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11/09/2008

"Les arcs-en ciel sont sourds et les trésors ont disparu."

Pour empêcher la jeune L.  de commettre le  pire, l'ange (son ange gardien ? ), utilisant une régie particulière projette devant elle des  moments clés de sont existence, qu'ils  soient joyeux ou pénibles. Simultanément s'instaure un dialogue très animé entre les  deux personnages , dialogue d'autant plus important que pour l'ange "les mots sont des tiroirs, ils dissimulent des trésors aigres et doux. Je  voudrais juste que tu apprennes à les comprendre , à déjouer leurs pièges, à passer à travers leurs apparences. Un mot  de haine, parfois c'est un cri."
Mais qu'ils sont durs  les mots  pour qualifier cette jeune  fille . Ceux de ses camarades de  classe: "La mère fait des ménages, la fille fait des saletés."ou ceux de la  mère justement "qui  n'étaient pas  des gros  mots , mais  des  mots épais. Impossible  à digérer." Toute tentative pour les utiliser avec plaisir ces mots est bientôt réprimée, ainsi pour l'institutrice de son enfance : "On ne pouvait pas parler de tout  en poésie. Le dernier poème s'appelait La Bouteille de papa."9782848652405.jpg
Les mots de tendresse, ils  sont pour l'ange "Mon ange" car "C'était peut être l'amour qui manquait. La  possibilité de croire qu'il existe."
Beaucoup  d'ellipses  et d'implicite dans Il n'y a pas  d'ange.  Anne Mulpass  laisse au lecteur le soin  de combler les  trous  du récit, de formuler clairement  ce qui est suggéré, conférant ainsi  une  forte densité à ce roman parfois oppressant.  Cependant la prose  poétique de  l'auteure nous offre quelques échappées bienvenues, quelques bouffées d'air  frais pour  échapper à ce mal être de l'adolescence si  bien dépeint. On pourrait reprocher à  ce roman son déterminisme mais  tous les  membres  de  la même fratrie ne réagissent pas  de la même manière à  ce qu'ils vivent  au sein  du huis-clos  familial. D'ailleurs les différents points devue  des protagonistes qui sont proposés permettent de relativiser ou d'éclairer d'un jour nouveau les événements.
Une oeuvre puissante et émouvante mais que je ne proposerai pas à un ado en plein désarroi.

10/09/2008

"Souvenirs doux et frais"

Pour coller à  l'actualité, j'ai offert à  Ferdinand La  rentrée  du petit Nicolas.*
Bien évidemment, je  me suis  aussi plongée  dedans et bien évidemment  j'ai adoré retrouver Nicolas, qui  répète à l'envi  "Terrible", Eudes qui donne des  coups  de poing sur le nez,  pour rire (mais pas toujours pour rire), Alceste qui mange tout le temps, Agnan, le binoclard intello  chouchou de la maîtresse , sans oublier le chien -saucisse et tous les autres.51PtrhWDVdL._SL500_AA240_.jpg
La tendresse des histoires aux chutes astucieuses de Goscinny, les dessins délicieux de Sempé, l'aspect délicatement rétro  (le petit Nicolas met de la brillantine pour dompter ses cheveux, l'arrivée de la  télévision à la maison est un événement  considérable...) font de ce volume  une réussite.

Ferdinand a tout aimé  et cette lecture a déclenché une visite à la médiathèque et à la librairie pour continuer la série !

 

 

 

 

 

*( Le seul petit Nicolas sympa que je connaisse, d'ailleurs tous les Nicolas que je connais  sont petits,est-ce un hasard ou une malédiction ?  )

 

09/09/2008

Bande de vieilles taupes

"Vestiaire de rugby",ring de boxe ? Non , Cabine commune d'essayage dans une boutique de luxe.
Sous forme de dialogues enlevés, sans une ligne  de description, Delphine  Bertholon réussit le pari de croquer sur le vif, les clientes (ou clients) et le personnel  de ce magasin de vêtements féminins.41rbCTpsPmL._SL500_AA240_.jpg
De bizarres tribus s'y croisent  le temps d'un essayage:  "Celle-qui-veut-tout-pareil-que-la- voisine", les "Princesses", celles qui ont un problème avec leur corps : elles vont perdre  deux kilos, elles n'ont jamais mis  de 40  de leur vie... Elles mettent les nerfs des vendeuses à rude épreuve , vendeuses  qui prédisent  que "Bientôt les meurtres en boutique par des vendeurs excédés vont se  généraliser(...) Un mal nécessaire, quoi !".
Unité de temps, une  semaine,  unité de lieu, la cabine, ce cadre bien précis  donne toute leur force à ces mini-drames qui  se donnent à voir.
Beaucoup d'humour (et de patience) sont nécessaire au personnel du magasin pour faire face à ces clientes , telle celle-ci  qui affirme tout de  go:"-Le mohair ça grattouille l'angora  ça  peluche la soie  c'est fragile le cachemire ça  fait des bourres et le mérinos ça rétrécit.
- Vous êtes  sûre  que vous voulez de la laine?  "
.
Néanmoins  ces cabines  ont un avantage pour certaines:  "Je  ne viens pas pour acheter. mais voir  tous ces corps  défraîchis à  côté du mien, ça me remonte le moral ! Vos  cabines communes, c'est ma cure  de jouvence!". On peut quasiment  en dire autant du roman de  Delphine Bertholon  : on en sort le  sourire aux lèvres,  toute ragaillardie !

