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05/08/2019

Les impatients

"Une voix enthousiaste généreuse en qualificatifs dit ce qu'on voit: une femme de tête, femme d'intérieur, femme d’affaires, femme de chiffres, femme d'avenir, femme de pouvoir, femme de terrain, femme de goût. C'est fou  tout ce qu’une femme doit être pour qu'on en parle, s'étonne à cinquante kilomètres la Reine Mère assistant à la pimodiffusion, c'est moi ou on n'avance pas ? "

A trente-deux ans, Reine entame sa deuxième vie. Après avoir suivi jusqu'à présent un parcours sans faute où,  passant par une école de commerce, elle a jeté son dévolu sur un de ses professeurs, devenu un compagnon  avisé mais vaguement ennuyeux, la jeune femme choisit de délaisser le salariat et de devenir entrepreneuse.
Qu'elle ait rencontré Marin, spécialiste des algues n'y est pas pour rien, mais le jeune homme ne sera pas de l'aventure: le voilà voguant vers l'Antarctique dans la cadre d'une mission professionnelle.
Pas grave, Reine qui vit à 200 pour cent, on découvrira vers la fin du roman pourquoi, aura à ses côtés son meilleur ami, Étienne. Issu de le la classe ouvrière, le trentenaire rêve de devenir calife à la place du calife, comprendre : remplacer le PDG increvable de sa boîte.maria pourchet
Le roman de 188 pages file à toute allure, comme ses personnages, décortiquant au passage avec acuité les rouages d'un monde qui se donne l’illusion d'être sans cesse en réinvention, mais qui reste néanmoins très codé.
Combinant avec tendresse et humour, la romance et la sociologie, Les Impatients est un roman à la fois drôle et caustique qui demande une seconde lecture afin de mieux le savourer.
La narration englobant avec le "on" ou le "vous" le lecteur, le prenant souvent à témoin, fonctionne parfaitement mais nous laisse un peu frustrés: on en reprendrait bien encore un peu (beaucoup).
Gallimard 2019

Et zou sur l'étagère des indispensables !

De la même autrice:clic, clic

et reclic.

Keisha aussi est fan: clic .

29/07/2019

Dos au soleil

"Je glane dans leurs douleurs. Je comble leurs silences. Je ne porte pas la parole des survivants. Je prends la parole, la mienne, unique. Je désobéis au silence imposé tacitement."

Dos au soleil commence abruptement par nous plonger dans une période peu évoquée de l’histoire française: le retour en France des réfugiés en provenance d'Algérie en 1962. Parmi eux, les grands parents, la mère et l'oncle de Frédérique Germanaud.
Violence de l’accueil. Désorganisation, prise en charge lacunaire , voie absente, s'ajoutent au traumatisme du départ. Tout cela sera mis volontairement sous le boisseau mais " Ils portent la marque inaltérable de la perte."frédérique germanaud
Le projet de l'auteure ? "Partir , comme dans la sculpture d'un gros bloc de matériau informe. Tailler, évider, donner sens." Commence alors un travail nourri des découvertes, mais aussi des évitements, privilégiant "...les petits événements, ceux qui font la trame du quotidien" et choisissant résolument de tourner le Dos au soleil, c'est à dire de refuser "les figures de bonheur" que peut proposer l’Algérie.
Simultanément, Frédérique Germanaud entremêle son travail du récit de histoire d'amour, ce qui permet un regard extérieur éclairant son œuvre toute entière.
Un texte qui permet de s'émanciper du passé pour aller de l'avant. Une réussite tant par l'écriture, à l fois précise et poétique, infiniment sensible, que par la démarche qui sort des sentiers battus. Un livre prenant et constellé de marque-pages.

162 pages. Le Réalgar 2019.

