20/06/2011
Mort d'un jardinier
"...tu n'es plus connecté au serveur de la réalité ici et maintenant, tu glisses dans un autre monde, dans les débris de ton cerveau en capilotade..."
Un jardinier, aimant autant les mots que les salades, est frappé d'un accident cardiaque dans son jardin. Tandis qu'il gît sur le sol, envisageant ainsi la réalité sous un autre angle, tous les artistes, écrivains , musiciens qu'il a aimés sont convoqués autour de lui. 
Mais ce sont aussi les mots, ceux qu'il a écrits, ceux qu'il a lus qui envahissent son corps, accomplissant ainsi une transsubstantiation finale : "ton corps est ton dernier volume."
De grands pans de plusieurs pages, le rythme va en s'amplifiant au fil du roman, répartis en courts chapitres, un flot par lequel il faut se laisser emporter, admirant au passage le travail toujours recommencé du jardinier, usant du vocabulaire imagé du potager mais aussi de celui de la modernité (le jardinier-poète ne se coupe pas de la technicité et accueille tous les mots), voici qui peut dérouter de prime abord. Mais très vite on se laisse séduire par cette vision et par cette écriture qui balaie tout sur son passage.
Un livre d'une densité aigüe, qui brouille les frontières entre roman et poésie.
Mort d'un jardinier, Lucien Suel, La Table Ronde 2008, Folio 2010, 159 pages que j'ai pris le temps d'apprivoiser (dans ma Pal depuis 1 an !) mais là c'était le bon moment et je l'ai dévoré d'une traite !
06:00 Publié dans Poésie, romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : lucien suel
19/06/2011
L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet...en poche
"La médiocrité, c'est la moisissure de l'esprit."
Pour recevoir le prestigieux prix Baird, le cartographe et illustrateur scientifique T.S Spivet doit traverser les Etats-Unis d'Ouest en Est, inversant ainsi le trajet suivi par ses ancêtres. Rien de bien original à première vue sauf que T.S.Spivet n'a que douze ans.
A sa suite, nous entreprenons ce voyage initiatique qui permettra à ce garçon, féru de détails et de précisions ,d'éclairer d'un nouveau jour sa lignée familiale et en particulier les liens pour le moins distendus , en apparence, entre son cow-boy laconique de père et sa scientifique de mère.
T.S. n'a rien d'un "singe savant", c'est un enfant sensible et précoce qui s'efforce toujours d'ordonner le monde qui l'entoure, sans doute pour apaiser les questions qui le hantent et qui ne prennent d'abord place qu'en marge du récit-au sens propre-, dans les notes et dessins qui accompagnent ce texte et en font un objet hors du commun.
Le livre est en effet doté d'une couverture et d'une iconographie qui lui donnent à la fois un côté intemporel et désuet que je n'ai pas voulu abîmer, pas de pages cornées donc mais un roman tout hérissé de marque-pages !
L'écriture fluide fait qu'on ne s'ennuie pas une minute dans ce récit fertile en rebondissements, tant au niveau aventures que découvertes psychologiques. Une rencontre enthousiasmante ! Je n'oublierai pas de sitôt ces personnages pittoresques et attachants !
06:00 Publié dans Jeunesse, le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : reif larsen
18/06/2011
En avant route...en poche
"J'avais la foi plutôt méfiante."
Où peut-on rencontrer une Coréenne traînant un caddie rose,des ronfleurs un barbu et son âne sans oublier sept maris qui se plieront en quatre pour une seule femme ? Sur le chemin de Compostelle bien sûr ! 
Croyante par intermittences, Alix de Saint-André empruntera quand même trois fois ce chemin de pélerinage et dans En avant, route ! (citation de Rimbaud), elle nous relate avec humour ses pérégrinations, ses rencontres et ses découvertes, spirituelles ou ou pas.
Que l'on soit marcheur ou pas, croyant ou athée, ce récit trouvera toujours le moyen d'intéresser le lecteur curieux de découvrir ce qui motive ces gens aussi disparates , du point de vue de leurs motivations ou de leurs aspirations.
Un récit plein d'humanité où nous trouverons aussi de très belles pages ,tant sur les ânes, motivés par l'amour, que sur les chats dont la mort n'a pas voulu ...
308 pages pleines d'entrain, un régal dévoré d'une traite !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : alix de saint andré, saint jacques de compostelle, marche
17/06/2011
Aphorismes dans les herbes et autres propos de la nuit
En introduction à ses Aphorismes dans les herbes, Sylvain Tesson affirme: l"Si la toxine du calembour l'a contaminé, il faudra le jeter. Ou alors le destiner aux amis indulgents." Prudente manière de se défausser car effectivement nombreux sont les calembours dans cet opus, et pas toujours réussis, hélas.
On aurait aussi éviter certains aphorismes fleurant bon son Gaulois en goguette : "On coucherait bien avec les Afghanes, en plus elles fournissent les draps.", d'un goût plus que douteux.
