27/08/2008
Litanie des anniversaires
Janvier. Tout le monde est plus ou moins enchifrené et barbouillé. On vous refile les cadeaux de Noël ratés :" Le Ch'ti sans peine", le pull qui gratte, la compil' des années 80.Vous répliquez en offrant une galette des rois à la place du gâteau à la crème et vous devenez fabophile. Les dentiste se frottent les mains.
Février. Trop court pour programmer un anniversaire. Vous devenez fan de Michèle Morgan et ne fêtez-comme elle- votre anniversaire que tous les 4 ans. Habile moyen de rajeunir.
Mars. Les giboulées vous chahutent. On vous offre pour les affronter les bottes en caoutchouc "Panthère". Très seyant pour aller au bureau.
Avril.On vous refile tous les chocolats de Pâques superflus. Vous les offrez à vos collègues. C'est devenu une tradition. Votre côte de popularité connaît un pic impressionnant.
Mai. Avec tous ces ponts qui s'enchaînent , personne n'est disponible. Vous rongez votre frein et emboutissez un platane qui ne vous avait rien demandé.
Juin. Fêtes des écoles, fête des pères, galas de danse à gogo, chants et concerts de flûtiaux. Vous vous offrez des boules Quiès .
Juillet. Vous partez en vacances et partagez votre gâteau avec les guêpes.
Août. Tout le monde est parti en vacances . Sauf vous. Les moustiques vous accordent allègrement cinq étoiles. Vous êtes flatté .
Septembre. La rentrée. Tout le monde fait la gueule. Vous encore plus que les autres. Vous écrivez au Président pour demander une journée de congé supplémentaire. Poubelle.
Octobre. Les feuilles craquent. Vous aussi.
Novembre. Tout est sinistre. Chaque anniversaire vous rapproche du dernier. Stop.
Décembre. Vous êtes au fond de votre lit. ça vous apprendra à ne pas avoir utilisé le pull qui gratte et les bottes de pluie.
06:05 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (44) | Tags : anniversaire, humour
26/08/2008
Roméo, Flatule, Taylor, Houdini et tous les autres...
Lequel choisir ? Tous ont su trouvé le chemin de mon coeur ! Et chacun de ces petits contes pince-sans-rire et horrifiques narrant le destin à la fois drôle et cruels de tous ces chiens est un petit régal dont je ne me lasse pas !
Dans Destins de chiens, Sébastien Perez et Benjamin Lacombe ont uni leurs talents, pour peindre en quelques vers d'un côté et une magnifique galerie de portraits de l'autre, bouledogue( français ou pas), ,dalmatien, chihuahua , labrador souriant...et même un chien invisible !
Tous , ou presque, trouveront une mort adaptée à leur qualités ou défauts respectifs, en une chute à la fois elliptique et délicieusement horrible , en quelques vers tout est suggéré, ainsi du destin de Papillon :
"Qui aurait alors pu imaginer
Qu'un papillon ne savait pas voler..."
On en redemande !
L'avis enthousiaste de Lilly
06:01 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (16)
25/08/2008
"Une coïncidence n'est qu'une explication qui attend son heure."
"Autrefois", un famille d'artistes à laquelle on s'attache immédiatement ,une route de campagne sur laquelle cheminent une mère, ses deux filles, le bébé et un chien, puis un crime horrible et soudain. Une seule survivante.
"Aujourd'hui", à Edimbourg, la jeune Reggie, que la vie n'a pas épargnée, semble être la seule à s'inquiéter de la disparition du docteur Hunter pour laquelle elle travaille en tant que nounou.Sa route, après bien des péripéties, va croiser celle de l'inspecteur en chef Louise Monroe , à qui elle permettra de retrouver ce bon vieux Jackson Brodie , détective à la retraite mais toujours prêt à aider les femmes en détresse, devenu ici une sorte de nouvel Ulysse qui ne parvient pas à retourner chez lui.
Progressivement, le lecteur, un peu désarçonné, établit le lien entre le passé et le présent. Un présent qui va s'avérer riche de personnages malmenés par la vie mais toujours prêts à relever le défi de continuer, quitte à se créer des illusions de bonheur.