Merci à Babelio et aux Éditions Le Réalgar.frédérique germanaud

 

13/07/2019

#KillingEve2-NoTomorrow#NetGalleyFrance

Bizarrement cet opus inclut l’épisode 1...On y poursuit la découverte de Villannelle et surtout celle d'Eve et de son mari,Niko.luke jennings
Luke Jennings sait rédiger des scènes extrêmement visuelles, voir en particulier une magistrale scène d'exfiltration qui clôture cet épisode et ne figure pas dans la série. Série qui si elle a conservé certains crimes de Villannelle s'éloigne vraiment beaucoup du roman de départ. Les deux deviennent donc deux entités  qui valent le coup d'être lu et/ou regardé.

12/07/2019

Le poids du monde est amour...en poche

"Je l'aime, je trouve très doux de le regarder et le fais comme on s'assoit devant un paysage apaisant."

En cent micro-fictions ciselées, David Thomas dresse la carte du tendre contemporaine. Du célibat de la jeunesse à la solitude subie de l'âge mûr, il narre les mille et une variations , fluctuations de l'amour et son livre peut donc se lire comme un roman, où un seul "Je" (mais à multiples facettes: homme, femme, homo, hétéro, jeune, vieux...) prend la parole, assurant ainsi la continuité et la fluidité.david thomas
La structure est donc assurée, mais pourrait tourner à la mécanique, façon Exercices de style, s'il n'insufflait autant de vie à ses personnages, variant les tonalités (tendresse parfois rugueuse, humour, poésie...). L'exercice de la nouvelle est souvent périlleux, mais David Thomas, en funambule expert, se tient toujours sur le fil, et nous réjouit le cœur.
à lire, relire, un petit bréviaire amoureux qui file sur l'étagère des indispensables !

11/07/2019

La persuasion des femmes

"Parfois, il fallait abandonner ses convictions, ou les assouplir bien plus que vous ne pensiez le faire un jour."

Greer et Cory sont "deux fusées jumelles" qui brillent par leur intelligence et semblent promis à un bel avenir. La première est issue d'une famille quelque peu marginale qui semble peu soutenir la jeune fille timide. Le second vient d'une famille d’immigrés portugais  chaleureuse et unie.
Ces millenials, qui à l'adolescence seront devenus un couple, vont partir dans deux universités différentes mais se projettent déjà dans un futur où ils pourraient mettre en pratique, via leur emploi, leurs convictions.
D'autant que Greer a fait brièvement la connaissance de Faith Frank, icône du mouvement féministe des années 70. L'admiration qu'elle voue à cette femme et aux causes qu'elle défend galvanise Greer.
Mais l'idéalisme de la jeunesse va bientôt se heurter aux aléas de l'existence et au pragmatisme de l’expérience...meg wolitzer
Roman choral, La persuasion des femmes brosse le portrait nuancé de personnages d'âges et de milieux différents et montre leur évolution, parfois par le biais de simples détails comme l'utilisation ou non d'un canapé-lit, jusqu'à la période contemporaine où est survenue "la grosse calamité" ( l’élection d'un président jamais nommé dans le roman).
Analysant avec finesse et empathie l'influence que peuvent avoir certaines personnalités sur d'autres,Meg Wolitzer nous captive tout au long de ces 434 pages , sans jamais nous perdre en route. On s’attache à tous les personnages, principaux ou secondaires, on frémit, on s'identifie et on ne cesse de souligner les remarques pertinentes  tout au long de ce roman écrit dans un style impeccable.

Et zou, sur l'étagère des indispensables.

Éditions Rue Fromentin 2019, brillamment traduit par jean Esch.

De la même autrice: clic

 

09/07/2019

#KillingEve1-CodeNameVillanelle#NetGalleyFrance

"Là où d'autres éprouvaient de la tristesse ou de l'horreur, elle ne connaissait qu'une froide sérénité."

Ayant adoré les deux premières saisons de la série Killing Eve, je me suis précipitée sur le premier épisode, qui façon Nikita de Besson, évoque l'origine, la formation et le premier crime de Villannelle au service d'une mystérieuse organisation.luke jennings
L'écriture est efficace, le rythme soutenu, il est juste dommage que cet épisode soit si court, mais il éclaire bien le parcours de l’héroïne.