Il n'en reste pas moins qu'heureusement l'auteur flirte souvent avec l'esprit de Woody Allen : "Le problème avec l'avion , c'est qu'on ne peut pas sortir si l'on n'aime pas le film.", "Je ne connais personne qui ne se fasse autant prier que Dieu", ce qui rattrape quelque peu les lourdeurs précédentes.
La tonalité est moins buccolique, plus sombre- l'idée du suicide revient à plusieurs reprises- mais il semble que l'exigence ait été moins grande dans cet opus, l'auteur cédant souvent à la facilité du "bon mot" un peu creux, voire vain. C'est dommage car nous avions été habitués à plus de poésie et de finesse, comme le prouve celui-ci :
"Qui s'inquiète de rentrer les arbres quand la neige arrive ? "
Aphorismes dans les herbes et autres propos de la nuit, Sylvain Tesson , éditions des Equateurs 2011, illustrations de Bertrand de Miollis, 103 pages où l'on déniche quelques perles.
06:00 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : sylvain tesson, schtroumpf grognon le retour
16/06/2011
Duel d'escargots
"Un jour pareil, c'est comme un pomme sans ver, comme une figue ouverte, ou comme quand tu mets un pull blanc ... ou jaune..."
Malgré son titre quelque peu belliqueux, tout est paisible dans Duel d'escargots. Un repas entre amis, où l'on déguste, recette majorquine à l'appui, des escargots mais aussi le temps qui passe,( car ,même si l'été est fini, c'est le plus beau jour de l'été) ,les regards échangés, les histoires qui naîtront ou pas, entre ces jeunes gens.
On y croise un jeu de l'oie, un poème visuel, des réflexions poético-philosophiques, sans oublier de magnifiques paysages qui contribuent à créer, tout en douceur, un petit moment précieux, comme une bulle de bonheur...
Beaucoup d'inventivité et d'humour dans la mise en page et le dessin , une bande dessinée qui prend son temps et qui se savoure.
A lire et relire. Une Bd solaire.
Duel d'escargots, Sonia Pulido, Pere Joan, Editions Cambourakis pour la traduction française , traduit de l'espagnol par Isabelle Gugnon.
Merci à Babelio et aux éditions Cambourakis !
06:00 Publié dans BD | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : sonia pulido, pere joan
15/06/2011
En scène les audacieuses !
Vous avez aimé le film "Comme t'y es belle !" avec ces jeunes femmes au caratère affirmé,sexy et drôles ? Vous vous délectez des émissions de relooking et ne ratez pas un épisode de "X factor" ou autre télé-crochet dépoussiéré ? 
Et si en plus, comme moi vous adorez découvrir les coulisses d'un métier, en l'occurence l'univers du disque, alors n'hésitez plus !
Découvrez un roman de chick litt' français mettant en scène une jeune cendrillon portugaise mal dans sa peau mais à la voix prometteuse , Nelly Caldeira , dont la route va croiser celle de l'ambitieuse Déborah Shapiro , directrice de label, pimpante quadra qui doit gérer sa carrière, ses ex, et son adorable ado de 13 ans , reine de la culpabilisation.
Les personnages féminins sont très bien croqués et dotés , ce qui ne gâche rien, de fortes personnalités, un pur régal ! On n'échappe pas à quelques clichés , inhérents au genre, mais Tonie Behar a le chic pour mener son intrigue tambour battant et on suit , sans jamais s'essouffler, ce roman où l'on chopera au passage la recette de la vraie pizza napolitaine ! En scène, les audacieuses !
En scène les audacieuses !, Tonie Behar, Michel Lafon 2011, 378 pages pétillantes.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : tonie behar, chick litt
14/06/2011
La Resquilleuse / souffler n'est pas jouer
"-Quelle drôle de vieille bonne femme !"
Veuve depuis trois ans, Matilda , sans attaches, même animales, a décidé de mettre fin à ses jours après un dernier pique-nique épicurien. Las ! Un matricide maladroit va lui mettre des bâtons dans les roues, empêchant ainsi son funeste projet.
C'est à une expérience bizarre que je me suis livrée en (re) lisant ce roman de Mary Wesley. Je l'avais dévoré il y a une dizaine d'années, m'attachant surtout au côté impertinent et cocasse de cette "vieille dame" (elle a abordé les rives de la cinquantaine , arbore fièrement des cheveux blancs, dénigrant avec une belle ardeur ses fesses fripées mais s'autorisant néanmoins un bain de soleil entièrement nue sur la plage ) , parangon de la vieille anglaise excentrique et charmante.
