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25/04/2011

Souris qui n'a qu'un trou...

...est bientôt prise !

Agnès Pierron nous prévient d'emblée (nous ne pourrons pas nous plaindre!): "Vous avancerez , désormais, en terrain miné" car après la lecture de son Petit dictionnaire des expressions courantes d'origine érotique, nous traquerons le sens caché , le sous-entendu coquin , l'allusion leste dans l'expression imagée la plus anodine en apparence...agnès pierron,tout tout vous saurez tout sur...
L'auteure en profite pour nous donner au passage des synonymes tout aussi métaphoriques des différentes parties du corps humain et, de manière plus générale, de tout ce qui a rapport avec les relations sexuelles, sans jamais pour autant tomber dans le graveleux. c'est aussi l'occasion de (re) découvrir des expressions ancienens en perte de vitesse et de leur redonner un nouveau lustre.
Que vous prépariez un coup fourré, enleviez à quelqu'un une épine du pied, fassiez chou blanc ou peigniez la girafe, vous n'y échapperez pas : les allusions sexuelles sont partout !

Souris qui n'a qu'un trou, Agnès Pierron, Balland 2011,  Collection les Dicos d'Agnès, 126 pages à la fois lestes et savantes. Un régal !

23/04/2011

L'annonce ...en poche

Paul , quarante-six ans , paysan en Auvergne. Il vit depuis toujours ou presque en compagnie de sa soeur et de deux grands-oncles en quasi autarcie. Il ne veut pas finir sa vie seul.
Annette, trente -sept ans, a connu une histoire d'amour pleine de cris et d'alcool avec Didier. Sans métier, elle est prête à quitter Bailleul dans le Nord en compagnie de son fils, Eric, pour redonner un sens à sa vie. 51jAwmo7GPL._SL500_AA300_.jpg
Faisant la jonction entre les deux, une petite annonce.
Le roman de Marie-Hélène Lafon commence par un magnifique description de la nuit dans le Cantal et d'emblée le lecteur sait qu'il est captif. Cet homme qui veut "faire maison", cette femme qui sait qu'elle devra faire face à une quasi guerre de tranchées mais qui va petit à petit s'ajuster autant au paysage qu'au corps de cet homme, à sa vie même, nous ne pouvons plus les lâcher des yeux. Ils sont là devant nous et ce récit qui malmène la chronologie sans que pour autant nous perdions le fil, nous mène, tout en délicatesse à ce qui va devenir sans que jamais le mot soit prononcé une histoire d'amour.
Tous les personnages, y compris la gourmande et futée chienne Lola, prennent une densité intense quand l'auteure nous les montre dans leur quotidien. Ah la lecture du journal"La Montagne" par la soeur Nicole, Nicole farouchement décidée à conserver ses prérogatives, fût ce dans les détails les plus anodins...Ah la quasi vénération du magazine Thalassa "auquel les oncles convertis par elle vouaient une sorte de culte confinant à l'idolâtrie, pratique d'autant plus incongrue que Nicole, pas plus que les oncles , n'avait jamais vu la mer et n'en manifestait ni le désir ni le regret." La maison, théâtre de luttes sourdes mais jamais sordides, elle même devient un personnage.
Rien de superflu dans ce texte qui s'élance en amples envolées, supprimant au passage quelques virgule superfétatoires, pour mieux rendre compte de la vie, tenace, qui se donne à voir à l'oeuvre.
C'est l'amour d'un pays et de ses habitants qui donne toute sa saveur à ce roman qui nous prend par la main et ne nous lâche plus.

22/04/2011

La passerelle...en poche

"Il fallait bien vivre, ne serait-ce que par politesse."

Fraîchement débarquée de sa campagne du Midwest, la toute jeune Tassie ( vingt ans) découvre avec avidité la ville, l'université et ce qu'elle croit être l'amour. Comme job d'appoint, elle devient  baby-sitter pour un couple de ce que nous Français appellerions des bourgeois bohèmes qui vont adopter une enfant métisse, Mary- Emma.lorrie moore
La situation paraît idyllique mais rapidement la belle image va se craqueler. D'abord parce que Tassie va découvrir le racisme larvé dans cette petite ville de Troie qui se dit progressiste. Ensuite parce que le couple cache un secret qui va bientôt refaire surface.
En contrepoint de ces désillusions progressives, Tassie doit aussi composer avec une famille aimante et néanmoins atypique. De toutes façons quelle famille conviendrait à celle qui se tient au bord de l'âge adulte ? L'insouciance de Tassie qui admire sa patronne et enregistre avec passion tout ce qui lui paraît d'une sophistication extrême va bientôt céder la place à une dépression qui ne dira pas vraiment son nom.
De pétillant et plein d'esprit, le récit glisse dans un registre plus poignant, sans tomber dans le pathos, et le désenchantement de la jeune fille va bientôt prendre une portée plus grande encore et rejoindre une désillusion nationale. Le 11 septembre mais surtout l'Afghanistan ont laissé leurs séquelles empoisonnées...
C'est avec bonheur que j'ai retrouvé dix ans après sa dernière parution en français, le style imagé et vif de Lorrie Moore. Elle embarque son lecteur, l'étourdit un peu mais c'est pour mieux le cueillir d'un direct au plexus quand il ne s'y attend vraiment pas par une scène qui broiera le coeur de toute mère. Des retrouvailles réussies,le nombre de pages cornées peut en témoigner.

