21/02/2011
En ce sanctuaire
"Je sais, oui, la miséricorde semble une denrée rare, au même titre que l'eau potable."
Chic, revoilà Jack Taylor, notre claudiquant ex-policier, ex-abstinent devenu sourd d'une oreille (dans un épisode que j'ai loupé, que fait la médiathèque? !) préféré .
Comme toujours l'enquête est quelque peu délaissée au profit de l'humour et des remarques caustiques de notre Irlandais favori , qui mine de rien, semble se départir quelque peu de sa solide réputation de cynique et fait de plus en plus preuve d'humanité, quoi qu'il s'en défende.
Mention spéciale pour les personnages secondaires, un ex-dealer devenu adepte du zen qui sirote des tisanes et un obèse qui en deux apparitions réussit à marquer nos esprits et nos coeurs. Le tout dans une Irlande en pleine déliquescence - selon notre ronchon chouchou- mais où les nouveaux millionnaires sont à la fête.
A noter que pour apprécier à sa juste valeur l'évolution du personnage récurrent mieux vaut lire les différents épisodes dans l'ordre...
En ce sanctuaire, Ken Bruen, Série noire Gallimard 2010, 200 pages traduites comme toujours de main de maître par Pierre Bondil qui relève toutes les références culturelles (citations entre autres) qui auraient pu nous échapper. Un régal à ne pas rater.
L'avis de Dasola
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : ken bruen, irlande, bonne soeur, bitures, baston et cie
19/02/2011
le koala tueur...en poche
"Selon le principe que dans tout périple se cache une bonne histoire" Kenneth Cook se lance dans les entreprises les plus bizarroïdes en compagnie d'acolytes pour le moins surprenants ! N'ayant rien d'un Crocodile Dundee -il se présente à plusieurs reprises comme pesant une centaine de kilos,non-pratiquant fervent du sport, il n'a donc guère d'atout en mains pour jouer les héros dans le bush australien. D'autant moins qu'il a le chic pour se choisir des compagnons qui ont un rapport pour le moins flegmatique (hérité de leurs ancêtres grands-bretons?) avec le danger...
Quant aux animaux, les plus dangereux ne sont peut être pas ceux que l'on croit. Tel George, "le chien qui aimait les animaux" et le seul qui ait "délibérément attenté "à la vie de l'auteur et de cinq autres personnes, réfugiées piteusement sur un comptoir de bar, jusqu'à ce qu'une émule de Ma Dalton vienne rétablir l'ordre. Quant à Cedric le chat, s'il vous regarde d'un air gourmand, gare ! Au passage, nous apprendrons que l'haleine de chameau est "l'une des choses les plus redoutables en ce monde" (je vous en épargne la description, très imagée) et que " les koalas "n'ont pas un poil de gentillesse" vu la façon dont l'un d'entre eux a montré son attachement féroce à l'auteur,on comprend cette assertion !
Bref, j'ai a-do-ré ce recueil de nouvelles qui certes, comme le souligne la traductrice Mireille Vignol dans sa post-face, n'a pas oeuvré pour le tourisme australien, mais m'a , et ce à de nombreuses reprises littéralement fait éclaté de rire, ce qui ne m'était pas arrivé depuis un bon moment avec un livre !
Sollicitée par Hélène, je craque et hop, m'inscris à son challenge !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : kenneth cook
15/02/2011
L'héritage impossible
"L'ethnique atteint de tout nouveaux sommets ! cria-t-il."
Après une scène initiale forte et poignante, le dernier volet de la trilogie d'Anne B. Ragde perd un peu en puissance.
Si le personnage de Torunn, héritière de la ferme, aux prises avec un travail harassant dans un ferme délabrée, tout en s'occupant d'un vieil homme quasi mutique, est toujours aussi attachant, ses oncles, malgré leur bonne volonté apparente ne lui sont guère utiles et leur comportement frôle souvent la caricature.
L'auteure semble peiner parfois à renouveler ses thèmes et lance parfois son récit dans des voies de garage qui ne lui apportent rien. Néanmoins la peinture du monde agricole est comme toujours très réussie (ah, ces descriptions de porcelets !).
Ce n'est pas qu'on s'ennuie vraiment mais on a hâte de connaître le destin que va se choisir l'héroïne et en cela la fin est quelque peu décevante car je m'attendais à quelque chose de plus enthousiasmant pour elle. Une réussite en demi-teintes donc.
L'héritage impossible, Anne B. ragde, traduit du norvégien par Jean Renaud, Balland, 2010, 348 pages.
Emprunté à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : anne b. ragde, ferme, porcs, héritage
14/02/2011
La petite et le vieux
" C'est normal d'aimer les belles chutes, ça change de la Vie."
Elle a huit ans au début du roman, mais s'attribue deux ou trois ans de plus, se nomme Hélène mais se fait appeler Joe, car elle veut vivre en garçon, comme l'héroïne de son dessin animé. Elle vit dans un quartier populaire entre une mère cachant sa fragilité derrière de péremptoires "C'é toute" qui font l'admiration des mères de famille dépassées par leurs enfants, un père qui a choisi de voir le côté sombre de la vie et trois soeurs aussi dissemblables qu'attachantes.