Me rapprochant désormais de cet âge considéré comme canonique apparemment dans les années 80 (ce roman a été paru pour la première fois en grande Bretagne en 1983), j'ai davantage été touchée par cette femme qui avoue brutalement des faits de l'ordre de l'intime et qui découvre au fil de quelques semaines que son mari n'était sans doute pas celui qu'elle croyait. S'est-elle voilé la face comme le suggère l'un des personnages ? En tout cas sa franchise concernant ses relations avec ses grands enfants est décapante et en choquera plus d'un.
Mary Wesley, comme à son habitude s'amuse à destabiliser son lecteur, le faisant passer du rire à l'émotion en un clin d'oeil et , bien évidemment, on en redemande !
La Resquilleuse,( Jumping the Queue) traduit de l'anglais par Michèle Albaret, paru chez Flammarion en 1994 sous le titre Souffler n'est pas jouer, Heloïse d'Ormesson 2011, 286 pages acidulées.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : mary wesley, nan la cinquantaine c'est pas vieux!
13/06/2011
La patience des buffles sous la pluie
"Bon je sais , c'est un peu confus , je ne sais pas trop ce que je veux mais ce qui est sûr, c'est que j'aimerais être loin de moi."
Soixante-dix textes ,souvent courts, voire très courts, où s'expriment des narrateurs /narratrices à la première personne pour dire la banalité, l'intime, ce qui nous rassemble tous et pourtant nous paraît si unique, avec une élégance désenchantée.
L'amour est bien souvent au centre des préoccupations de ces "je" multiples, certains d'entre eux envisageant même l'usure du temps au tout début de leur histoire car rien n'est sûr chez David Thomas. Pas de héros donc, chacun se coltine sa vie, aspire à une forme de sérénité et soliloque ou invective l'autre dans des logorrhées qui soudain retombent et font un "plat" comme à la piscine. Mais ici pas d'échec car le sourire vient de poindre chez le lecteur !
En effet on sourit beaucoup au fil de ces morceaux de vie dans lequel chacun(e) peut se reconnaître.
Pas étonnant donc que ce soit Jean-Paul Dubois qui signe la préface de ces textes, lui qui avait écrit "Je ne crois en rien, je ne vaux pas grand chose, et pourtant tous les matins, je me lève".
Il prédit un grand avenir à David Thomas et c'est tout le mal qu'on lui souhaite à défaut de rencontrer une sportive professionnelle et de s'exiler au soleil comme l'a fait le précédent coup de coeur de Dubois !
La patience des buffles sous la pluie, David Thomas, Livre de poche 2011, 151 pages enthousiasmantes (du coup j'ai commandé le roman qui vient de sortir !). A glisser d'urgence dans vos besaces, à lire et à relire !
L'avis d'Hélène
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : david thomas, humour désenchanté
12/06/2011
Le tag des 7
Taguée par Juliette, je fus...
1/ Comme Isadora Duncan , je porte de longues écharpes, fort utiles pour fouetter, attacher , bâillonner, étouffer, étrangler lentement mes élèves (en rêve, hélas)*.
2/ Comme Vanessa Paradis, j'aime les vêtements usés tout doux, mais je ne les achète pas vintage, je les use moi même et me désole de ne pas les avoir achetés en double tant je les aime.
3/ comme Inès de La Fressange, je descends dans la rue en pyjama, mais ce n'est pas pour acheter les croissants du dimanche mais promener le chien tôt le matin ou tard le soir, quand je ne croise que des vaches qui s'en fichent royalement car elles ne connaissent pas la belle Inès, les pôvres !
4/ Comme Elizabeth Taylor, j'adore les perles mais je dois me contenter de celles de mes élèves.
5/ Comme Brigitte Bardot, je suis 100% bio, rien de refait mais en même temps vu le chantier...(chez moi, entendons-nous bien).
6/ Comme Teri Hatcher , je souffre d'une , je cite ,d'une "maladie rare", traduire inflammation de l'épaule, qui m'empêche d'agrafer mon soutie. Mais bon ai-je vraiment besoin d'un soutie ? demande l'émule de Jane Birkin.
7/ Comme Catherine Deneuve, je porte le prénom d'une future reine, ce qui est un peu inquiétant car quand votre prénom revient sous les feux de la rampe, c'est que la roue du temps a bel et bien tourné...
Allez, dans ma grande bonté,je passe le flambeau à qui veut !
* C'est à ce genre de détails qu'on voit que la fin de l'année scolaire est proche...
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : tag à tag à tag aïe aïe aïe
11/06/2011
Pêle-mêle
Parfois les livres nous jouent des tours : ils nous embarquent sans problèmes, nous transportent même fort loin, au pays des Mensonges , en Argentine où des femmes d'âges différents négocient de nouveaux virages à coup de Piercing et de réalité magique mais notre stylo reste en panne pour les évoquer...

Aussi vais-je abuser de la Générosité de billets bien mieux troussés que ceux que j'aurais pu écrire pour vous donner envie de lire ces romans, alléger ma Pile à chroniquer ( et ma conscience) !
Merci à vous, les filles !

06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (6)


