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08/05/2011

Un été sans les hommes

"Le temps est une question de pourcentages et de convictions."

Abandonnée par son mari, Mia, poétesse rousse aux cheveux frisés a "pété les plombs" s'est retrouvé un court moment en hôpital psychiatrique . L'été venu, la quinquagénaire part se réfugier auprès de sa mère qui réside dans une maison de retraite du Minnesota.siri hustvedt,femmes
Là, au contact de la vieille dame et de ses amies qui profitent de la vie avec une réjouissante férocité, Mia va se reconstruire peu à peu, au fil de ses rencontres avec des femmes de tous âges.
Un été sans les hommes est un roman qu'il faut prendre le temps de savourer, tant pour ses réflexions sur le temps, la vie des femmes et ce quel que soit leur âge, les différents rôles que la vie leur fait endosser mais aussi pour la très grande énergie et la compassion qu'il dégage.
Il faut absolument faire la connaissance d'Abigail ,nonagénaire brodeuse rebelle, qui "maintient qu'à force de pétiner ses désirs on les déforme." et assister aux cours de poésie que donnent Mia à de pas si charmantes adolescentes que cela.
Les mots et leur pouvoir tiennent en effet un grand rôle dans ce texte , envolées féministes mettant à bas des préjugés sexistes , mots chuchotés pour distiller un pernicieux venin mais aussi citations poétiques qui sont autant de balises par temps agité...

Un été sans les hommes, Siri Hustvedt, traduit de l'américain par Christine Le Boeuf, actes Sud 2011

216 pages réconfortantes et une sublime couv' qui vont filer, zou, sur l'étagère des indispensables !

Un coup de coeur aussi pour Cuné,

 L'avis de Fashion

07/05/2011

Une semaine avec ma mère...en poche !

"Elle avait l'impression de nager toute habillée"william sutcliffe

Elles sont trois. Ni Grâces, ni Parques, trois mères soucieuses de mieux connaître leurs fils et débarquant chacune à l'improviste chez leur trentenaire de fils, trop secret à leur goût.
Après l'embarras initial, chacun des garçons va secrètement se réjouir de cette arrivée impromptue et durant la semaine de cohabitation bien des secrets seront révélés, tant du point de vue des mères que des fils, non sans cris, non sans larmes mais toujours avec l'amour en ligne de mire...
Ce pourrait être dégoulinant de bons sentiments ou hérissé de combats épiques et hystériques, mais non ,c'est infiniment juste et terriblement drôle.Les rapports de couple sont passés au crible,( comment William Sutcliffe arrive -t-il à se glisser avec autant d'aisance dans la peau de trois femmes en âge de devenir grands-mères? (ce qu'elles réclament d'ailleurs plus ou moins ouvertement)) mais sa vision du rôle maternel est beaucoup plus apaisée et tendre. Après tout ce sont de bons petits et ils font tout ou presque pour satisfaire leur mère . Ainsi Daniel va-il "prendre contact avec Allison, la mère de l'enfant qui allait à la crèche avec le fils du neveu de la soeur de la femme dont le chien l'avait mordu quand il était petit", ouf !, devinez à l'instigation de qui ...
Sutcliffe souligne aussi au passage ,avec infiniment de drôlerie , le fossé qui s'est creusé entre les générations, en particulier au niveau du langage mais ne rend jamais ridicules ses personnages pour qui il semble éprouver une grande tendresse. Pas de happy end généralisé pour autant ,nous sommes dans une comédie certes mais pas au pays de Candy !

03/05/2011

La gifle

 

christos tsiolkas,melting pot,australie

Un enfant, non cadré par ses parents , est giflé par un adulte lors d'une fête réunissant des représentants du melting-pot australien . Les parents de l'insupportable gamin décident aussitôt de porter plainte, fragilisant ainsi et leur couple et toute la communauté de leurs amis qui vont devoir ou non prendre parti pour l'un ou l'autre camp.
Les personnages de La gifle sont tout sauf sympathiques, poisseux pour la plupart,  mais leur variété, aussi bien dans l'âge que dans l'origine sociale, et la manière dont l'auteur leur fait prendre tour à tour la parole est en soi intéressante. Un roman agaçant  (jai dû m'y reprendre à deux fois pour en venir à bout) mais qui brosse un portrait-mosaïque intéressant de la société australienne contemporaine.