08/09/2008

livre-aspirine ou livre= aspirine ?

Paru chez Héloïse d'ormesson, le dernier livre en date de Lucia Etxebarria n'est pourtant pas un roman.  La 4 ème de couv' nous informe que l'auteure  "nous confie  ses recettes du bonheur" et "nous explique tout simplement comment ne plus souffrir-inutilement-par amour."Rien que ça.
L'entreprise est de taille et un test préliminaire s'avère nécessaire.  L'interprétation des résultats est pleine d'humour mais aboutit -évidemment  dans trois cas sur quatre, à nous inciter à lire Je  ne souffrirai plus par amour. Le 4 ème cas nous conseille : "Fais-toi faire un  examen cytogénétique. Il se peut que tu ne sois pas humaine  à 100%."41Sil46AepL._SL500_AA240_.jpg
La bibliographie de sept  pages serrées de  références sur la  dépendance émotionnelle garantit le  sérieux de l'ouvrage. Lucia a  bien potassé la question et nous épargnera ainsi des heures de lecture. Las! arrivée  avec peine à la page 50,eje  n'avais rien gagné ,juste un mal de tête lancinant. Les robots souffriraient-ils  de céphalée ?

07/09/2008

Rébus

Elles se sont mises à deux pour m'envoyer ce très joli rébus: Mous et  Val ! Merci les filles !

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06/09/2008

Dix mille bombes

"Les bombes pleuvaient. Les  guerriers se battaient, nos ordures  s'entassaient au coin  des rues. Chats et chiens , gavés, grossissaient de jour en jour.  Les  riches en partance pour la France lâchaient leurs bêtes dans la jungle urbaine : toutous orphelins,  bichons   de luxe dressés à être propres, bassets portant prénoms français et noeud papillon rouge, caniches frisés  au pedigree impeccable, cabots chinois ou génétiquement modifoés, clébards incestueux agglutinés en bandes qui couraient les rues par dizaines, unis  sous le  commandement d'un bâtard  charismatique à  trois pattes. La meute de chiens la plus chère du monde  errait dans Beyrouth, courait sur la terre, hurlait à la lune  énorme et dévorait des montagne  de déchets à tous les coins de rue." Le décor est planté : Beyrouth durant la guerre du Liban, début des années  80, une ville d 'apocalypse où on tire en l'air pour se frayer un  passage dans les rues ou se faire  une place à la station-service.
Dans cette ville en ruines mais toujours palpitante de vie  deux amis, comme deux frères: Bassam qui rêve de partir à l'étranger et Georges qui lui se  sent attiré par la milice chrétienne et sa violence.51dkHTEzcdL._SL500_AA240_.jpg
Une  fraude  dans un casino  aux mains  de ce groupe armé va précipiter les événements et décider du destin des deux garçons...
Rawi Hage, avec De Niro's game, titre  faisant allusion au jeu de la roulette russe dans Voyage au bout  de l'enfer nous livre  un premier roman saisissant. Une  plongée dans un monde où régne la violence , violence dans laquelle certains se vautrent mais que le narrateur, Bassam,   utilise avec un certain détachement, outil nécessaire pour sauver sa peau. Bassam ne pose  pas des mots sur ses sentiments juste des actes. Il ne joue pas  au héros, il veut juste s'en  sortir et ,quand la situation devient insupportable  , il se raccroche aux mots et à des visions oniriques et poétiques,  de longs  flots inspirés qui  charrient  la  boue et les étoiles. Cette opposition donne  encore plus de force  à des scènes  qui sans quoi pourraient  être insoutenables, comme la séance de torture qu'il subit. Le récit  quant à lui est très structuré et culmine dans une séance d'explication finale qui éclaire d'un jour nouveau tout le roman.  Un style inspiré  et puissant qui m'a  fait apprécier ce qui n'est pas d'ordinaire ma tasse de thé.

Merci à Violaine  de Chez les filles et aux éditions Denoël pour cette découverte.Chezlesfilles[3].jpg

05/09/2008

séance de rattrapage

Vient de  sortir en poche  un de mes livres  préférés de l'an  dernier :51L5OaopRUL._SL500_AA240_.jpg

 

Billet ici !

