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05/10/2021

Pas Dormir

"Quand nous marchons au milieu des plantes et des animaux, nous nous déplaçons dans du vivant, nous en faisons partie. Quand nous nous tassons au milieu des objets, ce qui nous entoure est mort, nous en faisons partie. Et l'immobilité nous cloue entre les planches de l'insomnie."

Nul besoin d'être insomniaque pour dévorer ce nouvel opus de Marie Darrieussecq.
Souffrant de ce mal depuis la naissance de son premier enfant, elle revient ici sur toutes les méthodes employés pour tenter d'arriver à dormir, convoquant nombre d'auteurs et autrices grands insomniaques eux aussi, Kafka et Duras en tête.
Faisant preuve d'une grande franchise, elle n'élude pas son alcoolisme, boire lui permettant de dormir, mais avec des réveils plus que difficiles, mais ne se centre pas seulement sur son cas. L'insomnie lui permet aussi d'évoquer aussi bien la forêt africaine, que la jungle de Calais, posséder un lieu où dormir, une chambre à soi, n'étant pas donné à tout le monde.marie darrieusecq
Tenant à la  fois du témoignage, de l'analyse, cet Objet Littéraire non Identifié n'est pas dénué d'humour et, cerise sur le gâteau, est ponctué de photographies, pas toujours très lisibles malheureusement. 297 pages dévorées d'une traite .

Et zou, sur l'étagère des indispensables !

 

P.O.L 2021

04/10/2021

L'Assemblée des Animaux

Les animaux en ont assez : les catastrophes écologiques se succèdent et les hommes ne semblent pas réfilelfoagir. Tout ce qui a plumes, poils, vit dans l'eau, les airs ou sur la terre prend la parole  et une décision est prise: un avertissement sera envoyé aux hommes via une pandémie dont le pangolin et la chauve-souris seront à l'origine.
Toute ressemblance avec une situation contemporaine n'est évidemment pas une coïncidence.
Quelle frustration de ne pouvoir aimer ce qui avait tout pour me plaire . Mais les trop nombreuses allusions littéraires, clairement référencées à la fin de l'ouvrage , ont fini par entraver ma lecture. Trop d’érudition, pas assez d'émotions, voilà qui pourrait résumer mon ressenti.

Merci à Babelio et à l'éditeur.

Éditions Arthaud 2021, traduit de l'italien par Julie Terrazzoni

filelfo

 

06:01 Publié dans romans italiens | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : filelfo

23/09/2021

Propriété Privée

"Les inquisiteurs se trompent en bombardant leurs victimes de questions. Il suffit souvent de garder le silence pour que l’autre croie que vous vous intéressez, avec votre air circonspect qui très paradoxalement rassure, vous confère une réputation de compétence et d’objectivité. "

La narratrice, urbaniste, et son mari, prof dépressif, ont décidé de devenir propriétaires d'une maison dans un écoquartier d' une petite commune .
Las, le rêve tourne vite au cauchemar car leurs voisins sont sans-gêne, bruyants, intrusifs et , la narratrice en est persuadée,"Ils n’espéraient pas seulement nous faire déménager. Ils voulaient nous voir souffrir, nous empêcher de penser, de nous aimer, fracturer le complexe édifice de notre entente.
Ils projetaient notre éradication totale et définitive. » julia deck
Point de vue excessif ou réalité ? Difficile de trancher car les autres voisins semblent fort bien s'accommoder de ces trublions qui dénotent un peu dans leur microcosme de bourgeois plus ou moins bohèmes (dont la narratrice croque avec acidité les travers). De plus, le roman est en focalisation interne , de son unique point de vue donc, elle ne s'adresse qu'à son compagnon et ce a postériori.
Par petites touches s'instaure donc un climat pesant qui vire bientôt au thriller quand la violence s'invite au sein de cette communauté trop policée, dont la façade va bientôt se fissurer .
Ce roman est aussi l'occasion pour Julia Deck de brosser un portrait sans concession de la rénovation urbaine contemporaine.
Une satire décapante à la construction imparable et ce jusqu’à la dernière ligne.

Un roman jubilatoire qui file donc sur l'étagère des indispensables.

Éditions de Minuit double 2021

 

21/09/2021

#Oliveenfin #NetGalleyFrance !

"C'était à elle-même, comprit-elle,  qu'elle ne plaisait pas. Elle se tortilla dans son fauteuil. mais elle le comprenait trop tard."

