13/06/2011
La patience des buffles sous la pluie
"Bon je sais , c'est un peu confus , je ne sais pas trop ce que je veux mais ce qui est sûr, c'est que j'aimerais être loin de moi."
Soixante-dix textes ,souvent courts, voire très courts, où s'expriment des narrateurs /narratrices à la première personne pour dire la banalité, l'intime, ce qui nous rassemble tous et pourtant nous paraît si unique, avec une élégance désenchantée.
L'amour est bien souvent au centre des préoccupations de ces "je" multiples, certains d'entre eux envisageant même l'usure du temps au tout début de leur histoire car rien n'est sûr chez David Thomas. Pas de héros donc, chacun se coltine sa vie, aspire à une forme de sérénité et soliloque ou invective l'autre dans des logorrhées qui soudain retombent et font un "plat" comme à la piscine. Mais ici pas d'échec car le sourire vient de poindre chez le lecteur !
En effet on sourit beaucoup au fil de ces morceaux de vie dans lequel chacun(e) peut se reconnaître.
Pas étonnant donc que ce soit Jean-Paul Dubois qui signe la préface de ces textes, lui qui avait écrit "Je ne crois en rien, je ne vaux pas grand chose, et pourtant tous les matins, je me lève".
Il prédit un grand avenir à David Thomas et c'est tout le mal qu'on lui souhaite à défaut de rencontrer une sportive professionnelle et de s'exiler au soleil comme l'a fait le précédent coup de coeur de Dubois !
La patience des buffles sous la pluie, David Thomas, Livre de poche 2011, 151 pages enthousiasmantes (du coup j'ai commandé le roman qui vient de sortir !). A glisser d'urgence dans vos besaces, à lire et à relire !
L'avis d'Hélène
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : david thomas, humour désenchanté
12/06/2011
Le tag des 7
Taguée par Juliette, je fus...
1/ Comme Isadora Duncan , je porte de longues écharpes, fort utiles pour fouetter, attacher , bâillonner, étouffer, étrangler lentement mes élèves (en rêve, hélas)*.
2/ Comme Vanessa Paradis, j'aime les vêtements usés tout doux, mais je ne les achète pas vintage, je les use moi même et me désole de ne pas les avoir achetés en double tant je les aime.
3/ comme Inès de La Fressange, je descends dans la rue en pyjama, mais ce n'est pas pour acheter les croissants du dimanche mais promener le chien tôt le matin ou tard le soir, quand je ne croise que des vaches qui s'en fichent royalement car elles ne connaissent pas la belle Inès, les pôvres !
4/ Comme Elizabeth Taylor, j'adore les perles mais je dois me contenter de celles de mes élèves.
5/ Comme Brigitte Bardot, je suis 100% bio, rien de refait mais en même temps vu le chantier...(chez moi, entendons-nous bien).
6/ Comme Teri Hatcher , je souffre d'une , je cite ,d'une "maladie rare", traduire inflammation de l'épaule, qui m'empêche d'agrafer mon soutie. Mais bon ai-je vraiment besoin d'un soutie ? demande l'émule de Jane Birkin.
7/ Comme Catherine Deneuve, je porte le prénom d'une future reine, ce qui est un peu inquiétant car quand votre prénom revient sous les feux de la rampe, c'est que la roue du temps a bel et bien tourné...
Allez, dans ma grande bonté,je passe le flambeau à qui veut !
* C'est à ce genre de détails qu'on voit que la fin de l'année scolaire est proche...
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : tag à tag à tag aïe aïe aïe
11/06/2011
Pêle-mêle
Parfois les livres nous jouent des tours : ils nous embarquent sans problèmes, nous transportent même fort loin, au pays des Mensonges , en Argentine où des femmes d'âges différents négocient de nouveaux virages à coup de Piercing et de réalité magique mais notre stylo reste en panne pour les évoquer...
Aussi vais-je abuser de la Générosité de billets bien mieux troussés que ceux que j'aurais pu écrire pour vous donner envie de lire ces romans, alléger ma Pile à chroniquer ( et ma conscience) !
Merci à vous, les filles !
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (6)
10/06/2011
En moins bien
A cause de pingouins et de bibine, la toute fraîche épousée du héros d'En moins bien le plante en pleine lune de miel au milieu de nulle part ou presque: à Sandpiper. La situation va vite partir en vrille et prendre des proportions apocalyptiques.