Et puis il y a le Vieux, Roger, qui n'a qu'une hâte: mourir mais qui prendra quand même bien le temps de profiter de son amitié avec Hélène.
Sans sortir de leur quartier, ils vont partager des aventures au quotidien, l'hyperlucidité de Joe et sa capacité à retrousser ses manches sans ostentation pour rétablir un équilibre, ne serait-ce que financier au sein de sa famille, n'ayant d'égal que sa capacité à rebondir et à prendre la vie à bras le corps.
Pas d'ostentation, pas de sentimentalisme, juste une formidable envie de vivre et un humour percutant comme dans la lettre que Joe est obligée d'adresser à l'infirmière scolaire qui humilie publiquement des enfants depuis plusieurs générations : "Du même souffle, j'ai expliqué la situation particulière des Péloquin, qui m'avait ainsi fait réagir, et mon ignorance de l'immense malheur que devait être sa vie, vu sa méchanceté."
L'histoire file à toute allure, les personnages sont pittoresques en diable, admirablement croqués, parfois en quelques mots ("un petit chien coup de pied" )et le style à la fois truculent et plein de vivacité nous laisse à peine le temps de noter de très jolies phrases au passage.
La petite et le vieux, Marie-Renée Lavoie, Editions XYZ, 236 pages gouleyantes.
"Un coup de coeur absolu et foudroyant" pour
Cuné chez qui vous trouverez des liens en pagaille et un entretien de l'auteure. Merciiii !
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : marie-renée lavoie, humour, tendresse, enfance
11/02/2011
Les chaussures italiennes ...en poche
"Il n'était jamais trop tard pour prendre la photo manquante"
En un peu plus d'un an, la vie de de Fredrik Welin , soixante-six ans, va être totalement bouleversée.Lui qui vivait reclus en compagnie d'une chatte et d'une chienne âgées sur une île suédoise voit un jour arriver une femme qu'il a autrefois aimée et abandonnée.mais Harriet "...était porteuse de nouvelles de la vie-pas seulement de la mort qui viendrait bientôt la cueillir."Et Fredrik va devoir revenir sur les erreurs commises, se plonger dans ce qu'il avait fui avec obstination en se limitant à une vie quasi mécanique: lui-même. En effet, comme le lui confiera le vieux cordonnier de génie qui lui confectionnera ses Chaussures iltaliennes : "Il est aussi facile de se perdre à l'intérieur de soi que sur les chemins des bois ou dans les rues des villes."
Roman sur la vieillesse, la solitude, le temps et l'amour, cet opus de Mankell est aussi l'occasion de se pencher sur le désarroi de certains jeunes, qu'il soient suédois ou étrangers ayant du mal à s'insérer dans la société(l'auteur adresse même un clin d'oeil à un de ses personnages , héroïne d'un autre roman, Tea-bag), nous montrant bien qu'il est possible d'établir des liens entre ces deux pôles de la vie.
Une psychologie fouillée mais sans pathos qui réussit tout en délicatesse à nous amener parfois au bord des larmes sans pour autant être déprimante, un roman chaleureux qui nous prend par la main et qu'on ne lâche plus.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : henning mankell
07/02/2011
Un immense asile de fous , récits d'un village anglais
"Vous êtes flutiste ? Vous habitez ici ? Vous êtes folle ? Vous jouez faux et vous respirez aux mauvais moments ? Vous avez beaucoup de temps libre ? Vous jouez avec quelqu'un ? Vous avez des enfants ? A propos je m'appelle Jenny. Je suis hautboïste. "
Voici un extrait qui vous donne un aperçu d'Un immense asile de fous où Louis de Bernières se propose, en plusieurs récits, de nous brosser le portrait d'un village où se concentre tout ce qui fait le charme de la Grande- Bretagne.
Alternant douce folie, regardée avec bienveillance , et excentricité pleinement assumée, des premiers rôles aux figurants tous nous font sourire ou nous attendrissent. Certains récits sont néanmoins assez convenus et lire la quatrième de couverture, trop explicite, vous ferez perdre le sel de bien des textes.
Je dois avouer que je m'attendais à mieux mais qu'avec le recul mon avis est plus nuancé. Beaucoup de tendresse et d'affection de la part de l'auteur et quelques jolis textes qui font oublier les chutes trop prévisibles.
Un immense asile de fous, récits d'un village anglais, traduit de l'anglais par Fanchita Gonzalez Battle, Mercure de France, 316 pages à attendre en poche ?
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : louis de bernières, excentriques, england
05/02/2011
Là haut tout est calme...en poche
"J'étais le deuxième choix, dis-je. C'était ça le pire."
Depuis que son frère jumeau est décédé dans un accident il y a 35 ans,Helmer van Wonderen a dû le remplacer à la ferme familiale. Mais vingt ans plus tard, brusquement Helmer décide de monter son père grabataire au premier étage et de réaménager la maison. première étape d'un changement de vie significatif qui s'annonce pour celui qui n'a , il l'avouera tardivement, jamais su trouver sa place une fois son frère mort.
