03/06/2011
Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi...en poche!
"Souvent la vie s'amuse."
"Elle voulait tout savoir. jusqu'au moindre détail. Elle avait retenu la leçon de Cary Grant : "Il faut au moins cinq cents petits détails pour faire une bonne impression" et elle voulait des centaines de détails pour que son histoire s'anime, que ses personnages soient vivants. qu'on ait le sensation de les voir bouger devant soi. elle savait que pour une histoire tienne debout, il fallait la remplir de détails." Et Katherine Pancol applique ce principe et nourrit de détails savoureux les 846 pages de Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi.
Alors, même si j'ai parfois avancé cahin-caha dans ce gros pavé, renâclant devant certaine facilités d'écriture ou de récit, même si j'ai parfois trouvé trop sucré le style chantourné de l'auteure, même si j'ai freiné des quatre fers devant une vison par trop rose de l'existence, bimbamboum et en un rien de temps les obstacles s'évanouissent, j'ai renoué avec les personnages des Crocodiles et des Tortues comme avec de vieux amis perdus de vue que l'on retrouve avec plaisir et avec qui on poursuit la conversation comme si on les avait quittés la veille. Car Katherine Pancol possède le rare talent de les rendre vivants ces personnages: Joséphine la trop gentille, Hortense la trop sûre d'elle , elles et tous les autres ,y compris ceux qui ne font que passer mais qui ne sont jamais traités à la légère. On sent que l'auteure les aime tous et leur prête la même attention chaleureuse. Un gros cupcake un peu trop sucré mais qui s'avale sans qu'on s'en rende compte !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : katherine pancol
02/06/2011
Les vacances d'un serial killer
"Rien que lui et les méduses. Ces bestioles, ça pique, mais au moins ça ne cause pas."
Veules, veilléitaires et vachement humains , tels sont les membres de la famille Destrooper que nous allons suivre en villégiature sur les bords de la Mer du Nord à Blankenberge, en Belgique. Dès le départ les catastrophes s'enchaînent et ils ont tôt fait de perdre en route leur porte-feuille et la grand-mère, "vieille carne" increvable. Mais la mamie n'a rien d'une chiffe molle et elle va bientôt entraîner toute sa petite famille dans une spirale de violence désinhibée et folledingue. Nous sommes ici à la croisée des Bidochon et des Simpson dans une farce qui flirte avec le grand guignol (une main gêne pour fermer un couvercle, adieu la main !). On aime ou on déteste , pas de demi-mesure !
Sur des airs d'Annie Cordy, Nadine Monfils nous entraîne dans une cavalcade effrénée, croquant le détail qui tue (les chaussettes blanches, soigneusement remontées) mais peignant aussi ,entre deux enterrements dans le sable ,une Mer du Nord pleine de poésie. On sent la jubilation de cette écriture qui s'emballe et on sort de là un peu étourdi mais ravi !
Les vacances d'un serial Killer, Nadine Monfils, Belfond 2011, 236 pages où aucun animal n'a été maltraité...
Amanda n'a pas été convaincue.
06:00 Publié dans Roman belge | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : nadine monfils, grand-mère déjantée
01/06/2011
Les tout petits ...
...de Marabout
D'aucun(e)s collectionnent les timbres ou les ennuis, moi je craque pour les livres de cuisine !
Mais attention , pas n'importe lesquels ! Pas les bibles qui vous écrasent de leur morgue et de leur vocabulaire ampoulé, non ! Des livres qui attirent l'oeil soit par l'originalité de leur contenu (manger des herbes folles ? Hop, pour moi ! ), soit par leur titre rigolo (et là les éditions Tana avec leurs titres imagés et à rallonge se taillent la part du lion !) .
Ici, c'est le format qui m'a aussitôt fait craquer : presque carré, l'objet de mon envie se glisse vite fait dans la main et ne prendra pas trop de place sur mon étagère culinaire.
