18/02/2023
Faut pas rêver ...en poche
"La conversation se poursuivit en français sur des sujets anodins ,comme l'allaitement maternel, les placements immobiliers ou la crise des vocations chez les tueurs professionnels."
N'était sa propension à parler en dormant , tout en ayant des rêves fort agités, Carlos cocherait toutes les cases du compagnon et futur papa parfait: tendre et attentionné , il a même eu la bonne idée de se reconvertir en sage-femme.
De plus, il attise la curiosité de son infortunée compagne de lit, Louise, car il s'exprime en espagnol, langue à laquelle elle ne comprend rien, ou presque. La jeune femme décide donc, d'enregistrer ses logorrhées et de les faire traduire par une amie, Jeanne.
Las, elle découvre un motif récurrent qui semble hanter les nuits de Carlos: un homme dans une voiture , balancé à la mer. Son amoureux est-il pour autant un criminel ?
Pour en avoir le cœur net, Louise et Jeanne se rendent à Marbella, lieu qu'elles ont réussi à identifier.
Commencé sous les auspices de la comédie, Faut pas rêver vire rapidement au cauchemar, mais Pascale Dietrich sait doser comme personne ces deux registres et nous entraîne à la suite de ses personnages dans un roman échevelé qui égratigne au passage la corruption immobilière et nous permet de glaner au passage plein d'infos sur les rêves.
06:03 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : pascale gautier
17/02/2023
L'affaire des lubies du temps perdu
"Elle souffrait rien qu'à la pensée de la pénible posture dans laquelle elle s'était elle-même placée. "
Sa mère vient de mourir. Son mari la quitte. La pièce de théâtre dans laquelle elle interprétait l'héroïne de Colette, Mitsou, se termine, Norma a besoin d'un refuge.
Elle se rend alors sur l'île (jamais nommée) où vit désormais son père.
Là, les frontières entre rêve et réalité semblent se flouter et Norma n'arrive pas à poser des questions directes à son père. La conversation est possible mais reste souvent élusive. Une vérité finira pourtant par être prononcée et replacera peut être les choses en ordre.
Quel contraste entre la précision du vocabulaire et la description parfois nébuleuse des sentiments de Norma ! On se perd parfois dans ces circonlocutions mais on reste séduit par la poésie qui se dégage de l’œuvre.
Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier.
Éditions Notabilia 2023.
Merci à Babelio et à l’éditeur.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : rune christiansen
16/02/2023
La poésie des marchés
"La fantaisie est un piège dangereux. Addictif. Vous ouvrez la fenêtre et vous découvrez dans votre salon une jungle hétéroclite de personnages sans queue ni tête, alors que vous vouliez simplement prendre un peu l'air. "
Quoi de plus antinomique que l'analyse financière et la poésie ? Et pourtant Lucie, analyste financière chez Vega Énergie parvient à concilier les deux. Elle se demandait comment harmoniser son emploi et sa "relation plus contemplative au monde" , la composition de haïkus et la rencontre inattendue d'un iguane vont lui donner une solution des plus improbables mais néanmoins efficace.
Ce premier roman, plein de fraîcheur, nous permet de découvrir les coulisses d'une profession peu attractive au premier abord , un univers où l'absurde a sa place, même si personne ne semble l'admettre. Quant à Lucie, elle y injecte avec bonheur de la fantaisie et son pas de côté est des plus jubilatoires. Un roman à découvrir absolument.
Albin Michel 2023
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : anne-laure delaye
08/02/2023
#Verslamère #NetGalleyFrance !
"Une mère redoute à chaque instant de perdre son enfant. Moi j'ai deux fois plus peur car il n'est pas de moi. "
Une femme blanche et son fils à la peau sombre embarquent pour un voyage qui va s'avérer tout sauf confortable sur le fleuve Atrato, en Colombie. Nous découvrons petit à petit, au fil de l'eau et des souvenirs , la raison de ce périple et du choix de ce moyen de transport : la narratrice va présenter l'enfant à sa mère biologique dans un village au cœur de la jungle. Elle n'est donc pas pressée d'arriver.
