16/01/2014
Les autres, c'est rien que des sales types ...en poche
e Sale Type est protéiforme: Con, Touriste, Imbécile Heureux, Provincial, Jeune, Pauvre, Végétarien... Il rôde autour de nous, nous le côtoyons chaque jour et devons nous en accommoder quand il se présente sous la forme de Conjoint ou Commerçant.Bref, le Sale Type c'est l'Autre. Et il n'échappe pas à l'oeil acéré et à la plume alerte et élégante de Jacques Alain Bertrand qui le croque avec une jubilation de chat gourmand...Émaillant ses portraits de citations et de références culturelles jamais pesantes l'auteur nous entraîne avec bonheur dans un monde où sous une forme légère des vérités parfois acides nous sont livrées avec grâce.
En outre,un auteur qui se fait un copain poisson , brait de concert avec un âne et caracole avec les chèvres ne peut évidemment que nous être sympathique , surtout quand il termine son ouvrage par une pirouette qui lui évite de se poser en Homme Parfait ou presque...
06:00 Publié dans Humour, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : jacques a. bertrand
11/01/2014
La faille souterraine ...en poche
"Une fois que la cupidité tient les gens dans ses griffes, il n'y a plus vraiment de freins ni de limites."
Pourquoi Henning Mankell a-t-il écrit cinq antépisodes mettant en scène son policier , Wallander ? "Je le fais parce que ces récits constituent un point d'exclamation après le point final posé l'an dernier. ",explique-t-il dans la préface.
Ces cinq textes, dont deux inédits, mettent donc en scène le tout jeune Wallander faisant ses premiers pas dans la police, parfois de manière imprudente et/ou maladroite mais se fiant déjà à son intuition.
Si sa relation avec son père est ici éclairée d'un jour nouveau, je suis restée un peu sur ma faim concernant sa femme, Mona, et sa fille. Rien que du très classique et prévisible, des récits distillant un ennui léger mais persistant.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (8)
10/01/2014
Lucky girls...en poche
”Ce sont les gens qui ne savent pas être heureux qui voyagent.”
"Les Américains peuvent faire le tour du monde et rester des Américains, mener exactement la même vie qu'en Amérique sans que personne ne se demande qui ils sont , ni pourquoi ils agissent de telle ou telle manière." Certains d'entre eux, dont ces Lucky Girls dont nous entretient Nell Freudenberger dans ces nouvelles vont cependant se trouver profondément changés par leurs séjour dans différents pays d'Asie.
Chanceuses, ces héroïnes des quatre premières nouvelles le sont d'une certaine manière , car issues de milieux plutôt aisés, elles peuvent choisir de séjourner à l'étranger, sans pour autant remettre en question leur identité, ce séjour étant de durée déterminée.
Pourtant, confrontée à la mère de son amant marié, l'héroïne du premier texte s'entendra dire "Vous n'étiez pas chez vous ici.(...) Personne ne savait qui vous étiez."Elle qui ne souvient même plus du prénom de sa future belle-soeur , ne rentrera pas aux Etats-unis pour le mariage de son frère ,ne pourra désormais plus ignorer l'importance de la famille en Inde...En effet, la famille américaine , en comparaison, semble bien déliquescente puisque dans la seconde nouvelle, des parents cachent à leurs enfants au bord de l'âge adulte; qu'ils sont séparés et ne savent comment leur annoncer leur divorce. Même souci du secret dans "Le professeur particulier" où une jeune fille apprendra enfin les véritables raisons du séjour en Inde de son père. Vivre à l'étranger c'est aussi l'occasion de faire ses premières armes amoureuse ou de rééclairer d'un jour nouveau le passé. Ainsi dans mon texte préféré, "Devant la porte orientale", une quadragénaire revient sur son enfance , à la fois douloureuse et enchantée, pleine d'odeurs et de couleurs, grâce à la magie d'une mère hors-norme dans laquelle finalement elle ne peut que se retrouver...
La dernière nouvelle, quant à elle, analyse par une subtile mise en abîme le processus de la création littéraire et nous montre une fois de plus que, mine de rien, les femmes sont les plus à même de se confronter à la réalité...
Riches et pleines d'émotions, les nouvelles de Nell Freudenberger réussissent le petit miracle de nous transporter dans des univers chatoyants et subtilement désenchantés.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : nell freudenberger
27/12/2013
Cette vie ou une autre
"On peut être n'importe qui."
