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31/08/2011

Lila, Lila

"Si ce qui les avait réunis provoquait leur désunion ? "

Pour conquérir la belle qui ne regarde pas le simple garçon de café qu'il est, David Kern, grâce à un manuscrit opportunément découvert, se glisse dans la peau d'un écrivain. Bien évidemment la situation va bientôt devenir problématique ,et ce à plus d'un titre, car on ne s'improvise pas romancier !martin suter,mode d'emploi pour devenir écrivain
Beaucoup d'humour dans ce Lila, Lila où Suter brosse le portrait de tous ceux qui gravitent dans le monde du livre et un suspense qui se résoudra, comme souvent chez cet auteur par une cabriole finale  !
Un bon moment de lecture avec une mention spéciale pour une "mouche du coche" plus vraie que nature !

30/08/2011

Un jardin dans les Appalaches

"J'aimerais pouvoir raconter de situations dramatiques, des contes à glacer le sang de familles réduites à ronger les lanières de leur birkenstocks."

Conscients de l'étendue du problème que représente le "simple " fait de manger, l'ognorance crasse de la plupart des gens concernant les produits agricoles , des dégâts occasionnés par l'agrobussiness aux États-Unis et dans le monde, Barbara Kingsolver, son scientifique de mari et leurs deux filles se osnt installés dans les Appalaches pour vivre pendant un an une expérience de locavores.barbara kingsolver
Locavores, késaco ?  cela signifie tout simplement ne consommer que des aliments produits par leurs soins ou par des producteurs locaux, distant au maximum d'une heure de route.
Récit à plusieurs voix de cette expérience, Un jardin dans les Appalaches n'est ni un mode d'emploi ni un plaidoyer (meêm si les interventions de Steven L. Hoop, l'époux sont fort bien argumentées.), ni un moyen de culpabiliser le lecteur en le confrontant à un exemple parfait.
Non, c'est le récit plein d'humour, de doutes, d'échecs et de réussites d'iune famille tout sauf modèle qui nous montre, sans chichis, mais recettes de cuisine à l'appui, que oui, c'est possible de savoir ce que l'on mange, même en hiver.

Un jardin dans les Appalaches Rivages 2008 (oh my goness, depuis tout ce temps dans ma PAL ) et depuis sorti en poche, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Claire Buchbinder, 496 pages revigorantes !

Ptitlapin,je ne  retrouve plus ton billet !:(

06:00 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : barbara kingsolver

29/08/2011

Skoda

 

Seuls survivants d'un raid aérien, un jeune soldat et, à l'intérieur d'une Skoda, un bébé. Le jeune homme, sans même connaître le sexe de l'enfant le baptise de la marque de l'automobile et l'emporte avec lui.
Dans un pays jamais nommé, car cela pourrait se passer n'importe où ,commence alors une traversée d'un monde en guerre , un univers où la vie et la mort sont étroitement entremêlées.
L'apprenti-père rencontrera toutes sortes de gens, et les femmes ne seront pas les moins courageuses ni les moins généreuses, connaîtra des expériences d'une violence extrême , contrebalancées par quelques moments de grâce.olivier sillig
Un roman d'une grande économie de moyens, qui se lit quasiment en apnée. Un thème qui n'entraîne pas d'emblée l'adhésion mais un roman d'une force redoutable.

Skoda, Olivier Sillig, Buchet-Chastel, 102 pages denses.

 

Merci à Antigone de m'avoir si gentiment forcé la main !:)

Stéphie a aussi été conquise !

28/08/2011

Sukkwand Island...en poche

"Il savait que son père s'infligeait cela tout seul. »

 Un homme et son fils de 13 ans, seuls sur une île sauvage au Sud de l'Alaska, difficilement accessible. Viennent en tête du lecteur les notions de « pionnier », de "conquête du territoire ", liées à l'histoire des Etats-Unis, mais d'emblée l'auteur instaure une atmosphère lourde de « bourbier ». Il ne s'agit donc pas ici de « robinsonner » en toute sécurité mais , pour le père, à défaut d'arriver à maîtriser sa vie et ses pulsions, de réussir à assurer sa survie et celle de son fils, Roy, ainsi que de restaurer une relation père/fils pour le moins défaillante. Très vite le lecteur se rend compte que le plus mature des deux n'est pas forcément le plus âgé et son coeur bat la chamade en tournant les pages ...jusqu'à la fin de la première partie qui arrive comme un uppercut et le laisse groggy. Magistral.david vann
La suite du récit est une plongée hallucinante dans un esprit malade, alternant auto apitoiement et déni de la réalité. On sort de là estomaqué par ce premier roman de David Vann , au style tout en retenue et qui montre une maîtrise totale de la narration .

