03/11/2010
L'Hypnotiseur
"- Nous sommes désolés-Vous aurez un gâteau demain."
Erik Maria Bark, psychiatre, s'était engagé à ne plus pratiquer l'hypnose médicale. Las, le massacre d'une famille va le contraindre à renier sa promesse et va l'embarquer dans une effroyable course contre la mort où sa propre famille sera impliquée.
Tout le long de cette lecture j'ai été partagée entre l'agacement de certaines invraisemblances, les ruptures de rythme du récit et l'envie de continuer car, mine de rien, ce récit nous accroche et ne nous lâche plus. Les personnages sont bien campés, le portait de la société suédoise est très intéressant mais comme le souligne Cuné, le tout manque de fluidité. Un gros pavé écrit à quatre mains et dont la suite est déjà écrite mais pas encore traduite.
L'Hypnotiseur, Lars Kepler, traduit du suédois par HegRoel-Rousson et Pascale Rosier, Actes sud 2010, 510 pages à dévorer bien au chaud.
Merci Cuné !
L'avis de Tamara
Dominique n'a pas été convaincue !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : lars kepler, policier, après le chuchoteur, l'hypnotiseur, l'emmerdeur ? nan, déjà pris.
01/11/2010
Rupture
"Triste, et solitaire, et incapable de casser le moule dans lequel sa vie s'était installée."
Un prof ouvre le feu dans un collège anglais.Trois élèves et un professeur tués. Suicide du meurtrier.Affaire bouclée en un rien de temps. Mais ce serait sans compter sans l'obstination de l'inspecteur Lucya May qui ne se contente pas de la version officielle qui satisfait un peu trop de monde.
Alternant les interrogatoires des différents protagonistes et la quête obstinée de Lucya, le récit avance et devient de plus en plus oppressant, brossant le portrait sans concession d'une société qui, cyniquement , sacrifie son système éducatif, détournant les yeux pour ne pas voir le harcèlement, la violence, le racisme qui la gangrène à tous les niveaux.
La solitude de Lucya, lâchée par sa hiérarchie, n'en devient que plus poignante et on avance le coeur serré au fur et à mesure que se déploie l'éventail de petites lâchetées qui, accumulées, ne pouvaient mener qu'au drame.
Une écriture qui nous ménage heureusement quelques bouffées d'humour mais pour mieux nous piéger au détour d'une information cruciale révélée quasi par inadvertance par l'un des protagonistes. Quand on croit pouvoir souffler un peu , Simon Lelic nous cueille du au creux du plexus solaire et l'on reste sonné devant cette montée de l'horreur.Un récit tendu mais qui laisse la part belle à l'humanité des personnages néanmoins. Un coup d'essai , Rupture est un premier roman, qui est un coup de maître.
Rupture, Simon Lelic, traduit de l'anglais par Christophe Mercier, Le Masque 2010, 305 pages qui ne nous épargnent pas .Et c'est tant mieux.
Merci Cuné !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : simon lelic, collège anglais harcèlement
30/10/2010
En poche ...à ne pas rater !
"Nous recommençons, nous n'abandonnons jamais." Lars Gustaffson, La mort d'un apiculteur.
Une petite fille disparaît sur une plage, dans le brouillard, alors qu'elle était sous la responsabilité de sa future belle-mère,Abby, une jeune photographe.
La narratrice , Abby, va passer L'année brouillard à chercher avec obstination cette petite Emma, faisant fi de la police et du père de l'enfant qui ont baissé les bras. Elle sortira meurtrie mais grandie par cette quête.
Même s'il envisage avec minutie les conséquences psychologiques de cette disparition traumatisante entre toutes, le roman de Michelle Richmond est surtout l'occasion d'une réflexion sur le temps et la mémoire. Ce n'est pas un hasard si la narratrice est photographe et si elle va mettre sa mémoire visuelle "à la torture " pour retrouver le moindre indice, même si "On ne peut se fier à sa mémoire. Elle est trop influencée par nos désirs et nos émotions."