Ce livre est une totale réussite. L'intrigue policière, ou plutôt les différentes intrigues qui s'y donnent à voir ne sont qu'une toile de fond qui fournissent à Kate Atkinson, l'occasion d'une réflexion sur le destin ,"Ce n'est pas parce qu'il vous est arrivé quelque chose d'horrible une fois que ça ne peut pas se reproduire."est un leitmotiv du roman, mais les personnages sur lesquels le destin semble s'acharner ne sont pas pitoyables, bien au contraire. Avec un humour ravageur, politesse du désespoir comme chacun le sait, ils combattent avec obstination et même s'ils pourraient se demander A quand les bonnes nouvelles ? , chacun d'entre eux témoigne de sa foi en la vie mais pas nécessairement en l'humanité...
Que ce soit les personnages principaux ou les secondaires, tous sont traités avec une grande pertinence psychologique, on s'enthousiasme à leur suite, on rit, on pleure (pour de vrai, ce qui ne m'était pas arrivé depuis belle lurette avec un livre), on est chahuté par ce roman à la Dickens, riche et foisonnant de vie.
Kate Atkinson nous manipule avec dextérité et on en redemande tant son style est fluide et pétillant.
Presque à chaque page, j'ai glissé un marque-pages, ce livre en est sorti tout hérissé et moi toute chamboulée comme je ne l'avais pas été depuis longtemps. J'ai eu envie de me glisser à l'intérieur de cet univers , même en tant que plante verte, pour en profiter encore plus. Je n'ai qu'une hâte, lire la suite car, on le sent bien, certains personnages ne demandent qu'à revenir !
Les choses s'arrangent mais ça ne va pas mieux, c'est ici!
06:06 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (24)
24/08/2008
Une vache peut en cacher une autre
Un grand merci à Antigone pour cette enveloppe rebondie ! Marque-page, stylo, carnet, y a plus qu'à !
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (7)
23/08/2008
Jeanne d'Arc n'était pas bergère !
"Ils devinrent amants, et leurs amours furent des plus romantiques. Ils allaient se promener dans les cimetières, rêvaient de se suicider ensemble et mangeaient des fraises à la crème dans un crâne" .Le chapitre consacré aux amours de George Sand est un de ceux que j'ai le plus apprécié dans Les sourires de l'histoire de Guy Breton.
Avec une désinvolture de bon aloi et un style enlevé, l'auteur brosse ainsi le portrait de quelques périodes ou personnages historiques,en profitant au passage pour corriger certaines erreurs véhiculées par les manuels scolaires.
C'est un peu fourre-tout mais diablement facile à lire, le sourire aux coins des lèvres.
Merci à Cuné pour cet envoi !
06:03 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (15)
22/08/2008
Huis-Clos
Drame en trois actes. D'abord la mort du père, cataclysme pour la narratrice car "Je n'existais que par tes yeux. Seule, je n'étais personne,je n'étais pas au monde."
Le père, un monstre de psychorigidité. Un monstre tout court qu'une fois mort la fille peut "retravaill[er] à [son] désir."
Ensuite la mère ,auprès de qui la narratrice vient chercher une parcelle d'attention mais "Dès avant ma naissance, sa vocation de mère s'est bloquée sur le seuil." Simple constat qui n'est pas remis en cause.
Pas de tentative d'explication non plus pour l'attitude de l'amoureux , qui , prenant le relais du père la "démolit sans témoin(...) Tout le samedi, tout le dimanche, je coopère à ma mise à mort, j'appartiens aux banderilles, au poignard, à l'estoc, je suis au centre de l'arène et il n'y a pas de spectateurs."
L'important est de préserver les apparences d'où le titre: Ma robe n'est pas froissée.
On sort du roman de Corinne Hoex le souffle court.Sans pathos, en une centaine de pages denses et âpres, l'auteure nous laisse estomaqué par cette entreprise de démolition systématique d'un être humain.Juste le temps de souffler un peu sur une de ces longues plages de Belgique. Un livre puissant et dérangeant.
Merci à Mous pour cette découverte.
06:21 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (22)
21/08/2008
Animaux ou plantes ?
