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21/04/2013

Alzheimer mon amour...en poche

"Tu es devenu mon guide aveugle vers les ténèbres."

 Sans préavis, le verdict tombe et le long naufrage commence: Alzheimer s'est emparé du cerveau de Daniel. Sa femme, Cécile, ne peut se résoudre à faire le deuil d'un amour de trente ans et , coûte que coûte, elle va tenter de garder Daniel près d'elle, dans tous les sens du terme, le stimulant , allant même jusqu'à tenter de refaire leur vie, ou ce qu'il en reste, à Madagascar.
Plus qu'un témoignage sur ce fléau du XXIème siècle, Alzheimer mon amour est un roman truffé d'allusions littéraires, au style à la fois alerte et pudique, dans lequel vibrent à chaque page la puissance d'un amour et la résolution hors norme d'une femme.41tCZAMGDuL._SL500_AA300_.jpg
Mais les soignants  et les proches des malades ne sont pas oubliés pour autant, car eux aussi sont les "victimes collatérales" à des degrés divers, de cette maladie. Les mots de Daniel se font également entendre et les citations de ses poèmes trouvent une résonance étrange avec les événements  qui sont advenus.
On ne peut qu'être remué de fond en comble par ce livre qui touche à nos peurs les plus indicibles ( livre dont j'ai quasiment corné toutes les pages ). S'il fallait ne retenir qu'un phrase, peut être garderais-je celle-ci : "Notre incapacité à ne pas entrer en contact avec ces malades ne signifie pas forcément qu'ils n'ont plus de vie intérieure, de sentiments, de sensations.

20/04/2013

Espèce de savon à culotte...en poche

 

Fi des injures et des jurons bien policés ! Plongeons dans le monde truculent , pittoresque et plein de fantaisie du XVII ème siécle ! Côtoyons les poissardes, vendeuses de marée, les verdurières, marchandes de légumes, à la langue bien pendue, souvent crue et toujours follement imagée !catherine guennec
On y rencontrera une foule de dénominations pour désigner les prostituées, avec toutes les nuances du métier, des "soutireuses de savon à culotte" (courtisane de bas étage) à la "gueuse au litron" (fille de mauvaise vie"), sans oublier un"requin de terre" (huissier, parce que "l'huissier dévore tout).
J'ai beaucoup aimé aussi , "hanneton empaillé" (étourdi, niguedouille, ahuri) ou plus classique mais efficace "merdaillon" (petit puant qui veut faire l'important).
On sent le jubilation de l'auteure, férue de cette époque, à recenser, expliquer et remettre en contexte l'expression d'une pensée libre et "non corsetée". Un pur régal où piocher (sans modération ? ).

19/04/2013

L'oiseau canadèche...en poche

"-Nous refusons absolument tout ce qui sort de l'ordinaire.
Jake explosa:
- Eh ben, ça doit vous faire une petite vie bien merdeuse et salement étroite , non ? "

Un grand-père qui a collectionné les mariages (foireux), perdu quelque peu le sens des réalités et qui est persuadé d'être immortel grâce à une infâme gnôle dont un vieil Indien lui a transmis la recette , n'écoute que ses tripes et élève à sa façon totalement foutraque un petit fils qui lui est tombé du ciel.
Quant à L'oiseau canadèche qui donne son titre à ce très court texte, il a été trouvé ...dans la terre et a échappé de peu à un sanglier qui deviendra l'obsession de toute la famille, l'équivalent terrestre de la fameuse Moby Dick.jim dodge
Amoureux de l'ordre et de la vraisemblance passez votre chemin ! Pour les autres réjouissez-vous et précipitez-vous pour découvrir ces 106 pages tour à tour hilarantes (mention spéciale à la cane qui sait si bien exprimer ses sentiments !), poétiques, tendres, truculentes, qui parlent de la vie, de la mort, avec une apparente simplicité qui fait toute sa force et décrivent un univers où les gens hors-normes ont encore leur place.
Ne ratez pas non plus la savoureuse et éclairante postface de Nicolas Richard.

12/04/2013

Des adhésifs dans le monde moderne...en poche

Parfois, quand j'essaie de comprendre ce qui se passe dans le monde, je me surprends à penser à la colle."

Que Georgie utilise les adhésifs comme point de vue pour envisager le monde n'est en rien bizarre car ,d'une part elle travaille comme rédactrice pour une revue technique sur ces mêmes produits et d'autre part, elle aurait bien envie de recoller les morceaux de sa vie, son mari l'ayant quittée.marina lewycka
Heureusement pour elle, son existence un peu trop popote va prendre des allures nettement plus agitées car elle va devenir l'amie d'une vieille excentrique vivant dans une immense maison en compagnie d'une floppée de chats . Entre séjours à l'hôpital, assistante sociale fouineuse, agents immobiliers sexys mais peut être véreux, entrepreneurs branquignols et souvenirs intriguants, Georgie aura fort à faire...
Bon sang que ce roman est jouissif ! Les personnages, y compris les chats sont croqués à ravir, l'héroïne est dotée d'un sens de l'humour à toute épreuve,( y compris quand elle joue les dépravées) on ne s'ennuie pas une minute, l'écriture est alerte, le rythme soutenu , tous les ingrédient sont réunis pour passer un excellent moment y compris quand on est passagèrement victime d'une panne de lecture !