J'aime aussi le côté monomaniaque: un aliment décliné à toutes les sauces, y compris le sucre pour les coquillettes, ce qui ne me dérange absolument pas.
De quoi piocher des idées pour mes dînettes au boulot car les plats préparés c'est fini et avec eux mes maux de tête intolérables en fin de journée !
Seuls reproches: les photos trop classiques (mais qui donnent envie néanmoins) et l'absence de textes personnalisant un peu les recettes (les 4 èmes de couv' sont joliment troussées alors quelques phrases deci-delà à l'intérieur, de quoi briser la monotonie ,auraient été parfaites).
Plein de titres consacrés à des aliments sucrés pour les gourmand(e)s (petits beurres, lait concentré sucré, caramb*r, nutell*, crème de marrons).
Pas encore testé mais plein d'envies déjà !
NB: le volume consacré aux sardines célèbre une marque chère à Cuné !:)
06:00 Publié dans Gourmandises | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : coquillettes, sardines en boîte, brigitte namour, lucie cipolla, garlone bardel, valery guedes
31/05/2011
Alzheimer mon amour
"Tu es devenu mon guide aveugle vers les ténèbres."
Sans préavis, le verdict tombe et le long naufrage commence: Alzheimer s'est emparé du cerveau de Daniel. Sa femme, Cécile, ne peut se résoudre à faire le deuil d'un amour de trente ans et , coûte que coûte, elle va tenter de garder Daniel près d'elle, dans tous les sens du terme, le stimulant , allant même jusqu'à tenter de refaire leur vie, ou ce qu'il en reste, à Madagascar.
Plus qu'un témoignage sur ce fléau du XXIème siècle, Alzheimer mon amour est un roman truffé d'allusions littéraires, au style à la fois alerte et pudique, dans lequel vibrent à chaque page la puissance d'un amour et la résolution hors norme d'une femme.
Mais les soignants et les proches des malades ne sont pas oubliés pour autant, car eux aussi sont les "victimes collatérales" à des degrés divers, de cette maladie. Les mots de Daniel se font également entendre et les citations de ses poèmes trouvent une résonance étrange avec les événements qui sont advenus.
On ne peut qu'être remué de fond en comble par ce livre qui touche à nos peurs les plus indicibles ( livre dont j'ai quasiment corné toutes les pages ). S'il fallait ne retenir qu'un phrase, peut être garderais-je celle-ci : "Notre incapacité à ne pas entrer en contact avec ces malades ne signifie pas forcément qu'ils n'ont plus de vie intérieure, de sentiments, de sensations."
Alzheimer mon amour, Cécile Huguenin, Editions Héloïse d'Ormesson 2011, 119 pages à laisser résonner en nous.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : cécile huguenin, alzheimer
30/05/2011
Au bureau
"Au fond, écrit Jean, on tâche de continuer à vivre la vie du dehors, bien qu'au dedans. Comme si du dedans on n'allait plus sortir."
Le travail, il n'en sera pas beaucoup question dans Au bureau. Il semble d'ailleurs y en avoir peu dans cette administration jamais nommée où les employés paraissent plus occupés effectivement à poursuivre leur vie de l'extérieur à l'intérieur de ces bâtiments où , séparés par des coursives, les gens des différents services se connaissent mal ou si peu.
Certains d'entre eux pourtant ne resteront pas anonymes et un chapitre leur sera consacré, mettant ainsi au jour des histoires d'amour avortées avant que de naître ou des secrets plus ou moins lourds à porter. Tout est ici à la fois de l'ordre de l'infime , du trivial et pourtant de l'universel et de l'humain dans ce qu'il a de plus sensible. Un microcosme où se donnent à lire tour à tour tragédies et romances. Une analyse très fine du temps passé au travail et des relations humaines. Une mention particulière pour le personnage de Jean qui, amené à prendre sa retraite anticipée va prendre le temps d'écrire pour mettre à plat tout ce temps qui brusquement va s'offrir à lui, plus tôt que prévu...