"Les naturalistes ont décidé de ne pas trancher et de loger les champignons dans un règne à part, celui des Fungi. Alors , s'il vous plaît,dites-nous, qui êtes-vous donc,habitants de ce règne intermédiaire ? "Pas besoin de bottes ni de panier pour suivre Christophe Till Geissler dans sa balade au coeur du monde des champignons, quoi que , très rapidement, l'envie nous démange de lui emboîter le pas dans cette promenade gourmande, remplie de parfums (celui "robuste et jubilatoire d'une bruschetta de truffes noires de Norcia"), de couleurs , "de la tendre couleur saumon qui apparaît sur le pied de Russula Vesca lorsqu'on le frotte d'un cristal bleu-vert de sulfate de fer,", de nouvelles, de pastiches et de recettes, formant un savoureux mélange d'érudition et d'amour des Fungi en tous genres.L'auteur convoque la mémoire de Borges mais on entend parfois aussi des échos de Colette, vite assourdis par un esprit un poil trop guindé(mais il sait néanmoins se mettre à quatre pattes pour jouer les chiens truffiers!)
L'objectif de Lamelles est de disséminer "les spores de la curiosité" car "pour tout vous dire, je crois bien que ce texte, nourri de ce terreau, n'est lui-même rien d'autre qu'un champignon dont vous feuilletez ce moment même les lamelles."Objectif atteint.
La structure de livre épouse en effet celle des champignons (à vous de découvrir comment) et s'avère une véritable découverte passionnante, tant du point de vue littéraire que mycologique.
Seul bémol, les premiers mots de chaque chapitre dont la taille fait qu'ils nous arrivent dans les yeux comme un magistral coup de poing !
Même si, comme moi, vous n'y connaissez pas grand chose en tricholome fardé, en hydrophore des poètes ou en russule amène, laissez -vous gagner par le démon de la curiosité et découvrez-vite cet objet littéraire sans précédent !
A paraître le 25 août. Le serpent à plumes.
06:32 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (12)
20/08/2008
"Il fait dimanche"
"Qui a autorisé des inconnus qui ne t'ont jamais connu debout, ni parlant, ni touchant, à s'approprier ta vie et tes secrets, à malaxer la mienne au passage dans le sens qui les arrange, pour en faire leur oeuvre?"
Comment lire (et parler) du roman de Florence Ben Sadoun , La fausse veuve, sans se sentir à son tour voyeur? Trop d'indices émaillent le texte pour que dans la figure de l'amant ,victime médiatisée du "locked-in syndrome", on ne puisse mettre un nom sur celui qui ne sera jamais nommé, tour à tour,tutoyé et voussoyé? Alors auto-fiction qui ne dit pas son nom ?
Je n'ai pas lu "le scaphandre et le papillon" pas plus que je n'ai vu le film qui en a été tiré et auquel fait référence la citation citée en exergue. Trop méfiante vis à vis de ce genre d'oeuvres, trop souvent enclines à faire dans le sensationnalisme ou l'émotion à outrance et c'est un peu par erreur que j'ai accepté l'offre de Violaine de "Chez les filles" : je croyais qu'il s'agissait d'une fiction où la narratrice s'adressait à un homme dans le coma. Un peu sur le modèle de celui-ci (vous noterez au passage la parenté entre les couvertures). Entrer comme ça dans l'intimité de personnes réelles même si l'histoire est passée par le filtre de la narration m'a donc plutôt gênée.
Comme m'a gêné la transformation du nom de la ville où a séjourné dans un hôpital spécialisé l'amant de la narratrice. Je sais bien qu'elle n'y a aucun bon souvenir mais de là à le travestir en "Vomi",je crois que chaque fois que j'irai sur la plage de Berck, je ne pourrai qu'y penser.
Ces restrictions faites, on ne peut que souligner la qualité de l'émotion qui se dégage de ces lignes, tout en nuances, violence et amour mêlés, violence faite à la femme qui n'est "que" la maîtresse puisque l'aimé venait de quitter sa compagne et ses enfants. La narratrice n'est donc qu'une "fausse veuve" qui ,dix ans plus tard ,nous livre sa version des faits.Un livre à l'écriture souple et rêche à la fois.Un livre à fleur de peau.
Parution le 25 août.
Merci à Violaine de"Chez les filles " et aux Editions Denoël pour l'envoi.