Un roman bourré de vitamines !

07/04/2013

Tu ne verras plus...en poche

Envie d'une petite balade à Toulouse? alors suivons les traces Félix Dutrey , un flic pas comme les autres , tour à tour sombre et plein d'humour, entouré par une belle bande de frappadingues qui pratiquent leur métier avec une once  de dérision pour ne pas se laisser bouffer par la cruauté d'un monde où on peut tuer à cause d'un pot de moutarde, un monde où les animaux et les plantes ont de moins en moins de place.
Le cycle de Félix Dutrey est en effet placé par Pascal Dessaint sous le signe  de la nature car l'auteur est très concerné  par les problèmes environnementaux. Très présents dans le  roman polyphonique Mourir n'est pas la pire des choses, ils le sont un peu moins dans les deux  suivants :Loin des humains, au rythme plus lent mais qui creuse davantage la psychologie des personnages et les liens qui les lient. On les retrouve enfin dans Tu ne verras plus où la mort d'un taxidermiste nous entraînera dans un drôle  d'univers où  l'on trouve des poissons sous les jupes des touristes.pacal dessaint
Dessaint évoque également au passage les dégâts causés par la catastrophe AZF car à se  préoccuper des problèmes de la nature on ne peut pour autant pas faire abstraction de ceux des hommes, leur destin étant liés.
Une  belle promenade en compagnie  d'un petit Paul mangeur de fleurs

06/04/2013

Un bûcher sous la neige...en poche

"De nos jours, qui prend le temps de soigner son âme ? "

"Gueuse", "malfaisante"mais aussi et surtout "sorcière" voilà quelques uns des mots qui stigmatisent Corrag, jeune fille qui s'apprête à subir l'ordalie par le feu au coeur de l'Ecosse du XVIIème siècle.susan fletcher
Quel crime at-elle commis ? Aucun, hormis le fait d'avoir soigné par des plantes . Aucun , si ce n'est d'avoir vécu en dehors de la compagnie des hommes, solitaire et sauvage, les cheveux pleins de papillons et de toiles d'araignées, accordant son attention aux endroits, aux animaux sauvages, au moindre frémissement de la nature dans laquelle elle vit en osmose.
Elle a été aussi témoin d'un massacre et c'est à ce titre que le Révérend Charles Leslie l'interroge dans la prison où Corrag guette la fin de l'hiver , la saison dont elle se sent la plus proche, fin de l'hiver qui verra s'enflammer le bûcher que l'on construit pour elle.
Au fur et à mesure du dialogue qui s'instaure, nous verrons une réelle communication s'établir entre Corrag et le Révérend. Car si la jeune fille connaît les plantes et leurs bienfaits, elle a aussi le don de transmettre sa vision du monde, faisant fi des luttes intestines qui opposent les Hommes dans cette période troublée de l'Histoire.
Le bûcher sous la neige est un roman où couve la braise, celle des sentiments de Corrag, analysés avec finesse et sensibilité par Susan Fletcher. C'est aussi un texte qui fait la part belle à la Nature en général et aux plantes en particulier, ces plantes dont les vertus inaugurent chaque chapitre.
Un roman qui s'inscrit dans la réalité historique d'une époque mais qui la dépasse aussi car la façon qu'a Corrag de se réjouir du gonflement d'un bourgeon ou de l'apparition d'un cerf pourrait être la nôtre. Un rythme un peu lent parfois mais un magnifique portrait de femme , une femme libre, malgré tout, ce qui réjouit le coeur du lecteur. La dimension historique, qui n'est pas vraiment ma tasse de thé, fait que j'ai moins été convaincue par ce roman que par les précédents.

05/04/2013

La cote 400 ...en poche

"La pire, c'est l'angoisse de la fantaisie."

Une bibliothécaire , comme une petite souris, recluse- ou presque -dans un sous-sol où seuls des étudiants viennent la déranger ,découvre un jour un malheureux lecteur qui s'est endormi dans son domaine.
Elle va alors l'abreuver d'un soliloque fleuve, ressassant ses idées fixes et son parcours de célibataire ayant fait un trait sur l'amour mais qui ne peut s'empêcher de rêver sur la nuque du beau Martin, un étudiant bien plus jeune qu'elle...sophie divry
Pas de paragraphes, pas d'échappées possibles, le lecteur est lui aussi captif de cette situation de communication perturbée où s'exprime un seul personnage, engoncé dans ses névroses et ses angoisses qui s'échauffe petit à petit avant de retomber comme un soufflé dans sa petite vie , son "combat homérique" pour rêver encore un peu à la venue de Martin.
Tour à tour agaçante, amusante, furtivement sympathique, cette bibliothécaire rigide, à la limite du mépris parfois , a finalement emporté mon adhésion et c'est le sourire aux lèvres que j'ai terminé cette lecture à épisodes (nécessité pour moi de "souffler" face à ce bloc de 65 pages denses) , pleines d'informations et qui surtout réussit la performance de faire vivre un personnage par la seule force de ses mots. Un texte qui mériterait d'être mis en scène !

