24/05/2011
Les rillettes de Proust
Si le sous-titre vous promet" 50 conseils pour devenir un écrivain", l'auteur , dans sa préface vous propose même d'obtenir grâce à cet ouvrage le label GRANTECRIVAIN. Rien de moins !
Mais c'est surtout à une promenade attentive et malicieuse que nous convie Thierry Maugenest qui prend un malin plaisir à souligner les bourdes d'auteur par ailleurs reconnus ,mais aussi à nous prouver par l'exemple l'importance de ce qu'il faut faire ou pas. Et les démonstrations sont on ne peut plus probantes !
On ne soulignera jamais assez l'importance du choix des prénoms des héros de roman et la réécriture d'un passage de Madame Bovary ,dont les héros sont respectivement devenus Ricky et Loana, prend tout à coup des accents harlequinesques du plus beau kitsch !
Quant aux Rillettes de Proust , elles donnent un aspect beaucoup plus rustique au texte proustien que la fameuse madeleine !
Un recueil où les profs pourront aussi piocher du réconfort les soirs de grande lassitude : non leurs élèves ne sont pas les seuls à écrire des horreurs syntaxiques: certaines sont même été éditées !
Les rillettes de Proust, Thierry Maugenest, Points, collection les goût des mots, 113 pages pour 5 euros, un petit plaisir à (s') offrir garanti zéro calorie.
06:00 Publié dans Humour, l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : thierry maugenest, 50 conseils pour devenir un écrivain
23/05/2011
La vie très privée de Mr Sim
"On ne vous donne que l'illusion du choix, c'est tout."
C'est à un double voyage que nous convie Mr Sim : une épopée moderne et dérisoire (aller à l'extrémité la plus septentrionale de la Grand-Bretagne pour vendre des brosses à dents écologiques) où l'aventure est totalement balisée par les satellites et autres objets de communication qui nous situent dans l'espace et un voyage dans le temps qui va l'amener à revisiter son passé.
Pélerinage ? Pas tout à fait car à chaque étape , des vérités dérangeantes se font jour sur ses proches (pas si proches d''ailleurs) et sur lui même.
Alors , il se raccroche à la voix de féminine de son GPS, seul bouée de secours dans un monde en plein changement, où règne une uniformisation qu'il juge réconfortante et où la solitude est de plus en plus aiguë.
Looser magnifique Mr Sim ,et attachant par dessus le marché, qui n'hésite pas à reconnaître ses faiblesses dans un univers où l'artifice est de mise, un monde qui repose sur du vent.
Les pirouettes sont nombreuses dans ce roman qui brosse un portrait juste et acide de notre époque et qui ne sacrifie pas l'art du récit à la démonstration virulente. Une parfaite réussite !
La vie très privée de Mr Sim, Jonathan coe, traduit de l'anglais par Josée Kamoun, Gallimard 2011, 449 pages à dévorer cul sec !
Raflé à la médiathèque au nez et à la barbe de M !:)
Le billet de Cuné qui m'avait donné envie de le lire.
Celui de Sassenach qui vous enverra vers plein d'autres !
L'avis de Brize.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : jonathan coe, mondialisation, uniformisation solitude
22/05/2011
Mister Hugh Lurie et Dr House
"Ce salopard est le meilleur médcin que nous ayons."
C'est dimanche, c'est permis...Bon c'était plutôt samedi à la médiathèque, où après avoir raflé une nouveauté de justesse (promis, je t'envoie un courriel, M., dès que j'ai terminé ce roman que tu étais si déçu de ne pas avoir vu avant moi , le privilège de porter des lunettes sans doute !) , je me suis emparé d'un document que je n'aurais sans doute jamais acheté ni en librairie, ni d'occasion d'ailleurs mais là mon côté midinette pouvait se donner libre cours alors...
Grâce à Cuné, j'ai découvert il y a quelques saisons Dr House et comme lui gobe ses comprimés de vicodine , je gobe ses "houseries" avec bonheur ! J'en ai retrouvé quelques unes glanées au fil de ma lecture (mais difficiles à replacer sauf peut être celle-ci : "Vous sentez? Je crois renifler le parfum de l'hypocrisie."). Sinon rien de bien neuf sous le soleil, un doc classique, biographie, filmographie, et enfin réflexions de Laurie sur son personnage .Mais un excellent moyen pour ceux qui comme moi ont pris la série en route de faire le point et d'envisager les saisons dans la continuité. Plus qu'une (soupirs !).