La gifle, Christos Tsiolkas, traduit de l'anglais (Australie) par Jran-Luc Piningre, Belfond 2011 , 467 pages un peu lourdes à digérer.

Clara, pas convaincue, vous enverra chez d'autres.

Le coeur de Cuné a été broyé en mille morceaux.

N'hésitez pas à m'envoyer vos liens, !:)

30/04/2011

La femme de Robbie

"Vous ne savez pas à quoi je ressemble, Jack Stone."

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 Jack Stone, la soixantaine bien sonnée, se réfugie dans la campagne anglaise, espérant ainsi renouer avec l'inspiration qui lui permettrait enfin d'écrire un scénario acceptable par un studio californien.
La pluie, la boue vont-elles l'inspirer ? Pas sûr. Par contre La femme de Robbie , le fermier qui l'héberge va vite devenir sa muse et sa maîtresse.
Il ne pourra pas dire qu'il n'avait pas été prévenu , Jack, mais il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre...
L'atmosphère anglais est magistralement rendue, on patauge dans la boue avec Jack l'homme et on rassemble les moutons avec Jack le chien de berger. Les personnages sont intenses et échappent à tout stéréotype mais le récit prend soudain une tonalité discordante, moralisatrice et pesante, qui n'a rien à voir avec cette situation jusqu'alors toujours sur le fil du rasoir. Dommage.

Merci Cuné !

La femme de Robbie, Russel Hill, Rivages Noir 2010, 303 pages arrosées de pluie et de bière.

27/04/2011

La fourmilière

"Partir à l'aventure est vraiment éprouvant."

Au 33, Georgiana, à Londres, dans un immeuble délabré où le propriétaire ne pose pas de questions vient se réfugier Sam, un jeune fugueur de dix-sept ans . Il y fera la connaissance de Cherry et de sa fille de dix ans, Bohemia, dite Bo, comme lui locataires de fraîche date.
Le fillette a l'habitude de se débrouiller seule car, si sa mère l'aime vraiment, elle s'avère tout aussi incapable de gérer sa vie de manière responsable.
Souvent livrée à elle même, c'est tout naturellement que Bo va rechercher l'amitié de Sam et découvrir incidemment la raison de sa fugue.jenny valentine
Que voilà un livre attachant , avec des personnages bizarres mais chaleureux, qui ne moralisent pas mais essayent de s'entraider sans ostentation !
Jamais on ne sombre dans le sordide, même si les situations ne sont pas édulcorées, jamais l'auteur n'en fait des tonnes sur le motif de la fugue de Sam. A la limite, on en arriverait presque à l'oublier et quand la révélation se fait on évite , ô bonheur, toute guimauve !
De superbes évocations de la vie à la campagne, un style alerte et parfois poétique, une grande vérité psychologique et beaucoup de délicatesse, voilà les ingrédients qui font de ce roman une belle découverte !

La fourmilière, Jenny Valentine, traduit  de l'anglais par Cyrielle Ayakatsikas, Ecole des Loisirs 2011, collection médium, 266 pages réjouissantes.

Marie a aussi aimé.

jenny valentine

26/04/2011

Une vie pleine / Mon histoire d'amour avec un homme et une ferme

"Concentrée sur la terre, j'étais fondamentalement plus heureuse."

Délaissant sa vie de parfaite citadine , plus Sex and the city que La petite maison dans la prairie donc, Kristin Kimball va devenir une presque parfaite fermière bio, n'ayant parfois même pas la force de se laver (d'où le titre original :The dirty life) et transformant un douillet cachemire noir en pull troué mais confortable pour aller traire une vache au petit matin.kritin kimball,l'amour est dans le pré mais surtout pour le pré
Tout ça parce qu'elle est tombée amoureuse d'un agriculteur de première génération, Mark,et encore plus peut être d'une ferme mais aussi de tout ce que cela implique comme vie bien remplie car cela représente "un challenge infini." Cela n'ira évidemment pas sans mal mais avec beaucoup d'humour, Kristin nous relate ses aventures (qui aurait cru qu'une expérience de pom pom girl pourrait être de quelque utilité face à un taureau furieux ? !), soulignant au passage les difficultés d'ajustement entre elle et son amoureux concernant la gestion de l'exploitation , leurs erreurs mais aussi insistant sur la solidarité dont ils ont bénéficié.
Un portrait qui n'est en rien idyllique mais plein d'optimisme , une écriture fluide et pétillante (l'auteure avait écrit auparavant des guides de voyage) font de ce livre un véritable régal où l'on glanera au passage plein d'infos (j'ai ainsi appris que les premiers AMAP avaient vu le jour au Japon !).

