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31/08/2016

Aux petits mots les grands remèdes

"Ma mère était une spécialiste de la culture comme arme d'élimination massive."

Alexandre, bibliothérapeuthe, a pour objectif de reconquérir Mélanie, qui vient de le quitter, et de soigner de nouveaux clients afin d'améliorer sa situation financière.
Nous le suivons donc dans cette double quête, émaillée de références romanesques, et entrons à sa suite dans des univers très différents.michaêl Uras
Baigné d'une atmosphère douce-amère, le roman de Michaël Uras se lit sans déplaisir mais ne m'a pas enthousiasmée pour autant. Peut être attendais-je un héros plus charismatique...

Éditions Préludes 2016

michaêl uras

 

30/08/2016

La fille qui cherchait son chien (et trouva l'amour)...en poche

"C'était ça, l'effet que me faisaient les promenades avec Toby- elles gommaient les faux plis de la journée."

Maggie, thérapeute pour" les personnes qui ont perdu leur compagnon à quatre pattes" officie depuis peu à San Francisco. Très vite, nous comprenons que cette psy possède quelques phobies pour le moins handicapantes, faiblesses dont elle saura néanmoins tirer parti pour aider Anya qui sillonne la ville pour retrouver son chien.meg donohue,chiens
En chemin, bien sûr, ces deux jeunes femmes rencontreront l'amuuur, romance oblige.
Bon, je me moque un tout petit peu mais j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman  chaleureux , bien écrit et qui plaira à tous les amoureux des chiens. Les personnages sont attachants, les chiens croqués à la perfection, et n'était une intrigue secondaire quelque peu tirée par les cheveux, deux métaphore lourdaudes car traduites littéralement, le bonheur serait total. Malgré ces petits bémols, je n'ai pas lésiné à coller de nombreux marque-pages tout au long  de ces 310 pages ,dévorées d'une traite. Une douceur dont il ne faut pas se priver !

La fille qui cherchait son chien (et trouva l'amour), Meg Donohue, traduit  de l'américain par Jeanne Deschamps, Mosaïc poche 2016

29/08/2016

Les vies de papier

"La littérature est mon bac à sable. J'y joue, j'y construis mes forts et mes châteaux, j'y passe un temps merveilleux. C'est le monde à l'extérieur de mon bac à sable qui me pose problème."

Quel personnage, Aaliya Saleh ! Mariée à seize ans, répudiée presque aussitôt, cette Beyrouthine a passé presque toute sa vie au milieu des livres, s'affranchissant ainsi des carcans que voulaient lui imposer sa famille et la société libanaise d'alors. Âgée de 72 ans, elle s'apprête à commencer l'année par son petit rituel de traduction en arabe d'un roman original, "ayant une voix atypique". Elle n'a pas encore arrêté son choix et revient sur son passé, ses lectures, sa famille avec une impertinence et une autodérision réjouissantes: "Moi, j'ai commencé par Crime, le roman qui me convenait.Appelez-moi Boucle d'or."
Beyrouth, où elle habite depuis toujours, est elle aussi un personnage à part entière, qu'elle dépeint avec amour et lucidité:  "Beyrouth est l'Elizabeth Taylor des villes: démentes, magnifique, vulgaire, croulante, vieillissante et toujours en plein drame."rabih alameddine
Sans s'attarder sur les années de guerre, qu'elle condense en quelques épisodes révélateurs et réflexions irrévérencieuses, elle émaille ses pensées de références littéraires et philosophiques, n"hésitant pas à interpeller les romanciers: "Chers auteurs contemporains, à cause de vous, je me sens inadaptée, car ma vie n'est pas aussi limpide et concise que vos histoires."
Le processus de la traduction est lui aussi interrogé de manière pour le moins originale.
On entre de plain-pied dans l'univers de cette femme et on passe un  moment formidable en compagnie d'Aalyia et de ses voisines,elles aussi hautes en couleurs,  tout au long de ces 304 pages !