27/08/2011

Ce que je sais de Vera Candida...en poche

"Ne te prends pas pour un tremblement de terre."

Est-il  besoin encore de résumer l'histoire  de ces trois générations de femmes, chacune d'elles enfantant sans pouvoir révéler le  nom du père ? Si ces personnages sont hauts en couleurs,  le lieu dans lequel se déroule l'action est tout autant remarquable: une île, Vatapuna, où se dresse un rêve inachevé de véroniqNe  te prends pas pour un tremblement de terre."  Est-il  besoin encore de résumer l'histoire  de ces trois générations de femmes, chacune d'elles enfantant sans pouvoir révéler le  nom du père ? Si ces personnages sont hauts en couleurs,  le lieu dans lequel se déroule l'action est tout autant remarquable: une île, Vatapuna, où se dresse un rêve inachevé de marbre,  au sommet d'un immense escalier,  comme une  pyramide maya  menant à un autel sacrificiel...51tR27Kpz-L._SL500_AA240_.jpg Seule  Vera Candida brisera la fatalité et osera rejoindre le continent,quelque part en Amérique du Sud, devinons-nous. Là, elle rencontrera une sorte de chevalier blanc qui tentera  d'apprivoiser celle qui se donne  des allures d'amazone.On craint le pire en commençant ce  roman:  l'exotisme de pacotille, les grosses  coutures du conte annoncé,  mais  Véronique Ovaldé s'empare  avec jubilation de son décor  tropical et de sa faune pour mieux explorer "les  territoires du secret et de la dissimulation dont elle  [connaît] bien les contours et les lois.", à l'instar de son héroïne.Ses personnages ne sont jamais caricaturaux et on s'immerge avec bonheur dans ce récit qui  brasse à la fois le réalisme (la condition faite aux femmes) et le  fantastique qui se vit  ici d'une manière tout à fait anodine. On s'attache à ces heroïnes tour à tour victimes et rebelles  et on ne peut plus les lâcher. un enchantement au sens fort du terme.ue ovaldémarbre,  au sommet d'un immense escalier,  comme une  pyramide maya  menant à un autel sacrificiel...
Seule  Vera Candida brisera la fatalité et osera rejoindre le continent,quelque part en Amérique du Sud, devinons-nous. Là, elle rencontrera une sorte de chevalier blanc qui tentera  d'apprivoiser celle qui se donne  des allures d'amazone.On craint le pire en commençant ce  roman:  l'exotisme de pacotille, les grosses  coutures du conte annoncé,  mais  Véronique Ovaldé s'empare  avec jubilation de son décor  tropical et de sa faune pour mieux explorer "les  territoires du secret et de la dissimulation dont elle  [connaît] bien les contours et les lois.", à l'instar de son héroïne.Ses personnages ne sont jamais caricaturaux et on s'immerge avec bonheur dans ce récit qui  brasse à la fois le réalisme (la condition faite aux femmes) et le  fantastique qui se vit  ici d'une manière tout à fait anodine. On s'attache à ces heroïnes tour à tour victimes et rebelles  et on ne peut plus les lâcher. un enchantement au sens fort du terme.

26/08/2011

Un avenir

"Quittez cet endroit, me direz-vous , mais j'ai laissé passer le moment où c'était encore possible, a dit la femme, dans la plupart des cas, nous laissons passer ce moment."