Lucy, tout juste majeure ,fuit un destin médiocre aux côtés de son charismatique professeur. Miles recherche depuis dix ans son jumeau à la personnalité trouble. Quant à Ryan, à l'aube de ruiner tous les espoirs de sa mère, il découvre à l'âge de quinze ans l'identité de son père biologique. Ils n'ont rien en commun mais leurs destins vont s'imbriquer implacablement.
D'univers créés en identités volées, d'argent transféré en quelques clics en liasses bien réelles, les personnages naviguent entre monde réel et virtuel. Tous les possibles semblent offerts mais la confrontation entre les deux univers s'avère souvent brutale...
Roman virtuose, tant par l’écriture que par la construction, Cette vie ou une autre nous entraîne à la suite de personnages denses aux identités fluctuantes. L'auteur se joue de la chronologie pour rendre son récit encore plus efficace et ce jusqu'à la révélation finale. Le lecteur se fait avoir en beauté et en redemande! Une œuvre magistrale et un grand coup de cœur !
Cette vie ou une autre, Dan Chaon, traduit de l'américain par Hélène Fournier (que je remercie pour cette suggestion, élément déclencheur d'un désir amorcé par le billet de Clara) ), Points Seuil.
Un auteur à découvrir pour Kathel
Le billet de Clara qui vous mènera vers plein d'avis variés.
Déniché à la médiathqèue.
06:02 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : dan chaon
07/12/2013
La belle année...en poche
""Tout gâcher, c'est ta spécialité, Tracey Charles "je me suis dit."
" -T'as de la chance de t'appeler Tracey. Toi au moins, tes parents t'ont gâtée". Pas si sûr que ça . Parce que la mère de Tracey c'est tout un poème ! Au lieu de se réjouir d'avoir une fille douée qui vient d'entrer en sixième et d'entamer, saison après saison ce qui va devenir sa Belle année , elle la tarabuste sans cesse, passe son temps à se plaindre et on se demande comment après avoir largué son premier mari, le père de la pré-adolescente, elle ait réussi à se dénicher un nouveau compagnon !
Mais Tracey ,en fille intelligente, sait s'accommoder des humeurs de sa mère, voire en tirer partie. Elle porte un regard aigu sur le monde qui l'entoure, la banlieue, mais une banlieue qui échappe à tous les clichés sans pour autant tomber dans l'angélisme (il n'est que de voir la description des cours dans le collège !). L'espace urbain joue en effet un rôle important dans ce roman, à travers les déplacements de Tracey mais aussi à travers la manière dont son père va, petit à petit le réinvestir, faisant fi de sa phobie qui le contraint à rester chez lui.
C'est en effet toute une faune haute en couleurs qui gravite autour de Tracey . Que ce soit ses parents, son beau-père japonais, sa famille ou ses amis. Tout un monde attachant qui se compose petit à petit à travers le récit de Tracey.
La Belle année c'est aussi le récit de la métamorphose à petits pas, d'une enfant dont "Les accès de violence sont le plus grand problème" , qui ne supporte pas qu'on la touche (vu la manière dont sa mère la bouscule, on comprend pourquoi...) et qui va apprendre, mine de rien, à s'ouvrir aux autres. un récit plein de fraîcheur et d'humour.
12:43 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cypora petitjean-cerf
09/11/2013
Baka !
"Elle avait toujours un faible pour les laids à sex-appeal."
Pas de duo ici mais la seule Louise Morvan, détective privée envoyée au Japon par un évêque parisien pour remettre dans le droit chemin un neveu exilé .
On se balade avec plaisir au côté de la française découvrant les charmes de la vie tokyoïte , entre temple zen et yakuzas invectiveurs (Baka signifie Idiot (e), espèce de conne"), interprète évaporée et beau gosse nippon. Du bel ouvrage qui tient ses promesses: dépaysement et suspense.
Déniché à la médiathèque.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (10)
07/11/2013
Qui touche à mon corps, je le tue
"Qui peut prendre sa douleur ? Qui peut la lui voler ? Qui peut prendre sa chair ? "
De l'aube à l'aube, dans une atmosphère teintée alternativement de jaune et de bleu, trois êtres à la limite de la vie et de la mort. En ce 29 juillet 1943, Lucie L., faute d'avoir su se déprendre du corps de sa mère, avorte, seule. Dans sa cellule de la Roquette, Marie G, faiseuse d'anges, attend son exécution. Quant à Henri D., bourreau,il n'est pas le mieux loti, quoique on en pense.