Petit bémol : Mark Lucas aurait pu se dispenser de ses réflexions "humoristiques" qui neuf fois sur dix tombent à plat.
Précisions: quelques photos dont certaines pas du tout indispensables...(celle avec le top modèle estonien nue sous une combinaison de cuir ultra moulante, bon c'était pour la Croix Rouge mais quand même ...)*
*Nan je suis pas jalouse, y en marre des clichés sexistes !
Emprunté donc à la médiathèque.
07:20 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : mark lucas, dr house, hugh laurie
21/05/2011
Hypothermie...en poche
"...un décès discret, une mort presque polie."
Maria, une femme fragilisée par le décès de sa mère, se suicide. Suicide confirmé par la police. Rien qui justifierait une enquête et pourtant, alerté par une amie de la défunte, Erlendur va découvrir que Maria avait tenté d'entrer en contact avec sa mère par l'intermédiaire d'un médium. En outre, le mari médecin n'est peut être pas aussi éprouvé qu'il le paraît.
En parallèle, en vieux limier obstiné qu'il est, Erlendur , toujours marqué par la disparition de son frère, poursuit ses investigations sur de vieilles enquêtes non résolues , faisnt preuve d'une compassion sans pareille auprès des familles des disparus.
Il doit aussi faire face aux sollicitations de sa fille qui veut à toutes forces lui faire rencontrer son ex-épouse.
Le croisement des diffrentes intrigues fait toute la saveur de cet opus subtil et fertile en rebondissements. L'auteur est ici au meilleur de sa forme. A ne rater sous aucun prétexte.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : arnaldur indridason
20/05/2011
L'armée furieuse
"Quand une alarme vitale se déclenche, la réplique humaine est impondérable et foudroyante."
Une armée furieuse , tout droit sortie des fins fonds du Moyen- Age, composée de chevaux et de cavaliers spectraux, a été vue dans un village normand. L'effroi s'empare aussitôt de la population car cette apparition annonce une "fameuse secousse", à savoir des décès de gens ayant l'âme mauvaise...
C'est évidemment Adamsberg "[le] rustre,[le ] montagnard, [le]pelleteur de nuages" qu'on appelle et qui va devoir composer avec la manière particulière de s'exprimer des Normands pour élucider le mystère de cette Grande Chasse. Non content de s'étonner de l'immobilisme des vaches dans cette région écrasée par la canicule, il devra aussi frayer avec une fratrie pour le moins singulière tout en essyant de "trouver "un passage obscur"pour affronter "l'aigre réalisme d[une] affaire polico-financière" qui lui met de sérieux bâtons dans les roues.
Si l'on retrouve ici" la composition de chimères et d'illusions"qui plaît tant au commissaire Adamsberg- et au lecteur par la même occasion-, celle-ci est nettement plus crédible que dans l'épisode précédent (Un lieu incertain) et nettement moins embrouillée. Je m'attendais à ce que les liens père /fils s'étoffent davantage mais c'était sans compter sans la légendaire lenteur d'Adamsberg ! Néanmoins on retrouve dans cet opus tout ce qui fait le charme de l'univers de Fred Vargas: des personnages atypiques , qui, se montrant solidaires, arrivent à adapter à leurs singularités un monde par trop normé, un policier plein d'humanité qui attache autant d'importance à la mort d'une vieille obsédée du ménage qu'à l'entravement d'un pigeon et qui se réjouit (avec nous) de "triomphe[r] contre les colosses" !