Avec une grande économie de moyens Gerbrand Bakker peint avec délicatesse et poésie cette renaissance d'un homme qui jusqu'à présent n'a jamais appris à décider seul.
Ce personnage laconique sait néanmoins tisser avec les animaux et les êtres qui l'entourent de vrais relations et nous surprend sans cesse tant par sa violence feutrée que par sa volonté souterraine mais inébranlable d'avancer enfin. Un livre magnifique , lumineux, et qui accompagne longtemps le lecteur.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7)
04/02/2011
Loving Frank ...en poche
"Quelle perte cela aurait été de ne pas l'avoir rencontré ou de ne pas avoir connu son amour ! pensa Mamah."
Quand Mamah Borthwick Cheney quitte son mari et ses enfants pour vivre son amour avec l'architecte Frank Lloyd Wright, lui même marié et père de six enfants, c'est le scandale. La presse s'en donne à coeur joie et l'Amérique puritaine se repait de ces articles outranciers. La vérité est toute autre: les amants sont certes emportés par la passion mais aussi taraudés par la culpabilité. Le tout se terminera d'une manière tragique et brutale, presque invraisemblable.
Rien n'a beaucoup changé entre le début du XXème siècle et notre époque. la presse est toujours à l'affût des histoires d'amour lucratives et semble toujours prête à tout pour vendre ses feuilles de choux. Mais c'est surtout le portrait , tout en nuances, que brosse ici Nancy Horan dans cette fiction historique de Martha (dite Mamah) Borthwick Cheney qui a retenu toute mon attention. Trilingue dès la maternelle, ayant fait de solides études, ayant enseigné, dirigé une bibliothèque, cette femme disposait d'un potentiel et d'une personnalité que son mariage semble avoir complètement mis sous cloche. Pourtant comme le lui dira sa soeur "Tu avais tout. Un mari fantastique qui t'adorait, deux beaux enfants en bonne santé. La liberté. Aucun souci financier. Une gouvernante et une bonne. Tu n'avais pas besoin de travailler et Edwin n'exigeait jamais rien de toi. As-tu conscience de tout ce que tu as abandonné pour Fank Wright ? Le genre d'existence dont rêvent la plupart des femmes, y compris les féministes !".
Mais à vouloir vivre selon ses convictions , Mamah, en tant que femme et en tant que mère, devra payer le prix fort, car être la compagne d'un génie de l'architecture ne va pas sans contreparties négatives...
Un livre puissant , plein de vie, mais aussi très pessimiste...
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : nancy horan
03/02/2011
La rivière noire
"Tout à coup, elle eut l'impression de se retrouver dans un univers étrange, glacé et terrifiant."
Un homme a été égorgé. Dans la poche de sa veste, des cachets de Rohypnol, la drogue du viol. Grâce à un châle retrouvé sur le lieu du crime, châle exhalant un drôle de parfum d'épices, l'adjointe d'Erlendur, Ellinborg , va mettre la main sur une jeune femme persuadée d'être la coupable, sans que rien ne vienne le prouver...
La société islandaise change, devient plus violente, se laisse "noyer dans de mauvaises habitudes importée de l'étranger" selon certains, mais les injustices n'existent-elles pas depuis toujours ?
Erlendur , comme toujours, porte un regard attentif sur la vie quotidienne de ses personnages et, par le biais de son héroïne confère à son enquête une dimension encore plus chaleureuse, plus humaine. La vie de famille d'Elinborg, ses soucis familiaux, le plaisir qu'elle prend à cuisiner, la relation avec ses enfants, les blogs, voilà de nombreux thèmes qui parlent au lecteur de toute nationalité et contrebalancent une enquête sur les violences sexuelles commises en quasi impunité...
Quelques traits d'humour viennent alléger quelque peu une atmosphère rendue encore plus sombre par l'absence du commissaire Erlendur. Un peu de frustration donc mais qui rend d'autant plus grande l'envie de lire le prochain roman d'Indridason...
La rivière noire, Arnaldur Indridason, traduit de l'islandais par Eric Boury, Métailié 2010, 300 pages à dévorer bien au chaud.
L'avis de Cuné.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : arnaldur indridason, islande
29/01/2011
Histoire de l'oubli ...en poche
"Une inversion de la vie en plein milieu, comme une conclusion prématurée..."
Récit d'une histoire familiale marquée par une forme précoce de la maladie d'Alzheimer, L'histoire de l'oubli alterne les points de vue d'un grand-père et de son petit-fils qui ignorent tout l'un de l'autre.
N'ayant aucun goût pour les récits allégoriques, j'ai allègrement passé l'histoire d'Isidora, lieu mythique, légende familiale qui va rétablir le lien entre les membres de cette famille que la maladie et les secrets ont fait éclater.
Bardé de commentaires dithyrambiques, ce premier roman est certes un bon roman mais il ne confine pas au génie. J'y ai retrouvé une atmosphère déjà rencontrée dans d'autres romans américains et seul le thème de l'oubli m'a paru original. Le style est agréable et fluide.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7)