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30/10/2014

La femme d'en haut

"Les gens n'ont pas envie de s'inquiéter pour la Femme d'En Haut. Elle est fiable, organisée, sans histoires."

L'arrivée d'une jeune élève d'origine étrangère, Reza,  dans sa classe de primaire ,va bouleverser la vie bien rangée de Nora.claire messud,artfemme
Abordant bientôt les rives de la quarantaine, cette institutrice modèle prend en effet conscience au contact de la famille de Reza de tout ce à quoi elle a renoncé: ambition artistique, maternité, amour; en bref,  la vie et son intensité. Nora tombe pour ainsi dire amoureuse à titres divers de Sirena, la mère de l'enfant, une artiste en passe d'être mondialement reconnue, de son époux, Skandar et bien sûr de Reza, qu'elle va chérir. Renouant avec une pratique artistique aux côtés de Sirena , Nora se prend à espérer d'une autre vie.
Récit a posteriori dont la narratrice est Nora, cette Femme d'En Haut,"invisible durant des décennies" , le roman de Claire Messud scrute avec précision les moindres remous intérieurs de cette femme qui a soif de vivre et qu'anime une colère monstrueuse.Ce texte à la structure circulaire, qui peut se lire comme la réponse de Nora à la trahison inévitable et extrême, souffre de quelques longueurs, comme souvent chez Claire Messud ,mais j'ai néanmoins pris beaucoup de plaisir à entrer dans l'univers de Nora, femme frustrée, bridée ,mais jamais caricaturale.

La femme d'En Haut, Claire Messud, traduit de l’anglais (E-U) par France Camus-Pichon, Gallimard 2014, 373 pages.

 

28/10/2014

Du soleil en boîte

"Nous sommes des poupées russes passant notre temps à nous débarrasser de vielles versions de nous-mêmes."

christine leunens,dans la série j'achèrte un livre à cause d'un mot du titre....

Sous prétexte de jouer les nounous auprès de sa petite fille, Edith  troublera les vacances familiales de son fils et causera, bien involontairement, la mort de ce dernier.
Du soleil en boîte aurait pu être un roman sur la culpabilité, le remords ou la rancune féroce que vouerait une belle-fille à sa belle-mère. Il est en fait le récit d'un rapprochement progressif entre ces deux femmes qui vont devoir réapprendre à vivre après un deuil.
De nombreuses ellipses  temporelles caractérise ce texte qui se contente d'aligner quelques indices pour indiquer le passage des époques. On échappe ainsi aux situations obligées, au pathos inhérent à un tel point de départ. L'ensemble est intéressant et serait bien mené si quelques maladresses de traduction comme ces "bas mi-jambe d'Edith"ne venaient gêner notre lecture. Un roman qui permet aussi d'approcher une réalité Néo-zélandaise très différente de celle vue dans la série de Jane Campion, Top of The Lake.

Du soleil en boîte, Christine Leunens, Editions Philippe Rey 2014.

Le billet d'Antigone !

Celui de Keisha.

27/10/2014

La vie amoureuse de Nathaniel P.

"être dans une relation lui évitait d'avoir à draguer les filles, de supporter les longues et ennuyeuses conversations avec des petites qui lui plaisaient à peine dans l'espoir de coucher avec elles. Il était libre de s'adresser à des gens à qui il voulait vraiment parler."

Le charmant personnage qui s'exprime ainsi est Nate P., écrivain en devenir. Son premier roman est à paraître et il va enfin pouvoir se débarrasser des travaux littéraires alimentaires et devenir visible aux yeux de ceux qui comptent vraiment dans le microcosme littéraire new-yorkais.adelle waldman
Jusqu'à présent, il a enchaîné les échecs amoureux et vient d'entamer une relation avec Hannah, jeune trentenaire qui s'est fixé aussi comme objectif d'écrire un roman. Valse-hésitation, relation en pointillés, disputes, les plus infimes variations de ce qu'on peine à appeler vie amoureuse est disséqué du point de vue de Nate, personnage égocentrique, condescendant et renâclant à se remettre en question. D'où mon total manque d'empathie, largement compensé par le plaisir de l'humour vachard de ce roman qui brosse le portrait d'une génération se donnant bonne conscience à peu de frais. Quant au personnage masculin, il aurait juste été insupportable s'il avait été décrit par un homme !
On ne souhaite à aucune jeune femme de tomber amoureuse de Nathaniel P. ou d 'un de ses avatars.

Merci Cuné ! :)

 

24/10/2014

Dans la peau de Sheldon Horowitz ...en poche

"-Ne vieillis pas , lui recommande-t-il. Si Peter Pan apparaît, suis-le."