Traduction de l'anglais par Amélie Foulatier

 

 

 

 

 


07/07/2019

Bloganniversaire

13 ans déjà que , rompant la torpeur estivale d'un été sans départ prévu, je me suis lancée dans la blogosphère,( un peu décrépite, voire obsolète maintenant, mais tant pis !).

Je continue vaille que vaille, grâce à vous,  à allonger mes Listes A Lire, à faire grimper mes Piles A Lire et à découvrir des romans, des autrices et des auteurs. Encore merci à vous toutes et tous !

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28/06/2019

Les soeurs Brontë...en poche

"La lecture permet de savoir où l'on veut aller, qui l’on veut devenir. Elle peut révéler, aussi, ce qu'on ne voit pas de soi-même."

 

Biographie centrée sur la fratrie  Brontë, ce document est étayé par de très (trop?) nombreuses citations et , pour ceux qui ont déjà lu sur ce thème, n'apporte pas grand chose de nouveau. laura el makki
L'écriture de Laura El Makki est discrète et n'apporte pas de souffle à cette biographie classique et efficace par ailleurs.

27/06/2019

La joie du matin...en poche

"Elle a l'air simple, et même si enfantine quelquefois. Mais il y a quelque part en elle une barre d'acier."

Pendant un an , nous allons suivre les débuts d'un bébé-couple, fraîchement marié, à la fin des années 20 dans le Midwest. Si Carl est à université, Annie, elle n'a pas eu la chance de suivre des études et a dû travailler très tôt. Les deux familles respectives ne sont évidemment pas enchantées de voir ces très jeunes gens se marier alors que Carl n'a pas encore obtenu son diplôme. Pourtant, Annie, par sa candeur et une forme d'intelligence rafraîchissante, arrive même à séduire les profs d'université qui l'autorisent à suivre des cours de littérature,en auditrice libre. Voilà donc Annie qui se lance dans l'écriture... betty smith
Écrit au début des années 60, ce roman vintage réédité par Belfond m'a laissée très partagée: autant Annie est charmante et souvent touchante, autant les regards masculins portés sur elle sont empreints de paternalisme condescendant. J'ai donc oscillé entre agacement et tendresse pour ce personnage à l'orée de sa vie.

Traduit de l’anglais (E-U) par Gisèle Bernier

26/06/2019

L'heure d'or...en poche

"La vie ne dépend peut être pas de toutes les décisions qu'on prend. Il y a tout un monde autour de nous. Nous nous faisons pousser, bousculer, que nous le voulions ou non. Nous sommes peut être comme des feuilles qui virevoltent au gré du vent. Nous allons là où on nous envoie."

Un été chaud dans le Sud de l'Angleterre (on ne ricane pas), un paysage champêtre et un couple de quinquagénaires, Henry et Laura, qui décide d'organiser un dîner samedi en huit pour réunir voisins et amis. Les invitations sont lancées mais les remous, les interrogations et les remises en question des uns et des autres vont peut être faire capoter l'harmonie dont rêve Laura.william nicholson
Comme dans les précédents romans de William Nicholson, nous trouvons une galerie de portraits plus vrais que nature,(de l'adolescente qui s’amourache d'un garçon fascinant ,mais sans doute nocif , à la trentenaire  qui freine des quatre fers à l'idée de s'engager, en passant par le sexagénaire qui veut  changer de vie) mais toujours emplis de bienveillance.
Les rebondissements de l'intrigue sont plus liés à l'évolution psychologique des personnages et elle se fait tout en finesse. Ainsi on sent que l'auteur a autant de compassion pour la vieille mère tyrannique que pour la fille tyrannisée et il parvient à nous brosser de l'une comme l'autre des portraits nuancés. Quant au scénariste ulcéré qui découvre inopinément que son scénario est retravaillé par un autre, la confrontation avec son rival prendra une tournure beaucoup plus enrichissante que prévue.
Tous nous deviennent proches et l'on se sent plein de gratitude à l'idée d'avoir partagé ce repas. Un bon gros roman confortable comme on les adore  !