Les dangers rôdent, prennent des formes diverses ,dont celle de militaires qui inspirent la peur et ne seront jamais clairement identifiés. Mais ce voyage, lieu de toutes les angoisses de celle qui ne cesse de redéfinir ce qu'est qu'être mère, comme pour mieux se convaincre de sa validité , est aussi un moment de rencontres éphémères mais souvent intenses.
Les personnages prennent rapidement chair et nous suivons cette Odyssée le cœur serré , tant la tragédie semble inévitable. Un premier roman très réussi.
Grasset 2023
Traduit de l'espagnol (Colombie) par Isabelle Gugnon.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : lorena salazar
01/02/2023
#Bivouac #NetGalleyFrance !
"Comme les humains, les arbres isolés n'ont pas grand chance de survie. La résilience du bois vient avec la force du nombre , la prise de ses racines entortillées à une société de semblables. "
Quel plaisir de retrouver Anouk, Raphaëlle et Coyote, leur chienne ! Cette fois , les deux amoureuses vont se confronter à la vie en communauté , d'abord dans une éco-ferme communautaire puis , par la force des choses, au cœur d'une tribu de guerriers écologistes.
En effet, Gros-Pin , l’arbre préféré de Raphaëlle , est menacé d'être abattu et avec lui toute une partie de la forêt que les protecteurs de la nature voudraient protéger en en faisant une réserve faunique. Mais les intérêts économiques et politiques priment et la construction d'un oléoduc ne s’embarrasse ni de la biodiversité, ni des conséquences catastrophiques à plus long terme.
Gabrielle Filteau-Chiba, à son habitude, maitrise à la perfection l'art du récit et c'est pourquoi nous retrouvons un personnage,Riopelle, avec qui Anouk avait connu une liaison aussi brève que passionnée. L'occasion pour le lecteur de découvrir la vie de ces "eco-Warriors" qui ont fait le choix de sacrifier leur vie personnelle pour tenter de sauver la Nature. L'occasion aussi de confronter ses personnages aux fluctuations du désir et au polyamour.
La langue est toujours aussi belle, l'intensité dramatique aussi forte et le lecteur ne sortira pas indemne de cette lecture qui fait la part belle aux descriptions de le la forêt et des vies qui s'y déploient. Une réussite qui file sur l'étagère des indispensables.
Stock 2023.
PS: peut se lire indépendamment des deux volumes précédents , mais ce serait se priver de grands bonheurs de lecture.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : gabrielle filteau-chiba
23/01/2023
Terminus Malaussène
"(Il ne faut jamais profiter du sommeil des aimés pour retourner vivre tout de suite. Attendre un peu. Le temps qu'il faut. Mon seul principe éducatif. ) "
La Tribu Malaussène est de retour. Est-ce vraiment pour la dernière fois comme semble le suggérer le titre de ce nouvel opus ? Rien n'est moins sûr.
Ce qui est certain en revanche, c'est que les aventures rocambolesques de cette famille hors-normes s'enchaînent à vive allure, avec force retournements de situations liées , ou non, à des situations passées. On y utilise l'analyse de texte pour tenter de brosser le portrait du dénommé Pépère,dont la cruauté et l'intelligence perverse sont inversement proportionnelles à l'aspect bonhomme de son surnom. On y évoque au passage des sujets d'actualité (scandale des Ehpads, pandémie, guerres...) bref, on sent que le narrateur s'en donne à cœur joie, soulignant même le côté " aussi délibérément convergeant de son récit" . Un plaisir de lecture, un peu tempéré par quelques longueurs.