Professeure de mathématiques bien connue de la petite ville de Crosby dans le Maine, Olive Kitteridge est aujourd’hui veuve et retraitée. Au fil des chapitres nous la suivrons au fil du temps jusqu'à ses quatre-vingts ans passés, soit en tant que personnage principal, soit entant que simple figurante, voire juste mentionnée, ce qui permet de varier les angles et de découvrir beaucoup de facettes de cette femme haute en couleurs qui ne plaît pas à tout le monde, loin s'en faut.
Et pourtant, elle est diablement attachante Olive, toute maladroite qu'elle est . La preuve, elle va même se remarier, ce qui ne plaira pas à tout le monde. Au fil du temps , elle croise des gens de tous milieux et de tous âges, ce qui nous vaut par exemple une description hilarante d'une fête prénatale qui se terminera d'une manière bien particulière...elizabeth strout
C'est aussi l'occasion pour l'autrice de brosser de magnifiques portraits de femmes très âgées , ce qui n'est pas monnaie courante, il faut bien l'avouer. Portraits tout en délicatesse, qui ne masquent rien de leurs fragilités psychologiques, sans pour autant occulter les trahisons  du corps. Un grand coup de cœur.

Un roman qui peut se lire de manière indépendante mais qui permet aussi de retrouver celle dont nous avions fait la connaissance dans Olive Kitteridge.

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Brévignon

Fayard 2021

 

elizabeth strout

20/09/2021

#LoinàlOuest #NetGalleyFrance !

"Octavie est l'arrière-petite fille d'une menteuse, la petite-fille d'une conteuse, la fille d'une grande rêveuse. Chacune d'entre elles a toujours su demander à la fiction ce que le réel ne lui offrait pas."

Envie de dévorer une saga familiale féministe et follement romanesque ?Alors précipitez-vous sur Loin à l’Ouest .  Vous y suivrez cinq générations de femmes éprises de liberté, mais coincées à des époques différentes par les limites de la société patriarcales, malmenées par l'Histoire et dotées de fichus caractères. Bref, des femmes comme on les aime.
L'autrice y brosse aussi un vibrant hommage à la fiction (et au mensonge), seul remède selon elle pour pouvoir supporter les remous d'une vie par trop étriquée. Un roman où l'on croise aussi Louise Michel et Calamity Jane (ou pas ). delphine coulin
Un roman qui se dévore et que des retours à l'époque contemporaine permettent d'encore mieux ancrer dans le réel. On sent que Delphine Coulin s'est régalée  en l'écrivant et cela augmente d'autant plus notre plaisir de lecture.

 

Grasset 2021.delphine coulin

17/09/2021

Un garçon sur le pas de la porte...en poche

"Je comptais sur l'effet voiture. Tu sais, quand les enfants qui refusent de parler à leurs parents s'épanchent dès qu'ils sont dans un véhicule en mouvement. Comme si ce qu'on disait dans une voiture ne comptait pas."

Micah Mortimer, crack en informatique, s'est organisée une petite vie routinière entre son emploi de factotum dans l'immeuble où il réside et sa petite entreprise de dépannage à domicile. Rien de bien glorieux.71RO8XoDgZS._AC_UY218_.jpg
Mais s'il est doué pour tout ce qui concerne les ordinateurs, il l'est beaucoup moins en matière de relations sociales. Aussi quand un jeune homme se présente à sa porte, persuadé que Micah est son père biologique, le quadragénaire ne saute pas de joie
Arrivés là on craint le pire, le roman qui part sur des rails bien huilés, mais Anne Tyler, en observatrice bienveillante et expérimentée de la famille, sait dans ce court roman (208 pages) éviter les écueils d'un roman trop prévisible, tout en préservant le plaisir de son lecteur.
Une lecture confortable.

Phébus 2020, traduit de l’anglais (E-U) par Cyrielle Ayakatsikas

16/09/2021

Les lionnes ...en poche

"...le fait que je n'ai pas vraiment l'intention de m'approcher d'un couguar aujourd'hui de toute façon si je peux l’éviter, peut être demain..."