Au bureau , Nicole Malinconi, L'aube poche 2010, 111 pages bien plus agréables que le bureau...
Merci Cuné !
06:00 Publié dans Roman belge | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : nicole malinconi
29/05/2011
London boulevard
"Avec du pèze, je serais carrément dangereux."
London boulevard, pastiche du film de Billy Wilder, Sunset Boulevard, met en scène un homme qui sort de prison et qui, malgré quelques accrocs, essaie de se tenir du bon côté de la loi. Flanqué d'une soeur déjantée et d'une patronne , ancienne star du théâtre qui vit dans un univers totalement protégé et factice, il a fort à faire pour satisfaire ces deux femmes jusqu'au jour où la machine va s'emballer...
"Il peut arriver que ce qu'on a pris pour un minuscule événement isolé déclenche une série d'événements qu'on n'aurait même jamais imaginés. Nous croyons faire des choix, alors qu'en réalité nous ne faisons qu'assembler des bribes de conclusions préfabriquées." Nous ne pourrons pas dire que nous n'étions pas prévenus mais tout l'art de Ken Bruen est de nous plonger dans un univers confortable, dans la mesure où nous retrouvons des figures déjà rencontrées :le repris de justice qui sort de prison, le vendeur de journaux aux pieds froids (même pas le temps de lui acheter de chaussettes rouges comme ici) et paf, au moment où nous sommes bien anesthésiés, Bruen nous envoie un uppercut (ou pire).
Musiques de jazz, palanquées de références de romans policiers-nous croiserons même James Ellroy venu faire une lecture de son dernier roman- accompagnent le héros dans sa quête d'un univers un peu plus chaleureux, même s'il feint de de ne pas y attacher d'importance...
Le style est incisif, efficace et rapide. Ce roman se dévore et vous remet le pied à la lecture !
Sur nos écrans en juin.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : ken bruen
28/05/2011
Zola Jackson
"L'eau n'allait pas manquer, ça non. L'eau croupie, l'eau corrompue, la pourriture."
Août 2005, delta du Mississipi, l'ouragan Katrina s'abat sur la nouvelle-Orléans. Zola Jackson, modeste institutrice à la retraite, refuse de quitter sa maison et organise sa survie et celle de sa chienne, Lady. Elle n'en est pas à sa première tempête et il n'y a pas grand chose qui lui fasse peur. Mais voilà les digues se rompent et l'eau envahit la ville... En attendant les secours, Zola remonte le temps et évoque sa vie et celle de son fils unique et adoré, Caryl.
Alternant passé et présent, dans une construction habile qui amène progressivement des révélations poignantes sur cette femme pugnace et chaleureuse, Gille Leroy brosse aussi le tableau apocalyptique et charnel de cette Nouvelle-Orléans sous les eaux. Il pointe également au passage les insuffisances et les incompétences des autorités de l'époque ainsi que l'exploitation éhontée de la catastrophe par les médias.
Une écriture très juste, un souffle puissant , qui ne verse jamais dans le pathos mais qui m'a mis les larmes aux yeux. Zola Jackson et Lady, je ne les oublierai pas de sitôt !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : gilles leroy, katrina
27/05/2011
L'amour des Maytree
"Quand même, le nombre de vies qu'on vit !"
Parce que...
-Les romans d'amour, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé.
-Ayant beaucoup aimé Pélerinage à Tinker Creek (que l'on pourrait ranger dans la catégorie Nature Writing), a-do-ré En vivant en écrivant (depuis 1997 sur mon étagère des indispensables), qui sont tout sauf des romans , j'appréhendais un peu la lecture de L'amour des Maytree.
Imbécilebête que j'étais ! Je me suis refusé pendant 3 ans un plaisir subtil ! En effet , Annie Dillard est aussi à son aise dans le domaine de l'essai que dans le romanesque.