Gallimard 2023.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : daniel pennac
19/01/2023
Moi et François Mitterrand..en poche
"Salut François,
Merci de ton intervention secrète et bienveillante. J'imagine que tu as dû remuer ciel et terre pour que j'obtienne ce CDD de trois mois à La Nouvelle République du Centre-Ouest. "
Amoureux de l'Ouvroir de Littérature Potentielle, de l'absurde et de l'humour en général, précipitez-vous sur cet opuscule d'Hervé Le Tellier qui vient de sortir en format poche. Vous y découvrirez comment un homme lambda est persuadé d’entretenir une correspondance personnelle et amicale avec les différents Présidents de la République française.
Mieux, il attribue à ces hommes le pouvoir de différents changements dans sa vie , changements qui vont de la qualité des huîtres à sa recherche d'emploi.
En creux se lit une vie banale, pauvre en relations amicales et/ou amoureuses. Le tout est illustré par des photographies chargées d'accréditer les assertions du narrateur. Un pur délice.
06:00 Publié dans Humour, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : hervé le tellier
17/01/2023
Le Roitelet
"" Tu devrais écrire un livre dans lequel rien n'arrive. " J'ai trouvé l'idée d'autant plus séduisante que j'ai sous la main, avec ma vie très banale, une grande quantité de matière à partir de laquelle travailler. "
Quel plaisir de retrouver ici l'auteur du Jour des Corneilles ! Ici, il ne s'agit plus d'un père et de son fils mais principalement de deux frères, dont l'un est écrivain (l'auteur) et l'autre travaille dans une jardinerie. Ah oui, il est aussi schizophrène mais il ne faudrait pas le ramener uniquement à cette maladie qui le fait souffrir et rend son comportement parfois difficilement compréhensible aux autres tant ses remarques sont parfois étonnantes et lumineuses.
Dans ce texte, il est aussi beaucoup question de nature, d'animaux , d'écriture et c'est de manière apaisée, mais sans occulter les difficultés que Jean-François Beauchemin avec une écriture d'une finesse incomparable évoque cette relation fraternelle hors-normes.
Un texte dont les pages se tournent toutes seules et qu'il faut prendre le temps de relire pour encore plus le savourer. Et zou, sur l'étagère des indispensables.
Editions Quebec Amérique.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : jean-françois beauchemin
16/01/2023
Fille en colère sur un banc de pierre
"Profitez de votre enfance, le monde se chargera de vous briser le cœur bien assez tôt. "
Parce qu'elle a été estimée responsable de la disparition de sa petite sœur, alors qu'elle même n'était qu'une enfant,Aïda a été ostracisée par son père et ses deux sœurs ainées, puis exfiltrée par sa mère.
La paria sera néanmoins contactée par ses sœurs lors du décès du père de famille, le Vieux. L'occasion de se confronter au passé et de peut-être trouver la vérité...
L'action se déroule sur une île italienne écrasée de soleil, au sein d'une famille atypique comme les affectionne Véronique Ovaldé, tout à la fois baroque et tragique.
Malgré l'atmosphère très réussie, je n'ai pas vraiment apprécié ce roman dont l'intrigue m'a rappelé celle d'Une souris bleue de Kate Atkinson et j'ai trouvé le temps long.
Flammarion 2023.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : véronique ovaldé
14/01/2023
Reine Rouge...en poche
"Le monde est gouverné par les médiocres, les égoïstes et les crétins. Particulièrement par ces derniers. Or le capitaine Parra semble être une intéressante combinaison des trois."
Un improbable duo (un flic gay, Jon Gutiérrez (plutôt fort, mais pas gros), une femme aux capacités intellectuelles hors-normes, Antonia Scott, un crime atroce aux motivations peu claires, un style enlevé, un art du suspense parfaitement maîtrisé, voilà de quoi blanchir nos nuits tant ce roman est addictif.
Les personnages sont bien croqués, j’avoue que le péché mignon de l'héroïne (collectionner les mots qui n'existent que dans une langue) me l'a rendue sympathique), l'intrigue particulièrement tordue, tout ceci est très efficace . Seul petit bémol: j'ai passé les pages trop descriptives et surtout trop gores . J'attends déjà avec impatience la suite.
Traduit de l'espagnol par Judith Vernant.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : juan gomez -jurado