05/06/2011
Prends soin de maman
"Comment est-il possible qu'il ne me soit jamais venu à l'esprit qu'ella aussi avait nourri des rêves ? "
La disparition de leur mère sur un quai de métro de Séoul va bouleverser ses quatre enfants et son époux, les amenant à envisager sous de nouveaux angles celle qui s'était sacrifiée pour eux. Ils vont se mettre à sa recherche dans tous les sens du terme , évoquant ainsi de manière polyphonique celle qu'ils ont "égarée". Culpabilité, remords vont alors les aissaillir et ce sera pour chacun d'entre eux l'occasion de revisiter le passé et leur relation avec celle qu'ils ne sont plus si sûrs de connaître.
Illettrée, " se débrouillant de son mieux avec les mauvaises cartes que son époque lui avait distribuées -la pauvreté, la tristesse et la solitude-en renonçant à toute espérance.", cette femme pourrait n'être qu'une émouvante Mère Courage si elle ne nous proposait également sa propre vision de sa vie, éprouvante certes mais pas totalement dépourvue d'éclaircies fugitives. Un roman émouvant et une manière très réussie de découvrir un peu la vie quotidienne en Corée du Sud.
Prends soin de maman, Shin Kyung-sook, traduit du coréen par Jeong Eun-Jin et jacques Batilliot, Oh éditions 2011, 266 pages.
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18/09/2010
Tableaux d'une exposition...en poche
"La vie n'était-elle pas plus facile sans  cette femme si difficile ? "
Une exposition rassemblant tableaux mais aussi  vêtements emblématiques  de la célèbre Rachel Kelly, qui vient  de décéder brutalement, voilà le  point de départ de  chacun des chapitres  du roman de Patrick Gale,  Tableaux d'une exposition. 
A  la présentation parcellaire ,et forcément lacunaire , de chacun  des  éléments de  cette rétrospective,  répond le texte du roman qui  explore au plus près l'univers d'une femme  fascinante, à la fois mère  et épouse prédatrice , mais aussi passionnée, excentrique et  si vivante  quand la  dépression la laissait tranquille. Une femme brûlée par son  art et qui, bien involontairement , laissa derrière elle une famille  déchirée . Cette famille possède  cependant un centre de gravité , un  homme exceptionnel lui aussi : Anthony, le père et l'époux, sorte de roc  inamovible, quaker qui sut aimer et protéger tous les siens . 
Pas de portrait à charge cependant, Patrick Gale avec la sensibilté  qu'on lui connaît  brosse ici le tableau d'une famille  dont les   enfants, très jeunes ,ont appris à composer avec la maladie de leur  mère, et plus âgés ont eu du mal  à se confronter à son talent... Nous  découvrons petit à petit les différentes facettes de  cette  femme qui  refusait de parler de son passé. 
Les rebondissements et les changements de point de vue rendent le  récit si vivant et rapide qu'on ralentit le rythme  de lecture pour  savourer un peu plus longtemps ce roman  qui vibrera longtemps en nous. A  noter que l'auteur  réussit le pari ,si souvent raté, de nous faire  voir les  tableaux de Rachel. Une réussite !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : patrick gale, peinture, mère
26/10/2008
"Un porridge de maman tardif"
Li a repoussé son bonheur car "Les gens comme moi n'ont manifestement pas l'armature nécessaire pour supporter les bons moments." Les gens comme elle? Incolore, voilà  comment se définit cette infirmière, qui, enfant a vécu en compagnie  de son petit frère dans une immense demeure où ils croisaient  de temps à autres ceux qu'ils appelaient  entre eux les  Epoux, à savoir leurs parents trop peu présents car trop occupés à soigner d'autres enfants. Pas de ressentiment  néanmoins, juste le constat  que  "Les gens comme elle ne devraient  sans doute pas avoir  d'enfants, surtout quand ils sont marqués pour  la vie par un chagrin d'amour  universel et quand  ils  ont des  enfants si tardivement  que cela entraîne  la dissolution  d'un orchestre de mandolines." L'humour comme moyen de survie.
 Quand l'Amoureux repoussé dans l'adolescence revient en Islande, Li repense à son passé et à son enfance si particulière (qui m'a un peu fait penser au personnage de Fifi Brindacier, en moins joyeux (même si Fifi a parfois des accès de mélancolie)). Pourra-t-elle enfin  "attraper ce qui  aurait dû être, (...) faire du poème la vie elle même (...)ne plus rester transie dans la  froidure de l'intervalle compensatoire  entre les poèmes et la vie " ?
 Dans Le cheval soleil, l'islandaise Steinun Sigurdardottir nous livre un récit lumineux,celui d'une enfance  qui n'a même pas le sentiment d'être fracassée, une  enfance où la mort rôde tout naturellement , où les enfants se montrent plus  adultes que leurs parents, où le bonheur  n'est pas  du tout familier.Un récit où le lien entre parent et enfants est exploré d'une manière très particulière.
 La  traductrice Catherine Eyjolfsson * a très bien rendu le contraste entre la langue parfois très moderne avec ses hyperboles ainsi, "l'hyperbonté" de la mère et les passages poétiques qui  se mêlent au roman, comme autant d 'échappées vers la lumière.
 L'Islande et ses paysages âpres et lumineux servent d'écrin à un texte puissant et jamais déprimant qui va d'emblée  prendre place sur mon étagère d'indispensables.
Le Cheval soleil. Steinunn Sigurdardottir. Editions Heloïse d'Ormesson.185 pages
PS: de la même auteure, j'avais a-do-ré La place du coeur paru en 2000 aux Editions Denoël, sorte de road-movie islandais mettant en scène une mère qui veut renouer le lien avec sa fille qui part en vrille...Depuis 8 ans sur ma fameuse étagère et lu et relu...Billet à venir ?
* Déjà remarquée ici .
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : islande, mère, fille, amour, poésie, le cheval soleil, steinunn sigurdardottir
21/10/2008
Et le bébé était cuit à point
Une mère toxique,exhibant sa sexualité active, une fille trentenaire célibattante malgré elle. Entre les deux ,un chat, Harmonie, qui  change de mains et va aussi transformer la vie de la bussiness woman, Blanche.
 Ce félin ne serait-il pas un peu magicien ? Si l'on ajoute un prince charmant qui tombe à point nommé, nous avons ici tous les ingrédients d'un conte de fées mais ce serait compter sans l'humour grinçant de Mary Dollinger qui, dans ce conte ô combien cruel , rajoute soudain un bébé cuit à point qui va changer la donne...
 Evoluant avec bonheur dans le monde de l'industrie agro-alimentaire , où les mots ont encore plus d'importance que les produits vendus, où mensonge et nourriture sont inextricablement liés, Mary Dollinger complote une nouvelle fois pour nous faire rater notre bus. Sa plume , trempée  alternativement dans l'aigre et le doux, nous emmène dans un univers où pas un chat digne  de ce nom ne hasarderait les pattes. Un petit bonheur de lecture à s'offrir pour 5 euros ! (61 pages)
Un grand merci à Mary et André !
L'avis de Joëlle
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : conte cruel, mère, nourriture, chat, mary dollinger, et le bébé était cuit à point