Sur une trame en apparence toute simple, un couple qui se forme, un enfant qui naît, les amis, le flux et le reflux de l'amour, le passage des ans, Annie Dillard nous peint avec délicatesse la vie même.Ses personnages, dont on a envie d'emboîter le pas , ne se comportent jamais comme on pourrait s'y attendre. La grâce et l'harmonie, malgré les écueils, règnent en maître, tant dans les paysages décrits (ceux du Cape Cod) que dans le récit. Je me suis tout de suite nichée au creux de ce roman lumineux et puissant dont j'ai allègrement corné de nombreuses pages. Un roman qui flirte avec la poésie et enchante la vie.
L'amour des Maytree, Annie Dillard, traduit de l'anglais (Etats-unis) par Pierre-Yves Pétillon, Christian Bourgois 2008, 274 pages qui vont rejoindre vite fait En vivant, en écrivant sur ma "fameuse" étagère des indispensables.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : annie dillard, amour, temps qui passe
26/05/2011
Les yeux au ciel
Pour fêter l'anniversaire du patriarche, toute la famille se réunit en Bretagne dans la vieille maison où autrefois ils passaient leurs vacances. Souvenirs, souvenirs. Mais aussi blessures mal cicatricées , rivalités et alliances d'autrefois , toujours à l'ordre du jour, sans oublier un drame, soigneusement refoulé ,que la nouvelle génération va contribuer à débusquer.
Rien de tel qu'une réunion de famille, quel qu'en soit le prétexte, pour radiographier les relations entre les uns et les autres. Karine Reysset, sur un motif classique , joue ici une jolie partition, sans grain de sable cependant, ce qui rend le tout un peu trop lisse à mon goût.
Lena, jeune mère de famille harassée, tiraillée entre l'amour de ses enfants et la nécessité de souffler un peu reste trop sage dans ses bouffées d 'exaspération. On aimerait qu'elle se lâche un peu plus . Il n'en reste pas moins qu'on passe un très agréable moment avec ce roman.
Les yeux au ciel, Karine Reysset, Editions de l'Olivier, 190 pages pleines de bienveillance.
Merci Antigone !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : karine reysset, fratrie
25/05/2011
Le cortège de la mort
Et pourtant je l'avais attendu des mois à la médiathèque,ce Cortège de la mort ! Toujours emprunté ! Bon signe, non ?
J'avais hâte de savoir si Linley s'était remis du décès de sa femme et si le sergent Havers était toujours aussi mal fringuée et mal embouchée. Bref, j'avais envie de retrouver des personnages-amis , familiers et confortables, de prendre de leurs nouvelles.
Las ! Ils n'ont guère évolué jusqu'à la page 468 où j'ai baissé définitivement les bras. ça ronronne gentiment, le moteur crachote même un peu, on se surprend à feuilleter des pages en espérant un déclic mais non.
L'intrigue ? à part nous faire découvrir un superbe endroit où les poneys paissent en liberté (Elisabeth George aurait-elle été subventionnée par l'office du tourisme de New Forest Hampshire ? En tout cas, le lecteur amateur de verdure n'a qu'une idée: s'y rendre prestissimo ! ), elle m'a plutôt fait bâiller car inutilement tarabiscotée et ne présentant guère d'intérêt. Je n'ai même pas regardé qui était l'assassin, c'est dire !
Le seul intérêt de ce roman est de présenter, en plusieurs parties disséminées dans les 651 pages, aisément répérables car ayant une police de caractères différente, un récit s'inspirant très fortement de l'horrible faits-divers qui avait bouleversé la Grande-Bretagne : celle de ces assassins mineurs qui s'en étaient pris à un très jeune enfant... de quoi vous flanquer des frissons. J'avoue d'ailleurs ne pas avoir réussi à lire la description du meurtre. Le rapport avec l'intrigue principale ? Je l'ignore encore. Peut être E. George voulait-elle présenter un panorama de la société anglaise et des formes de violence qui s'y exercent.
à réserver à ceux qui n'avaient pas lus les précédents romans ?
06:00 Publié dans Lâches abandons, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : elisabeth george, schtroumpf grognon le retour