L'armée furieuse, Fred Vargas, Vivaine Hamy 2011,427 pages à dévorer puis à relire pour mieux en savourer l'humour et la densité !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : fred vargas, du sucre, des vaches, un pigeon
19/05/2011
Pourquoi les oiseaux chantent
Ouvrir Pourquoi les oiseaux chantent c'est voir s'envoler Fringilles ou Gros-Becs, surprendre des bandes de linottes et de verdiers qui s'émiettent ,entendre le "petit cri un peu métallique" de la mésange bleue et oberver le "trop plein vital " qui jaillit au printemps . Bref, c'est prêter attention aux hôtes des haies et des arbres, aux migrations aviaires, aux chants et à leurs différentes significations, balayer les idées toutes faites concernant les femelles (non, elles ne sont pas de vulgaires trophées remportées par le mâle le plus fringant ! ), bref s'intéresser à un monde que nous côtoyons trop souvent avec indifférence.
Jacques Delamain, éminent ornithologue, (la première édition de cet ouvrage date de 1930 et il a été réédité à plusieurs reprises) sait conjuguer à la fois érudition et style élégant
On pense parfois à Colette devant de superbes descriptions mais on se sent aussi quelques fois étouffé sous le poids d'énumérations de volatiles que l'on n'arrive pas forcément à visualiser, faute de les connaître tous! Mieux vaut avoir à portée de main un guide des oiseaux, même succinct !
Le recueil se clôt par un très surprenant ""Journal de guerre d'un ornithologue" où Jacques Delamain ne se départit jamais de son sens de l'observation, notant scrupuleusement tous les oiseaux qu'il repère, leurs réactions face à l'artillerie et notant très sobrement dans le chapitre intitulé"1918. Oiseaux de Verdun." : "Et là deux Moineaux piaillent sans entrain au coucher du soleil, le seul petit brin de vie et de gieté dans cette mort." On a l'impression que l'auteur s'est volontairement concentré sur sa passion pour se retrancher du monde belliqueux.
Un ouvrage à savourer à petites doses ! En tout cas, après la lecture de ce livre je me suis surprise à essayer de démêler les chants d'oiseaux de la cacophonie matinale ...
Pourquoi les oiseaux chantent, Jacques Delamain, Editions Parallèles 2011, 2020 pages bruissantes.
06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : jacques delamain, oiseaux
18/05/2011
L'orthographe made in L'épicerie de l'orage
Non content de nous rappeler qu'"orthographe" est un "mot piégé" car il devrait désigner celui qui écrit bien et non le fait de bien écrire, le petit carnet concocté par Catherine Benedetto-Nazarenko est tout à la fois un magnifique objet interactif, bourré d'inventions typographiques, une histoire de la langue française claire et didactique et (peut être) un moyen sinon de réconcilier certains réfractaires du moins d 'apaiser un peu leur relation compliquée à l'orthographe. Rien que ça !
Gawou et Libouliavaient tour à tour vanté ce magnifique objet et j'ai profité d'un court séjour près d'une librairie magique La soupe de l'espace pour faire d'une pierre deux coups: visiter cet îlot enchanté et et feuilleter les deux premiers volumes édités par l'Epicerie de l'orage. Là, j'ai même pu apprendre que deux nouveaux volumes de cette collection étaient en préparation ! Mais motus et bouche cousue, si les libraires de La soupe de l'espace sont sympas, elles savent néanmoins garder les secrets !
Le blog de L'épicerie de l'orage .
06:00 Publié dans très utiles! | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : catherine benedetto-nazarenko, l'épicerie de l'orage
17/05/2011
Allô conso dix canulars téléphoniques pour prendre le marketing à son propre piège
"Quand on est un homme on a le droit de faire attention à sa peau !"
Radin signalant des produits moins chers que chez C****, tonton soucieux de l'alimentation de son neveu adolescent qui refuse les céréales connotées pour enfants, ou consommateur mâle s'indignant de produits laitiers supposés nourrir la peau de l'intérieur mais apparemment uniquement celle des femmes, voici quelques unes des identités endossées par Arenaud (sic) Poun pour contacter les services consommateurs de grands groupes alimentaires.
Si le canular téléphonique est un grand classique, Arenaud Poun renouvelle le genre en y ajoutant une dose sévère de critique revigorante ! Qu'on prenne le consommateur pour un imbécile est une chose mais que celui-ci se rebelle en utilisant les outils mis au point par le marketing en est une autre !