Les personnages sont barrés à souhait mais l'intrigue s'essouffle assez vite, on n'échappe pas à une bonne dose de vulgarité, on est entre mecs n'est-ce pas , et le style assez enlevé , parfois très efficace, ne parvient pas à faire tenir un soufflé qui se dégonfle assez vite.
En moins bien, Arnaud le Guilcher, Pocket 2011.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : arnaud le guilcher, schtroumpf grognon le retourhtroumpf grognon le retour
09/06/2011
Mes valises diplomatiques
"En Inde, une femme d'expérience m'avait révélé les deux règles essentielles au bonheur d'une expatriée: s'arranger d'abord pour avoir toujours quelque chose à faire le lundi, puis s'occuper avant tout d'apporter à son intérieur la touche personnelle qui permettra de s'y sentir chez soi."
Mais bon, la déco ça va un moment et Brigid Keenan, avant d'épouser son diplomte de mari était une journaliste. Le démon de l'écriture la titillant, elle nous livre dans Mes valises diplomatiques le compte rendu bien souvent hilarant de ses longs séjours à l'étranger.
Que ce soit en Belgique, où un dentiste voulut à toutes forces lui raccourcir la langue, en Afrique ou en Inde, sans oublier le déprimant (au premier abord) Kazakhstan, elle nous livre sans jamais se donner le beau rôle le récit de ses expériences plus ou moins calamiteuses , à mille lieues des réceptions de l'Ambassadeur !
So charming and so british !
Merci Cuné !
Mes valises diplomatiques, Brigid Keenan, traduit de l'anglais par Danièle Momont, Petite bibliothèque Payot/voyageurs, 2010, 380 pages à distribuer aux futures expatriées !
L'avis de Joëlle
06:00 Publié dans Document, Humour | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : brigid keenan, femme d'ambassadeur
08/06/2011
La marche du crabe
Tout commence par "L'internationale " revue à la sauce crabe, car oui les crabes sont mélomanes, enfin, tout est relatif ! Ceux qui s'amusent ainsi à massacrer l'hymne révolutionnaires sont deux individus d'une espèce bien particulière : les cancer simplicimus vulgaris (crabes carrés de Gironde) à la particularité ma foi fort embêtante: ils ne peuvent pas tourner.
Ils sont donc contraints à des trajets rectilignes, tout comme d'ailleurs le pilote du bateau qui traverse l'estuaire de la Gironde dans le sens de la largeur, ce qui limite forcément l' horizon des crabes et de l'humain...
En plus la vie des crabes est pleine de dangers: humains qui veulent leur ôter une patte, mais aussi specimen de leur espèce ayant pour devise "honneur et rectitude", ce qui est fort gênant quand on vient de découvrir comment enfin tourner...
Heureusement ,des écolos et des cinéastes documentaires vont prendre en charge la survie des crabes...
Vous l'aurez compris nous sommes ici dans une parabole pleine de d'humour (la condition des crabes écho de la condition humaine) et avec un scénario de prime abord aussi mince l'auteur parvient à nous intéresser et à nous faire réfléchir mine de rien sans pour autant devenir pontifiant. Un régal avec ou sans mayonnaise !
La marche du crabe , Arthur de Pins, Soleil 2010.
Déniché à la médiathèque.
Un aperçu du film ici
06:00 Publié dans BD, Humour | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : artur de pins, prix du public du festival d'annecy
07/06/2011
Cet été là
Prenez un groupe d'amis allant du bourgeois bohème au bourgeois tout court. Les habitudes et les rituels cimentent ce petit groupe mais le temps et les secrets commencent à plomber aussi un peu ces quinquas encore fringuants dans leurs têtes. Confrontez- les à un mystérieux jeune homme, sur lesquel certains d'entre eux projetteront leurs angoisses et vous obtiendrez un roman plutôt convenu dont on attend jusqu'à la fin qu'il démarre enfin.
Quant au style, il se révèle pour le moins bancal, à la limite parfois de l'affectation et certaines jolies images ne parviennent pas à faire oublier l'absence totale d'harmonie. Le récit et le style sonnent faux et l'on se prend à regretter Bord de mer et Numéro six, plus âpres mais inoubliables.
Cet été-là, Véronique Olmi, grasset 2011.
06:00 Publié dans je ne regrette pas de les avoir juste empruntés, romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : véronique olmi, schtroumpf grognon le retour, la canicule en normandie, chouette!