21/04/2011

C'est jeudi, c'est philosophie

Sur une idée de Chiffonnette ...

ayant subi l'influence de la tentatrice Dominique, j'ai évidemment craqué sur une mine de citations potentielles: Dans un livre , j'ai lu que ...

"Dans un livre, j'ai lu que Schopenhauer se méfiait de la lecture: "Lire c'est penser avec le cerveau d'autrui." Très bien . mais dans ces conditions , lire Schopenhauer, c'est quoi ? "

 

Je ramasse les copies tantôt  !

20/04/2011

Le voyage de Mémé

"Elle essayait de comprendre la France et Paris."

Ce n'est même pas sa grand-mère préférée mais c'est avec beaucoup de tendresse et d'humour que Gil Ben Aych nous relate cette traversée de Paris d'un nouveau genre.
La famille de l'auteure a quitté l'Algérie en 1956 et a eu le temps de s'habituer à un nouveau mode de vie (ce que raconte l'auteur dans L'essuie-mains des pieds). il n'en est pas de même pour Mémé qui vient, en 1962 de débarquer en france et se voit contrainte de déménager de Paris à Champigny. Une vingtaine de kilomètres qui vont devenir une véritable épopée car Mémé "ne pouvait prendre ni voiture, ni taxi, ni bus, ni métro, ni rien. Elle pouvait marcher, c'est tout. "  Le voyage sera d'autant plus mémorable que la dite grand-mère  se "croyait encore à Tlemcen. Elle n'avait pas vraiment compris qu'on était à Paris". Et Mémé de saluer tous les gens dans la rue, de s'offusquer des mini jupes et des femmes qui fument dans la rue...gil ben aych
Mais ce qui fait aussi la saveur de ce récit c'est l'oralité de la langue car Gil ben Aych restitue la manière de parler de sa grand-mère , ponctuée de " t'y as raison", de "mon fils" et mâtiné de mots arabes. On  l'entend cet accent pied-noir ! En chemin, la grand-mère évoque son passé, son mariage de raison devenu mariage d'amour, se repose, savoure le temps qui passe, s'étonne  beaucoup, découvre un univers qui n'a rien à voir avec le pays qu'elle a quitté il y a peu mais qui lui manque déjà cruellement...Une manière de faire comprendre avec délicatesse le déracinement...

Un classique de la littérature jeunesse réédité en 2011 par l'Ecole des Loisirs, Le voyage de Mémé, Gil ben Ayach, 93 pages tendres.

16/04/2011

les dents de l'amour...en poche

"Il sortait de prison, elle était décongelée..."
"J'ai gagné le gros lot à la tombola du diable.",déclare Jody, quand elle découvre qu'elle est devenue vampire.Et comme elle est pleine de ressources, faisant fi des difficultés inhérentes à ce type de situation-non prévue dans Cosmopolitan-, elle parvient à survivre et même à tomber amoureuse de Tommy, un apprenti écrivain venu à San Francisco pour crever de faim, étape obligatoire pour tout romancier qui se respecte. christopher moore
Cette love-story démarre sur les chapeaux de roues, nous balade dans les quartiers chauds de la ville où grouille une faune pittoresque sur laquelle règne et veille un Empereur-clochard céleste- flanqué de deux chiens. Les meurtres se succèdent, donnant ainsi l'occasion à un couple de policiers archétypaux d'entrer en scène. Accrochez vos ceintures et préparez-vous à hoqueter de rire avec ces Dents de l'amour où Christopher Moore revisite avec son aplomb déjanté habituel le mythe des vampires ! Les répliques hilarantes fusent à chaque instant, "Si elle a survécu à sa mère, elle peut tout endurer."et l'on se demande pourquoi un si mauvais titre( français) et une couverture aussi moche viennent gâcher notre plaisir.

A lire pour se payer une pinte de bon sang !

15/04/2011

Little bird ...en poche

La découverte du cadavre du jeune Cody Pritchard, un des quatre adolescents condamnés avec sursis pour le viol de la jeune Amérindienne Melissa Little Bird,va raviver les tensions à l'intérieur du Comtéd'Absaroka.  Son shérif, Walt Longmire, "triste, gros ,affligé d'autodénigrement chronique,  pourtant étrangement  charmant", comme le décrit son adjointe Vic, va se lancer à la poursuite de ce probable vengeur, tout en essayant de préserver un semblant de vie affective...craig johnson
Charmant, mais capable  de faire le coup de poing si nécessaire, fidèle en amitié, d'un humour ravageur ,Walt Longmire remporte tous les suffrages. Les personnages secondaires tous plus pittoresques les uns  que les autres lui renvoient la balle avec habileté et l'on n'est pas prêt d'oublier cette prison où  l'on fait la sieste dans les cellules et où l'on refuse un prisonnier car il est  trop vorace ! L'émotion est aussi au rendez-vous et rien n'est plus touchant que de voir cet homme , plus tout jeune, intimidé comme un adolescent à son premier rendez-vous , lorsqu'il va enfin renouer avec une vie amoureuse.
Le tout se déroule dans les grands espaces du Wyoming, près d'une réserve indienne, dans une atmosphère flirtant un peu avec le  fantastique mais qui s'intègre parfaitement aux rebondissements de l'enquête.
Vous l'aurez compris , j'ai adoré ce premier volume mettant en scène Walt Longmire !