"Un sniper américain , sénile, de  quatre-vingt-deux ans serait poursuivi par des Nord-Coréens dans toute la Norvège après avoir fui une scène de crime. Avant ou après le meurtre."Ainsi Sigrid, policière norvégienne résume-t-elle un peu sommairement la situation. On pourrait préciser que Sheldon Horowitz est juif, qu'il vient de s'installer en Norvège chez sa petite-fille-sa seule famille restante-et que l'objectif de cette course-poursuite est de sauver la vie d'une petit garçon Serbe.
On ajoutera aussi que Sheldon ,qui entretient des liens bien particuliers avec son passé ,est fichtrement débrouillard, comme Huckleberry Finn un de ses modèles , que c'est un manipulateur né et qu'il est absolument craquant ! derek b miller
Tendresse (jamais niaise), humour mais aussi vrai suspense qui fait battre le coeur, tous les ingrédients d'un excellent roman et un épilogue qui d'abord m'a laissée un peu sur ma faim mais après réflexion est totalement en accord avec l'esprit du livre. Un premier roman qui crée vraiment un univers, avec des personnages  attachants et des références historiques qui lui donnent un arrière-plan très intéressant. De la belle ouvrage et un grand-père que l'on n'oubliera pas de sitôt ! à découvrir de toute urgence !

23/10/2014

Le blues du braqueur de banque...en poche

Quand on aime la saucisse rouge et qu'on respecte la loi, mieux vaut ne pas savoir comment l'une et l'autre sont élaborées."

Max, spin doctor du premier ministre danois, a assassiné son employeur. Peut être parce que ce dernier ne souhaitait plus être seulement une marionnette ...
C'est à un fameux challenge que va devoir s'atteler l'homme de l'ombre : se tirer d'une situation politique compliquée et rejeter la responsabilité du crime sur un autre. Tout irait pour le mieux, car Max est un petit génie,si une scoute un peu cruche ne venait jouer les mouches du coche .Max aura donc fort à faire en vue de la manipuler.41kxJM4CBNL._AA160_.jpg
Commencé comme un épisode de Columbo, nous connaissons déjà le coupable, le roman de Flemming Jensen va se révéler plus roué que prévu ,même si l'intrigue policière n'est qu'accessoire ici.
Le meurtre est en effet  le prétexte à une double manipulation: celle du lecteur qui ne découvrira qu'à la toute fin la signification du titre et celle de Signe, la scoute, à qui Max inflige une rhétorique iconoclaste et faussée. C'est donc à une joyeuse satire de la politique, parfois un tantinet trop bavarde , que nous invite Flemming Jensen , un auteur découvert grâce à cette couverture joliment mélancolique.

18/10/2014

Idiopathie...en poche

"Meilleure elle était dans l'exercice de son travail, plus les gens la détestaient. De l'avis général, elle excellait dans son travail."

Séparés après une liaison tortueuse, Katherine et Daniel vont devoir se rapprocher pour faire face au retour d'un fantôme de leur passé: leur ami commun Nathan.9782757848043.jpg
Daniel a retrouvé l'amour mais il n' a jamais  été et ne sera jamais de taille à affronter son ex , reine du cynisme et de la mauvaise foi. Les retrouvailles s'annoncent donc plutôt compliquées...
Trentenaires narcissiques et par certains côtés encore puérils, Daniel , Katherine et Nathan prennent tour à tour la parole dans ce roman présenté comme une comédie à l'anglaise .
Si Sam Byers manie les mots avec une profonde jubilation et atteint souvent son objectif,nous faire sourire, voire pouffer, (j'ai adoré en vilaine que je suis l'exploitation de Nathan par sa mère)  il ne parvient pas toujours à donner de la densité à ses second rôles (j'aurais aimé que soient développés par exemple les personnages de la mère et de la sœur de Katherine). Il aurait sans doute fallu aussi tailler dans les discussions et les prises de tête intérieures entre les anciens amoureux (si je lui dis ça, elle va réagir comme ça mais...). Trop longues, elle ont failli m'occasionner un mal de tête et j'avais juste envie de dire à Daniel : Fais-toi une raison et tais-toi. Quant aux vaches, atteinte du syndrome du désœuvrement, elles sont le symbole d'une société en perte de sens. Elles n'en demandaient pas tant, les pauvres.
Bref, un premier roman presque réussi. ...,

16/10/2014

Les femmes de ses fils...en poche

"Cela lui rappellerait que la vie  n'est pas seulement peuplée de moments de colère et de confusion, et de sentiments blessés."

Les trois fils de Rachel et Anthony sont maintenant mariés ,et pour certains père de familles, mais leur mère entend bien que ses enfants continuent à lui prêter allégeance. Son manque de tact va entraîner quelques remous dans les jeunes couples mais, les trois belle-filles, chacune avec des personnalités bien différentes vont tenter progressivement de réorganiser la constellation familiale et de redéfinir le rôle de chacun.joanna trollope
Que voilà un roman confortable ! Délicieusement britannique mais sans pour autant être poussiéreux ! les personnages sont croqués à ravir, la gamme des émotions analysée avec finesse et on se retrouve juste une peu désemparé que cela se termine si vite. à déguster que l'on soit dans l'un ou l'autre camp, ou dans les deux !

Petit bémol: la traduction, un peu bancale parfois.