L'aspect policier de ce roman est très vite gommé - d'ailleurs j'avais très vite deviné qui était impliqué dans cette affaire- et j'ai davantage été intéressée par la quête faite de "clairvoyance et de persévérance" d'Abby, aidée par une bibliothécaire" qui croit que nous pouvons être sauvés par les livres ."
Un roman riche et foisonnant très loin du sirupeux Aussi profond que l'océan (roman et film), qui abordait quasiment le même thème.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : michelle richmond
27/10/2010
La rivière de sang
"Ma seule consolation fut que je n'avais pas encore commencé à pêcher."
Dahlgren Wallace après une existence un peu chahutée ( footballeur, vétéran de la guerre du Golfe) traîne maintenant en waders *au bord des rivières où il apprend à pêcher aux invités de son patron et propriétaire de ranch, Fred Lather (copie conforme de Ted Turner). Dahlgren pourrait prendre du bon temps et profiter de quelques instants de perfection si l'un de ses élèves ne se faisait assassiner.
La tranquille routine du guide va alors être brisée et il sera successivement confronté à des néo-nazis, des écoterroristes ainsi qu'à des ranchers pas du tout respectueux du bien d'autrui. Qui a dit que le Montana était un havre de paix ?
L'intrigue, malgré un léger aspect répétitif, le héros accumulant pendant un petit moment les mauvaises rencontres, avance à toute allure, le tout est pimenté par un humour de bon aloi et fleurant bon la testostérone, que demande le lecteur et/ou la lectrice ?
Bien évidemment les lecteurs et (fiancées potentielles) de Stoney Calhoun vont immédiatement dresser l'oreille et établir des comparaisons entre les deux guides pêcheurs.
Alors à ma gauche (côte du coeur et des sorcières) Stoney possède un chien, est un fervent lecteur, un amateur de solitude (il vit au fond des bois) et il aime une Kate (il a donc vraiment très bon goût). Il est un peu flegmatique mais son adrénaline lui révèle en cas de danger des capacités qu'il ignorait posséder. C'est un plus quand les morts commencent à pulluler autour des rivières.
A ma droite, un homme en apparence un peu plus fruste (ex-footballeur, c'est tout dire), qui laisse davantage parler ses poings que son cerveau mais n'est pas dénué d'intelligence . Il sait se servir des mots et s'adapte vite à son environnement. On lui reprochera juste un net manque d'intérêt pour les femmes (serait-ce ce genre d'homme qui entend laisser les femmes décider de tout , y compris de lui sauter dessus ? ). A sa décharge il possède un solide sens de l'humour, ce qui représente un réel avantage.
Je vous avouerai que c'est un peu faute de mieux que j'ai acheté La rivière de sang mais bon au bout d'une cinquantaine de pages, j'ai oublié de faire la comparaison avec Stoney et j'ai passé un très bon moment avec Dahlgren. Un conseil, mon ami, trouve-toi un animal de compagnie et ouvre les yeux: il y a sûrement plein de jolies filles autour de toi, j'en suis sûre. Cela te permettra de montrer que sous ta salopette de pêche bat un petit coeur tout mou. Juste de quoi attendrir la lectrice compulsive.
La rivière de sang, Jim Tenuto, traduit de l'américain par Jacques Maihos, Galmmeister Collection Totem 2010, 322 pages qui ne sentent pas le poisson.
Ps: Je rappelle à toutes fins utiles que j'avais posé une option sur Ralph, le chien de Stoney !
Juliette en a parlé et avoue être tombée amoureuse mais pas de qui vous croyez !
* cuissardes de pêche , très sexy .
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : jim tenuto, stoney et ralph for ever !
25/10/2010
Le camp des morts
"Certains poèmes sont un peu noirs."