 Les vies de papierde Rabih ALAMEDDINE , traduit de l'anglais par Nicolas RICHARD, Les Escales 2016.rabih alameddine

28/08/2016

Et tu n'es pas revenu...en poche

"Survivre vous rend insupportables les larmes des autres. On pourrait s'y noyer."

Quand elle est arrêtée, à quinze ans, son père lui dit :"Toi, tu reviendras peut être parce que tu es jeune, moi je ne reviendrais pas."marceline loridan-ivens, judith perrignon
Cette prophétie s'accomplira . Marceline pourra brièvement ,et au risque de sa vie, revoir son père , envoyé à Auschwitz, tandis qu'elle est déportée à Birkenau et elle recevra un billet de lui. Ce billet, il a disparu dans la tourmente, les mots se sont effacés de sa mémoire mais pas le fait qu'il ait signé de son   prénom juif, alors qu'il se voulait français.
Des décennies plus tard, Marceline répond à ce billet, remonte le cours du temps et brosse, à grands traits parfois, des pans de sa vie.
La survie au camp, le retour, la chape de plomb qui pèse sur les survivants, la mère qui veut juste savoir si elle n'a pas été violée et ,par dessus tout, cet amour de la fille pour son père ,font de ce récit tendu comme un arc ,une lecture âpre et nécessaire. Il y a dans ce texte une sourde énergie. Le temps n'a pu balayer les émotions et on sent Marceline Loridan-Ivens à fleur de peau tout au long de ce texte.

27/08/2016

Sans voix...en poche

"Et elle se demanda pourquoi un livre devrait remporter ce foutu prix auquel elle participait à moins d'avoir une chance de faire comme la pièce de Shakespeare à l'instant : revenir à la mémoire d'une personne lorsqu'elle voulait pleurer mais n'y arrivait pas , ou voulait réfléchir mais ne réussissait pas à penser clairement, ou voulait rire mais ne voyait aucun motif de gaieté."

 

Bienvenue dans l'univers absurde d’attribution des prix littéraires anglais ! Là, tout n'est que chaos et tractations, passe-droits, égos surdimensionnés et discours amphigouriques. On y croisera un livre de cuisine indienne promu au grade de roman, un ou deux plagiats, des romans écossais  sans oublier tout le monde de l'édition et des auteurs , plus vrais que nature !9782253098805-001-T.jpeg
Ce roman débridé cavale à toute allure , multipliant les coups de griffes mais avec une certaine tendresse  au demeurant pour ceux qui défendent, malgré tout, cet univers du livre. Une satire qui, bien évidemment, ne pourrait s'appliquer au monde des lettres françaises

26/08/2016

Un travail comme un autre

"S'il avait changé le cours de sa vie, puisant sa force en sa femme et en son fils plutôt qu'en du courant électrique, alors son passé aurait fini par se taire complètement [...]"

Alabama, années 20. Roscoe T Martin a épousé Marie qui ne vit que pour sa ferme. Lui, son univers c'est l’électricité et, pour concilier ces deux univers antagonistes et sauver la propriété, Roscoe va détourner du courant électrique, sans en parler à son épouse.virginia reeves
Malheureusement, ce branchement sauvage va coûter la vie à un employé de la compagnie officielle. Dans sa chute Roscoe entraînera Moa, l'employé Noir qui l'a aidé.
Placé sous le signe du secret, le premier roman de Virginia Reeves nous dépeint avec force et âpreté l'univers carcéral ,où les détenus Noirs connaissent un sort encore plus affreux que les Blancs, vendus à des compagnies minières par L’État. C'est aussi le lent délitement d'un couple, où les fissures deviennent des gouffres et où l'épouse a, par ses choix et son attitude, sa "cellule d'isolement qu'elle s'était fabriquée elle-même" alors que son époux parvient à faire survivre un peu d'humanité, même dans les moments les plus sombres.
Un premier roman saisissant et fort.

Un travail comme un autre, Virginia reeves, Stock 2016, traduit de l'anglais (E-U) par Carine Chichereau.

virginia reeves"s'il avait changé le cours de sa vie,alors son apssé aurait fini par se taire [...]",puisant sa force en sa femme et en son fils plutôt qu'en du cour

 

 

25/08/2016

M pour Mabel

"L'autour était un feu qui dévorait ma douleur. Il ne pouvait y avoir en elle ni regrets ni deuil. Ni passé ni avenir. Elle ne vivait que dans l'instant présent et c'était mon refuge."