Chacun revient sur son passé, sur ce qui l'a conduit, de manière plus ou moins consciente à cette situation.
Avec une sensibilité extrême, Valentine Goby nous peint de manière à la fois poétique et charnelle ces trois corps qui, d'une certaine manière ne s'appartiennent pas vraiment. Ancrant sa fiction dans un socle historique, elle la sublime par son écriture magnifique et nous la rend d'autant plus poignante. Un titre plein d'une rage sourde et et menaçante autour duquel je tournais depuis trop longtemps. à découvrir absolument.
déniché à la médiathèque et en poche.138 pages brûlantes.
Du même auteur: clic.
le billet d’Antigone !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, rentrée 2013 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : valentine goby, corps des femmes
26/10/2013
Le jour des corneilles (enfin) en poche!
”Parnoir,enjambe ta culotte et suis-moi !”
Vous qui aimez les mots, les mots anciens, les mots qui roulent comme des cailloux, précipitez-vous sur Le jour des corneilles , de Jean-François Beauchemin !
Le père Souche et son fils (qui n'a pas d'autre identité) vivent à l'écart d'un village, en autarcie.
Le père, sorte de Géant rabelaisien, la bonhommie en moins, lit dans les étoiles, tandis que le fils voit sans souci particulier les trépassés évoluer autour de lui. Parmi ces derniers, sa mère, morte lors de sa mise au monde.
Le père rudoie le fils qui supporte sans broncher les crises de folie paternelles, espérant toujours recevoir une preuve d'amour, cet amour dont il est assoiffé.
En 150 pages, Beauchemin crée des personnages inoubliables,un univers dense et rude où la vie et la mort se mélangent sans cesse. En effet, pour le premier repas de son fils, le père lui donne du lait provenant d'un cadavre de hérisson femelle."ce fut ma première pitance sur le domaine de la Terre : le lait d'une b^te morte achevée par Père. Ce fut par même occasion ma première rencontre véritable avec la mort, véritable en ce que j'en fus pénétré, puis nourri. Toute ma vie , cela devait me rester inscrit au ventre: par là le trépas avait tracé sa sente en ma personne; comme mots se formant et s'alignant sur la page." Surprenant et fort.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : jean-françois beauchemin
19/10/2013
L'expert...en poche
"Les aigles ne sont pas des ornithologues."
Suite des aventures de Jonathan Hemlock, L'expert reprend un peu le schéma de La sanction: Même départ avec le personnage trop sûr de lui, même intervention féminine (justifiée par une ressort dramatique que je ne révèlerai pas), mais la tonalité est encore plus sombre et la faille s'agrandit dans l'âme d'Hemlock. Côté humour, nous avons aussi droit à un hilarant dialogue-promenade mettant aux prises le héros avec la campagne anglaise.
Mais cette fois nous gravitons à la fois dans le monde de l'art , celui de l'espionnage et des milieux interlopes et les épreuves rencontrée par notre héros seront encore plus physiques et originales que dans La sanction. Une petite baisse de régime (plus d'effet de surprise) mais un excellent moment cependant.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : trevanian
18/10/2013
Dernière nuit à Montréal...en poche
"- Je ne suis pas sûre de savoir comment rester, dit Lilia."
Toute sa vie, ou presque ,Lilia aura été suivie. Enlevée à sept ans par son père, elle va connaître jusqu'à l'adolescence une longue cavale qui lui donnera pour toujours le goût de partir.
Au début du roman, elle quitte Eli, un étudiant new-yorkais fasciné par les langues, qui n'arrive pas à s'"immerger dans le monde". Contacté par Michaela, qui se rêvait funambule, pour perpétuer la tradition familiale, ce dernier part pour Montréal où se dévoileront tous les secrets de la vie de Lilia.
Hypnotique et fascinant, ce roman, présenté comme une thriller, brouille toutes les frontières. Les personnages sont à multiples facettes et se dévoilent peu à peu dans une construction narrative éclatée qui , pourtant, n'égare pas le lecteur. Le rythme est lent, mais jamais languissant et l'on se plaît à faire durer la lecture de ce roman poétique , superbement écrit où Montréal, ville présentée comme férocement francophone, joue un rôle essentiel et glaçant.
Un premier roman à découvrir absolument.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : emily st. john mandel