Les Lionnes, c'est d'abord un pavé impressionnant qui se dissimule derrière la porte d'un frigo jaune pétard, 1108 pages d'un flux quasi continu de pensées qui s'entrelacent, celle d'une femelle cougar et celle d'une femme, mère au foyer qui passe l'essentiel de son temps dans sa cuisine à préparer des gâteaux qu'elle vend à des restaurantslucy ellmann
Timide, pusillanime, ayant tendance à se rabaisser (elle a pourtant enseigné à l'université), cette mère de quatre enfants ne s'est pas remise du décès de sa mère, a survécu à un cancer (elle l'évoque très peu), à un premier mariage , a réussi à élever seule sa première fille , avant que de retrouver l'amour avec Léo. Tout cela nous l'apprenons au fil des pages dans de très longues phrases qui épousent les mouvements de sa pensée,   procédant par associations mentales ou sonores (allitérations, assonances),  pensée qui digresse et ressasse, pensée non dénuée d'humour.
La femelle couguar et ses petits, la narratrice et ses enfants ,évoluent dans des mondes contigus mais baignés de violence. Comment trouver normal que les armes soient partout à disposition, que cette violence s'exerce principalement sur les Noirs ,les femmes, que même les enfants ne soient pas en sécurité à l'école ou chez eux ?
Les chemins de ces deux mères, aux objectifs quasi identiques,  se croiseront fugitivement, mais tout l’art de Lucy Ellmann est de savoir faire monter la tension quand le lecteur, même s'il est hypnotisé par ce flot continu, commence parfois à perdre pied, à balancer, au détour d'une phrase, une révélation qui remet en perspective tout ce que nous avions lu auparavant et de susciter une émotion intense dans la toute dernière partie du roman.
Un livre magnifique et puissant qui fait paraître bien lisses et proprets nombre de fictions.
aussi l'époustouflante traduction de Claro.

Et zou, sur l'étagère des indispensables.

09/09/2021

Une farouche liberté ...en poche

Ravie que des ferments de révolte se multiplient de par le monde. heureuse que le mot "féminisme" soit en pleine renaissance. Confiante dans la capacité des femmes à innover et puiser de la force dans leur parcours d’opprimées. La révolte intacte."

Alors que vient de disparaître Gisèle Halimi , paraissent ces entretiens avec Annick Cojean. Celle qui dès son enfance en Tunisie lutta pour la cause des femmes et se révolta contre l'injustice retrace ici avec la journaliste du Monde les grandes étapes de son parcours d'avocate, de militante féministe, de femme politique également (même si ce ne fut guère une réussite).
Elle éclaire également ses motivations plus intimes : être aimée par sa mère, ne plus se sentir étrangère en France.gisèle halimi, annick cojean
Elle transmet enfin quelques conseils aux "jeunes femmes qui préparent le monde demain": d'abord l'indépendance économique, ensuite l’égoïsme car "Les femmes ont trop souvent le sentiment que leur bien-être doit passer après celui des autres". Elle ajoute également"refusez l'injonction millénaire de faire à tout prix des enfants"car "la maternité ne doit pas être l'unique horizon.""Enfin, n'ayez pas peur de vous dire féministes. C'est un mot magnifique, vous savez. C'est un combat valeureux qui n'a jamais versé de sang."
Une belle énergie pour une femme âgée alors de quatre-vingt-treize ans

08/09/2021

#Maquillée #NetGalleyFrance !

" En ne voyant qu'une manifestation de notre décadence dans la culture de la beauté, dans ce qui a trait à l'ornementation des corps, on enferme le maquillage dans une vision sexiste qui associe les ravages du capitalisme à la femme, et plus particulièrement aux soins du corps.

La galaxie du maquillage , que ce soit sur internet ou dans la vie quotidienne, m'est totalement étrangère  mais j'ai été très intéressée par ce livre qui multiplie les points de vue sur cet artifice, souvent décrié , mais qui existe apparemment depuis la préhistoire.daphné b.
Daphné B. ,sous forme de courts chapitres, évoque à la fois sa vie personnelle, convoque la sociologie mais aussi la poésie, la philosophie , sans oublier le féminisme pour brosser par petites touches un ensemble ma foi très convaincant , bien mené et qui m'a permis de voir le maquillage sous de nouveaux angles.

Grasset 20210daphné b.

07/09/2021

Premier sang

"Le droit d’aînesse se traduisait chez les Nothomb d’une manière alimentaire : plus on était âgé, plus on pouvait espérer manger."

Voilà bien longtemps que je n'avais ouvert un roman de cette autrice, mais on me l'a offert et je me suis surprise à le dévorer.amélie nothomb
En effet, en dépit d'un style parfois dérangeant , la vie du père d'Amélie Nothomb  est tout à fait romanesque et ce depuis l'enfance, jusqu'à la prise d'otages de Stanleyville où le jeune diplomate s'illustrera en discutant avec les rebelles pendant des mois.
Pas d'effet de manche, la fin, sanglante de la prise d'otages est escamotée en un très court récit clinique, mais beaucoup d'émotions néanmoins dans ce texte où Amélie se glisse dans la peau de son père en quelque sorte.