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02/06/2011

Les vacances d'un serial killer

"Rien que lui et les méduses. Ces bestioles, ça pique, mais au moins ça ne cause pas."

Veules, veilléitaires et vachement humains , tels sont les membres de la famille Destrooper que nous allons suivre en villégiature sur les bords de la Mer du Nord à Blankenberge, en Belgique. Dès le départ les catastrophes s'enchaînent et ils ont tôt fait de perdre en route leur porte-feuille et la grand-mère, "vieille carne" increvable. Mais la mamie n'a rien d'une chiffe molle et elle va bientôt entraîner toute sa petite famille dans une spirale de violence désinhibée et folledingue. Nous sommes ici à la croisée des Bidochon et des Simpson dans une farce qui flirte avec le grand guignol (une main gêne pour fermer un couvercle, adieu la main !). On aime ou on déteste , pas de demi-mesure !nadine monfils,grand-mère déjantée
Sur des airs d'Annie Cordy, Nadine Monfils nous entraîne dans une cavalcade effrénée, croquant le détail qui tue (les chaussettes blanches, soigneusement remontées) mais peignant aussi ,entre deux enterrements dans le sable ,une Mer du Nord pleine de poésie. On sent la jubilation de cette écriture qui s'emballe et on sort de là un peu étourdi mais ravi !

 

Les vacances d'un serial Killer, Nadine Monfils, Belfond 2011, 236 pages où aucun animal n'a été maltraité...

Amanda n'a pas été convaincue.nadine monfils,grand-mère déjantée

30/05/2011

Au bureau

"Au fond, écrit Jean, on tâche de continuer à vivre la vie du dehors, bien qu'au dedans. Comme si du dedans on n'allait plus sortir."

Le travail, il n'en sera pas beaucoup question dans Au bureau. Il semble d'ailleurs y en avoir peu dans cette administration jamais nommée où les employés paraissent  plus occupés effectivement à poursuivre leur vie de l'extérieur à l'intérieur de ces bâtiments où , séparés par des coursives, les gens des différents services se connaissent mal ou si peu.nicole malinconi
Certains d'entre eux pourtant ne resteront pas anonymes et un chapitre leur sera consacré, mettant ainsi au jour des histoires d'amour avortées avant que de naître ou des secrets plus ou moins lourds à porter. Tout est ici à la fois de l'ordre de l'infime , du trivial et pourtant de l'universel et de l'humain dans ce qu'il a de plus sensible. Un microcosme où se donnent à lire tour à tour tragédies et romances. Une analyse très fine du temps passé au travail et des relations humaines. Une mention particulière pour le personnage de Jean  qui, amené à prendre sa retraite anticipée va prendre le temps d'écrire pour mettre à plat tout ce temps qui brusquement va s'offrir à lui, plus tôt que prévu...

Au bureau , Nicole Malinconi, L'aube poche 2010, 111 pages bien plus agréables que le bureau...

Merci Cuné ! nicole malinconi

04/05/2011

Toute seule loin de Samarcande

"Son avenir était un trou noir."

Quasiment jetée hors d'une voiture, Regina est abandonnée sur une place en Europe, Toute seule, loin de Samarcande.En attendant que le jour se lève , elle se remèmore son passé en Ouzbékistan, où russophone et arménienne d'origine, sa famille a été persécutée, son père assassiné sous ses yeux.
L'éclatement de l'U.RSS et ses conséquences sur la mosaïque de peuples qui la constituait sont abordées ici avec beaucoup de clarté et d'empathie. Le parcours de cette adolescente, ballotée par l'histoire et la géographie est très émouvant même si l'écriture est un peu trop en retrait à mon goût.31ogQa9qE+L._BO2,204,203,200_PIsitb-sticker-arrow-click,TopRight,35,-76_AA300_SH20_OU08_.jpg
Dans les remerciements, l'auteure qui enseigne en Belgique , nous éclaire sur ce que le lecteur avait intuitivement deviné: le personnage de Regina a été nourri des témoignages de jeunes réfugiés de tous horizons qui ont confié "des secrets de vie enfouis dans leurs coeurs". Un livre généreux et nécessaire.

 

Toute seule loin de Samarcande, Béa Deru-Renard, Médium de l'Ecole des Loisirs 2011, 160 pages desservies peut être par une couverture par trop sombre et peu lisible.

23/03/2011

Série grise

"Mourir, soit, mais pas étouffé par la connerie."

Le narrateur, vieil atrabilaire lettré, a choisi ,de son plein gré, d'entrer dans une maison de retraite , la bien nommée Mathusalem, le lendemain de son septantième anniversaire.
Mais s'il a donné quasiment tous ses livres , il n'a pas abandonné pour autant sa curiosité et la volonté d'exercer son regard, jetant un oeil intéressé  tout à la fois sur la vieillesse en oeuvre sur son corps et sur ses contemporains. La langue, riche et précise, contraste ainsi avec les descriptions très charnelles et très maîtrisées .claire huynen
L'irrévérence de ce vieux facétieux parviendra-t-elle à endiguer la mollesse engluant l'espace dans lequel on voudrait confiner les personnes âgées ?
Un livre revigorant qui offre une description caustique de la vie,ou de ce à quoi on veut la réduire, dans les maisons de retraite.

Amanda a aussi été séduite.

