de marque-pages.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : j.m. erre
28/06/2024
Ma vie de chouette
Si comme moi vous aimez les chouettes, hiboux et autres grands-ducs, vous apprécierez sans nul doute cet ouvrage de vulgarisation qui vous fera découvrir avec beaucoup d'empathie et de vivacité la vie de la chouette effraie (ou effraie des clochers).
L'occasion aussi de battre en brèche des superstitions hors d'âge et de découvrir la vie d'un ornithologue hors normes , passionné de chouette depuis l'enfance. Rester plusieurs heures sur une échelle pour guetter le retour d'un oiseau de nuit, voilà qui n'est pas forcément enviable, mais montre bien les aléas auxquels sont confrontés les "chouettologues" !
Des chapitres courts, pleins d'informations jamais indigestes , tout en étant au plus pioche des récentes études, le tout accompagné d'une chouette couverture, que demander de plus ?
Éditions Salamandre 2024.
06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : alexandre roulin, christine mohr
27/06/2024
#Surlîle #NetGalleyFrance !
"-L'île que vous avez dans la tête...Je ne pense pas qu'elle existe. "
Une île galloise (imaginaire mais inspirée de plusieurs îles au large de la Grande-Bretagne et de l'Irlande) en 1938. L'existence est rude pour les pêcheurs et leurs familles. Manod, 18 ans, aux côtés de son père et de sa plus jeune sœur, rêve d'une autre vie sur le continent. Elle est vive, intelligente et sait parler anglais.
La tranquillité insulaire est bientôt rompue par une baleine morte qui s'échoue sur le rivage et l'arrivée de deux ethnologues qui lui feront envisager, non sans cruauté, la possibilité d'un avenir loin de l'île. Au loin, des rumeurs de guerre, mais les îliens se préoccupent surtout de leur survie.
Par petites touches, nous découvrons la beauté de l'île, mais aussi et surtout la rudesse de l'existence des insulaires, rudesse que ne semblent pas vouloir admettre les ethnologues et leur vision biaisée. L'autrice laisse deviner les sentiments de son héroïne et fait confiance aux lecteurs pour combler les ellipses. Roman de formation et d'émancipation, plein de poésie et de délicatesse, Sur l'île génère une sorte de magie dont on sort un peu étourdi et mélancolique. Un grand coup de cœur.
Traduit de l'anglais par Claire Desserey.
JC Lattès 2024.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : elizabeth o'connor
21/06/2024
Les voyageurs du train de 8h05...en poche
"Franchement, si on m'avait dit qu'un jour, je confierais mon avenir à une lesbienne excentrique, je ne l'aurais pas cru ! Mais ça fonctionne plutôt bien, en fait. "
La règle numéro 2 de l'usager du train de banlieue , règle implicite, bien sûr, est de ne jamais adresser la parole aux autres voyageurs. Pourtant, quand un des habitués de la ligne allant de Hampton Court à Londres manque s'étouffer avec un grain de raisin, les interactions vont bien se mettre en place et les identité se dévoiler.
Petit à petit, ce sont les personnalités et les tracas de chacune et chacun qui vont se révéler, faisant de Iona , journaliste spécialisée dans les problèmes personnels, une sorte d'aimant dans le wagon où elle s'installe chaque jour avec sa fidèle, Lulu, bouledogue français.
Roman choral où chaque personnage prend à son tour la parole, Les voyageurs du train de 8h 05 concentre de manière un peu trop systématique des problématiques contemporaines qui vont du harcèlement scolaire à l'emprise. Le microcosme qu'est le train est certes bien exploité mais les situations se règlent beaucoup trop facilement . Et c'est bien dommage car les personnages, Iona en tête, sont pleins d'humanité et croqués à ravir.
Un bon moment de lecture juste un peu trop lisse.
08:10 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : clare pooley
17/06/2024
#VivaMolotov #NetGalleyFrance !
""Le secret c'est de chercher l'équilibre plutôt que la stabilité. " Cette pensée fait écho à sa propre expérience. Désirée réalise qu'elle est arrivée ici pour y construire une vie stable, sécurisante et qu'à la place, elle a trouvé un équilibre dont les ingrédients sont bien différents de ce qu'elle imaginait. "
Quand Désirée, infirmière de formation, revient à Troulou, le village de son enfance, elle ne s’attendait pas à une telle effervescence. Jugez un peu : des élections municipales anticipées ont réveillé tout à la fois les ambitions de certains et les vieilles rancœurs et chacun s'en donne à cœur joie pour essayer d'être élu... Des personnages hauts en couleurs, l'humour et l'énergie des 2 Freds alias Frédérique Martin et Frédérique Le Romancer font que dans un premier temps, on croit s'embarquer dans une plaisante comédie villageoise, mais très vite, on se rend compte que ce qui aurait pu être caricatural est beaucoup plus nuancé et plein d'humanité.