Une vie pleine, Kristin Kimball, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Joëlle Touati, Fleuve noir 2011, 268 pages qui régaleront les amateurs de nature(l' histoire d'amour avec la ferme étant privilégiée et c'est tant mieux en ce qui me concerne!:))

 

22/04/2011

La passerelle...en poche

"Il fallait bien vivre, ne serait-ce que par politesse."

Fraîchement débarquée de sa campagne du Midwest, la toute jeune Tassie ( vingt ans) découvre avec avidité la ville, l'université et ce qu'elle croit être l'amour. Comme job d'appoint, elle devient  baby-sitter pour un couple de ce que nous Français appellerions des bourgeois bohèmes qui vont adopter une enfant métisse, Mary- Emma.lorrie moore
La situation paraît idyllique mais rapidement la belle image va se craqueler. D'abord parce que Tassie va découvrir le racisme larvé dans cette petite ville de Troie qui se dit progressiste. Ensuite parce que le couple cache un secret qui va bientôt refaire surface.
En contrepoint de ces désillusions progressives, Tassie doit aussi composer avec une famille aimante et néanmoins atypique. De toutes façons quelle famille conviendrait à celle qui se tient au bord de l'âge adulte ? L'insouciance de Tassie qui admire sa patronne et enregistre avec passion tout ce qui lui paraît d'une sophistication extrême va bientôt céder la place à une dépression qui ne dira pas vraiment son nom.
De pétillant et plein d'esprit, le récit glisse dans un registre plus poignant, sans tomber dans le pathos, et le désenchantement de la jeune fille va bientôt prendre une portée plus grande encore et rejoindre une désillusion nationale. Le 11 septembre mais surtout l'Afghanistan ont laissé leurs séquelles empoisonnées...
C'est avec bonheur que j'ai retrouvé dix ans après sa dernière parution en français, le style imagé et vif de Lorrie Moore. Elle embarque son lecteur, l'étourdit un peu mais c'est pour mieux le cueillir d'un direct au plexus quand il ne s'y attend vraiment pas par une scène qui broiera le coeur de toute mère. Des retrouvailles réussies,le nombre de pages cornées peut en témoigner.

15/04/2011

Little bird ...en poche

La découverte du cadavre du jeune Cody Pritchard, un des quatre adolescents condamnés avec sursis pour le viol de la jeune Amérindienne Melissa Little Bird,va raviver les tensions à l'intérieur du Comtéd'Absaroka.  Son shérif, Walt Longmire, "triste, gros ,affligé d'autodénigrement chronique,  pourtant étrangement  charmant", comme le décrit son adjointe Vic, va se lancer à la poursuite de ce probable vengeur, tout en essayant de préserver un semblant de vie affective...craig johnson
Charmant, mais capable  de faire le coup de poing si nécessaire, fidèle en amitié, d'un humour ravageur ,Walt Longmire remporte tous les suffrages. Les personnages secondaires tous plus pittoresques les uns  que les autres lui renvoient la balle avec habileté et l'on n'est pas prêt d'oublier cette prison où  l'on fait la sieste dans les cellules et où l'on refuse un prisonnier car il est  trop vorace ! L'émotion est aussi au rendez-vous et rien n'est plus touchant que de voir cet homme , plus tout jeune, intimidé comme un adolescent à son premier rendez-vous , lorsqu'il va enfin renouer avec une vie amoureuse.
Le tout se déroule dans les grands espaces du Wyoming, près d'une réserve indienne, dans une atmosphère flirtant un peu avec le  fantastique mais qui s'intègre parfaitement aux rebondissements de l'enquête.
Vous l'aurez compris , j'ai adoré ce premier volume mettant en scène Walt Longmire !