Arenaud est convaincant en diable et la retranscription de ces dialogues nous permet tout à fait de deviner tour à tour la bonne volonté prise en défaut, l'embarras, l'agacement, l'extrême agacement (mais le fait que la conversation puisse être enregistrée doit freiner les réactions par trop violentes !) de ses différents interlocuteurs.
Arenaud pousse ses victimes dans leurs retranchements et jusqu'à l'absurde les slogans et l'argumentaire prétendument scientifique qui accompagnent les produits vantés par un marketing qui marche sur la tête. Heureusement le retour de bâton frappe souvent de plein fouet ceux qui veulent nous fourguer du vent : qui a vu récemment en rayon un produit laitier vendu (fort cher) dans un pot rose et censé nous rendre belle ?
Un livre à double effet: il nous fait rire et nous ouvre les yeux si besoin était !
Allô conso, Arenaud Poun, Le tigre 2001
Merci Cath !!!
06:00 Publié dans Humour, très utiles! | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : arenaud poun, allô !
16/05/2011
658
Un thriller selon mon goût ? Un roman qui fasse autant la part belle aux personnages, leur donnant un arrière-plan intéressant, des failles, des blessures et pas que des certitudes et bien sûr une intrigue sophistiquée juste ce qu'il faut. Dans 658, il y a tout cela.
Un jeune retraité de la police qui n'a pas encore tiré un trait sur sa faculté à raisonner et que l'intervention d'une connaissance devenue gourou pour riches dépressifs va vite remettre en piste; de mystérieux poèmes anonymes donnant à croire que leur auteur connaît les secrets de l'ex- alcoolique devenu gourou et qu'il est en outre capable de lire dans les pensées ... Sans oublier un très joli personnage féminin, celui de l'épouse du flic "farouchement intelligente" qui analyse avec lucidité et son couple et l'énigme...
Si j'avais deviné assez vite une partie du mystère (Merci Gérard Majax !), j'ai bien aimé la manière dont la résolution est amenée, la part faite à la psychologie , à la manipulation,usant de ressorts assez simples mais efficaces en diable ! Un bon roman, confortable et astucieux juste ce qu'il faut. Les amateurs d'intrigues plus complexes en seront sans doute pour leurs frais...
658, John Verdon, traduit de l'anglais (E-U) par Philippe Bonnet et Sabine Boulongne, Grasset 2011, 441 pages qui m'ont redonné le goût des thrillers !
Tamara est moins convaincue.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : john verdon, thriller
15/05/2011
Prises de rendez-vous, prises de tête.
"Bonjour, le numéro de téléphone du Docteur Léni Fiante a changé. Veuillez appeler le ...(suit le nouveau numéro débité à toute allure)."
Dûment munie d'un papier et d'un stylo extraits de votre sac glouton, vous recomposez le numéro du répondeur pour noter à la volée les dix chiffres salvateurs.
"Bonjour, vous êtes sur la messagerie du Docteur Lénifiante. Pour prendre un rendez-vous, vous pouvez appeler le lundi de 13 h 12 à 15 h 37 les jours pairs, de 14 h 28 à 16 h 32 les jours impairs. Le mardi de 10 h 12 à 12 h00 ... " Et les nuits de pleine lune , ça compte ou pas ?
Vous cessez de griffonner à toute allure et guettez le vendredi, jour qui vous intéresse. "...le vendredi de 9 h 00 à 11h 47 . "
Super, c'est noté et il est 9 heures. Vous préparez votre agenda. Prête? Appel . Répondeur. Bon la secrétaire n'est peut être pas du genre ponctuel ou alors elle prend un café. 9 H10, elle a eu le temps d'aller faire pipi. Appel. Répondeur. Bon vous rappellerez dans une heure.
Appel. Répondeur. Votre téléphone annonce déjà six appels avant que la lumière ne se fasse : faute de pont le dimanche 8 mai, le docteur Léni Fiante et sa zélée secrétaire se sont bâti un pont perso et anticipé...
Vous perdez entre temps votre patience et le nouveau numéro de téléphone. C'est reparti pour un tour de manège...
06:02 Publié dans Bric à Brac, Croqué sur le vif | Lien permanent | Commentaires (11)