à la mort subite ,et d'autant plus douloureuse, de son père Helen Macdonald plonge sans s'en rendre compte dans la dépression.helen mc donald,autour,deuil
Passionnée depuis l'enfance par la fauconnerie, elle décide alors d'apprivoiser un autour, rapace particulièrement rétif, qui ne l'avais jamais attirée auparavant. Mais le monde a changé et elle aussi.
Commence alors la quête de l'oiseau, puis un enfermement chez elle pour habituer petit à petit l'oiseau à son nouvel environnement. Et là un phénomène étrange survient :"à mesure que Mabel s'apprivoisait, je devenais sauvage." Une transformation "sous l'effet du deuil, du dressage et d'une dépossession de" moi-même." dont l'auteure finira par prendre conscience  qu'il est nocif mais qu'elle a ressenti comme nécessaire et bénéfique. Étape après étape nous suivons donc l'éducation de cet oiseau et le retour vers les humains, la disparition de la terreur de Helen Mc Donald.
Écrit plusieurs années après les événements, M pour Mabel est un récit émouvant mais avec le recul nécessaire pour que l'auteure analyse avec lucidité les états par lesquels elle est passée. Son écriture, précise et parfois poétique, nous fait partager de très beaux moments comme la rencontre avec celle qu'elle va appeler Mabel, ses balades dans la campagne et toute la gamme d’émotions par laquelle elle passe. Un récit lumineux et constellé de marque-pages ! Un grand coup de cœur !

M pour Mabel,Helen Macdonald, traduit de l’anglais par Marie-Anne de Béru, Fleuve 2016, 400 pages addictives.

helen macdonald,autour,deuil

 

24/08/2016

Station eleven

"Ce qui a été perdu lors du cataclysme: presque tout, presque tous. Mais il reste encore tant de beauté: le crépuscule dans ce monde transformé, une représentation du Songe d'une nuit d'été sur un parking, dans la localité mystérieusement baptisée St Deborah by the Water, avec le lac Michigan qui brille à cinq cents mètres de là."

 Un acteur s'effondre sur scène en pleine représentation du Roi Lear, à Toronto. Le point de bascule vers un monde qui ne sera peut être plus jamais le même. En effet, une pandémie ravage le globe et, en très peu de temps, la civilisation s'effondre.
Récit post-apocalyptique, Station Eleven se concentre surtout sur la volonté d'une poignée d'hommes et de femmes de faire perdurer l'art et la culture, en jouant du Shakespeare ou du Beethoven. Cette compagnie itinérante, qui se déplace dans la région des Grands Lacs ,est ainsi à même de constater les changements qui s'opèrent au fil du temps. Si la violence est présente, elle n'est jamais centrale, l'auteure préférant souvent la suggérer et se pencher plutôt sur la manière dont certains s'autoproclament prophète , pour mieux abuser de la crédulité des autres.emily st. john mandel
C'est un sacré défi que s'est lancé Emily St John Mandel, choisissant d'entrelacer- de main de maître- les destins de différents personnages, sur des décennies ,sans jamais nous perdre en route. Le souvenir est en effet un thème qui court tout au long de ce roman, l'humanité se scindant en deux groupes: ceux qui se souviennent des objets et de la société d'avant et les autres. Faisant le lien entre les deux, comme un fil rouge tout au long du texte, cette BD qui donne son titre au roman et un musée,fabuleux ou réel.
Je n'attendais pas Emily St John Mandel dans ce type de texte et c'est sur la seule foi de son nom que j'ai lu ce roman qui m'a emballée. Étant une petite nature- je n'ai toujours pas ouvert La route- j'avançais avec précautions, les récits post-apocalyptiques faisant en général la part belle à la violence. Tel n'est pas le cas ici où se donnent surtout à lire des émotions, par le biais de personnages qui nous deviennent vite familiers, dont les préoccupations pourraient être les nôtres. Un grand coup de coeur !