Un décès dans une maison de retraite, quoi de plus naturel ? Et pourtant le vieux mentor de du shérif Longmire s'obstine: cette femme a été assassinée ! Commence alors une enquête fertile en rebondissements , où notre ami shérif, toujours aussi séduisant malgré lui, devra slalomer entre passé et présent , le tout dans un paysage enseveli sous la neige. Le lecteur se régale tout autant des intrigues annexes : Longmire tombera -t-il dans les filets des jolies femmes qui gravitent autour de lui et surtout surtout donnera-t-il un nom au chien qui l'a adopté ?
Craig Johnson joue en virtuose des possibilités que lui offre l'écriture d'être toujours en avance d'une longueur sur le lecteur, multipliant ainsi les effets de surprise. L'humour est aussi au rendez-vous et comme Longmire sait aussi s'entourer de nouveaux alliés prometteurs, on en redemande !
Le camp des morts, Craig Johnson, Gallmeister2010, 311 pages à savourer au coin du feu.
Emprunté à la médiathèque.
L'avis de Papillon.
In cold blog a été séduit.
L'avis de Mathilde.
Le camp des morts est la suite de Little Bird mais peut se lire indépendamment.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : craig johnson, enquête policière, les basques sont partout !
18/10/2010
Contrepoint. Anna Enquist #7
"Dans la boîte crânienne dominerait l'harmonie, rien que l'harmonie."
Une femme décrypte les variations Goldberg et, ce faisant , laisse affleurer à sa mémoire les souvenirs de sa fille, aujourd'hui disparue.
Le pouvoir de la musique, celui des mots sont des thèmes chers à Anna Enquist qui les revisite ici avec une intensité très maîtrisée dans ce texte autobiographique. Et c'est cette maîtrise même qui , dans un premier temps ,m'a fait ruer dans les brancards . Pourquoi nommer les personnages "la mère", "la fille", les tenir autant à distance ? Cette volonté de contenir l'émotion à tout prix correspond au cheminement de la mère qui , au fur et à mesure de ses interrogations sur l'interprétation des variations Goldberg cherche une restauration, une remise en ordre de son monde intérieur totalement bouleversé par cette catastrophe qu'est la mort de sa fille. Elle établit aussi un pont par delà les années entre la vie de Bach , marquée par la douleur et la sienne.
J'avoue que toute une partie des interrogations concernant la musique m'est passé par dessus la tête mais l'émotion portée par l'écriture a su l'emporter et ce texte, tout corné qu'il est, je le relirai j'en suis sûre.
Contrepoint, Anna Enquist, traduit du néelandais par Isabelle Rosselin, Actes Sud 2010, 228 pages fortes et sensibles.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : anna enquist, deuil, mort d'un enfant, musique
16/10/2010
Madame la présidente ...en poche
La présidente des Etats-unis, en visite officielle en Norvège vient de se faire enlever. Evidemment, la planète toute entière est en émoi et les conséquences politiques et économiques ne pourront être que gravissimes...
Partant de ce postulat, Anne Holt qui a été ministre de la justice, procureur, avocate, et journaliste nous embarque avec délectation dans un monde qu'elle connaît bien, celui des intrigues , des trahisons et des secrets, tempérant l'aspect politique qui aurait pu être rébarbatif par un traitement plein d'humanité de ses personnages.
L'intrigue est parfaitement menée, bien structurée pour nous tenir en haleine, Anne Holt manie l'ellipse avec brio et l'on espère une seule chose, retrouver dans un prochain opus toute la petite famille de l'enquêteur Yngvar Stubo et de son épouse et coéquipière, Inger Johanne.
De la même auteure, j'avais déjà lu et bien aimé (pas de billets) La déesse aveugle* et bienheureux ceux qui ont soif...*
Cuné parle de la suite qui vient de sortir ici.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : anne holt
13/10/2010
Le chuchoteur
Une histoire de tueur en série , voilà bien longtemps que je ne m'y étais risquée, après Hannibal Lecter, ils sentaient tous un peu le déjà lu.