15/10/2014

Le mur invisible

"On devrait placer des voitures dans les forêts, elles font de bons nichoirs."

Parfois, il faut du temps, beaucoup de temps, et un concours de circonstances favorables pour rencontrer un texte. Emprunté à deux reprises à la médiathèque, à vingt années d'intervalle , le roman de Marlen Haushofer n'avait pas su me toucher et je l'avais guère entamé. Il aura fallu l'insistance de Cuné (merciiii ! ), l'achat en format poche (la couv' est totalement inappropriée et ne me donnait guère envie) et la diffusion du superbe et hypnotique film de Julian Roman Pölsler pour que je me décide une bonne fois pour toutes.

Et là, l’histoire de cette femme qu'un mur invisible isole du reste d'une humanité pétrifiée et laisse, seule, en pleine forêt autrichienne, avec quelques animaux, je l'ai sa-vou-rée, la faisant durer le plus longtemps possible.marlen haushoffer
On peut y voir une réinterprétation de Robinson mais ici, pas de recréation acharnée d'un semblant de civilisation . L'héroïne se détache peu à peu des instruments de mesure du temps, adopte l'horaire des animaux, trouve un rythme de vie plus serein, se  devient de plus en plus poreuse à la nature qui l'entoure : "Quand mes pensées s'embrouillent, c'est comme si la forêt avait commencé à allonger en moi ses racines pour penser avec mon cerveau ses vieilles et éternelles pensées." Elle évoque très peu, par petites touches, sa vie antérieure, guère satisfaisante, et analyse avec lucidité sa tentation du suicide pour échapper à ce qu'elle appelle sa "captivité" . Seuls les liens particuliers (et richement décrits) qu'elle tisse avec les animaux domestiques ou sauvages qui l'entourent, l'empêchent de sombrer. marlen haushoffer
Description d'une solitude, analyse de ce qui fait l'humanité d'un être, Le mur possède une structure en parfaite adéquation avec son contenu. éloge des renoncements nécessaires, même si douloureux, ce roman possède une intensité dense et marquante.

Le billet de Cuné (encore merci d'avoir su trouver les mots ! )

 

Et zou sur ma table de chevet pour ce livre-compagnon, à lire et relire.

09/10/2014

Vous parler de ça

"Une Melinda apaisée  que je n'ai pas vue depuis des mois. Voilà la graine dont je vais prendre soin."

Dès le premier jour de son entrée en Seconde, Melinda comprend qu'elle est devenue une paria, une loser. Ses anciennes amies l'évitent soigneusement et ce n'est pas un hasard si on la bouscule dans les couloirs du lycée.laurie halse anderson
L'origine de cette situation, nous l'apprendrons par petites touches ,et ne connaîtrons le nom de la personne responsable qu'à la moitié du récit que nous en fait Melinda.Choisissant de se couper des autres, y compris de ses parents,Melinda devient quasiment mutique et ,à l'exception d' un prof d'art atypique qui, mine de rien, la pousse à exprimer ses émotions, cela dans l'indifférence quasi générale.
Les adultes ne s'intéressent qu'à ses notes, à son comportement asocial, voire à son habillement (lui aussi noté !) mais ne cherchent pas à comprendre pourquoi les mots restent la plupart du temps obstrués dans sa gorge.
Cette superficialité contraste avec la souffrance de Melinda qui va peu à peu , au fur et à mesure de l'année, imperceptiblement reprendre le dessus et ce d’une manière originale et évitant tout à la fois le pathos et les clichés. On ressent beaucoup d'empathie pour cette très jeune fille qui parviendra à trouver enfin les mots ,dans un but altruiste. Nous sommes ici en présence d'un roman intelligent et sensible, abordant de manière délicate et efficace à la fois un problème auquel beaucoup de jeunes filles risquent d'être confrontées

26/09/2014

Les tendres plaintes

"Alors que je n'avais plus beaucoup de temps, eux restaient à l'abri dans un coin isolé du monde où le temps ne s'écoulait pas."

yôko ogawa

Fuyant les infidélités de son mari, Ruriko se réfugie dans un chalet en forêt. Là, elle poursuit son travail de calligraphe et tente de retrouver la sérénité.
La rencontre avec  Nitta, ancien pianiste devenu facteur de clavecin , son apprentie Kaoru et un vieux chien aveugle et sourd va l'entraîner vers une renaissance qui n'empruntera pas forcément les chemins attendus.
Ces personnages qui dissimulent des secrets marqués par la violence , au sein de la nature, cherchent leur demeure comme dirait S. Doizelet. Une quête où les cinq sens jouent un rôle essentiel mais que j'ai bien failli abandonner, agacée par les mots anglais non traduits ( un pug est un carlin) et par l'attitude parfois infantile de l'héroïne. J'ai néanmoins poursuivi ma lecture et j'ai bien fait car la dernière partie du livre, plus apaisée est nettement plus réussie. Lecture en demi-teinte donc et pas le meilleur roman de cette auteure à mon avis.