D'Emily St John Mandel : clic

Station Eleven, Emily St John Mandel, traduit de l'anglais (Canada) par Gérard de Chergé, Rivages 2016, 475 pages captivantes.

23/08/2016

Nos premiers jours

"[...]quelque chose était né à partir de rien-une vieilljane smileye maison se retrouvait remplie, ne serait-ce que pour une soirée, de vingt-trois univers différents, dont chacun était riche et mystérieux."

De 1920 à 1953, nous suivons la vie d'une famille , les Langdon, et plus précisément le jeune couple formé par Walter et Rosanna qui veulent s'installer à leur compte ,dans leur propre ferme, en Iowa.
Aléas climatiques, drames familiaux, mais aussi crise économique et conflit mondial , tels sont les écueils auxquels ils seront confrontés.
Nous verrons évoluer les différents membres de cette famille, peints dans leur vie quotidienne, au plus près de leurs sensations et de leurs sentiments et tous, personnages principaux ou secondaires , nous deviendront proches, sans que jamais le lecteur ne se perde parmi eux. Jane Smiley parvient même à deux reprises à se glisser dans la peau de très jeunes enfants et rend compte de leurs perceptions d'une manière troublante.
Évolution des pratiques agricoles, changements des mentalités, les différentes générations présentes dans cette saga y font face chacune à leur rythme et leur manière. Des caractères forts sortent du lot et on a hâte de les retrouver dans les autres volets de cette trilogie.
Quel plaisir de retrouver Jane Smiley que j'avais découverte dans les années 80 !Si les sagas ne sont pas vraiment ma tasse de thé, c'est sur la seule foi de son nom que j'ai lu, puis dévoré Nos premiers jours. Un très grand plaisir de lecture !

Nos premiers jours, Jane Smiley, excellemment traduit de l’anglais (E-U) par Carine Chichereau, Rivages 2016, 587 pages qui se tournent toutes seules!

22/08/2016

Sauf quand on les aime...en poche

"- [...]Ce qui est beau  n'est pas fait pour durer, il faut sans cesse le ressusciter."

Le roman commence par une scène très forte ,et malheureusement banale: une agression verbale par un mec "lourd" qui s'en prend à une jeune femme noire. Les autres passagers du wagon sont "devenus transparents". Tisha ne devra son salut qu'à une femme qui prend la peine d'écouter l'agresseur et de détourner son attention.frédérique martin
Claire, elle aussi présente ,n'a pas osé intervenir mais les circonstances feront qu'elle invitera Tisha dans l’appartement qu'elle partage en colocation avec son amie Juliette et son pote Kader. Des jeunes gens d’aujourd’hui qui naviguent de petits boulots en CDD, loin de leur formation initiale et de leurs espoirs. à côté d'eux, vivant dans une "solitude radicale", un vieil homme qui se prend à rêver en écoutant le violoncelle de Claire.
Sans angélisme ni voyeurisme, Frédérique Martin brosse le portrait d'une jeunesse souvent meurtrie, évoluant dans un univers urbain où le corps de la femme devient souvent celui d'une proie. Tout en nuances, ces personnages s'apostrophent, s'insultent, se déchirent mais aussi s'entraident,se réconfortent et tentent de s'aimer vaille que vaille. Toulouse compose le décor essentiel et diablement vivant de ce roman où de brèves échappées champêtres sont autant de respirations et de pauses pour Juliette et les autres.
De très beaux moments comme la perspective d'échapper à une soirée d'anniversaire en solitaire ou une dans improvisée au son du violoncelle viennent éclairer ce roman qui se termine malgré tout sur une note d'espoir, sans vouloir à toutes forces terminer par un "happy end". Un très beau moment d'émotions que cette lecture portée par l'écriture tour tour rageuse, bienveillante et sensuelle de Frédérique Martin.

De la même autrice , j'avais aussi beaucoup aimé les nouvelles de J'envisage de te vendre (j'y pense de plus en plus) clic.