Et puis est venu Le chuchoteur. Le choc.Le vrai. L'envie de ne pas lâcher le livre, d'hésiter entre le dévorer tout de suite ou d'en laisser un peu pour demain. Parce qu'une histoire comme celle-ci, écrite par un criminologue, qui se fend au passage de passages didactiques qui plairont aux curieux comme moi, qui parvient sans cesse à déstabiliser son lecteur et à le surprendre, voilà un bonheur qui ne se refuse pas.
Alors oui , arrivée à la moitié du livre je me suis dit qu'il y avait des incohérences, que l'on sombrait dans le gothique parfois, voire dans le gore (un soupçon) , que l'auteur martelait un peu trop lourdement des banalités (nous ne connaissons pas vraiment ceux que nous côtoyons) , que ses réflexions sur le mal ou le bien étaient souvent pataudes, que j'aurais bien aimé savoir une bonne fois pour toutes où se déroulait le récit (beaucoup d'indices plaident pour les Etats-Unis mais vu la mondialisation...) que l'auteur semblait avoir brûlé toutes ses cartouches en un livre pour faire un joli feu d'artifice (voyez ce que je sais faire).... Mais bon, tout ceci est compensé par la virtuosité et l'aspect malin du récit et je ne boude pas mon plaisir de lecture !
Le chuchoteur, Donato Carrisi, traduit de l'italien par Anaïs Bokobza, Calmann-Lévy 2010, 433 pages piégées.
Emprunté à la médiathèque.
L'avis de Stéphie.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : donato carrisi, tueur en série mais pas que..., enlèvement d'enfants
12/10/2010
Mes chères voisines
"On a tous pris un sacré coup sur la tête, pas vrai ? dit-elle avec douceur."
Une banlieue américaine proprette, des femmes au foyer parfaites qui voient débarquer un petit couple sans enfants (ça fait tache no kids) mais comme le mari est un médecin super beau gosse aux yeux verts, ça passe nettement mieux. Si on rajoute un cancer et un ado surdoué vous vous dites que la coupe est pleine et vous passez votre chemin.
Et vous auriez tort car Marisa de los Santos, qui semble craindre plus que tout la comparaison avec d'autres média vu le nombre de fois où ses héros s'écrient "si on était au cinéma..." possède un style agréable et enjoué et ses personnages (sauf à la toute fin un peu trop mélo à mon goût) tiennent la route.
De quoi passer un bon moment sans complication sans pour autant trop sombrer dans la guimauve.
Mes chères voisines, Marisa de los Santos, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anouk Neuhoff, presses de la cité mars 2010.380 pages qui ne donneront pas de migraine.
Emprunté à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : marisa de los santos
11/10/2010
La vie rêvée des plantes
"Le corps est plus franc, il fait savoir exactement ce qu'il veut."
Entrer dans La vie rêvée des plantes c'est pénétrer dans une réalité pétrie à la fois de violence crue et de délicatesse.
Cette famille coréenne où les parents ne s'adressent quasiment pas la parole, où les deux frères se déchirent,et où chacun vit claquemuré sur ses secrets ne donne guère envie. Surtout quand on apprend que le frère cadet espionne sa mère pour un mystérieux commanditaire. Et pourtant passé le choc de la scène initiale, on suit le narrateur dans ses pérégrinations apparemment erratiques( mais qui vont le mener à découvrir un secret de famille) et on découvre de véritables oasis de paix , des brèches où l'amour et la poésie se donnent libre cours et où les plantes sont les métaphores des souhaits des hommes.
Amours entravées , amours qui se vivent de multiples façons, le tout sur un arrière plan de violence politique, la délicatesse côtoie la bestialité mais le lecteur, même chahuté, conservera longtemps en mémoire certaines évocations de moments précieux, des parenthèses magiques dans le temps. A tenter absolument.
La vie rêvée des plantes, Lee Seung-U, traduit du coréen par Choi Mykyung et Jean-Noël Juttet, Folio2009.
L'a vis de Kathel qui vous mènera vers plein d'autres !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : lee seung-u, corée, frères, amour, plantes