Série grise, Claire Huynen, Cherche-midi 2011, 109 pages impertinentes en diable ! Y a plus de vieillesse !claire huynen

06:00 Publié dans Roman belge | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : claire huynen

28/08/2010

Une forme de vie

"Les pays de l'Est sont excellents pour l'ego, je l'ai souvent remarqué."

A l 'opposé d'Un artiste de la faim kafkaïen, le G.I qui écrit d'Irak à Amélie Nothomb veut mettre en scène son obésité monstrueuse , devenir en quelque sorte un artiste de la graisse. S'engage alors un étrange échange de missives qui va susciter l'intérêt de notre romancière belge préférée.
Je n'aime que les romans d'Amélie Nothomb où elle se met en scène (voilà qui est dit ) avec une justesse  et une attention aux autres tout à fait remarquables. 41WL5CVhL+L._SL500_AA300_.jpg
Ici, elle aborde avec finesse et précision les relations épistolaires qu'elle entretient avec ses lecteurs et cela nous vaut une description pertinente des vraies lettres qui ont "pour sens et mission l'épiphanie du destinataire."
La pirouette finale m'a un peu laissée sur ma faim mais j'ai retrouvé avec bonheur celle qui semble toujours être juste et ce quelque soit la situation (je l'ai vue dans ce qui s'est avérée être une émission littéraire qui tenait plus d'un jeu digne d'Intervilles que de Bouillon de culture et imperturbable, entre deux épreuves, parler sans faillir de son dernier roman !) .

Merci Cuné !

Mango a aussi été séduite.

Une forme de vie, Amélie Nothomb, Albin Michel 2010 , 169 pages, un assez bon cru .

14/07/2009

La colère de Maigret

En cette période estivale ,le livre de poche ayant la bonne idée  d'offrir des romans ,  j'ai profité de l'opportunité de lire  mon premier Maigret. Car je me  suis rendu compte que si j'avais lu "La fuite de M.Monde"ou "Betty", je m'étais  contentée  de suivre vaguement des  épisodes du fameux Jules successivement incarné -entre autres- par Jean Richard (c'est vous dire  si ça date!)ou Bruno Crémer.
L'action se déroule une fin de juin caniculaire, tout est tranquille quai des orfèvres jusqu'au moment où l'on signale la disparition d'un directeur de boîtes de nuit, disparition d'autant plus étonnante que cet homme ,très rangé, n'avait aucun lien avec le milieu et gérait ses affaires en bon père de  famille ,qu'il était par ailleurs.9782253142355.gif
Pas de rebondissements surprenants, l'enquête suit son train de sénateur, Maigret téléphone sagement à  sa femme s'il ne compte pas manger chez lui, part encore plus tranquillement à la pêche . Tout cela a un petit air bonhomme des plus sympathiques. On se prend  à penser , lors du dénouement  que Maigret  ne pourrait plus agir ainsi aux frontières de l'illégalité mais on est content  de sa balade dans un Paris écrasé de chaleur, un Paris truffé  de personnage pittoresques , où la violence est encore bridée et sporadique.
Maigret n'est pas présenté comme un héros car "...au moment où  on s'y attend le moins, l'enquête vous échappe des mains.On ne la dirige plus. Ce sont les  événements qui commandent et vous obligent  à prendre des mesures qeu vous n'aviez pas prévues, auxquelles vous n'étiez pas  préparé.",il pâtit d'ailleurs un peu de sa célébrité en week-end à la campagne, mais après tout ce calme La colère de Maigret n'en  prendra que plus d'ampleur !

Un excellent roman pour se glisser dans la torpeur des  vacances ...

27/02/2009

"Les enfants devraient se méfier beaucoup plus des adultes."

En bonne fille d'écrivaine, Léa, douze ans veut devenir...une star et pour ce faire, elle profite des vacances pour développer ses compétences. Finalement, aidée par les  conseils de sa mère, elle se met à  écrire un roman.Nous suivons donc  ce work  in progress qui tire partie du quotidien  de ce quartier chaleureux d'une ville belge où vivent une flopée  de femmes élevant seules leurs enfants.
Léa est une" petite sorcière qui voit  tout", la première à remarquer qui est amoureux de qui, car l'amour est un des grands sujest de préoccupation des femmes et de leurs enfants et il ne possède pas de date de péremption, ce qui va quelque perturber la  pré-adolescente : "Tous mes  repères semblaient s'effriter comme la pâte d'un crumble  sous les doigts d'une Hollandaise  sans scrupules." Toutes cette joyeuse tribu fait la fête pour un oui, pour un non, la solidarité se  joue du manque d'argent et les enfants regardent avec acuité , mais  non  sans humour, le monde  des adultes : "S'il  restait encore une  femme dans le  quartier à espérer que Thierry se  soit trompé sur son identité sexuelle, elle pouvait désormais ranger ses préservatifs."41K4XcnpriL._SL500_AA240_.jpg
On sent aussi une réelle complicité entre la mère et la fille, complicité qui ne tombe pas dans son aspect dévoyé, mère-copine,et qui éclaire ce roman d'une flamme joyeuse et optimiste. Un bon moment de lecture.
Ce roman se révèle être la suite du Rôle de Bart (lu en 2006 , pas de billet) mais  il n'est pas nécessaire d'avoir lu le premier pour apprécier le second.

 

Le square des héros, Eva Kavian, Le castor astral, 165 pages.