04/04/2013

Printemps...en poche

"Son envie d'alcool, elle la combat par le danger et la souffrance, par l'épuisement physique."

Une explosion dans une petite ville tranquille de Suède touchée par la crise bancaire: la destruction d'un distributeur bancaire a provoqué la mort de deux fillettes et a grièvement blessé leur mère. Malin et ses collègues vont mener l'enquête mais notre policière favorite aura fort à faire aussi avec ses propres problèmes personnels. La tentation de briser son abstinence bien sûr d'autant que le secret lié à sa famille va enfin être livré au grand jour et va la bouleverser profondément. Mais aussi la solitude qui la touche de plus en plus.51FnNx3gGWL._AA160_.jpg
L'intrigue est prenante même si elle utilise de grosses ficelles et joue un peu trop sur la note glauque. L'argent est ici vilipendé de manière un peu naïve et je me suis bien plus attaché au personnage fragile de l'héroïne qu'à ces réflexions intempestives et ma foi, plutôt inutiles
Ce Printemps sera-t-il l'occasion d'une renaissance pour Malin ? En tout cas il clot de manière satisfaisante la tétralogie des saisons. Que je croyais ! En effet, sort aujourd'hui La cinquième saison...

09/03/2013

Le chapeau de Mitterrand ...en poche

Il avait triomphé de tous les obstacles, à la manière des héros de contes , qui traversent  royaumes, rivières, forêts et montagnes à la recherche d'une pomme d'or ou d'une pierre magique qui leur apportera la puissance et la gloire, ou tout simplement le sentiment du défi relevé."

Daniel Mercier, comptable,  s'approprie le chapeau du Président de la République que ce dernier a oublié dans un restaurant où leurs tables étaient voisines. Dès lors, hasard ou puissance de la projection qu'il fait sur cet emblème de pouvoir, la vie de ce français modeste va être transformée. Mais comme dans tout conte qui se respecte, l'objet magique va passer de propriétaire en propriétaire, influant sur leurs antoine laurainexistences et permettant de brosser au passage une réjouissante rétrospective des années 80. à noter d'ailleurs que seul le premier "utilisateur" du couvre-chef est au courant de l'identité du propriétaire réel, ce qui donne encore plus de saveur à la projection qu'ils vont faire sur cet objet, l'utilisant comme un déclencheur, un levier providentiel qui vient donner une nouvelle impulsion à leurs vies.
Ah on peut dire que j'ai pris mon temps pour me décider à lire  ce roman ! J'ai traîné des pieds mais, une fois commencé, je n'ai plus lâché ce Chapeau de Mitterrand ! Une vraie fontaine de jouvence qui m'a ramenée trente ans en arrière , m'a fait sourire jusqu'à la pirouette finale qui remet en perspective tout le roman !  Une fable réjouissante et un style enlevé, que demander de plus? !

03/03/2013

Le dernier amour de George Sand...en poche

"La soumission lui est étrangère."

Que connaît-on des amours de George Sand ? Principalement ses liaisons passionnées avec Musset et Chopin. Mais face à ces deux grands artistes le graveur Alexandre Manceau pourrait faire piètre figure. Il n'en reste pas moins que cet homme jeune -il  a trente-deux ans, George, quarante-cinq- va devenir le chevalier-servant de cette femme extra-ordinaire qui, par nature, rejette le conformisme car "simplement, la contrainte extérieure n'a pas de prise sur elle. "evelyne bloch-dano
Dans Le dernier amour de George Sand, Evelyne Bloch-Dano bat en brèche les clichés qu'on attache systématiquemenyt à l'auteure de La petite Fadette : "La bonne dame de Nohant"! ces mots respirent la condescendance et ensevelissent l'artiste sous les oripeaux de la dame patronnesse" ; quant à son âge avancé -pour l'époque! - et à son prétendu manque de créativité: "La femme de quarante-six ans qui a pris ses quartiers d'automne à Nohant est un écrivain fécond, une femme pleine de vitalité !"
Nous avons donc ici une biographie passionnante, pleine d'émotion,  qui se dévore comme un roman car le texte est riche d'informations , d'empathie et d'enthousiasme et possède un style chatoyant qui emporte l'adhésion du lecteur. Ni hagiographie, l'auteure ne cache rien des difficultés qui ont opposé l'écrivaine à sa fille et les analyse avec finesse, ni tentative de "moderniser" à tout prix cette femme hors du commun , puisant avec bonheur dans la correspondance de George Sand , Evelyne Bloch-Dano rédige une somme qui fera date.