Paul, malgré un "rhume colossal" parcourt les 300 kilomètres le séparant de la demeure familiale, pour vérifier  qu'un robinet a bien été purgé. C'est en effet le prétexte qu'a trouvé son frère Odd- qui lui a annoncé par courrier qu'il disparaissait pour un certain temps- pour le faire revenir à la maison .
Bientôt la neige va bloquer Paul qui aura ainsi tout le loisir de revenir sur son passé et de reconstituer progressivement l'histoire de sa famille, une famille haute en couleurs !véronique bizot
"Cascade narrative" annonce la quatrième de couverture et c'est tout à fait cela. On se retrouve embarqué dans un récit où les identités se constituent par petites touches, souvent par paires qu'on devine potentiellement interchangeables, où les destins se jouent à peu de choses, évoluent de manière surprenante et où les lieux et les moyens de transport (parfois saugrenus) jouent un rôle essentiel ...La boucle sera bouclée mais nous serons entre temps passés des paysages alpestres enneigés aux terrasses monégasques sans oublier un petit détour par la Malaisie.
Il faut accepter de perdre ses repères pour embarquer dans le récit de Paul et le laisser décanter pour mieux le savourer.

Un avenir, Véronique Bizot, Actes Sud 2011, 104 pages déroutantes et savoureuses.

L'avis de Mélopée

25/08/2011

Eux sur la photo

"Il est tentant d'en rester là et de ne retenir que l'image idéale d'un couple sous une tonnelle."

Une seule photo, voici l'unique souvenir que possède Hélène de sa mère, morte alors qu'elle avait trois ans. Faisant paraître une petite annonce dans un quotidien, elle a la surprise de recevoir une réponse : Stéphane a reconnu son père.
Commence alors une enquête croisée et un échange épistolaire qui, scandés par des descriptions particulièrement réussies de photos (on sent que l'auteure s'est régalée !) mettent à jour une histoire d'amour , voire peut être deux car les sentiments,d' Hélène et Stéphane vont évoluer au gré de leurs découvertes.hélène gestern
Une trame narrative solide,pleine de rebondisesments, on s'inquiète, on sourit, des personnages et des ambiances sensibles et bien campées, une écriture fluide , souvent teintée d'humour et de tendresse font de ce premier roman une réussite ! Hélène Gestern dépoussière le thème du secret de famille et de ses conséquences sur les descendants de manière sensible et originale. On aurait même envie de croire que cette histoire est vraie !
Un de mes coups de coeur de cette rentrée !

Eux sur la photo, Hélène Gestern, Arléa 2011, 274 pages sensibles.

24/08/2011

Courir

"L'Emile du marathon, lui, court dans la plus totale sérénité, sans la moindre souffrance apparente."

Haruki Murakami- dont j'adore par ailleurs les romans même si je n'arrive jamais à rédiger un billet dessus- dans son Autoportrait en coureur de fond ne nous épargne aucune précision technique, aucune douleur, aucun détail technique. Pff. Tout pour décourager la béotienne que je suis.jean echenoz,emile zatopek
Avec cette vraie-fausse biographie d'Emile Zatopek, Jean Echenoz fait tout le contraire et adapte sa foulée à celle du coureur : sereine et faussement simple. Car, même si le coureur tchécoslovaque gesticule, grimace sur la piste , il s'épanouit dans le marathon, trouvant là sa pleine mesure. Je ne sais pas vous mais je n'ai aucun intérêt pour les athlètes qui se battent autant contre eux-mêmes que contre les autres. Et arrivent à demi-morts, sans avoir pris le moindre plaisir.Il doit y avoir de l'élégance, de la décontraction dans le geste sportif. Comme dans l'écriture d'ailleurs, même si tout cela demande énomément de travail, rien ne doit paraître, sauf le plaisir, la grâce.
Zatopek, représentant unique d'un minuscule pays face à la toute puissance soviétique est tout simplement touchant, émouvant et nous réconcilie avec le sport par son absence apparente de sophistication technique. Il est humain, profondément humain . Un coureur atypique et un texte d'une fluidité absolue, un régal !

Courir, Jean Echenoz, Editions de Minuit.

L'avis d'Amanda, de Dasola.