04/09/2008

"Qu'ont-ils fait de toi, ma petite pierre ? "

"Pour vous" est l'agence qu'a créée Delphine, agence  discrète destinée à  satisfaire les demandes les plus  bizarroïdes en matière de relations humaines. Scandé par les rapports circonstanciés et les tarifs de ses prestations, la narratrice, créatrice et directrice de ces prestations de services  ,  égrène les récits de ses interventions, nous raconte ses débuts quasi involontaires  ainsi que son évolution- bien involontaire- au contact d'un client tout à fait particulier qui lui ouvrira, peut être, enfin, le chemin  de la compassion.411K5m8YUeL._SL500_AA240_.jpg

D'emblée, le premier chapitre  nous plonge  dans un atmosphère opressante  quand nous découvrons  jusqu' où Delphine est allée  et ce sans le moindre état d'âme.  Pas question ici d'empathie ou d 'altruisme.  Tout est question  de tarifs. Les demandes des clients :  "Il n'est rien dont nous ne fassions commerce, la vie, l'amour,  la mort."- sont dérangeantes à plus d'un titre. Comment peut-on  se sentir si seuls et  demander à  une étrangère de mimer des sentiments ? Comment  peut-on accepter de telles demandes ? Je  ne vous les  détaillerai pas , vous laissant le  soin de  les découvrir avec  peut être  le même sentiment  d'angoisse que  celui  que 'jai  éprouvé. Certes, Delphine va évoluer mais on peut se demander si elle n'a pas vraiment loupé le coche  en chossissant de se calfeutrer  dans une telle carapace, bien à l'abri des sentiments, cette absence étant "l'âme et la colonne  vertébrale de Pour vous." Un jour Delphine va ouvrir ce qu'elle appelle elle-même, la boîte de Pandore,boîte qui rappelons-le contenait les malheurs et les maladies. Seule était restée l'espérance...
Un roman dérangeant où l'on retrouve l'écriture souple et délicate de Dominique Mainard. Un roman qui nous invite à une réflexion sur  notre  société et sur les rapports humains, nous offrant au passage une galerie de personnages plus vrais que nature.

03/09/2008

"C'est la vie qui vous tombe dessus."

Un enfant et son père , sans oublier le chien, crapahutent dans les gorges.Il ne  se passe presque rien, sauf la vie qui passe, les senteurs, la lumière, les sensations : "Je n'ai  jamais  autant savouré  cette chaleur." Puis tout s'accélère, Tom va devenir grand frère un peu plus tôt que prévu...Mais le père et le fils vont partir à la rencontre du nouvel enfant "D'un drôle de pas qui prenait son temps."41AXF9K4KPL
Hanno qui  nous dit la présentation "Ne mange pas de cerises en novembre. Et dès l'automne, il n'est plus  question  de tomates. Les  tomates, c'est l'été.  Ou alors en bocaux. Quand  on sait ça, on est à moitié paré pour la vie. On empile sur l'étagère des bocaux  de mots pour passer l'hiver."  ne pouvait que m'être sympathique. Quant à son livre, Sur  le bout des doigts, imprimé ""à  tâtons" pour le compte des Editions Thierry Magnier, il faut absolument le mettre sur nos étagères pour passer l'hiver avec  des phrases telles que  celles-ci : "Chaque jour  est une  naissance.Pour  chacun.Des fois  on  a des yeux, des fois on  n'en n'a pas. Parfois c'est les mains qu'on n'a pas, d'autres fois, le coeur qu'on a en pierre." Un livre à glisser dans la poche et à chérir.

L'avis de Bellesahi que je remercie pour la découverte.

02/09/2008

"C'est une maison dont l'aspect change selon nos besoins."

Cette maison, c'est La maison  des temps rompus. Une maison comme un havre . Pour  s'y blottir, s'y reconstruire. Voici  ce que  nous découvrons  dans la  première partie du roman de  Pascale Quiviger. Puis, alors que nous étions  confortablement lovés dans  cette villa de bord de mer, nous embarquons brusquement  dans d'autres récits qui vont patiemment tisser des liens entre passé et présent,  réel et imaginaire. La maison  va se peupler de voix féminines. Des femmes qui s'aiment d'amour ou d'amitié , qui sont traversées par le flux de la vie et celui de la mort.
"J'écris pour mes femmes aimées, celles qui participent  sans bruit à la transmission de menus savoirs à propos du courage et de la lenteur des nuits,  de l'étroitesse des jours, de leur lumière.  Elles sont présentes ou absentes de  la même  manière, celle de l'eau, du lait ou de la  chouette,  celle des horloges. Chacune  existe dans un corps temporel où  peut se  glisser la naissance ou la mort qu'elle contient."

Une écriture au plus près des sensations, qui parfois m'a  rappelée  celle de Chantal Chawaf par sa poésie et sa densité.  Un livre qui reste longtemps en mémoire.

Merci à Cuné pour l'envoi.

L'avis de  Clarabel , celui  de Joëlle.

Pas de photo de la couv' ,vraiment trop moche, ce qui  est un  scandale !