Juliette a eu la chance de rencontrer l'auteur, la petite veinarde, c'est ici !

14/04/2011

Le livre rouge

"Ne jouis pas de la vie avec tristesse."

L'Inde, un pays qui fascine les occidentaux, et ce pour des raisons très variées. C'est dans ce pays que vont se croiser Françoise, une photographe australienne, venue à Bhopal dans le cadre d'une résidence artistique ayant pour objectif de commémorer les 20 ans de la fuite de gaz toxique dans l'usine Union Carbide. Cette catastrophe industrielle a causé la mort de milliers de gens et parmi eux des membres de la famille de Naga, jeune réfugié tibétain , autre héros du roman. Le troisième est un écossais , Arkay, qui, fuyant l'alcool, s'est réfugié dans le bouddhisme. Quant au livre rouge qui donne son titre au livre, il rassemble des photographies de la vie de chacun des protagonistes, photographies qui sont décrites au début de chaque chapitre.meaghan delahunt,inde,bhopal
Le récit polyphonique alterne aussi les retours dans le passé mais jamais nous ne perdons le fil car l'écriture de Meaghan Delahunt est d'une telle limpidité et d'une telle fluidité que nous avançons sans aucune peine.
Les personnages sont pleins d'humanité  (je ne suis pas prête de les oublier !)et le dialogue qui s'instaure à travers eux entre Orient et Occident est à la fois fascinant et apaisant. Un livre magnifique qui renouvelle notre vision de l'Inde.

Le livre rouge, traduit de l'anglais par Céline Schwaller, Métaillié 2011, 281 pages qui se lovent en nous.

13/04/2011

Petits crimes contre les humanités

"Trop inutiles, trop trop coûteuses, trop paresseuses, trop mal pensantes...", les humanités sont donc devenues "le parent pauvre du savoir moderne, le quasi délinquant  de la grande famille universitaire."Pour preuve le manque de moyens tant au niveau du matériel que des locaux de cette université provinciale où des mails vengeurs vont venir semer la zizanie entre collègues et surtout causer la mort d'un vieux professeur émérite d'histoire de l'art.pierre christin,petit monde de l'université
L'enquête menée par Simon, jeune agrégé employé sur un demi-poste d'assistant temporaire, n'est bien évidemment qu'un prétexte pour brosser un portrait tout à la fois acide et bon enfant de ce monde universitaire français.
Mais à trop vouloir dézinguer à tout va et ratisser les moindres travers du mond euniversitaire, à trop utiliser le comique de répétition (l'estampillage Camif de chaque meuble ) la charge  s'avère un tantinet lourdingue.
Je suis d'autant plus sévère que j'avais beaucoup aimé la suite où là l'auteur semble avoir trouvé sa vitesse de croisière.

12/04/2011

Lettre à Cora Sledge

Chère Cora,

Sans doute suis-je trop étroite d'esprit mais votre tendance à gober les petites pilules comme des bonbons et à fumer malgré vos ennuis de santé m'avait déjà sérieusement agacée.Ok, Cora, nous mettrons ceci sur le compte de l'addiction. Au temps pour moi.
Je vous avais donc provisoirement abnadonnée, ayant décidé de vous laisser malgré tout une seconde chance. Las ! Une fois que je me suis habituée à votre fichu caractère (soupe au lait, c'est rien de le dire), vous commencez à laisser sous entendre qu'il vous est arrivé bien des choses qui, des choses que, bref, vous nous faites lanterner.62393405_p.jpg
Et là , grâce à vous, j'ai mis le nez sur un procédé qui m'énerve au plus haut point : les manoeuvres dilatoires. Me sont revenues en mémoire les interventions d'un chroniqueur sur France Inter qui, non content de nous abreuver dès potron minet d'histoires noires et  sordides , avait trouvé comme unique tension narrative cette même manipulation,afin de mettre nos oreilles aux aguets . Provoquant juste chez moi l'envie d'en faire la victime d'un autre faits divers. J'aurais pu, certes, changer de station de radio mais je ne voulais pas rater la chronique suivante, celle de Jean-Marc Strycker, électron libre, impertinent et d'un eclectisme remarquable dans le domaine de la littérature et de la poésie.
Bref, ma chère Cora, je vous remercie pour cette redécouverte et vous souhaite tout le bien que vous méritez.

Bien à vous

Cathulu.

 

Merci à Aifelle (qui vous mènera chez plein d'autres billets) pour le prêt (Non, je ne suis pas victime d'un abus de romans sur le 3 ème âge, j'avais commencé celui-ci bien avant les autres !:))