06/06/2011
Guerre sale
"Personne ne sait où est la télécommande pour zapper le chaos."
Un jeune et ambitieux avocat d'affaires, fils spirituel de Richard Gratien, élément essentiel de la Françafrique pour le secteur de l'armement, a subi le supplice du pneu brûlé.
Cet assassinat atroce fait immédiatement écho dans la mémoire de l'ex-commissaire Lola Jost avec celui de son assistant, tué de la même manière.
Flanquées du dalmatien Sigmund, voilà donc reparties en campagne "les infernales pétroleuses du canal Saint Martin", à savoir Lola et son amie Ingrid Diesel. Il leur faudra néanmoins se résigner à travailler avec l'ex amoureux d'Ingrid, Sacha Duguin, devenu commandant à la Crim'...
L'humour et la virtuosité de Dominique Sylvain parviennent à alléger les coups bas et les manipulations des puissants en tous genres qui ne pratiquent en aucun cas l'art de la guerre de Sun Tzu- livre de chevet d'un des personnages- mais une Guerre sale qui fait fi de toute humanité. L'intrigue est tordue à souhait, sans pour autant devenir incompréhensible . L'auteure est ici au meilleur de sa forme ,multipliant les métaphores ("Quant à moi, je ne suis plus qu'une vieille chose, une mémé gorille avant l'hiver. Le dernier wagon du cirque m'est passé sous le nez, mais je ne m'en suis pas aperçue.") sans pour autant négliger la psychologie de ses personnages. Un roman qui m'a réconciliée avec Dominique Sylvain et que j'ai dévoré cul sec !
Guerre sale, Dominique Sylvain, Viviane Hamy 2011.
Emprunté à la médiathèque.
06:25 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : dominique sylvain
05/06/2011
Prends soin de maman
"Comment est-il possible qu'il ne me soit jamais venu à l'esprit qu'ella aussi avait nourri des rêves ? "
La disparition de leur mère sur un quai de métro de Séoul va bouleverser ses quatre enfants et son époux, les amenant à envisager sous de nouveaux angles celle qui s'était sacrifiée pour eux. Ils vont se mettre à sa recherche dans tous les sens du terme , évoquant ainsi de manière polyphonique celle qu'ils ont "égarée". Culpabilité, remords vont alors les aissaillir et ce sera pour chacun d'entre eux l'occasion de revisiter le passé et leur relation avec celle qu'ils ne sont plus si sûrs de connaître.
Illettrée, " se débrouillant de son mieux avec les mauvaises cartes que son époque lui avait distribuées -la pauvreté, la tristesse et la solitude-en renonçant à toute espérance.", cette femme pourrait n'être qu'une émouvante Mère Courage si elle ne nous proposait également sa propre vision de sa vie, éprouvante certes mais pas totalement dépourvue d'éclaircies fugitives. Un roman émouvant et une manière très réussie de découvrir un peu la vie quotidienne en Corée du Sud.
Prends soin de maman, Shin Kyung-sook, traduit du coréen par Jeong Eun-Jin et jacques Batilliot, Oh éditions 2011, 266 pages.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : shin kyung-sook, littérature coréenne, mère
04/06/2011
Les mots des familles sont devenus 200 expressions inventées en famille
Autrefois, il existait une Tisane des familles, dorénavant il y aura Les mots des familles.
Recueillis avec gourmandise par Cookie Allez, ces mots qui fonctionnent parfois en vase clos , font référence à toute une histoire familiale. Ces expressions imagées et fortement réjouissantes permettent aussi de caractériser les Autres ou d'évoquer en catimini les fonctions corporelles...
J'ai particulièrement apprécié"Le jour de la Pentecôte il était coiffé d'un entonnoir"pour désigner avec une certaine cruauté quelqu'un dont on estime que l'esprit (saint) n'a pu entrer dans sa cervelle...Plus charmant, ce "Petit rien tout neuf" désignant un cadeau que l'on offre et dont on veut minimiser le prix ou bien encore le fait de Mettre à pied les araignées, comprendre bien faire le ménage, ce que fait souvent une femme tac-tac à savoir une femme très active, rapide et organisée, qui dirige son monde et sa maison d'une main de fer, ce qui bien sûr ne concerne aucune d'entre nous !
Savoureux et très agréablement présenté par la" cueilleuse de mots ". On attend déjà la suite avec impatience !
06:00 Publié dans l'amour des mots, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cookie allez, philippe delerm