L'avis d'Aelys
de Frisette
de Lily
aelys lilly frisette
06:30 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10)
19/08/2008
Testud de mule
Cette histoire, même si l'avant-propos affirme qu'elle est "librement inspirée de la vie d'une petite fille. je ne sais pas qui ça peut être. Pas du tout.", on se doute bien que cette petite Sybille a été un jour, iln'y a pas si longtemps que cela, Sylvie.
Sybille et ses deux soeurs vivent seules avec leur mère dans une sorte de phalanstère féminin replié face à un "Il " menaçant. Ou du moins leur fait-on croire que ce "Il" représente un danger. Ce "Il" c'est bien sûr leur père dont Sylvie, euh Sybille, fera la connaissance quand elle sera devenue adulte.
Le récit de cette enfance est plein de fraîcheur et l'on en redemanderait volontiers sauf que le rythme s'accélère soudain jusqu'à la rencontre cruciale...
A chaque fois, je me fais avoir. J'aime beaucoup
l'actrice (époustouflante dans Sagan).J'aime beaucoup les couvertures
de ses livres (celle de Gamines est particulièrement réussie), mais à chaque fois, je reste sur ma faim. En fait, ce que j'aime chez Sylvie Testud c'est sa capacité à ne pas endiguer le maelström de sentiments qui la submerge parfois.
Gamines est frais et charmant et parfaitement oubliable.
06:02 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (15)
18/08/2008
Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil
A la suite de Georges Flipo , glissons-nous dans le monde de la grande entreprise (qu'elle soit de pub, d'assurance ou de ce que vous voudrez), jusqu'à L 'étage de Dieu,dans une pièce obstinément close, un peu à la manière de celle de Barbe-Bleue, où un patron olympien régénère sa puissance...
Patrons à l'égo démesuré, carrières fulgurantes qui peuvent très vite s'effondrer, sur un claquement de doigts, une chiquenaude, ad nutum, comme se plaît à le répéter un Président manipulateur à la petite semaine, qui répète à l'envi depuis 10 ans cette formule latine signifiant "d'un mouvement de tête ! Le Conseil d'Administration peut révoquer le Président d'un simple mouvement de tête. En clair: à son gré, sans motif, sans justification."
Patrons pour qui le merci est compris dans le salaire versé à leurs employés, qui pressurent les stagiaires sauf si ceux-ci sont les rejetons de gros clients de l'Entreprise.
Quant aux employés, ils ne valent pas mieux: le cerveau formaté par de grandes écoles , ils mènent la vie dure à ceux qui ne sont pas sortis du sérail et n'utilisent pas le bon code vestimentaire ou le bon jargon. Ils ont l'échine souple et adoptent sans hésiter les goûts culturels susceptibles de plaire à leur chef. Certains tentent de se venger, vengeances mesquines ou spectaculaires, habiles ou pataudes. Je remarque au passage que les personnages féminins tirent leur épingle du jeu avec plus de panache que leurs homologues masculins...
Vous l'aurez compris ces "Douze nouvelles à la gloire de la libre entreprise" sont aussi grinçantes et cyniques qu'une comédie de Jean Yanne des années 70. De coups de griffes" il n'y avait jamais eu de jolies filles au département comptable, la directrice administrative y veillait et montrait d'ailleurs le bon exemple." en réflexions lucides sur les relations humaines "J'ai alors compris que j'étais l'autre des autres: ils ne m'avaient rien expliqué du tout.
Bouteiller percevait très bien la situation. Ensemble, nous avons passé un long moment , peut être trois ou quatre secondes, à méditer sur la méchanceté de l'homme et sur la férocité du jeune diplômé [...]Non ce n'était pas pour moi qu'il le disait, c'était pour lui. Avoir embauché un chef de produit qui ne soit pas amateur de peinture, c'était une faute professionnelle". Le texte file, sans acrimonie ni aigreur, chacun reconnaît au passage un collègue où un chefaillon... Quelques bouffées de tendresse néanmoins dans ce recueil très équilibré où chaque texte m'a donné son content de plaisir. Un petit bonheur à s'offrir sans faute!
Prix littéraire 2006 "A la découverte d'un écrivain du Nord-Pas- de-Calais".
L'avis de Cuné
06:05 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (10)