Juliette a eu la chance de rencontrer l'auteur, la petite veinarde, c'est ici !

14/04/2011

Le livre rouge

"Ne jouis pas de la vie avec tristesse."

L'Inde, un pays qui fascine les occidentaux, et ce pour des raisons très variées. C'est dans ce pays que vont se croiser Françoise, une photographe australienne, venue à Bhopal dans le cadre d'une résidence artistique ayant pour objectif de commémorer les 20 ans de la fuite de gaz toxique dans l'usine Union Carbide. Cette catastrophe industrielle a causé la mort de milliers de gens et parmi eux des membres de la famille de Naga, jeune réfugié tibétain , autre héros du roman. Le troisième est un écossais , Arkay, qui, fuyant l'alcool, s'est réfugié dans le bouddhisme. Quant au livre rouge qui donne son titre au livre, il rassemble des photographies de la vie de chacun des protagonistes, photographies qui sont décrites au début de chaque chapitre.meaghan delahunt,inde,bhopal
Le récit polyphonique alterne aussi les retours dans le passé mais jamais nous ne perdons le fil car l'écriture de Meaghan Delahunt est d'une telle limpidité et d'une telle fluidité que nous avançons sans aucune peine.
Les personnages sont pleins d'humanité  (je ne suis pas prête de les oublier !)et le dialogue qui s'instaure à travers eux entre Orient et Occident est à la fois fascinant et apaisant. Un livre magnifique qui renouvelle notre vision de l'Inde.

Le livre rouge, traduit de l'anglais par Céline Schwaller, Métaillié 2011, 281 pages qui se lovent en nous.

10/04/2011

Cette main qui a pris la mienne

"Vous autres, les jeunes, vous êtes obsédés par la vérité. C'est une chose qu'on surestime souvent."

Alexandra, rebaptisée Lexie par celui qui va lui mettre le pied à l'étrier et lui ouvrir les portes de l'univers londonien de l'art , a réalisé son rêve : devenir journaliste et mener sa vie professionnelle et amoureuse avec indépendance et insolence. Elle évolue avec aisance dans ce swinging London mais , comme nous en prévient bientôt l'auteure , Lexie ne vivra pas bien vieille...maggie o'farrell,famille,naissance,de l'importance des prénoms...
Quarante ans plus tard, la naissance du bébé d'Elina et Ted vient perturber le bel ajustement de leur vie. Tandis que la jeune femme se remet difficilement d'un accouchement qui a failli lui coûter la vie et semble avoir perdu des pans entiers de sa mémoire récente, son mari, au contraire, recouvre  sous forme de flashs des moments de son passé qui ne semblent pas correspondre à ce qui lui a été raconté par sa mère. Bientôt, il découvrira en quoi les non dits ont pesé sur sa vie.
Assez rapidement, on pressent de quelle manière les destins d'Elina et Lexie sont liés mais tout l'art de Maggie O'Farrell est de parvenir néanmoins à surprendre son lecteur et à le plonger dans un profond malaise.
Il est question ici de filiation et O'Farrell analyse avec une sensibilité extrême la manière dont à quarante ans de distance deux femmes se laissent bouleverser par l'arrivée de leur premier enfant, ce qui nous vaut de très belles pages, n'occultant pas l'aspect à la fois sauvage et exclusif de cette relation. Elle fait également la part belle au nouveau père qui se trouve quelque peu démuni devant cet enfant qui restera longtemps sans prénom...
Un roman plein de vigueur, d'énergie et de sensibilité qu'une fois commencé on ne peut lâcher et dont on prolonge à loisir la lecture pour en profiter un peu plus encore...

Ps: il faut passer outre le titre très harlequinesque et se régaler !

Cette main qui a pris la mienne, Maggie O'Farrell, traduit de l'anglais (Irlande) par Michèle Valencia, Belfond 2011, 419 pages à savourer.

Récompensé par le très prestigieux Costa Book Award.maggie o'farrell,famille,naissance,de l'importance des prénoms...