D'Hélène,

23/08/2011

Ru

"Mes parents nous rappellent souvent, à mes frères et à moi, qu'ils n'auront pas d'argent à nous laisser en héritage, mais je crois qu'ils nous ont déjà légué la richesse de leur mémoire, qui nous permet de saisir la beauté d'une grappe de glycine, la fragilité d'un mot, la forme de l'émerveillement. Plus encore ils nous ont offerts des pieds pour marcher jusqu'à nos rêves, jusqu'à l'infini. C'est peut être suffisant comme bagage pour continuer notre voyage par nous-mêmes. Sinon, nous  encombrerions inutilement notre trajet avec des biens à transporter, à assurer, à entretenir. (...)
Alors, j'essaie le plus possible de n'acquérir que des choses qui ne dépassent pas les limites de mon corps."

Une forme éclatée - des textes courts- pour dire l'exil forcé dans le ventre dun bateau ,l'internement dans un camp de réfugiés en Malaisie,  les souvenirs du Viet-Nam mais aussi l'arrivée au Québec et la vie actuelle de la narratrice, autant de fragments ténus mais d'une force incroyable pour dire la volonté de survivre, de cueillir quelques fragments de bonheur dans les situations les plus difficiles.kim thùy,exil,sud-vietnam
Pas de continuité narrative ou temporelle possibles dans un monde qui n'est jamais vécu comme sûr et/ou stable mais une vie marquée par cette volonté de rêve auquel se fier pour avancer. L'adaptation tragi-comique aux coutumes québécoises, l'attachement à l'odeur d'un assouplissant, autant de manières sensibles de se maintenir en équilibre et d'aller de l'avant, vers l'épure.
Un texte qui évite tout pathos -ce que je craignais le plus-et qui en 143 petites pages nous dit tout à la fois "l'écoulement de larmes , de sang, d'argent" et la berceuse que signifie son titre en vietnamien. Un petit ruisseau qui a coulé dans de nombreux blogs et qui vient de sortir en poche.

Ru, Kim Thùy, Liana Levi Piccolo.

22/08/2011

So long, Luise

"Un jour, je ferai cesser ce gourgandinage."

Qui dit testament dit en général roman bien huilé, secrets de famille, amour, haine , règlements de comptes grinçant à tous les étages.céline minard
Rien de tel chez Céline Minard . Si la narratrice- dont nous ne connaîtrons jamais la véritable identité- romancière de son état, revient bien sur son passé, éclairant pour sa compagne, Luise, des événements dont cette dernière n'avait pas perçu toutes les facettes, c'est pour mieux pulvériser tous les clichés du genre et montrer la toute puissance des mots.
En effet, par ce qu'elle appelle jactance, la narratrice arrive à produire les effets les plus divers chez ses auditeurs médusés. Effet hypnotisant du langage parfaitement manié.
De la même façon, mêlant anglais et ancien français par petites touches, convoquant gnomes, pixies et brownies dans une sorte de flot tour à tour furieux et serein, au gré des humeurs de sa narratrice, Céline Minard entraîne son lecteur dans un texte surprenant à plus d'un égard, poétique, ludique et parfois érotique, qui le laisse parfois désorienté mais épaté par tant de virtuosité (mais comment fait-elle? !!)et d'amour du langage. Mensonges , (re)création voire récréation ,car l'humour est souvent présent, sont au coeur de ce roman jubilatoire  qui est aussi un acte d'amour...On glisse d'un univers à un autre de manière imperceptible , tout ne sera pas éclairci ,mais peu importe car il faut se laisser charmer- au sens fort du terme- par cette narratrice qui fait les quatre cents coups et ne s'en laisse compter par personne, colonie de nains bûcherons ou auto-stoppeur !
Céline Minard use du langage comme une magicienne, montrant dans ce vrai-faux testament que "nous ne possédons rien, si ce n'est la puissance et, peut être le talent de recréer, allongé sous un saule dans un fauteuil articulé, ce que nous avons soit-disant déjà vécu."

So long, Luise, Céline Minard, Denoël 2011, 215 pages frappées, à déguster cul-sec !

Et zou sur l'étagère des indispensables !céline minard,bizarrement ce livre m'a fait penser à l'album Never for ever de kate b