En effet, des thèmes graves sont eux aussi abordés (la dépression post-partum, le deuil, le corps et les désirs des personnes âgées, la politique dans le sens noble du terme, entre autres) et la comédie ne tourne jamais à la pochade. Un grand plaisir de lecture ! Dans la foulée, je me suis procuré le précédent volume : La méthode Molotov.
Éditions Fayard, 2024.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : frédérique martin; frédérique le romancer, les 2 freds
31/05/2024
Merci qui ? Merci mon chien...en poche
Avec tendresse, avec humour, le créateur de la Noiraude (la vache qui a des états d'âme et téléphone régulièrement à son vétérinaire ) rend hommage et remercie les animaux qui ont traversé sa vie, mais aussi tous les animaux en général (à l'exception des mites, mouches, moustiques et autres vecteurs de maladie).
Il fait appel à quelques auteurs (Tesson, Kundera, entre autres) pour appuyer ses propos mais ne tombe jamais dans le sentencieux.
C'est en apparence léger, pas toujours tout à fait exact (Je pense en particulier à la Suisse où en fait depuis 2008, la nouvelle loi sur la protection des animaux mentionne que les cobayes, tortues, lapins ou poissons rouges ne doivent pas vivre seuls , et non pas tous les animaux de compagnie comme il l'indique) mais ne chipotons pas, ne boudons pas notre plaisir et profitons pleinement de ce petit plaisir.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : jean-louis fournier
30/05/2024
Et d'une vie toute animale
"Elle prend conscience de ce qu'un animal domestique doit encaisser, endurer, ce qu'il reçoit du poids des âmes humaines, toutes ces émotions mal rangées qu’il a pour charge de porter , transporter, tout ce qui se loge en lui du dépôt sauvage de nos névroses."
Une femme ,dont la profession est de recueillir les paroles des personnes en fin de vie, a l'occasion d'occuper temporairement un atelier d'artisan sur le causse du Quercy. Elle ne va pas rester longtemps solitaire dans ce lieu désolé car elle recueille un chien errant, bien mal en point.
Commence alors une vie simple, au plus près de la nature et des rares personnes avec qui elle entre en contact, avec délicatesse et intelligence. Mais c’est la nature qui la part belle ici, car la narratrice se montre attentive au plus petit frémissement, au plus petit changement qui intervient dans son environnement et son écriture, lumineuse, est un pur régal.
Un texte apaisant, sous forme de fragments car "Elle pense, avec Cioran, qu'écrire par fragments empêche le texte de subir ou d'exercer un pouvoir", ce qui ne gêne en rien la lecture, bien au contraire.
Un grand coup de cœur ! Et zou, sur l'étagère des indispensables.
Éditions Cambourakis 2024. 206 pages à lire et relire.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : sandrine bourguignon
28/05/2024
#Quandlesfemmesétaientdesoiseaux #NetGalleyFrance !
" Quand nous n'écoutons pas notre intuition, nous abandonnons nos âmes. Nous abandonnons nos âmes car nous craignons que, sinon, les autres ne nous abandonnent. Nous avons été élevées à douter de ce que nous savons, à ignorer et à sous-estimer l'autorité de notre instinct."
A la mort de sa mère, l'autrice ouvre les carnets que celle-ci lui a légués. Or, ils sont vides.Tout au long des cinquante quatre courts chapitres qui constituent ce livre , Terry Tempest Williams va interroger la notion de voix, la sienne, celle de sa mère, la voix de chacun.e . Nos voix sont-elles empêchées ? Est-ce un choix que de se taire ?
Revenant sur des épisodes marquants de son existence, l'autrice nous livre un portrait pointilliste d’elle-même, parfois dérangeant, parfois surprenant et aussi, il faut bien l'avouer, longuet (je pense ici à la manière trop détaillée dont elle revient sur l'âpre lutte juridique et politique menée pour sauvegarder un territoire).
Scandé par le leitmotiv des métaphores désignant les carnets de sa mère , l'autrice mène une réflexion exigeante et intéressante sur la nécessité , ou non, de s'exprimer.
Phébus 2024. Traduit de l'anglais 'E-U) par Gaëlle Cogan.
08:10 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : terry tempest williams